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20/05/2025 19:26

PATRIMOINE : Une exposition sur la plus monumentale rotonde médiévale de Bourgogne

Plus ancien monument visitable de Dijon, cet édifice roman se situe au pied de la cathédrale Saint-Bénigne. Jusqu'au 21 septembre, le musée archéologique présente l'exposition patrimoniale «La rotonde Saint-Bénigne, 1000 ans d'histoire».
Édifice dédié au culte catholique, construit au XIème siècle sur le modèle du Panthéon de Rome, la rotonde était un déambulatoire, sans banc ni autel. Venant en pèlerinage auprès de la tombe de saint Bénigne, les moines effectuaient des processions avant de gagner les autels situés dans les chapelles attenantes.

Après bien des vicissitudes, ce chef-d’œuvre d’architecture médiévale reprend vie, une vie liturgique et une vie patrimoniale, au pied de la cathédrale Saint-Bénigne.

Du 16 mai au 21 septembre 2025, le musée archéologique de Dijon et la direction régionale des affaires culturelles de Bourgogne-Franche-Comté, avec l'exposition «La rotonde Saint-Bénigne, 1000 ans d'histoire», reviennent sur la destination, la démolition et la restauration du plus ancien monument visitable de Dijon.

Le mercredi 14 mai 2025, Franck Aber, un des trois commissaires de l'exposition, a présenté les différents enjeux ayant conduit à s'intéresser à «la rotonde de l'an mil».

Ne pas confondre avec la crypte de Saint-Bénigne


«Il ne faut pas tenir compte de la présentation actuelle», glisse Franck Aber en débutant son propos au cœur même de la rotonde, «le mobilier récent est là pour de nouvelles formes d'activité». En effet, le diocèse de Dijon a disposé du mobilier liturgique contemporain : un autel dessiné par l’Atelier Alquin-Alechinsky et des bancs.

Longtemps confondue avec la crypte de la cathédrale Saint-Bénigne car totalement enterrée, la rotonde a connu trois niveaux d'élévation et ne contenait pas de sépulture.

Depuis la cathédrale Saint-Bénigne, la descente se fait par un escalier en colimaçon puisque le niveau du sol actuel est quasiment un étage plus haut que le sol du XIème siècle à force de remblais.

Consacrée en 1018, la rotonde était liée à l'abbatiale Saint-Bénigne


L'édifice est lié à la construction d'une abbatiale romane – plus grande que la précédente église carolingienne – au tout début du XIème siècle par Guillaume de Volpiano, noble d'Italie, entré dans les ordres à Cluny et devenu moine de l'abbaye de Saint-Bénigne en 989.

L'abbatiale comprend alors l'église dédiée à saint Bénigne qui a subi le martyr à Dijon en 178 – son sarcophage est déposé dans une crypte depuis le règne de Clovis –, la rotonde et une chapelle dite «axiale». L'église est consacrée en 1016 et la rotonde en 1018.

Inspirée par le Panthéon de Rome


«Le rond de la rotonde représente la perfection, l'éternité, le divin», explique le chargé des collections archéologiques et d’art antique à la direction des musées de Dijon. «La rotonde s'inspire complètement du Panthéon de Rome, avec l'oculus, la date de la dédicace est la même.»

La rotonde de l'abbatiale Saint-Bénigne est une des premières réalisées en Bourgogne et la plus monumentale. Le deuxième niveau était dédiés aux martyrs et le troisième à l'Archange et à la Trinité.

Le moine chroniqueur Raoul Glaber (v. 985-1047), contemporain de sa construction, considérait qu’il s’agissait de la «plus admirable des basiliques de toutes les Gaules et de proportions incomparables».

De l'oubli jusqu'à la redécouverte en 1843


En 1274, une tour de l'église s'effondre. Il est alors décidé de reconstruire une église gothique. Un mur est réalisé pour séparer la nouvelle église et la rotonde qui tombe en déshérence.

En 1792, le diocèse décide de faire de l'église Saint-Bénigne une cathédrale. On considère que la rotonde assombrit le cœur de l'église : deux étages sont démolis et le premier niveau est remblayé.

En 1843, à l'occasion de travaux pour poser un paratonnerre, les vestiges de la rotonde sont retrouvés. L'académie des Sciences et des Belles Lettres lance de fouilles pour retrouver le tombeau de saint Bénigne. Prosper Mérimée pour influer sur la conduite de ce qui devient une reconstruction du premier niveau.

En 1853, Eugène Viollet-le-Duc propose de réaliser une nouvelle sacristie, là où se situent les vestiges en partie reconstruits de la rotonde. Il lance de nouvelles fouilles et conserve la rotonde tout en édifiant la sacristie.

«Une interprétation du XIXème siècle des vestiges du XIème siècle»


Entre 2020 et 2024, l’État a engagé 7,9 millions d'euros et la Conservation régionale des monuments historiques a mis en place des travaux de restauration qui ont redonné de l'éclat à ce qu'il reste de l'architecture intérieure de la rotonde et de certains éléments de l'abbatiale du XIème siècle.

Le principe retenu est de «lire l'édifice comme une interprétation du XIXème siècle des vestiges du XIème siècle». Des fûts de colonne – certains en gré rose, d'autres en marbre vert – et des chapiteaux romans ont été préservés, dans l'état brut de fouilles plutôt que de chercher à restaurer à l'identique.

L'exposition jouxte la cathédrale


Au premier étage du musée archéologique qui jouxte la cathédrale Saint-Bénigne, accessible par le fond du square des Bénédictins, l'exposition «La rotonde Saint-Bénigne, 1.000 ans d'histoire» met donc en lumière les derniers vestiges qui nous sont parvenus grâce aux restaurations successives.

La présentation s'attache à faire sentir l'élévation de la rotonde sur trois niveaux, ce qui est difficilement perceptible depuis l'espace restauré. Les dessins, maquettes – y compris tactiles – et vues en grand format sont nombreuses pour faciliter l'appréhension du proposes par tous les publics, dont les familles. Le parcours de l'exposition est chronologique et segmenté par des couleurs.

De saint Bénigne à la rotonde


«Tout commence avec une sépulture», rappelle Franck Aber pour présenter le premier espace – en bleu clair – qui évoque la figure du martyr dijonnais. Dans l'Antiquité, un culte était rendu auprès d'un tombeau païen à qui était prêté un pouvoir de guérison ; si l'évêque de Langres a reconnu, au VIème siècle, qu'il s'agissait de la tombe du saint, «en réalité, ça a été créé de toutes pièces par l’Église pour pouvoir christianniser une tradition et pouvoir en tirer quelques bénéfices».

«Prendre un saint qui vient d'Anatolie et qui cherche à évangéliser toute la Bourgogne permet de donner à Dijon une importance politique», développe le co-commissaire d'exposition, «au Vième siècle, Dijon a un castrum mais ce n'est pas une cité». «Langres et Autun sont des cités, Dijon est une place de commerce propère.»

Sur fond rouge foncé, s'enchaîne l'évocation des travaux de l'abbatiale commençant en 1001. «Nous avons voulu représenter la rotonde telle qu'elle a pu être être imaginée par des auteurs du XIXème siècle», indique Franck Aber.

Origines, abbatiale romaine, décors, abbaye... les espaces, les thèmes et les couleurs se succèdent. Le visiteur peut notamment découvrir de remarquables peintures et dessins du XVIIIème siècle qui ont connu la rotonde avant la démolition des deux niveaux supérieurs. Des visions d'artistes à regarder en détails, sans oublier de prendre connaissance des cartels, pour se figurer l'édifice en partie disparu.

Cap sur la dépose de la flèche de la cathédrale


L'exposition «La rotonde Saint-Bénigne, 1000 ans d'histoire» finalisée, l'équipe du musée archéologique se penche sur un nouveau projet : accompagner la dépose de la flèche de la cathédrale Saint-Bénigne par des panneaux installés à l'extérieur.

Pour la plus haute flèche de France, les ingénieurs recourront à la plus grande grue de France, la même que celle utilisée pour la reconstruction de la flèche de Notre-Dame de Paris. Il faut compter une année pour l'installation d'une telle grue et autant pour la déposer. Elle pourrait donc réinstaller en place durant tout le chantier plutôt que d'être montée et démontée deux fois. Le musée archéologique restera ouvert pendant ce chantier qui durera donc plusieurs années.

Jean-Christophe Tardivon

La restauration de la flèche de la cathédrale Saint-Bénigne est estimée à 22 millions d'euros


Informations pratiques

«La rotonde de Saint-Bénigne, 1000 ans d’histoire»
Exposition du 16 mai au 21 septembre 2025, au musée archéologique de Dijon
Commissariat d’exposition
Franck Abert, chargé des collections archéologiques et d’art antique à la direction des musées de Dijon
Arnaud Alexandre, conservateur des monuments historiques, direction régionale des affaires culturelles de Bourgogne-Franche-Comté
Christian Sapin, directeur de recherche honoraire au CNRS

Musée archéologique
5, rue docteur Maret
21000 DIJON
Tél (+33) 3 80 48 83 70
musees@ville-dijon.fr
musees.dijon.fr
Horaires d’ouvertures du musée
Du 1er avril au 31 octobre : ouvert tous les jours sauf le mardi de 9h30 à 12h30 et de 13h30 à 18h
Du 2 novembre au 31 mars : ouvert uniquement les mercredis, samedis et dimanches de 9h30 à 12h30 et de 13h30 à 18h
Fermeture les 1er janvier, 1er et 8 mai, 14 juillet,
1er et 11 novembre, 25 décembre 2025
Gratuit
Toute l’année, l’accès au musée et à l’exposition est libre et gratuit.

Rotonde de la cathédrale Saint-Bénigne
Visites guidées uniquement (durée : 50mn)
Tous les jours à 15h30 (sauf travaux ou événements exceptionnels)
Tarif :
- plein tarif : 5€
- tarif réduit : 3€ par personne (groupe à partir de 10 personnes, étudiants)
- gratuité : enfants, chômeurs, membres du clergé, membres du CMN et DRAC














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