
Joueur professionnel
de poker, le Dijonnais vient d’empocher une belle somme d’argent lors de la
finale nationale du Winamax poker WiPT 2025 à Aix-en-Provence, le 7 avril. Sans détour, Thibault Dumontier nous parle de son
métier et chasse les vieux clichés du poker des années 50.
La célèbre plateforme de poker en ligne a organisé à Aix-en-Provence début
avril, la finale nationale du Winamax poker tour WiPT 2025 au terme de cinq
mois d'un tour de France, où se sont joués les qualifications notamment à Dijon
en janvier dernier. Parmi les participants lors de la finale dans les
Bouches-du-Rhône, un dijonnais, Thibault Dumontier. Le trentenaire, joueur
professionnel de poker, c’est son métier, s’est classé à la 4ème place. Mais
faire de sa passion un métier, qui plus est un métier dans le jeu, n’est pas
évident. C’est un travail quotidien dans un cadre de vie serein, saupoudré
d’une hygiène de vie rigoureuse.
Rencontre avec Thibault Dumontier
Le poker, c’est avant
tout, pour vous, une passion
Thibault
Dumontier : «J’ai toujours eu cette passion depuis mon adolescence. J’ai
commencé par acheter une mallette avec des pions et des cartes. Je faisais des
après-midis jeux avec mes potes du collège et du lycée. C’était des parties de
poker très cool, sans argent, juste pour le plaisir de jouer. Mais à cette
époque j’étais loin d’imaginer que j’allais en faire mon métier. D’ailleurs je
ne savais même pas que l’on pouvait en vivre. Tout à basculé quant au sein de
l’association dijonnaise ou je jouais, j’ai commencé à apprendre certaines
techniques de jeu et à faire des tournois. Là, j’ai fait des rencontres de
joueurs professionnels qui vivaient de leur passion»
«Nous ne sommes plus
dans les années 50»
«C’est d’ailleurs ce
que je conseille à ceux et celles qui souhaiteraient jouer. La première étape
est de faire partie d’une association de poker. Il en existe un peu de partout
notamment à Dijon. C’est là que l’on apprend à jouer d’une manière conviviale,
sans aucune mise d’argent. Vous savez, on est loin des fameux clichés ou les
joueurs se retrouvent au fond d’un bar dans une salle sombre, le tout dans une
ambiance presque de Far West
(rire) Non non, nous ne sommes plus dans les
années 50. Tout est clean dans les associations connues et reconnues. On y vient
pour apprendre les techniques de jeu. On apprend aussi à se concentrer. L’idée
est de savoir jouer pour le plaisir avant tout. On y fait aussi de belles
rencontres avec des gens de toutes catégories sociales et de tous les
âges. Pour les plus acharnés, ils peuvent ensuite participer à différents
tournois organisés par les associations»
La vigilance face à
l’addiction
«Vous savez pour
chaque passion il y a une forme d’addiction. Si vous allez à la salle de sport
trois ou quatre fois par semaine et si ressentez un manque parce que vous avez rater
un jour, on peut commencer à parler d’addiction. Pour les jeux c’est un peu la
même chose. La seule différence, c’est quand il y a de l’agent. Là, il faut
être plus vigilant. Je rappelle qu’il existe des organismes pour aider les
personnes qui pourraient se sentir happer par une spirale dans laquelle elles
ne pourraient plus s’en sortir»
«Je jouais pour me
créer un capital financier»
«A l’époque où j’étais
adhérent à l’association dijonnaise, je jouais aussi sur internet. Mais j’avais
passé un cap et j’avais l’idée d’en faire mon métier. Seulement il me fallait
un capital. Pour cela, j’ai gardé mon métier que j’avais dans la téléphonie
mobile rue de la Liberté à Dijon. Pendant trois ans, j’ai eu une vie très
rythmée entre mon métier en journée et le soir ma passion, le poker. Je jouais
pour me créer un capital financier. Mon objectif était d’avoir une trésorerie
de trois ans de salaires. En même temps je suivais des cours donnés par un
coach technique, et un préparateur mental pour optimiser mes chances de gagner
chaque soir en ligne»
«Notre muscle, c’est
le cerveau»
«Quand on choisit d’en
faire son métier, il est impératif de se faire accompagner par un coach
technique et un préparateur mental. On ne devient pas joueur de poker professionnel
sans ces aides. Il faut savoir que le poker procure de nombreuses et fortes émotions
qu’il faut savoir gérer. Vous savez, un sportif doit connaitre ses muscles et
ses limites. Nous, notre muscle, c’est notre cerveau. Il faut savoir comment il
fonctionne et ne pas l’envahir pas des idées qui pourraient parasiter notre
concentration»
Une bonne hygiène de
vie
«L’hygiène de vie est
incontournable si on veut atteindre un haut niveau professionnel. Le sport est
indispensable puisque nous sommes assis de longues heures pour jouer. L’alimentation
est le carburant de notre cerveau. Il ne faut pas le nourrir avec n’importe
quoi et à n’importe quelle heure. Le sommeil est évidemment primordial.
L’environnement familiale, amical et sentimental est également important. Il ne
doit pas être un obstacle à nos projets parce que ça demande beaucoup de
concessions. En fait, nous vivons comme des sportifs de très haut niveau»
Une journée type
d’un joueur de poker professionnel
«Le réveil ne sonne
pas avant 9 heures du matin, puisque je travaille très tard dans
la nuit. J’ai un chien, ce qui me permet d’aller faire un tour dans la mâtiné
pour m’aérer le cerveau. J’enchaine avec un footing de 30 à 45 minutes pour
remettre mon corps en mouvement, puisque je reste assis une grande partie de la
journée et de la nuit à jouer sur internet. En début d’après-midi je vais
bosser la partie technique du jeu avec mon coach ou une équipe de travail.
Certains jours je vais travailler mon mental. On va voir ou sont mes blocages
psychologiques, on va aussi voir la gestion de mes émotions. C’est la seule
méthode pour prétendre progresser et devenir le plus compétant possible. En fin
de journée et en soirée, je peux commencer à travailler et jouer en ligne. Je
suis prêt à essayer de gagner ma vie»
«Dégager un maximum de
profits»
«Je joue entre six à
huit tables en simultané chaque soir sur différents sites internet français.
Ces parties ont un coût. On peut jouer différents montants de 25 centimes à
1 000 euros la partie. Moi je suis entre 30 et 35 euros la partie.
Et donc le but est de dégager un maximum de profits qui à la fin du mois me feront mon salaire. Alors il y a des mois ou
je gagne bien ma vie, et il y en a d’autres ou c’est un peu plus compliqué.
Mais ça on le sait, c'est le métier. D’où l’intérêt d’avoir des coachs afin de comprendre pourquoi
on gagne parfois un peu moins»
Le tournoi Winamax
WiPT 2025
«Je me suis inscrit
sur internet pour 10 euros à ce tournoi qui a eu lieu cette année à
Aix-en-Provence dans le casino de la ville. Tout le monde pouvait s’inscrire
gratuitement notamment lors des qualifications qui ont eu lieu dans de
nombreuses villes comme à Dijon. Mais il était aussi possible d’y participer
directement pour 500 euros. Au total il y a eu 3 500 joueurs, un record
cette année. Le tournoi se disputait sur quatre jours. J’ai commencé le
vendredi et j’ai terminé le lundi. Le but était de survivre, selon la formule
consacrée. Au deuxième jour j’ai battu l’espagnole Léo Margets, championne du
monde en 2021. Au troisième jour nous n’étions plus que 60 joueurs. J’ai
survécu et je suis arrivé à la table finale qui était télévisée. La partie
était retransmise sur la chaine de Winamax. On peut d’ailleurs toujours la voir»
La table des
finalistes
«Nous étions 9 joueurs
sur les 3 500 au départ. Je peux vous dire qu’en terme d’émotions, c’était
très fort. Quand je me suis inscrit à ce tournoi, je n’imaginais pas arriver à
la table finale, même si secrètement je le voulais au plus profond de moi-même.
Autant dire qu’au petit matin de ce quatrième jour, la concentration était à
son maximum. J’ai mis en pratique tous mes cours de coaching et j’ai terminé à
la 4ème place. Une belle place qui me permet d’empocher 63 800 euros»
De nouveaux objectifs
«Je me suis déjà remis
au travail pour continuer à me développer techniquement et mentalement avec
l’idée bien sûr de refaire ce tournoi Winamax l’année prochaine. Mais
j’ambitionne de faire les championnats du monde à Las Vegas. Ça, c’est vraiment
mon rêve, de gagner le bracelet de champion du monde»
Norbert BanchetAddiction au jeux d'argent : sosjoueurs.orgPhotos : Avec l'aimable autorisation de Thibault Dumontier
