
Décédé en 2015, après l’explosion
accidentelle d'un avion sur une base aérienne espagnole près d'Albacete, Thierry et Mathy, les
parents de Nicolas Dhez, viennent de sortir un livre sur la courte vie de leur
fils qui avait deux passions : son métier de mécanicien aéronautique et l’arbitrage
de football.
«Nicolas
possédait toutes les qualités qui font l’arbitre prometteur et le jeune homme
de qualité. Il était exigeant et respectueux» a écrit, dans la préface du livre,
Coup de sifflet final, le bourguignon Clément Turpin, arbitre international de
Football. Le Président de la République Française, Monsieur François Hollande
soulignera, lors de l’hommage national, le 3 février 2015, «le courage et le
sens du dévouement des disparus qui ont fait don de leur vie»
Le
bilan du drame sur la base aérienne espagnole de Los Llanos, près d’Albacete,
le 26 janvier 2015 est très lourd. Onze morts, dont neuf militaires des forces
françaises venus participer à une formation internationale de l’Otan
(Organisation du traité de l’Atlantique-Nord) et deux pilotes grecs de l’avion
F-16. Avion qui s’est écrasé au décollage. Parmi les victimes, le côte-d’orien
âgé de 25 ans, Nicolas Dhez. On comptera également une trentaine de blessés,
dont certains handicapés à vie.
Une
famille soudée et aimante
Né en
1990 à Arcachon, proche de la base aérienne de Cazeau où avait été affecté son
père, Thierry Dhez, pompier de l’air et de l’espace, la famille arrive en
Côte-d’Or en 1999. Elle s’installe à Sennecey-lès-Dijon. Le papa de Nicolas,
Thierry, vient tout juste d’être muté sur la BA 102 de Dijon-Longvic. Thierry
Dhez, né en 1959 à Paris, marié avec la mère de Nicolas, Mathy auxiliaire de
vie, est militaire de métier et a terminé sa carrière avec le grade d’adjudant-chef.
La vie de ce couple avec leurs deux enfants, Nicolas et sa sœur ainée Laetitia, est
rythmée par quelques mutations militaires.
Nicolas
militaire
Nicolas est devenu mécanicien en armement
aéronautique. Il mettait en œuvre tout le système d’armement embarqué dans les
aéronefs. Il avait été affecté sur la base aérienne de Nancy -Ochey après avoir
fait un cursus de militaire puis une formation de mécanicien. Son papa, Thierry
Dhez nous précise «Il est ensuite parti sur ce que l’on peut considérer comme une
voie royale pour lui, c’est-à-dire, partir plusieurs années et suivre un avion, le Mirage 2000 D, pour lequel il avait fait le choix d’être affecté
sur la base aérienne de Nancy. Il s’agit d’un aéronef qui va sur tous les
points ou la France a des éléments air dans le monde»
La passion de l’arbitrage de football
Thierry Dhez : «Nicolas a découvert l’arbitrage
à l’âge de 14 ans. Rapidement il a gravi tous les échelons, d’abord en District,
puis en Ligue. Il a même été arbitre en Fédérale pour les 17 ans nationaux. A l’époque
il n’avait pas le projet d’en faire son métier, mais peut-être qu’avec le temps
il aurait envisagé cette option. Il avait d’ailleurs été remarqué par
le bourguignon Clément Turpin, arbitre international de football. Il avait
porté un regard particulier sur ses capacités. Il le suivait de près. C’est d’ailleurs
lui qui a écrit la préface du livre. Il parle de Nicolas comme un garçon
exigeant et respectueux»
Dans votre livre, vous vous dévoilez ?
«Je ne pouvais pas parler uniquement de ce
drame sur la
base aérienne espagnole de Los Llanos, près d’Albacete ou notre fils à perdu la
vie
. Il fallait le mettre dans un contexte. Expliquer comment Nicolas
était arrivé en Espagne. Il fallait remonter dans le temps. Parler de sa
naissance, de nous ses parents, de l’endroit où il a grandi avec sa sœur ainée Laetitia,
de sa scolarité, de notre déménagement à Djibouti. Bref tout ce qui la
construit pour faire de lui un homme, un militaire et un arbitre. Et du coup,
oui, je parle de notre couple, de notre vie et de la façon dont nous avons vécu,
et vivons toujours ce drame»
L’accident en Espagne
«Nicolas est décédé sur la base aérienne de Los Llanos, près d'Albacete avec h
uit autres de ses camarades français,
et deux militaires grecs. Aujourd’hui nous connaissons les causes de ce crash. Il
y a le témoignage d’un des mécaniciens, qui peu de temps après le drame a tout
raconté. Lui était en retrait, et a pu voir tout ce qui s’est passé»
Les causes du drame
«Dans le livre on explique pourquoi cet
avion grec est tombé à côté d’un parking alors que le décollage s’était bien
passé. On parle bien sûr de ce concourt de circonstances qui a fait ce
désastre. De cette succession de petits évènements imprévisibles commis par des
hommes. Personne ne pouvait penser que poser une petite check-list à gauche de
soi dans une cabine de pilotage d’un avion, pouvait faire tourner un petit
bouton. Un mouvement qui a eu une incidence inattendue sur la configuration de
l’avion, et qui a fait qu’au décollage, l’appareil ne pouvait plus continuer
sur sa trajectoire initiale. Il ne pouvait que tomber au sol»
«L’accumulation de plusieurs détails»
«Notre fils, Nicolas n’était pas au mauvais
endroit au mauvais moment comme on pourrait le penser. Il était sur son lieu de
travail. Il préparait la prochaine mission avec ses camarades. Une mission ou
quatre avions français allaient partir, derrière l’avion grec qui s’est donc crashé.
En plus, ils étaient loin de la piste. Ils étaient sur un parking un peu à l’écart. C'est l'accumulation de plusieurs détails, d'actions qui ont fait que ce drame s’est produit. Vous savez si l’avion avait été dévié
de sa trajectoire sur la gauche, il serait tombé sur l’aérodrome civil d’Albacete.
Il est parti à droite, là ou il y avait le terrain militaire, là où il y avait
notre fils»
La mémoire de Nicolas en Côte-d’Or, à
Paris, Nancy et en Espagne
«Nicolas a reçu la
mention : Mort pour le service de la Nation. Cette mention est gravée sur une
plaque apposée au Monument aux morts de notre village à Sennecey-lès-Dijon. Il côtoie
la plaque des soldats morts lors des guerres de 1914-1918 et de 1939-1945. Lors
des cérémonies du 8 mai et 11 novembre le nom de Nicolas est cité après ceux des
victimes de guerres. Il a aussi une plaque dans un des ateliers de la base aérienne
de Rochefort, là ou il a fait sa partie militaire et professionnelle. Sur la base
aérienne de Nancy, il y a une plaque sur un des hangars d’avions. Sans oublier la stèle réalisée avec des éléments
aéronautique et neuf tubes éclairés par des lumières dirigées vers le ciel avec
le nom des neufs disparus. Une stèle a été érigée en Espagne à
Albaceté. Et puis un Mémorial des aviateurs est implanté au musée de l’Air et
de l’Espace à l’aéroport du Bourget à Paris. Le parcours de plusieurs milliers
d’aviateurs décédés en accomplissant leur mission sont proposés à ceux qui
viennent dans ce sanctuaire. Notre fils figure parmi la liste des 24 000 noms.
Il suffit de taper son nom sur une borne, et vous pourrez lire sa nécrologie et
voir quelques photos que nous avons choisi, sur un écran panoramique»
Un livre important pour les parents de Nicolas
Mathy Dhez «Ce livre ne parle pas
uniquement de ce drame. Il raconte la courte vie de notre fils. C’est un livre
important pour notre couple. C’est une sorte de thérapie. Mais ça a été très
difficile de le rédiger. On a replongé dans l’horreur des premiers instants de
l’indescriptible, de l’incompréhension. Nous avons revécu tous ces moments toujours aussi
douloureux. Et puis il a fallu retracer la vie de Nicolas, choisir des photos. Ce
livre nous aide à avancer, mais aidera certainement d’autres parents qui doivent
affronter un tel chaos. Dans de drame, nous avons réussi à ne pas faire
exploser notre couple, parce que nous dialoguons. Nous sommes fusionnels. Il est
important de partager son chagrin. Mais la vie continue, et elle continue avec
notre fille et nos trois petites-filles. Ça, c’est la vie et c'est surtout l’avenir»
Norbert Banchet
Photo : N.Banchet
«Coup de sifflet final» de Thierry Dhez et
Fabrice Minuel aux Editions Maïa
En vente ICI sur le site : editions-maia.com

