Certes, il ne faut jurer de rien. Mais sauf accident ou énorme défaillance, le Slovène, qui a encore ajouté plus d'une minute d'avance à Vindegaard, a déjà pratiquement gagné le tour. Avant même la dernière semaine. Avant même les Alpes.
Notre compte rendu et les plus belles photos de l'étape pyrénéenne. ACTUALISE avec les dernières photos de l'étape.
Cette deuxième étape pyrénéenne était terrible. En effet, les courageux de la route devaient franchir pas moins de cinq Cols dont quatre de première catégorie ainsi que la montée hors catégorie du terrible Plateau de Beille. Le profil était donc ultra difficile mais les conditions de courses l’étaient tout autant. La chaleur a fait son grand retour sur les routes ainsi qu’une vitesse de croisière toujours aussi effrénée.
L’étape est donc terrible pour le peloton qui explose dès l’ascension du Col de Peyresourde. Plusieurs coureurs tentent de s’échapper mais l’allure de course est trop rapide pour que de réelles différences apparaissent. Il faut attendre la montée du Col de Menté ainsi que celle du Portet d’Aspet pour voir une situation claire et définitive apparaître.
A 80 kilomètres de l’arrivée, on retrouve un groupe composé de 15 coureurs à l’avant avec les grimpeurs tricolores Guillaume Martin (Cofidis) et Lenny Martinez (Groupama FDJ), l’ex maillot jaune Jai Hindley (Redbull Bora Hansgrohe), le duo infernal de la formation EF Education Easypost Healy / Carapaz ainsi que le 16ème du générale Javier Romo (Movistar Team). Les fuyards ont réussi à faire grimper l’écart dans la pleine au-dessus des 3 minutes 30 pour aborder plus « sereinement » les deux dernières ascensions de la journée.
L’écart a donc mis du temps à se creuser car en tête de peloton, ce sont les coéquipiers de Jonas Vingegaard qui assurent un tempo d’enfer. La formation Visma Lease a Bike prend les commandes dès que la route s’élève pour durcir la course au maximum. Grâce à ce rythme frénétique lors des phases d’ascension, l’équipe allemande est parvenue systématiquement à garder les fuyards à moins de 2 minutes lors des trois premières difficultés de la journée.
Le véritable bras de fer va donc s’opérer dans les deux derniers monstres de la journée à savoir le Col d’Agnès ainsi que le mythique Plateau de Beille. Les hommes de tête en ont bien conscience avec du mouvement qui s’opère à l’avant.
Les formation Redbull Bora Hansgrohe et Movistar possèdent 2 hommes à l’avant. Sobrero (Redbull Bora Hansgrohe) et Romo (Movistar Team) se sacrifient pour leurs leaders à savoir Hindley et Mas. On retrouve donc les deux leadeurs ainsi que Laurens De Plus (INEOS Grenadiers) en tête de la course. L’échappée parvient à maintenir un écart de 3 minutes 30 avec le groupe des favoris qui diminuent au fil des mètres. Au sommet du Col, Richard Carapaz sera parvenu à faire la fonction à l’avant. A 60 km de l’arrivée on retrouve un quatuor en tête possédant 3 minutes 05 d’avance sur un groupe maillot jaune réduit à seulement 15 unités.
Dans la descente pour aller chercher le Plateau de Beille, Tobias Johannessen (Uno-X Mobility) sera parvenu à faire la jonction avec les hommes de tête. Les 5 fuyards perdent un peu de terrain sur les favoris qui reviennent à 2 min 30.
Les hommes de tête sentent que le vent est en train de tourner et cela se confirme au pied du plateau de Beille. Matteo Jorgenson (Visma Lease a Bike) prend les commandes du groupe maillot jaune et impose un tempo d’enfer qui permet aux favoris de revenir à 1min 20 des hommes de tête alors qu’il reste encore 13 km d’ascension. Le grimpeur américain réalise un véritable numéro est prend 1 seconde tous les 10 mètres aux hommes de tête. La course est complètement folle.
A l’avant, il y a panique à bord et Enric Mas décide d’attaquer et se fait contrer par Richard Carapaz qui s’envole seul en tête. Le problème c’est qu’au même moment c’est Jonas Vingegaard qui change de rythme et lâche tout le monde hormis le maillot jaune. Le danois impose un rythme impressionnant et revient sur l’échappée à 9 km du sommet.
Les deux meilleurs coureurs du monde se retrouvent seuls sur les pentes du Plateau de Beille. Vingegaard, dans son style caractéristique, est vissé sur sa scelle et impose un rythme infernal pour essayer d’asphyxier Pogacar. Pour autant, « Pogi » est bel et bien le plus fort, et place un changement rythme tranchant qui laisse son rival sur place à 5 km du sommet.
Le Slovène vole sur les pentes du Plateau de Beille, et comme hier, il creuse petit à petit l’écart avec son rival danois. Le maillot jaune impressionne de part sa puissance et son rythme sur la partie plus « roulante » au sommet du Col. Le phénomène de 26 ans s’offre une deuxième victoire consécutive ainsi qu’une 7ème victoires d’étapes dans les Pyrénées (Record absolu du Tour). « Pogi » est magique et semble intouchable pour s’offrir une troisième couronne sur la Grande Boucle. L’écart à l’arrivée est énorme avec 1 min 08. Pour entamer la troisième semaine 3 min 09 sépare les deux hommes au classement général. Le podium de l’étape est complété par Remco Evenepoel à 2 min 51 du maillot jaune.
(Photos REUTERS et ASO
Billy Ceusters et Charly Lopez)