
Créé en 2013, le club
de foot fauteuil, véritable lien social pour les personnes en situation de
handicap, pourrait définitivement fermer en fin de saison faute de soutien
financier.
Le club dijonnais s’est créé en 2013
grâce à l’initiative de deux jeunes joueurs, Abdoulaye et Déborah qui passaient
tout leur temps de loisir à jouer au foot avec leur fauteuil électrique.
Depuis, des partenaires institutionnels ont adhéré au projet du club. Les
entraînements ont pu officiellement commencer en janvier 2014. Les premières
rencontres amicales se sont disputées avec Chalon-sur-Saône.
A l’occasion du projet des 10 ans du
club, qui n’a finalement pas abouti, nous avions demandé, il y a un an, à Patrick
Munarolo, secrétaire général au DFCO Foot Fauteuil, qui étaient les
joueurs.Patrick Munarolo : «Ce sont des
garçons et des filles, lourdement handicapés, handicap moteur, handicap le plus
souvent génétique, et le foot fauteuil est souvent la seule discipline sportive
et le seul loisir qu’ils puissent pratiquer. Ils viennent à l’entrainement pour
s’éclater, mais ce n’est pas aussi simple. Hormis le fait d’apprendre à
manipuler le fauteuil adapté au foot, cela demande beaucoup de concentration,
ce qui n’est pas forcément évident pour des personnes touchées par certaines
pathologies. Il y a des joueurs âgés seulement de 11 ans. L’un deux ne savait
ni lire ni écrire. Après un an de présence au club, les parents ont vu pour la
première fois leur fils se sentir bien et demander à apprendre à lire et
écrire. Ce qui prouve que par le sport on peut complètement s’épanouir»
Et déjà, il y a un an,
les problèmes financiers pointaient à l’horizon «Il nous faut énormément d’argent»
nous expliquait Patrick Munarolo
«Nous sommes
un des rares clubs en France à fournir les fauteuils gratuitement à nos
joueurs. Un fauteuil de compétition coûte 14 000 euros. Au club nous en
avons une dizaine, je vous laisse faire le calcul. Il faut aussi ajouter
l’entretien, l’achat des batteries, les pneus. Lors des rencontres en match
extérieur, il faut un véhicule pour transporter nos joueurs et un autre pour
les fauteuils et les lève-personnes. Le coût de ces véhicules avoisine les
50 000 euros. Il nous faut donc énormément d'argent. Nous avons des
partenaires qui nous aident financièrement, mais cela ne fait pas tout. C’est
pourquoi nous organisons différents évènements tout au long de l’année, mais
jusqu’à quand pourrons nous tenir financièrement ?»
Un an plus tard Karine Ressy, la
présidente du club annonce une fermeture presque programmée faute d’argent.
«Nous avons environ
6 000 euros de dépenses mensuelles entre les salaires, les charges, un
leasing pour le camion, le remboursement d’un emprunt. C’est une somme
conséquente pour notre petit club. Nous avons commencé à réduire les frais. Le club
était monté en D2 l’année dernière, mais faute de moyen nous sommes descendu en
D4. Dans cette catégorie les déplacements se font sur une seule journée et pas
sur un week-end, ce qui nous coûte beaucoup moins chère. Certains joueurs sont
prêts à nous aider financièrement et des encadrants sont d’accord pour venir
travailler bénévolement pour finir la saison. Nous avons aussi une cagnotte en
ligne qui fonctionne très bien. Mais cette situation n’est pas pérenne»
La notoriété du DFCO
«Il faut savoir que
nous avons la chance de bénéficier de l’image et de la notoriété du DFCO. C’est
pour cette raison que nous nous appelons DFCO Foot fauteuil. Nous bénéficions
également d’un espace bureau dans leurs locaux. Mais c’est tout. Nous n’avons
aucune aide financière directe de l’emblématique club de football dijonnais. Et
d’ailleurs, il a été clairement dit que nous n’aurons aucun soutien financier
pour maintenir notre club en vie»
Mathilde Valencia au sein du club depuis
2016 redoute un isolement social
«C’est le seul sport
collectif que je peux pratiquer. Mon handicap au niveau de la main ne me permet
pas de jouer, par exemple au basket. Le foot fauteuil offre également aux
personnes lourdement handicapées de faire partie de club. C’est pour nous tous des
moments où nous pouvons oublier notre handicap. Si le club devait disparaitre
se serait pour moi un retour à l’isolement social. Vous savez, faire partie
d’un club c’est l’occasion de créer du lien. C’est pour beaucoup d’entre nous
le seul moment où nous sortons de chez nous, ou nous rencontrons des personnes
qui vivent les mêmes problématiques»
«Le club a aussi une
vocation pédagogique»
Mathilde Valencia : «Je
vais souvent parler du handicap dans les établissements scolaires pour le démystifier
et tenter de changer le regard que l’on porte sur nous. En
2023, nous avons rencontrés plus de 850 enfants âgés de 8 à 14 ans dans
différents établissements scolaires. Il
y a souvent des questions sans filtre de la part des enfants et je trouve ça
génial de pouvoir répondre simplement à des questions que les adultes se posent
mais n’osent pas nous les formuler. Le club a aussi une vocation pédagogique»
Un espoir
Karine Ressy : «Nous avons une réunion début mai avec la Fédération Française
du Handicap et d’autres institutions pour faire le point sur la situation et
mettre en place une éventuelle solution pour sauver notre club. L’idéal serait
qu’une entreprise, une société ou une personnalité puisse nous porter vers un
avenir serein pour toutes les personnes sportives porteuses d’un handicap»
Norbert Banchet
Photos : N.Banchet
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Mathilde Valencia joueuse au DFCO Foot Fauteuil et Karine Ressy Présidente du club

