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01/05/2021 10:23

1ER MAI : Une «fête des luttes» dans les rues de Dijon

Deux ans après la dernière manifestation pour les droits des travailleurs, une intersyndicale a célébré un 1er-Mai revendicatif avec 2.200 personnes dans les rues de Dijon. Les intermittents ont clôturé les prises en parole en scandant que «la précarité est l'urgence sociale absolue».
En 2020, pas de défilé, le pays étant sidéré par la flambée de l'épidémie de coronavirus et découvrant la notion de confinement. La dernière manifestation remonte donc à 2019, avec des gilets Jaunes mais pas de masque.

Cette année, un défilé et des masques de protection. Après «un an de confinement», une intersyndicale CGT-FO-FSU-Solidaires-UNEF-UNL appelle à une «fête des luttes».

Les principales revendications


Dans une démarche unitaire, les organisations syndicales revendiquent : des brevets publics sur les vaccins et la «socialisation» de l'industrie pharmaceutique, le «renforcement massif» des services publics dont la santé et l'éducation, l'interdiction des licenciements dans les entreprises qui «font des profits», l'instauration de conditions sociales et écologiques des aides publiques aux entreprises, le relèvement du SMIC à 1,700 euros nets et une augmentation de 400 euros par mois pour les retraites et les minima sociaux, l'accès à tous les minimas sociaux pour les jeunes de 18 à 25 ans, l'abrogation de la réforme chômage ainsi que l'instauration des 32 heures hebdomadaires comme référence sans perte de salaire ni mise en place de flexibilité.

Qui pour ouvrir le cortège ?


Concurrence ou convergence des luttes ? La première place de cortège pour ce 1er mai 2021 était très demandée. Apparemment, ce serait la coordination des interluttants et des précaires qui ouvrirait la marche pour cette journée internationale de lutte pour les droits des travailleurs, plus communément appelée Fête du Travail.

Ce serait un juste retour des choses puisque le samedi 24 avril dernier, les soutiens des Jardins de l'Engrenage étaient mis en avant au pied du Grand Théâtre (lire notre article). Nul doute que les «jardiniers» seront cependant en bonne place pour ce 1er-Mai. Le collectif féministe du 25 Novembre s'associe également à cette journée revendicative. Le rassemblement est prévu place Wilson à 10 heures.

Jean-Christophe Tardivon

La manifestation du 1er mai en direct :


9h50 : les premiers manifestants sont rassemblés sur la place Wilson.

10h23 : plusieurs centaines de personnes sont au rendez-vous. Ce sont bien des représentants de la CIP Bourgogne qui ouvre le cortège. Celui-ci annonce le parcours suivant : place Wilson - place du Théâtre - rue de la Liberté - place Darcy - place de la République - retour sur la place du Théâtre.

10h40 : Franck Laureau, secrétaire de l'Union départementale Force Ouvrière de Côte-d'Or prend la parole. Il déclare notamment : «C’est compliqué dans le contexte mais il n’est pas question que notre Union départementale se dérobe à la journée internationale des droits des travailleurs. Non, le 1er mai n’est pas la fête du travail, ce n’est pas la fête du muguet, c’est une journée internationale de revendications. Aujourd’hui, le 1er mai est encore un symbole de la solidarité ouvrière, du refus de l’exploitation. Et c'est l'occasion de célébrer les 150 ans de la Commune de Paris».

«Ce n'est pas aux salariés de payer la crise»


Sur la crise sanitaire, Franck Laureau rappelle que selon l'Organisation internationale du travail «114 millions d'emplois ont été détruits en 2020» et appelle à «rompre avec les politiques de rigueur qui nuisent au service public» tout en exigeant un contrôle sur les aides publiques accordées au entreprises.

Par la voix de Clara, l’Unef Bourgogne dit «hurler la situation des étudiants» et demande «un meilleur accès au logement, pas d’augmentation des loyers» ainsi qu’un soutien psychologique.

L’Union nationale lycéenne appelle à se mobiliser «contre la dérive ultra-libérale macroniste et la dérive sécuritaire». En insistant sur un élan révolutionnaire, pour que la jeunesse puisse encore vivre de diversités et de rêves.

Fabian Clément, co-secrétaire de la FSU de Côte-d’Or, parle d’«une lutte nécessaire et d’actualité», en dénonçant des logiques d’exploitation capitaliste portant atteinte aux écosystèmes. «Pas de profit sur la pandémie». Il appelle à la reconstruction du système de santé jusqu’à revalorisation des statuts des fonctionnaires hospitaliers, en fustigeant en parallèle le scandale des vaccins
«En temps de guerre, on met en place une économie de guerre, en mettant à contribution les plus fortunés», a-t-il aussi déclaré, en ne manquant pas également de s'indigner d'«une éducation réduite au minimum».

«Ce n'est pas aux salariés de payer la crise», ont déclaré en substance les intervenants, en demandant les retraits des réformes de l'assurance chômage et des retraites.
Plusieurs références à la Commune ainsi qu'à Louise Michel sont revenues dans les discours.

Éloïse Farinelli de Solidaires 21 a lancé : «Nous reprenons la rue car nous refusons de payer le prix d’une crise sanitaire, économique et sociale dont les causes principales sont le capitalisme. Nous refusons de laisser détruire nos acquis sociaux. Nous serons toujours debout pour nos libertés. Nous continuons à porter les idéaux des Communards massacrés et nous sommes aux côtés de tous ceux qui luttent».

«Redonner l'envie de relever la tête et de ne plus subir»


Sandrine Mourey, secrétaire départementale de l’union départementale CGT, a ponctué les interventions en réaffirmant la vitalité revendicative de ce 1er mai, en insistant sur le droit à la santé et à l’accès aux vaccins dans un contexte où l’épidémie fait des ravages.
L’occasion pour la militante syndicale de parler de la distribution des vaccins et de déplorer «une économie basée sur la recherche des profits» et «la sauvegarde des intérêts des gros labos même si la population doit en mourir». Et le «gouvernement poursuit sa logique en fermant des services, en fermant des hôpitaux».

«Gel des salaires, précarité, austérité, c’est bien le programme du gouvernement pour le monde d’après», a constaté Sandrine Mourey. Pourtant, «cette crise révèle la nécessité de changer de système, mêlant justice sociale et développement économique respectueux de l’environnement». Avec des accents sur une sécurité qui «garantisse nos droits lorsqu'on change d'emploi, de contrat».

Pour la secrétaire départementale de la CGT, les travailleurs ne resteront pas sages ni tétanisés. La mobilisation de ce 1er mai est selon elle porteuse d'espoirs, «pour redonner l'envie de relever la tête et de ne plus subir».

11h05 : le cortège se met en marche. On note une forte présence de militants de la CGT.

11h43 : le cortège arrive sur la place Darcy. Il est fort de 2.200 personnes selon les syndicats.

12h07 : les manifestants passent par la place de la République.

12h30 : le cortège arrive sur la place du Théâtre.

12h52 : la parole est donnée aux militants des Jardins de l'Engrenage.

Au nom des «jardiniers et jardinières en lutte», le bien-fondé de la démarche des Jardins de l'Engrenage «pour un espace de rencontres et de solidarité» a été rappelé. De même qu'a été réaffirmée une colère vis à vis du promoteur portant le programme Garden State mais aussi des forces de l'ordre et de la ville de Dijon : «Toute cette opération n'était pas une expulsion mais bien une destruction de toute la vie qui s’y trouvait. En dressant un mur de béton, la ville empêche de voir les Jardins depuis la rue et de se faire rencontrer deux mondes. Dijon, capitale écologique, mène un plan de guerre psychologique. Mais la lutte continue. Une autre ville est possible. Venez semer les graines de la résistance dimanche».

Retrouvez notre reportage sur la manifestation contre l'évacuation des Jardins de l'Engrenage en cliquant ici.

«La précarité est l'urgence sociale absolue»


Par le collectif 25 novembre, les femmes «sous-payées et sous valorisées, travailleuses sur le front pour porter à bout de bras la société» ont été défendues. La privation des libertés a une nouvelle fois été évoquée, «alors que pouvons continuer à mettre notre santé en péril pour produire».
«De nouvelles formes de travail, qui ne nous isolent pas les unes des autres», ont été promues, encore une fois contre le capitalisme à outrance.

Enfin, les occupants du Grand Théâtre de Dijon ont insisté sur le fait que leur mobilisation a pour but l’abrogation de l’assurance-chômage, «essentielle» mais aussi la défense des plus précaires, «exclus des dispositifs d’aide».
Les occupants parlent d’«une réforme brutale qui impacte les plus démunis», en raison notamment de la baisse de l’allocation journalière. «L’Unedic exprime des doutes sur la pertinence d’une telle réforme. Elle traduit un président autoritaire et sa volonté de mettre au fin au système solidaire de la santé et du chômage».
Les mobilisations témoignent d'une chose selon eux : «la précarité est l'urgence sociale absolue».


13h23 : les prises de paroles sont terminées. La manifestation prend fin en chansons. Les manifestants se dispersent, dans le calme.