
Le 45ème Congrès mondial de la vigne et du vin rassemble des experts du monde entier. L'ouverture s'est déroulée, ce lundi 14 octobre, à Dijon. «Au front des perturbations liées au changement climatique, la vigne est la sentinelle de ces dérèglements», a signalé la ministre de l'Agriculture Annie Genevard.
Le 45ème Congrès mondial de la vigne et du vin s'est ouvert, ce lundi 14 octobre 2024, à l'Opéra de Dijon, ville hôte du siège de l'Organisation internationale de la vigne et du vin. Les premiers intervenants ont souligné les défis auxquels la viticulture est confrontée en raison du changement climatique ainsi que ceux qui attendent le commerce du vin est raison d'une baisse de la consommation.
Du 14 au 17 octobre, les salariés et experts de l'OIV, entourés par les délégations des 50 pays membres de l'organisation ont prévu de plancher sur de nombreux sujets scientifiques et culturels au palais des congrès de Dijon. Le 18 octobre, l'OIV a préparé la tenue d'une assemblée générale pour désigner notamment qui succédera à Luigi Moio.
«Le vin est tout autant un produit de la nature que de notre culture»
La France compte 800.000 hectares de vignes, soit 11% du vignoble mondial. La production fluctue au gré des variations météorologiques. En 2023, la France était le premier pays producteur de vin dans le monde avec 47 millions d'hectolitres ; elle était également le premier exportateur en valeur.
Premier secteur agricole français avec 92 milliards d'euros de chiffre d'affaires, le secteur du vin génère 700.000 emplois directs et indirects, dont 58.000 viticulteurs.
95% des vins français relèvent d'un signe d'origine ou de qualité, en lien principalement avec la mosaïque de terroirs qui composent le vignoble.
En 60 ans, la consommation intérieure a diminué de 60%. La France connaît un vieillissement des consommateurs de vin.
Selon le ministère de l'Agriculture, «les Français consomment moins mais mieux» ce symbole de l'art de vivre, intégré à la pratique sociale du repas gastronomique, avec la recherche toute particulière des accords mets-vins. «Le vin est tout autant un produit de la nature que de notre culture», résume le ministère.
Ouverture en présence de l'actuelle ministre de l'Agriculture française et de son prédécesseur
Ce lundi, environ 500 personnes ont pris place dans la salle de l'Auditorium pour écouter non seulement les orateurs mais aussi les chanteurs de l'Opéra de Dijon, dirigés par le chef Anass Ismat. Le chœur a proposé notamment un air de «Carmen» ainsi que des extraits de comédies musicales françaises. Les débats ont été animés par la journaliste européenne Anette Burgdorf.
Au premier rang figurent notamment François Rebsamen (PS, FP), maire de Dijon, Annie Genevard, ministre de l'Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt, Luigi Moio, président de l'OIV, François Patriat (REN), sénateur de la Côte-d'Or, Marc Fesneau (Modem), député du Loir-et-Cher et ancien ministre de l'Agriculture, Océane Godard (PS), députée de la Côte-d'Or, Michel Neugnot (PS) et Christian Morel (divers gauche), vice-présidents du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, ainsi que Johann Mougenot, secrétaire général de la préfecture de la Côte-d'Or.
François Rebsamen revendique «le renouveau du vignoble du Dijonnais»
«Dans le sillage de l'installation nouvelle, heureuse et durable de l'OIV dans notre ville se joue évidemment la reconnaissance internationale du patrimoine vitivinicole de Dijon», considère François Rebsamen. «J'ai pour cette ville, pour notre métropole, un grand projet viticole. Voilà quelques années maintenant que j'ai engagé Dijon, sa Métropole, sur le chemin de la reconquête de ce vignoble malheureusement presque complètement disparu au XXème siècle».
En 1850, l'agglomération dijonnaise recensait 800 hectares de vignes. La crise du phylloxéra et l'urbanisation. Aujourd'hui, le territoire compte 60 hectares en appellation Bourgogne. La Métropole a identifié un potentiel de 200 hectares.
«Notre stratégie, en plus de produire de bons vins, est un puissant moteur de lutte contre l'étalement urbain et de soutien à l'agriculture», indique le social-démocrate.
Dans ce cadre, la Ville et la Métropole de Dijon soutiennent l'association de vignerons qui militent pour obtenir de l'INAO une dénomination géographique complémentaire permettant d'identifier le «Bourgogne Dijon» : «ces vignerons incarnent le renouveau du vignoble du Dijonnais».
À l'heure où plusieurs vignobles français envisagent d'arracher des vignes pour endiguer une surproduction, le président de la Métropole de Dijon incite à s'inspirer de sa démarche, proposée comme «un exemple reproductible pour nombre de grandes villes qui ont vu de grands vignobles sacrifiés sur l'autel de l'urbanisation du siècle précédent».
Selon Annie Genevard, «le vin est un puissant marqueur de civilisation»
En prenant la parole, la nouvelle ministre de l'Agriculture, nommée le 21 septembre dernier, a la courtoisie de faire applaudir son prédécesseur : «ainsi va la vie des élus, tu as préparé, j'inaugure». Et de signaler que cela symbolise «la continuité de l'action politique».
«La France est particulièrement fière d'accueillir cet événement d'envergure internationale», rappelle Annie Genevard», «vin occupe une place toute particulière dans notre culture et dans notre cœur». «Le vin est un art de vivre, un des piliers de notre identité et un puissant marqueur de civilisation.»
L'OIV fait «partie des solutions» face au changement climatique
«La richesse et la place de l'OIV depuis 100 ans est le fruit d'un travail collectif que nous célébrons ce jour», enchaîne la ministre de l'Agriculture, «c'est le travail de tous ceux pour qui la vigne est une passion : viticulteurs et chercheurs».
«Au front des perturbations liées au changement climatique, la vigne est la sentinelle de ces dérèglements», poursuit-elle, «sa résistance et son expression sont soumises à des évolutions puissantes du climat qui sont de gigantesques défis». «Un des défis qui se posent à nous est de trouver un équilibre entre préservation et adaptation.»
Depuis 2021, la filière s'est dotée d'une Stratégie nationale d'adaptation face au changement climatique qui a pour objectif d'améliorer la connaissance des zones viticoles et de soutenir la recherche et l'innovation.
En amont de ce congrès, le 13 octobre dernier, 37 délégations internationales, la France en tête, ont «réaffirmé» leur attachement à l'Organisation internationale de la vigne et du vin (lire le communiqué).
«L'OIV fait partie des solutions privilégiées. Pour établir des normes qui soient équitables, qui tiennent compte des contraintes et des besoins de chacun, le dialogue doit continuer d'être au cœur de notre démarche», déclare Annie Genevard.
«Le congrès est le cœur battant de la coopération scientifique internationale», souligne Luigi Moio
«L'OIV est le résultat d'une longue histoire scientifique et diplomatique», rappelle Luigi Moio. L'organisation compte désormais 50 pays membre et intégrera la Chine en novembre prochain.
«Le congrès est le cœur battant de la coopération scientifique internationale», souligne le président de l'OIV, «il est le terreau de la recherche et de la connaissance qui nourrissent les travaux de l'OIV».
La 45ème édition de ce congrès connaît une fréquentation record avec 700 inscrits venant de tous les continents.
Face au changement climatique, «de nouvelles stratégies sont nécessaires si nous voulons continuer à produire des vins de haute qualité», anticipe Luigi Moio. «Le vin du futur nécessitera de plus en plus des connaissances profondes.»
Yvette van der Merwe est pressentie pour devenir présidente de l'OIV
Depuis 25 ans, Luigi Moio est actif au sein de l'OIV, jusqu'à en devenir président en 2021 pour préparer le déménagement du siège de Paris à Dijon ainsi que le centenaire.
Seule candidate, Yvette van der Merwe est pressentie pour succéder à Luigi Moio. Responsable des South Africa Wine Industry Information & Systems en Afrique du Sud, elle préside actuellement la commission «économie et loi» du comité scientifique de l'OIV.
La chorale de l'OIV à l'Opéra de Dijon
Après les discours officiels, se succèdent sur le plateau de l'Auditorium des représentants du ministère de l'Agriculture français, puis Paz Levinson, Argentine vivant en France qui figure parmi les meilleurs sommeliers au monde en étant cheffe sommelière exécutive du groupe fondé par Anne-Sophie Pic, ainsi que John Barker, directeur général de l'OIV.
L'ouverture se conclut en musique, Anass Ismat incluant les congressistes dans une grande chorale avant qu'ils ne se dirigent vers le palais des congrès pour aborder les ateliers scientifiques du reste de la journée.
Jean-Christophe Tardivon

Yvette van der Merwe est pressentie pour devenir la prochaine présidente de l'Organisation internationale de la vigne et du vin (photographie Jean-Christophe Tardivon, reproduction interdite)