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20/11/2024 17:56
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AGRICULTURE : «Nous ne voulons pas du Mercosur, pas du tout», martèle le président de la FDSEA de la Côte-d'Or

Ce lundi 18 novembre, à Dijon, lors de «feux de la colère» à l'initiative de la FNSEA, Jacques Carrelet de Loisy a présenté les trois causes de la reprise du mouvement social des agriculteurs. En fin de soirée, le préfet de la région Bourgogne-Franche-Comté est allé à la rencontre des militants syndicaux pour «maintenir le dialogue avec le monde paysan» et faire une annonce.
Les militants syndicaux côte-d'oriens ont répondu à un appel national de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs, tandem de syndicats agricoles majoritaire en France, ce lundi 18 novembre 2024, à Dijon, en allumant des « feux de la colère » près de la Piscine olympique.

Selon les organisateurs, près de 250 manifestants se sont retrouvés dans le calme pour assister à l'action syndicale au milieu d'un grand champ fraîchement fauché avec labours de sécurité autour des bottes de paille et palettes enflammées. Un «SOS» en paille a également été allumé.

Des élus locaux et des parlementaires de la Côte-d'Or ont suivi la manifestation : la sénatrice Anne-Catherine Loisier (divers centre), les députés Catherine Hervieu (LE) et René Lioret (RN) ainsi que Marc Frot (LCOP), vice-président du conseil départemental de la Côte-d'Or, Christophe Avena (PS) conseiller départemental d'opposition et conseiller municipal de Dijon, Nicolas Bourny (sans étiquette), maire de Magny-sur-Tille et vice-président de la Métropole de Dijon et Ludovic Rochette (HOR), maire de Brognon et président de l'association des maires de la Côte-d'Or.

Les grandes lignes de l'accord de l'Union européenne avec le Mercosur


Créé en 1991, le Marché commun du Sud – en espagnol et en abrégé Mercosur – regroupe l'Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay. Le Chili, la Colombie, le Pérou et l’Équateur sont des pays associés. La région est riche en matières indispensables pour la transition énergétique comme le lithium ou le cuivre.

Depuis l'an 2000, l'Union européenne prépare un accord de libre-échange avec le Mercosur. Si un compromis a été trouvé en 2019, le traité n'est pourtant pas encore finalisé.

Le principe de l'accord repose sur un abaissement de 90% des droits de douane d'ici 10 à 15 ans sur des quotas de marchandises, estimés à 4 milliards d'euros.

Ainsi, le Mercosur prévoit la suppression des droits de douane dans l'industrie automobile, la chimie, le textile et l'industrie pharmaceutique. Le traité prévoit la reconnaissance de 357 produits européens ayant une indication géographie protégée.

De son côté, l'Union européenne envisage la baisse des droits de douane concernant plusieurs produits agroalimentaires : produits laitiers, viande bovine, volaille, éthanol...

Partisans et opposants débattent, la Chine se place


Les partisans du traité mettent en avant la relative faible proportion d'importations venant du Mercosur : 1,6% de la production européenne de viande bovine – les quotas étant inférieurs à ce que l'UE importe déjà en provenance de ce groupe de pays – ou encore 1,4% de la production européenne de volaille.

Ils s'appuient également sur l'exemple de l'accord de libre-échange avec le Canada, le CETA. Les quotas d'exportation de viande bovine du canada vers l'Union européenne seraient peu utilisés en raison de l'interdiction de recourir aux hormones de croissance.

Les opposants au traité soulignent son impact environnemental. Ils estiment que 700.000 hectares de forêts pourraient être remplacés par des pâturages en six ans.

Les syndicats agricoles, représentés au niveau européen par la COPA-COGECA – présidée par la Française Christiane Lambert, ex-présidente de la FNSEA –, considèrent les importations de produits agroalimentaires comme une menace et déplorent l'absence de clauses miroirs, imposant les même normes environnementales entre les deux parties.

Leur contestation de l'accord est également intervenue dans un contexte plus large de réforme de la politique agricole commune de l'Union européenne.

Parallèlement, dans le cadre des nouvelles «Routes de la soie», la Chine multiplie les partenariats en Amérique du Sud. Le Mercosur représente un marché très convoité de 264 millions d'habitants. Depuis le Brexit, l'Union européenne compte 449 millions d'habitants.

«C'est le lancement d'une mobilisation», prévient le président des Jeunes Agriculteurs de la Côte-d'Or


Installé en polyculture bio et élevage ovin près de Saint-Seine-l'Abbaye, Antoine Duthu est président des Jeunes Agriculteurs de la Côte-d'Or depuis mars dernier. À ce titre, il a coordonné l'action de ce lundi soir.

Le mot d'ordre national de la FNSEA et des JA incitaient les militants locaux à se retrouver symboliquement par exemple sur les boulevard de l'Europe. À Dijon, le rond-point de l'Europe, situé près du centre commercial de La Toison d'or aurait engendré des perturbations de circulation, ce que les JA souhaitaient éviter. D'où un repli dans une parcelle d'un collègue près d'une voie d'accès de la rocade, à la sortie de Quetigny, aux portes de Dijon, de façon à mener «une action de communication».

«C'est le lancement d'une mobilisation», prévient le président des JA 21. Au niveau national, la FNSEA a d'ores et déjà annoncé la mi-décembre comme date butoir, de façon à «ne pas emmerder les Français pour Noël».

À la suite des actions menées l'hiver dernier, Antoine Duthu regrette de «devoir repartir de zéro» avec ce regain du mouvement social des agriculteurs, notamment en raison de la dissolution de l'Assemblée nationale et de la nomination d'un nouveau gouvernement.

Le traité avec le Mercosur est vu comme une «aberration agricole»


Pour Antoine Duthu, l'accord avec le Mercosur constitue une «aberration agricole» qui «va encore plus pénaliser les agriculteurs français» : «on va importer des produits qui ne respectent pas du tout les standard que, nous, on a en France». «On nous a drivés pour avoir une production propre, respectueuse de l'environnement, durable et, demain, on va importer des poulets brésiliens standardisés qui ne respectent en aucun cas nos normes. (…) On a des standards haut-de-gamme, une agriculture de production vertueuse, durable, ce qui est une demande de la population. (…) On sait qu'il faut changer les pratiques, on est prêt à le faire. Par contre, il faut un accompagnement derrière avec une politique agricole ambitieuse, (…) avec vraiment une ambition pour le futur, pour le renouvellement des générations. (…) On a perdu 100.000 exploitants en 20 ans. Dans les 400.000 qui restent, 50% vont partir en retraite dans moins de 10 ans. Le renouvellement des générations est hyper-important si l'on veut que notre modèle agricole subsiste avec une agriculture locale, durable, rurale. (…) C'est un métier exceptionnel, il faut donner envie aux jeunes d'y aller et, pour ça, il faut qu'il y ait de la rentabilité dans les exploitations.»

Et de prendre l'exemple de la volaille pour sensibiliser les consommateurs : «le poulet est la viande la plus consommée en France parce que c'est la moins chère. Demain, les citoyens vont se retrouver à choisir entre une volaille brésilienne bourrée aux hormones avec aucune traçabilité, alors qu'en face, il y a une volaille standard française qui respecte des normes très importantes au niveau du bien-être animal, au niveau alimentaire». «On va importer des produits qu'on n'a pas le droit de faire chez nous, avec des matières actives qui sont dès fois interdites depuis 30 ans chez nous !»

Les trois causes des «feux de la colère»


«On a rallumé le feu de la colère, une colère déterminée, dans le respect néanmoins des biens et des personnes, mais ferme», explique Jacques Carrelet de Loisy, maire de Hauteville-lès-Dijon et désormais président de la FDSEA de la Côte-d'Or. «Ce feu de la colère a trois cause : principalement le Mercosur, (…) les conséquences des excès d'eau de cette année (…) les mesures concrètes que nous attendons depuis le mois de janvier.»

«Nous ne voulons pas du Mercosur, pas du tout», insiste le représentant syndical, « le principal point, c'est l'importation de centaines de milliers de tonnes de viande bovine et de volailles, également les millions de tonnes de maïs, de sucre...» «Toutes ces productions sont produites avec des normes qui ne sont absolument pas celles auxquelles les agriculteurs français sont soumis.»

«La France peut s'opposer », envisage Jacques Carrelet de Loisy


«L'agriculture française a toujours produits des produits agricoles de qualité, qui sont transformés par des PME locales, qui sont mis en valeur par le monde de la restauration – tout le monde connaît la culture culinaire française. Si tout ça disparaît parce qu'il y a des millions de tonnes de céréales brésiliennes qui arrivent, (…) c'est l'état même de la culture française et de nos paysages qui va disparaître, bien au-delà des agriculteurs mais, nous, nous en serons les premières victimes», martèle Jacques Carrelet de Loisy.

«La France peut s'opposer parce qu'elle a un droit de veto», poursuit-il, «mais il semblerait que Madame von der Leyen [NDLR : la présidente de la Commission européenne] soit en train de détricoter le texte en deux parties, ce qui fait que le droit de veto de la France ne serait plus applicable donc il faudrait que la France fasse une coalition [d’États-membres]. (…) Il n'est pas exclu que d'autres pays européens emboîtent à le pas à la FNSEA et aux Jeunes Agriculteurs comme on est en train de le faire en France».

La gestion des conséquences de catastrophes naturelles en question


Concernant les intempéries de l'année, «il y a eu des récoltes catastrophiques, tous secteurs géographiques confondus, toutes productions confondues», alerte Jacques Carrelet de Loisy, «c'est la cata pour tout le monde». «Le climat y est pour beaucoup mais pas que. On a montré, de manière structurée, aux services de l’État et aux élus que l'entretien du territoire ne se décrète pas derrière un bureau. (…) S'il y a des communes qui ont été ravagées au mois de juillet par les inondations et les torrents de boue – notamment dans l'Auxois –, c'est parce qu'on n'avait plus le droit de curer les fossés. En Belgique, en Hollande, vous ne nettoyez pas les fossés, vous recevez une amende. Ici, quand on le fait, on reçoit une amende !»

«On attend des mesures d'accompagnement de l’État et de l'Union européenne. Il y a des fonds européens disponibles, la France n'a pas encore mobilisé les budgets de gestion de crise. C'est scandaleux», tempête-t-il avant de demander «un dégrèvement foncier» pour les éleveurs situés dans des secteurs touchés par des catastrophes naturelles, ce qui génère un fourrage de mauvaise qualité.

La FNSEA revendique «des allègements de charges sur les contraintes environnementales»


Au-delà de la détaxation du gazole non-routier (GNR), de l'arrêt de la jachère et de l'instauration d'un contrôle unique annuel des exploitations, Jacques Carrelet de Loisy attend la reprise des discussions avec le gouvernement portant sur «les moyens de production, la remise en cause de la séparation du conseil et de la vente [de produits phytosanitaires par les coopératives] et sur une réelle motivation pour devenir agriculteur et vivre de son métier» ainsi que sur «les restrictions empilées ces 25 dernières années» de façon à décider notamment «des allègements de charges sur les contraintes environnementales».

Le préfet de la Côte-d'Or annonce un «dégrèvement sur le foncier»


Le premier feu étant sous contrôle, un second foyer est allumé – avec difficultés, compte tenu de l'humidité du début de nuit – pour dessiner un «SOS» avec des bottes de paille en flammes.

Là, arrive Paul Mourier, préfet de la Côte-d'Or et préfet de la région Bourgogne-Franche-Comté, pour échanger avec les responsables syndicaux. Le représentant de l’État acte le «désaccord» porté par les manifestants concernant le traité avec le Mercosur.

Par ailleurs, Paul Mourier annonce «il y aura un dégrèvement sur le foncier non-bâti » pour les prairies concernées par les catastrophes naturelles ainsi que pour des vignes. Reste à étudier le niveau du dégrèvement en question.

Paul Mourier entend «maintenir le dialogue avec le monde paysan»


De plus, le préfet de la Côte-d'Or s'engage à relayer la demande des manifestants portant sur la mobilisation des budgets de crise européens.

En réaction aux propos du ministre de l'Intérieur, Jacques Carrelet de Loisy insiste auprès du préfet sur le fait que les militants de la FNSEA et des JA ont «l'habitude d'être dans un esprit constructif».

En réponse, Paul Mourier salue la «responsabilité» des manifestants présents et souligne vouloir «en permanence, maintenir le dialogue avec le monde paysan».

Les échanges se poursuivent quelques minutes avec des agriculteurs souhaitant s'adresser au préfet tandis que les autres participants à l'action syndicale se tournent vers les boissons et les grillades pour se restaurer et se réchauffer dans la fraîcheur de la nuit.

Jean-Christophe Tardivon

L'État et la Région s'accordent sur de «nouvelles mesures exceptionnelles» concernant les subventions issues des fonds européens agricoles


«Signer des accords avec des pays qui n’ont pas du tout la même logique, ce n’est pas cohérent», déclare Jérémy Decerle à propos du traité avec le Mercosur































































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