> Vie locale > Vie locale
08/10/2022 18:22

AGROALIMENTAIRE : «Les légumineuses et ferments sont au coeur de la stratégie France 2030», signale Bruno Bonnell

L'innovation est dans le champ. Ce lundi 3 octobre, lors d'une visite du secrétaire général pour l’investissement sur le site de l'INRAE à Bretenière, il a été question d'agroécologie et de légumineuses pour réduire l'empreinte environnementale du secteur de l'agroalimentaire.
Plus habitué aux écrans d'ordinateurs et aux robots, Bruno Bonnell, secrétaire général pour l’investissement auprès de la Première ministre, a effectué une visite en bout de champ sur le site de l'INRAE à Bretenière, en périphérie de Dijon, ce lundi 3 octobre 2022.

Au programme, des sujets d'innovation en agriculture et agroalimentaire pouvant être potentiellement financés par le plan France 2030 comme l'agroécologie, les protéines végétales ou encore la formation aux nouveaux équipements permettant de se passer de herbicides de synthèse.

Cette visite se plaçait dans le cadre d'un déplacement officiel en Bourgogne-Franche-Comté, les 3 et 4 octobre derniers, sur les questions d'innovation : agroécologie, agroalimentaire, santé et métallurgie à Dijon puis hydrogène, nanotechnologies, robotique, biothérapies et décarbonation de l'industrie à Besançon.

Des jeux vidéos à la robotique


Pionnier des jeux vidéos en France, Bruno Bonnell, né en 1958, a contribué à fonder Infogrames en 1983 (devenue Atari en 2009 à la suite du rachat de la célèbre marque américaine). En 2007, il a racheté la société Robopolis, implantée à Villeurbanne (Rhône), avec l'objectif de développer la robotique de service.

Proche de Gérard Collomb, alors maire de Lyon et adhérent de longue date du Parti socialiste avant de suivre Emmanuel Macron en 2016, Bruno Bonnell a rejoint La République en marche en 2016 puis le Mouvement radical en 2019. Il a été député du Rhône de 2017 à 2022.

Depuis janvier 2022, il est secrétaire général pour l’investissement, chargé de France 2030, un poste, placé sous l'autorité du Premier ministre, qui a pris la suite du commissaire général à l'investissement.

Expérimentation en agronomie à l'INRAE


Ce lundi matin, la toute première étape se fait au site expérimental de l'institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE) du domaine d’Époisses à Bretenière. Le secrétaire général pour l’investissement est accueilli par le préfet Fabien Sudry, le maire Nicolas Schoutith (sans étiquette) et la présidente du site INRAE de Dijon Nathalie Munnier-Jolain.

Autour d'eux, une large délégation d'élus, d'universitaire ainsi que des représentants de l’Éducation nationale, du monde agricole et du secteur de l'agroalimentaire.

En bout de champ, au pied d'une large haie complétée de nouvelles plantations, Bruno Bonnell suit les explications concernant le continuum recherche-formation-innovation appliqué aux systèmes agroécologiques.

En particulier, le domaine d’Époisses est le support de la plateforme expérimentale CA-SYS (Co-designed Agroecological System Experiment) dont le principe est «de concevoir des systèmes agricoles sans pesticide utilisant la diversité cultivée et sauvage comme moyen de production». Systèmes qui seront ensuite évalués pour en établir la faisabilité et la performance.

«Agroécologie et technologie, ce n'est pas antinomique»


«L'expérimentation en agronomie se traite sur du temps long, de grands espaces», signale Nathalie Munnier-Jolain, «il faut avoir une approche systémique». «Ces systèmes sont sources d'innovation pour la profession agricole, cela nous permet de concevoir un système en rupture avec une prise de risque qu'aucun agriculteur ne pourrait se permettre.»

«Agroécologie et technologie, ce n'est pas antinomique», indique-telle, «cette expérimentation fait émerger des besoins spécifiques en termes d'agroéquipement qu'on ne trouve pas encore chez les équipementiers agricoles».

Le travail des sols pour éviter les herbicides de synthèse


Les machines présentées – un rouleau faca, ou rouleau hâcheur, une écimeuse et un prototype de tondeuse interrangs – servent au travail du sol pour lutter contre les végétaux indésirables sans recourir à des pesticides de synthèse comme le glyphosate.

Cette approche mécanique guidée par GPS est complétée par une agriculture de conservation des sols qui, par un couvert végétal annuel, présente les vertus de stocker du carbone et de limiter l'érosion.

Un exemple concret d'innovation mécanique avec un continuum de filière est donné par Liselore Martin, directrice de l'association Agronov, avec le projet FiloLema : «on travaille sur la luzerne et le trèfle violet, qui sont récoltés avec tiges et feuilles, après, il faut séparer pour avoir la meilleure alimentation protéique pour le bétail. Finalement, avec l'innovation en machinisme, on arrive à faire une récolte fractionnée à la parcelle de la luzerne. Après, avec l'Institut Agro Dijon, on cherche les meilleurs éléments de conservation pour nourrir les ruminants et les monogastriques».

Augmenter la prédation des insectes auxiliaires de culture


En bord de parcelle, une bande enherbée, une bande fleurie et une haie afin de «proposer un habitat et une ressource trophique à la biodiversité sauvage pour augmenter le service de prédation dans la parcelle», comme l'explique Pascal Marget, directeur de l'unité expérimentale, qui mentionne notamment les carabes, des insectes devenant d'utiles «auxiliaires de culture».

Au domaine d’Époisses qui totalise 120 hectares, les bandes enherbées représentent 7 ha et les haies 4 ha. Ces dernières ont été cofinancées par la Région Bourgogne-Franche-Comté.

«Les légumineuses et ferments au service de l’alimentation»


«On veut montrer la force de notre site dans le domaine de la chaîne de valeur au service de l'alimentation durable», résume Nathalie Munnier-Jolain en s'adressant au visiteur du jour qui écoute avec attention après avoir pris place dans la salle de conférence du domaine d’Époisses.

La table-ronde avec les acteurs de la recherche et de l’innovation porte sur «Les légumineuses et ferments au service de l’alimentation : un continuum de création de valeurs de l’académique à l’entreprise» en insistant sur les instruments financés par France 30 et le Programme d'investissements d'avenir (PIA).

Le projet HARMI vise à mieux comprendre les microbes et leurs interactions pour innover.

Le pôle de compétitivité Vitagora contribue à la création de nouvelles variétés de pois pour favoriser la consommation de protéines végétales.

L'Atelier sarrasin produit du sarrasin en Bourgogne-Franche-Comté (mais décortiqué en Lituanie) pour apporter une diversité dans l'alimentation des Français. À ce jour, 80% du sarrasin consommé en France vient de l'étranger dont la moitié de Russie et d'Ukraine. L'entreprise porte un projet de relocalisation du décorticage.

«Le domaine de la fermentation est une opportunité pour nous», indique Jean-François Honoré, PDG d'Eurogerm, qui souhaite «investir pour les ferments du futur».

Laurent Occhini, PDG d'ARDPI, propose des outils pour «renforcer la souveraineté dans le domaine des ferments».

Implanté à Aiserey, Cérélab est une filiale de Dijon Céréales spécialisée sur l'analyse des matières premières agricoles, elle développe dorénavant des produits alimentaires intégrant avec des légumineuses ayant peu ou moins d'amertume que les produits habituellement connus.

Directeur de l'Institut Agro Dijon, François Roche-Bruyn signale que l'école d'ingénieurs en agronomie a augmenté «de 50% ses effectifs depuis 2015 en ouvrant des nouveaux formats de cursus comme l'apprentissage ou les profils postbac».

Au niveau de la Métropole de Dijon, Philippe Lemanceau (PS), vice-président en charge de la stratégie alimentaire, ambitionne de «faire la démonstration que la transition alimentaire est possible» et de «faire ne sorte que l'on puisse avoir le mieux manger, partagé par tous et toutes». Pour cela, «on souhaite remplacer une partie des protéines aniimales par des protéines végétales», ajoute-t-il, «ces légumineuses sont favorables à la transition agroécologique avec une empreinte environnementale plus faible».

Dans le cadre du PIA 3, la Métropole de Dijon a reçu une subvention de 30 millions d'euros. Sa légumerie sera fonctionnelle au printemps pour «relocaliser de la production légumière de qualité pour la mettre à disposition de la restauration scolaire».

«Former un million de personnes aux compétences de demain»


«Les légumineuses et ferments sont au cœur de la stratégie France 2030», réagit secrétaire général pour l’investissement en évoquant une prochaine nouvelle vague d'appels à projets.

Enfin, face à ces projets porteurs potentiellement d'emplois nouveaux, Bruno Bonnell rappelle que le plan France 2030 mobilise notamment «3 milliards d'euros pour former un million de personnes aux compétences de demain».

Jean-Christophe Tardivon

«France 2030, c'est mieux produire, mieux vivre et mieux comprendre», revendique Bruno Bonnell


À Bretenière, l'unité expérimentale de l'INRAE produit «des connaissances sur la réduction de l'usage de pesticides»