Aujourd’hui, 85% des Français souhaitent vieillir à domicile. À défaut de loi Grand Âge et Autonomie d'ici la fin du quinquennat, le gouvernement entend déployer un «vaste plan pour réaliser un virage domiciliaire» avec des enveloppes intégrées notamment dans le financement de la Sécurité sociale pour 2022.

Pour exemplifier ce «virage domiciliaire» – autrement dit le fait de favoriser le maintien à domicilier plutôt qu'un placement dans un EHPAD – Brigitte Bourguignon, ministre déléguée chargée de l'Autonomie, s'est rendue au siège du conseil départemental de la Côte-d'Or, à Dijon, ce lundi 4 octobre pour visiter un démonstrateur de dispositifs facilitant la vie des personnes âgées.

François Sauvadet (LCOP), président du Département, a accueilli la ministre accompagnée de Fabien Sudry, préfet de la Côte-d'Or. Il était entouré des conseillers de la majorité départementale Emmanuelle Coint, François-Xavier Dugourd, Patricia Gourmand, Céline Viallet et Viviane Vuillermot.

Un ergothérapeute pour présenter les adaptations aux personnes âgées

«L'Appart'» est en fait un outil de sensibilisation. Il s'agit d'un stand conçu comme un appartement témoin présentant des dispositifs de domotique venant sécuriser et faciliter la vie des personnes âgées.

Le démonstrateur est mis en œuvre par fédération Solidaire pour l'Habitat (SOLIHA), présidée par la Jurassienne Hélène Pélissard (divers droite). SOLIHA est prestataire du conseil départemental de la Côte-d'Or pour cette animation de l'Appart'. Ce lundi, Marion Chenu, responsable de l'antenne de Côte-d'Or de SOLIHA, et Julie Poilane, ergothérapeute, assurent la démonstration.

Intervenant sur prescription médicale, l'ergothérapeute est un expert paramédical en réadaptation. Comme l'explique le ministère de la Santé, l'ergothérapeute prend en charge le patient dès lors qu’un problème de santé limite ses possibilités d’effectuer ses soins personnels, de se déplacer et de communiquer. Ainsi, quel que soit l'âge du patient, l’ergothérapeute prévient et réduit les situations de handicap en maintenant les activités du quotidien de manière sécurisée, en tenant compte des habitudes de vie et de l’environnement du patient (lire le communiqué).

Longévité et prévention

«Nous sommes devant une transition démographique très importante, dans notre pays et en Europe, avec des pays qui vieillissent. C'est tant mieux, on a la longévité qui est au rendez-vous mais il faut qu'elle soit en bonne santé cette longévité parce que rien n'est plus difficile à aborder si on n'est pas dans la prévention», analyse Brigitte Bourguignon.

«Permettre au gens de vivre à domicile est le leitmotiv de cette réforme de l'autonomie. À 85%, c'est ce qu'ils vous disent : 'je veux vieillir chez moi'», souligne la ministre.

«Ici, à Dijon, on regorge de projets intéressants [en logements alternatifs] mais vous avez aussi la possibilité d'adapter votre propre logement grâce à des nouvelles technologies. L'idée surtout est de sécuriser ces logements : permettre que les gens aidants qui habitent ou les professionnels du domicile aient une aisance pour travailler et que nous sécurisions au maximum pour éviter les chutes parce que c'est la cause de mortalité la plus fréquente chez les personnes âgées et c'est une cause d'angoisse permanente pour la famille et les aidants», développe Brigitte Bourguignon.

«La domotique permet de recevoir des informations»

En suivant la démonstration, la délégation découvre le portier vidéo, la serrure connecté. Plusieurs des dispositifs peuvent effectivement être gérés par une tablette, à l'intérieur du logement ou à distance par Internet.

«La domotique permet de donner des consignes mais aussi de recevoir des informations sur ce qui se passe dans la maison», explique Marion Chenu.

Ainsi, un système d'alerte peut être paramétré avec un capteur de vibrations qui détecte une chute, ferme automatiquement des volets roulants et envoie une notification. «C'est vraiment la maison qui nous informe de ce qui se passe à l'intérieur», appuie Marion Chenu. Des alertes peuvent également concerner la détection de fuites d'eau.

Même la prise de médicaments et de repas peuvent être suivies pour accompagner les personnes qui ne se souviennent plus.

Des badges électroniques peuvent être paramétrés pour laisser l'accès à des professionnels du domicile uniquement à certaines plages horaires. Un boîtier déverrouillable par smartphone avec l'application adéquate permet de récupérer des clés, etc.

En fonction de chaque habileté des personnes, le visuel, l'auditif, le verbal, le tactile ou le gestuel sont sollicités. Ainsi, un assistant vocal peut être disposé près d'un lit mais pour les personnes ne pouvant pas parler, la commande peut être réalisée par geste.

Le virage domiciliaire pour diminuer le recours aux établissements

«Certaines trajectoires de financement étaient assez stratosphériques parce qu'elles n'anticipaient pas et qu'elles ne voyaient que la grande dépendance à travers le placement. Si on aborde bien ce virage domiciliaire en France, on pourrait retarder voire diminuer ce recours aux établissements, qui semble inéluctable pour certaines pathologies mais pas pour tout le monde», explique Brigitte Bourguignon.

«Tout ce que l'on montre aujourd'hui peut retarder une dépendance lourde parce que, justement, les personnes justement veulent rester à domicile. Si elles sont sécurisées suffisamment et si le personnel qui vient les rencontrer et les aidants sont au rendez-vous, c'est quelque chose que l'on peut faire», signale la ministre.

Un maintien à domicile valable en ville comme à la campagne. «Je me bats contre cette idée que, parce qu'on est en ruralité, on serait moins connecté qu'ailleurs. Je crois qu'aujourd'hui, les personnes, à partir du moment où on vient leur expliquer un mécanisme, un produit que l'on peut installer chez elles, sont tout à fait à même de les percevoir. On souhaite que ce soit uniformisé sur le territoire et que chaque personne puisse y avoir accès, il faut que ça se généralise», prône Brigitte Bourguignon.

L'accompagnement du Département

«Nous avons un objectif commun, c'est le maintien à domicile tant qu'on le peut et une réponse individualisée pour accompagner les personnes en proximité», abonde François Sauvadet.

«À chaque fois qu'une personne visite cet appartement connecté, nous l'accompagnons, nos équipes pluridisciplinaires peuvent aller dans le logement. (…) Le déploiement du très haut débit va rendre aussi possible toutes ces technologies», ajoute-t-il.

Via l'allocation personnalisée d'autonomie, le Département a déjà accompagné 1.500 interventions pour installer au moins un de ces dispositifs, concernant en priorité les salles de bains et les accès des logements. À partir d'un diagnostic réalisé par un ergothérapeute, le programme Handibat fait appel à des professionnels qualifiés.

Pour favoriser la généralisation souhaitée de ces dispositifs, le gouvernement indique travailler sur l'instauration d'une prime favorisant l'adaptation technique des logements. La ministre du Logement et la ministre déléguée chargée de l'Autonomie remettront des propositions au Premier ministre d'ici la fin de l'année.

Les dispositifs de l'Appart'

Serrure connectée
Portier vidéo avec contrôle d'accès connecté
Prise électrique à manipulation facile
Interrupteur mobile d'éclairage ou de volets électriques
Chemin lumineux associé à un détecteur de mouvement
Loupe éclairante sur pied
Appui de lit
Surélévateurs de lit (14 cm)
Chaise assis/debout
Ouvre-bouteille et ouvre-bouteille électriques
Pilulier connecté
Allumage et extinction à distance des plaques de cuisson
Détecteur de fumée
Détecteur de monoxyde de carbone
Détecteur d'activité de la chasse d'eau
Détecteur de fuite d'eau
Bouton d'alerte
Set de toilette à long manche
Siphon déporté pour le passage des fauteuils roulants
Planche de bain
Centrale de télétransmission

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