«La crise sanitaire a démontré que le numérique est un vrai enjeu pour les entreprises de l'artisanat et de l'économie de proximité», relève Emmanuel Poyen en présentant ce jeudi 21 avril 2022 au siège de Dijon un nouveau dispositif numérique destiné aux entrepreneurs.

«Le cœur de l'économie, en France et surtout en Bourgogne-Franche-Comté, c'est l'économie de proximité, qui est présente partout et qui irrigue notre société», revendique le président de la chambre de métiers et de l'artisanat de région Bourgogne-Franche-Comté (CMA BFC).

«Plus qu’un soutien au quotidien, le digital s’illustre comme un levier indispensable pour poursuivre son activité, développer sa visibilité en ligne et ses ventes en magasin. Aujourd'hui, les consommateurs sont connectés et réalisent de nombreuses recherches et achats en ligne. Ils se servent également d’internet pour trouver un commerce, un artisan, une enseigne spécifique», alerte la CMA BFC.


Avec le soutien de l’État, de la Région Bourgogne-Franche-Comté et de différentes intercommunalités, dont Dijon Métropole, la CMA BFC mène des actions pour sensibiliser, accompagner et conseiller ses adhérents dans la transition numérique. Chaque année, ce sont environ 500 accompagnements qui sont réalisés, complétés par la Semaine du Numérique et les Trophées du Numérique.

«L'artisanat est un élément de notre patrimoine»

Ce jeudi, Emmanuel Poyen reçoit Benoît Tabaka, directeur des relations institutionnelles et des politiques publiques de Google France, pour présenter le «van Google» qui effectuera des tournées afin de mener des «Google Ateliers numériques».

Un lien très personnel lie Benoît Tabaka à la Côte-d'Or et aux artisans : sa mère a été coiffeuse à Seurre et il a suivi des études de droit à l'université de Bourgogne. «L'artisanat était au cœur de la maison», confie Benoît Tabaka. «L'artisanat est un élément de notre patrimoine. L'ensemble métiers de l'artisanat, la capacité de créer est propre à la France.»

Autour des deux intervenants, une trentaine d'artisans ainsi que Patrick Molinoz (PRG), vice-président du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, Nadjoua Belhadef (PS), adjointe au maire de Dijon déléguée au commerce et à l'artisanat, Yves Bard, président de la délégation départementale de Côte-d'Or de la CMA BFC, Jean-Michel Charnu, vice-président de la CMA BFC, et Linda Gandon, responsable régionale des Google Ateliers numériques.

«Google est une entreprise globale au service de l'économie de proximité»

«Comment vous cherchez un artisan aujourd'hui ? Vous tapez dans un moteur de recherche», constate Benoît Tabaka qui insiste sur «la capacité d'avoir cette visibilité, d'être présent quand on tape 'fleuriste', 'coiffeur', 'chocolatier'». «L'intérêt est de faire valoir ce que l'on est capable de créer et de valoriser le métier et, potentiellement, d'attirer non seulement des clients mais aussi des apprentis», poursuit-il.

«Google est une entreprise globale au service de l'économie de proximité», s'enthousiasme le directeur des relations institutionnelles. «On va ouvrir le capot de comment fonctionne un moteur de recherche, ce qui fait gagner des points, ce qui fait en perdre en quelque sorte, ce qui fait qu'on peut arriver dans les premiers résultats de recherche de certaines requêtes», indique-t-il pour introduire la présentation du dispositif.

Visibilité, réseaux sociaux et création de contenu

Google France a initié les Ateliers numériques en 2012 pour «accompagner l'ensemble des professionnels français dans la transformation numérique». Sous la forme de porte-à-porte au départ, le dispositif a évolué avec la création de lieux dédiés et enfin de «vans Google» qui sillonnent le pays en lien avec des acteurs locaux comme les chambres consulaires.

Les Google Ateliers numériques sont centrés sur la visibilité, la création de contenus et la promotion de l'activité. Ils permettent aux artisans de vérifier les fonctions de base du référencement et de s'emparer de la «fiche d'établissement» qui apparaît dans les résultats de recherche. La communication sur les réseaux sociaux peut aussi être abordée.

Les Ateliers peuvent être suivis en présentiel lors du déplacement du «van Google» pour des sessions collectives animées par deux coaches ainsi qu'en distanciel avec la diffusion de contenu dématérialisé sur la chaîne Youtube des Google Ateliers numériques. Une entreprise a également la possibilité de prendre rendez-vous avec l'équipe du van pour une séance personnalisée d'une heure.

Les sessions collectives prennent place dans les locaux du partenaire de l'organisation avec trois thématiques différentes abordées dans une journée : visibilité, réseaux sociaux et création de contenu. Les professionnels peuvent assister à toute la journée ou à une thématique seulement.

Aller plus loin avec la chambre de métiers et de l'artisanat

«L'idée est que vous soyez le plus autonomes possible pour que vous puissiez vous-même monter en compétences et, par la suite, partager avec vos collaborateurs», indique Linda Gandon à l'adresse des artisans.

La sensibilisation effectuée lors des ateliers pourra être prolongée par des formations mises en place par les conseillers numériques de la chambre de métiers et de l'artisanat.

Les Google Ateliers numériques sont gratuits pour les participants. Le géant américain offre la prestation à ses partenaires. En revanche, dans le cadre de sa mission de service public, la CMA BFC apporte le temps de travail de ses agents. La CMA BFC compte 7 référents numériques auxquels s'ajoutent 70 collaborateurs travaillant sur le développement économique dont le numérique.

«On va faire monter en compétence le tissu économique français»

«On se rend compte qu'en France, on a un décrochage au niveau professionnel entre l'usage personnel et l'usage professionnel. Au niveau européen, sur la question de la digitalisation des entreprises, on est plutôt dans le rang 10-12 alors qu'au regard de notre connectivité, on devrait plutôt être à 4-5», déplore Benoît Tabaka. «Le tissu économique français est soumis à la pression potentiellement des concurrents allemands, des concurrents britanniques.»

Autrement dit, les artisans français sont plus consommateurs de contenu qu'émetteurs de contenu, ce qui peut les fragiliser économiquement et faciliter l'émergence d'une concurrence, voire d'une forme d'ubérisation.

«En France, on a eu historiquement, pour le tissu économique, une problématique de se dire 'c'est pas pour moi, je n'en ai pas besoin'. Quand vous êtes un chef d'entreprise, potentiellement l'unique personne de l'entreprise, quand vous êtes un artisan, un commerçant individuel, un auto-entrepreneur, vous ne pouvez pas être au four et au moulin, vous ne pouvez pas être en train de vous occuper de votre référencement, vous occuper de vos contenus sur les réseaux sociaux et, en même temps, vous occuper de votre boutique, vendre ou tout simplement créer», développe Benoît Tabaka.

«On va faire monter en compétence le tissu économique français. On a beaucoup travaillé avec les commerçants et maintenant il s'agit de travailler avec les artisans», ajoute le représentant de Google France.

Pour ne pas entrer en concurrence avec les créateurs de site Internet, il ne s'agira pas d'intervenir sur le code source du site web d'un professionnel mais de présenter le fonctionnement d'un moteur de recherche et de sensibiliser au moyen d'optimiser la visibilité d'une entreprise au travers de cet outil.

«Notre métier est de donner une explication de comment ça fonctionne, pourquoi il faut véritablement se pencher sur la question», insiste Benoît Tabaka. «Quand vous allez voir un professionnel pour animer les réseaux sociaux ou le référencement, il faut comprendre déjà de quoi on parle, savoir quoi demander.»

Si les ateliers sont gratuits, Google France envisage qu'à moyen terme, une fois que le niveau de compétence numérique sera améliorée, certains artisans se tournent vers les prestations de Google pour améliorer leur communication.

Tournées du van Google en mai et en octobre

En Bourgogne-Franche-Comté, les tournées ont été organisées par Linda Gandon, responsable régionale des Google Ateliers numériques. La première débutera le 3 mai prochain en commençant par Auxerre, Maillot, Cosne-Cours-sur-Loire, Nevers, Vesoul et Belfort (retrouver l'agenda).

Le van Google reviendra dans la région en octobre avec deux étapes en Côte-d'Or, dont Dijon, deux étapes dans le Doubs et deux étapes dans le Jura.

Google France a actuellement quatre vans qui parcourent le pays. L'objectif à moyen terme serait d'établir un van Google dans chacune des grandes régions.