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26/05/2025 18:17

BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ : L’État et la Région présentent des actions pour «accélérer» la transition écologique

La Bourgogne-Franche-Comté est en retard dans ses objectifs de décarbonation. Dans le cadre de la «COP régionale», 44 actions à «fort impact sur la réduction des gaz à effet de serre et la préservation des ressources naturelles» ont été listées, ce lundi 26 mai, à Dijon, en présence de François Rebsamen et de Marie-Guite Dufay.
Après la théorie, la pratique. Alors que l’État demande à la Région Bourgogne-Franche-Comté de participer à hauteur de 5% de l'effort national de réduction des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030, la collectivité liste de nouvelles actions à mener dès cette année.

Cette planification écologique déclinée à l'échelle régionale pour «mieux vivre en Bourgogne-Franche-Comté» sera elle-même transposée dans les départements, lors de forums territoriaux mis en place à partir de cet été.

Sur le modèle de la Conférence des parties de l'ONU (COP), la «COP régionale sur le climat et la biodiversité», lancée le 13 décembre 2023 (lire notre article), a rassemblé 300 personnes représentant des acteurs économiques, des institutions et des associations pour plancher sur les leviers à mobiliser, regroupés dans la feuille de route, présentée, ce lundi 26 mai 2025, au parc des expositions de Dijon.

François Rebsamen préside la présentation de la feuille de route de la COP régionale


L'événement a été présidé par François Rebsamen (PS, FP), ministre de l'Aménagement et de la Décentralisation ainsi que président de la Métropole de Dijon, en présence de Paul Mourier, préfet de la région Bourgogne-Franche-Comté, et de Marie-Guite Dufay (PS), présidente du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté.

Parmi les quelques 450 personnes présentes figuraient notamment les préfets de département, ou leur représentant, ainsi que les parlementaires Jérôme Durain (PS), Océane Godard (PS), Catherine Hervieu (LE) et François Patriat (REN).

Un temps pressentie pour présider l'événement, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, a été excusée car retenue par un conseil interministériel de la mer.

Parmi les régions françaises les plus exposées au changement climatique


La Bourgogne-Franche-Comté est concernée par le changement climatique et l'érosion de la biodiversité. Entre 1959 et 2018, on a constaté une augmentation de 1,3°C des températures moyennes annuelles. Sur les 20.000 espèces animales inventoriées, plus de 1.600 sont menacées.

Dans ce contexte, l'INSEE classe la Bourgogne-Franche-Comté parmi les régions qui seront le plus exposées au changement climatique dans les 30 prochaines années.

Les effets se traduisent notamment par le dépérissement des forêts, des gelées tardives, des épisodes de stress hydrique et des périodes où l'approvisionnement en fourrage devient difficile.

«La transition écologique doit être conduite collectivement et à tous les échelons», déclare Nathalie Koenders


Les participants ont été accueillis par Nathalie Koenders (PS), maire de Dijon. «Les collectivités sont en prise directe avec les effets des crises environnementales», a déclaré la socialiste, «elle détiennent, par ailleurs, une véritable capacité d'action sur certaines activités humaines parmi les émettrices des gaz à effet de serre».

La maire de Dijon a défendu «l'écologie et la justice sociale» car «les plus précaires sont les plus exposés aux conséquence du changement climatique alors qu'ils émettent moins de gaz à effet de serre que les plus aisés».

La première édile a pris l'exemple du projet RESPONSE, cofinancée par l'Union européenne, qui favorise l'autoconsommation d'électricité dans le quartier populaire de la Fontaine d'Ouche dans le cadre de la démarche Climate neutral and smart cities (Villes connectées et climatiquement neutres). L'objectif du projet est de réduire de 75% les émissions de gaz à effet de serre liées à la consommation énergétique des bâtiments (lire notre article).

«La transition [écologique] doit être conduite collectivement et à tous les échelons, au sein de l'Hexagone et au-delà», a ajouté Nathalie Koenders, «elle doit fédérer toutes les typologies d'acteurs».

«Neuf habitants sur dix dans notre pays sont conscients qu'il faut changer nos façons de vivre», relève Marie-Guite Dufay


«Il y a 18 mois, l’État et la Région ont lancé un travail», a rappelé Marie-Guite Dufay, «ce travail a été fait». «Les enjeux de lutte contre les gaz à effet de serre, de lutte pour la préservation de la biodiversité sont tels que la méthode est capitale. (…) Il y a une feuille de route, on vient la présenter.»

«Ce combat concerne tout un chacun, du simple citoyen à la puissance publique, en passant par tous les partenaires privés, économiques, sociaux, associatifs», a défendu la présidente de Région, «la mobilisation a été intégrale». «On a là un exemple de décentralisation réussie.»

Brocardant «le climato-scepticisme qui s'installe sur fond idéologique, poussé par ce qui vient de l'Amérique», la responsable de l'exécutif dijonnais a assuré que «neuf habitants sur dix dans notre pays sont conscients qu'il faut changer nos façons de vivre».

«L’État n'est pas obligé de transposer les directives européennes en les durcissant», glisse François Rebsamen


«Les représentants de l’État se sont pleinement investis aux côtés du conseil régional», a enchaîné François Rebsamen. «C'est par la décentralisation que vous êtes arrivés à ce résultat», confirme le ministre, «ce partenariat État-Région est une réussite». «La Région et l’État sont très en avance sur les autres Régions.»

Même s'il a indiqué «croire en l'Europe», défendant son «modèle universaliste attaqué, de toute part, par des prédateurs», le social-démocrate a glissé que «l’État n'est pas obligé de transposer les directives européennes en les durcissant». «Déjà, le cadre européen est souvent un cadre contraignant.»

Le ministre appelle à «faire comprendre le sens de notre action» en recourant à «l'apport scientifique» de façon à «mobiliser la population» car «les Français sont capables de se mobiliser quand on leur donne des objectifs».

«Il y a encore beaucoup de travail d'adaptation», a-t-il poursuivi, «on est fier que le territoire de Bourgogne-Franche-Comté, dans la diversité de ses composantes, du monde rural au monde urbain, soit mobilisé pour réussir cette deuxième phase des COP».

Marie-Guite Dufay parle de «budget vert», François Rebsamen du Fonds vert


«Au nom du combat de la lutte contre les gaz à effet de serre et de la lutte pour la biodiversité, (…) ce sujet ne doit absolument pas faire l'objet du moindre rabot», a lancé Marie-Guite Dufay pour interpeller le ministre à propos des enjeux budgétaires.

Comme à la Région, la socialiste défend un «budget vert» : «on doit tous faire des économies mais ce sujet-là ne doit pas être touché». «C'est tous ce qui ne concourt pas à cette lutte qui doit concourir à la baisse des finances publiques.»

Même si l'enveloppe a diminué depuis, François Rebsamen rappelle la création récente du Fond vert – des «financements exceptionnels» permettant notamment au bloc communal de réaliser des réseaux de chaleur urbains – avant de constater un «mur de la dette» : «il faut absolument le réduire». «Je voulais faire prendre conscience de l'ampleur de la dette qui accable notre pays.»

La Bourgogne-Franche-Comté est en retard dans sa tendance de décarbonation


La France vise la neutralité carbone en 2050, ce qui passe par la division par deux des émissions de gaz à effet de serre sur la période 1990-2030. Dans ce cadre, entre 2019 et 2030, la Bourgogne-Franche-Comté doit éviter l'émission de 10,5 millions de tonnes d'équivalent CO2.

Pour cela, les actions proposées ce jour concernent les déplacements, le logement, la préservation des écosystèmes, l'alimentation, la production économique et la consommation.

Selon Olivier David, directeur régional de l'environnement, de l'aménagement et du logement de Bourgogne-Franche-Comté, les actions menées entre 2019 et 2023 ont permis d'atteindre 17% de l'objectif territorial contre 40% attendus. «Il est nécessaire d'accélérer fortement dans les différents secteurs», a signalé le directeur de la DREAL.

«L'industrie est sur le bon rythme» car «les entreprises industrielles investissements massivement dans la décarbonation» grâce «aux dispositifs d'aide», dont France 2030.

En revanche, le secteur du transport de marchandises – sans prendre en compte le transit – est un des rares secteurs où les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté depuis 2019.

Entre 2019 et 2022, le Plan eau a permis la réduction de 5% des prélèvements d'eau dans la région. L'objectif est d'atteindre 10% d'ici 2030 pour répondre aux enjeux de qualité et de quantité d'eau.

44 actions à «fort impact sur la réduction des gaz à effet de serre et la préservation des ressources naturelles»


Institutionnellement, l'objectif de l’État et de la Région est de donner un cadre à l'action collective régionale, à inscrire la dynamique des transitions dans la durée, piloter des actions ambitieuses et structurantes, organiser la déclinaison territoriale et définir la trajectoire à 2030 ainsi que les modalités de suivi.

Selon Gilles Da Costa, directeur général des services de la Région Borugogne-Franche-Comté, et Rémi Proust, secrétaire général de la COP pour la préfecture de la région Bourgogne-Franche-Comté, la feuille de route e la COP régionale constituera un «contrat de territoires» avec 44 actions à «fort impact sur la réduction des gaz à effet de serre et la préservation des ressources naturelles».

La mobilité au cœur des témoignages et des débats


Des témoins ont partagé leurs solutions de transition écologique : Nicolas Guérin, directeur général de la banque d'affaire Canovia qui a réduit les trajets de ses salariés, Romain Turban, chef cuisinier du lycée Monchapet à Dijon qui a atteint 83% de produits locaux et bio, Gilles Prost, président de l'association Syntaxe Erreur 2.0 qui reconditionne des ordinateurs, et Lorine Gagliolo, vice-président de la communauté urbaine de Besançon qui déploie la plateforme de sensibilisation «J'agis».

Durant les débats, un artisan interpelle François Rebsamen sur le délai des règlements en lien avec Ma Prime rénov', dispositif pour accompagner la rénovation énergétique. Le ministre a rappelé l'ampleur des crédits mobilisés : «il y a un embouteillage sur les crédits, (…) on va regarder ça avec le ministère du Logement».

Conseiller régional et président de l'Agence régionale de la biodiversité, Stéphane Woynaroski (PS) alerte le ministre sur les enjeux financiers alors que «la biodiversité s'effondre». Celui-ci «espère» que les crédits de l'Agence de la biodiversité seront maintenus en 2026.

Une question d'un étudiant de l'Université Bourgogne Europe sur les services express régionaux métropolitains (SERM) a amené Michel Neugnot (PS), premier vice-président de la Région chargé notamment des transports, à intervenir pour rappeler le principe du «bon moyen de transport, au bon endroit, au bon moment à un coût supportable par la collectivité et à un prix abordable pour le voyageur». L'élu régional signale qu'un outil de covoiturage est à disposition des habitants.

Pour sa part, François Rebsamen a rappelé qu'un travail est engagé pour développer un SERM sur l'axe Besançon-Dijon pour «avoir des échanges rapides».

Au nom de France nature environnement, Pascal Blain interpelle alors le ministre sur les sujets de mobilité dont la petites lignes ferroviaires et l'aéroport Dole-Jura.

«On n'est pas des décroissants», a réagi François Rebsamen. Prenant l'exemple de la ligne entre Guéret et La Souterraine, dans la Creuse, le ministre a déclaré que «pour quelques voyageurs, l’État n'est pas, aujourd'hui, en situation de mettre 500 millions d'euros pour une ligne alors qu'il y a des dessertes en bus qui fonctionnent bien». «Les projets qui seront viables économiquement seront soutenus, ceux qui ne le sont pas ne seront pas soutenus.»

Symboliquement, le ministre François Rebsamen, le préfet Paul Mourier et la présidente de Région Marie-Guite Dufay ont signé un panneau représentant leur accord donné à la feuille de route présentée ce jour.

Les citoyens mettent l'accent sur des sujets spécifiques


Comme lors de la Convention citoyenne pour le climat, qui a siégé de 2019 à 2020, la participation des citoyens dans les concertations est une donnée nouvelle.

«Notre convention citoyenne qui permettait l'expression des citoyens nous a laissé entendre qu'on n'allait pas assez loin» a confirmé Marie-Guite Dufay prenant l'exemple de «l'alimentation locale dans les lycées et dans les collèges. «C'est un vrai sujet, on essaie de l'accélérer.»

Dans le secteur public, la restauration scolaire relève de l’Éducation nationale qui gère les budgets des établissements et de la collectivité qui emploie les personnels techniques. L'approvisionnement des cantines est donc révélateur de l'engagement de l’État et de la Région.

Dans ce contexte, la Région Bourgogne-Franche-Comté a lancé une expérimentation en 2024 parmi 21 lycées. «On a amélioré les choses», s'est félicité Marie-Guite Dufay, «on est passé de 20% à quasiment 50% de produis locaux et bio». «On se sent poussé sur ce sujet de l'alimentation locale qui revient très souvent.»

Jean-Christophe Tardivon

La synthèse de la feuille de route de la COP en Bourgogne-Franche-Comté établie par la préfecture et le conseil régional


La feuille de route de la COP en Bourgogne-Franche-Comté et ses actions présentée par la préfecture et le conseil régional


Les tableaux de bord des six champs d'actions de la feuille de route présentés par la préfecture et le conseil régional













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