La Fédération Française du Bâtiment et Pôle Emploi ont retenu un lieu emblématique et une date symbolique pour renouveler une convention de partenariat sous le regard de la Région Bourgogne-Franche-Comté.

La signature s'est déroulée à la base de vie du chantier de la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin conduit par Eiffage. La date a également été choisie avec soin : le 15 octobre dernier, jour de l'opération «les coulisses du bâtiment» qui a permis à près de mille collégiens du département de découvrir le chantier et ses ateliers.

En établissant cette convention, les deux partenaires ont affirmé ainsi leur volonté de travailler ensemble pour satisfaire les besoins en recrutement des entreprises du secteur. Cinq axes prioritaires ont été définis : la professionnalisation des conseillers et le renforcement des relations, l’identification et l’orientation des publics, la promotion et l'attractivité des métiers, le recrutement et la qualification ainsi que la communication (lire le communiqué).

15.000 demandeurs d'emploi dans le BTP

En Bourgogne-Franche-Comté, Pôle Emploi compte 38 agences et 2.000 agents. Le taux de chômage en Bourgogne-Franche-Comté est de 6,8% contre 7,8% en métropole (8,3% France entière avec l'outre-mer). Il est même de 6% en Côte-d'Or, territoire proche du plein emploi (lire notre article).

Dans la région, à l'heure actuelle, 15.000 demandeurs d'emploi cherchent dans le secteur du bâtiment mais aussi dans celui des travaux publics. Sur un an, on compte 12.000 offres d'emploi liées à la filière BTP.

«Cela donne une idée de la tension qui peut exister, sachant qu'il n'y a pas correspondance parfaite entre l'offre d'emploi et le demandeur d'emploi, ce qui nécessite un travail de formation, de prestation, d'accompagnement», précise Michel Swieton au moment des discours ce vendredi 15 octobre 2021.

Le BTP en forte croissance

«Le secteur du BTP tracte une bonne part de la croissance et de la reprise économique», constate le directeur régional de Pôle Emploi Bourgogne-Franche-Comté. «On dit souvent 'quand le bâtiment va, tout va' mais, aujourd'hui, cela va presque trop bien puisque l'on a du mal à recruter».

Dans ce contexte, Pôle Emploi entend «innover pour trouver des solutions». Le service public de l'emploi a été représenté à deux réunions organisées par le préfet de la région Bourgogne-Franche-Comté pour aborder la problématique du recrutement dans le secteur du BTP ainsi que celle de l'approvisionnement en matières premières, deux points qui peuvent freiner l'activité des entreprises alors même que la croissance est forte.

Certaines pistes ne relève pas de Pôle Emploi, comme l'organisation de l'offre de formation, d'autres font partie de ses missions, comme le sourcing des candidatures ou encore la présentation des métiers.

Michel Swieton constate que certaines familles ont une image «passée» des métiers du bâtiment : «il est important de présenter les choses tel que ça se passe aujourd'hui avec des innovations techniques et de qualité de vie au travail ou des éléments de grille salariale. C'est un secteur où l'ascenseur social fonctionne toujours. (…) On peut entrer au bas niveau de l'échelle et finir chef d'entreprise avec des responsabilités importantes».

«Le bâtiment est le secteur qui a créé le plus d'emplois en 2021»

Pour sa part, Bernard Laborey, président de la fédération régionale du bâtiment de Bourgogne-Franche-Comté, salue «un partenariat sans faille» avec Pôle Emploi, la région servant de modèle à d'autres territoires, notamment concernant l'offre de formation. «La Région est à nos côtés au quotidien», signale-t-il.

En 2015, en Bourgogne-Franche-Comté, le bâtiment mobilisait 43.000 salariés. En 2018, 39.000. L'année 2021 devrait se terminer à 42.000. Au niveau national, «le bâtiment est le secteur qui a créé le plus d'emplois en 2021», revendique Bernard Laborey avec 70.000 créations.

Des formations mises en place dans les bassins d'emploi

«On a besoin de personnels de plus en plus qualifiés, on a besoin du salarié de base, oui, mais on a besoin du conducteur de travaux, du chef d'équipe, de l'ingénieur. On a besoin de tout le monde à tous niveaux», martèle le président de la FFB qui souligne qu'un apprenti peut gravir les échelons en passant un brevet professionnel, un BTS et même un diplôme d'ingénieur.

«Les entreprises sont prêtes à prendre des gens non qualifiés, pour les former avec [les structures partenaires de la FFB]», ajoute-t-il.

«On a changé complètement de paradigme en matière de problématique de formation et d'engouement aux métiers», rebondit Frédéric Poncet (PS), conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté, qui applaudit le renouvellement de cette convention.

«Aujourd'hui, on est capable de mettre en place des formations dans les bassins d'emploi qui correspondent réellement aux besoins de ces bassins d'emploi et aux besoins des métiers», appuie l'élu régional.

«Les conseillers passent du temps dans les entreprises»

En plus du sujet de la formation, Michel Swieton constate une «problématique de mobilité», les demandeurs d'emploi ne résidant pas nécessaire là sont implantées les entreprises qui recrutent. Cela amène ces entreprises à chercher des talents parfois dans toute la France.

Bernard Laborey renchérit en mettant en avant les accompagnements – y compris financiers – pour suivre des formations parfois éloignées du domicile. «Parmi les freins au recrutement, il peut y avoir un phénomène d'attractivité territoriale», déplore le directeur de Pôle Emploi.

«Les conseillers passent du temps dans les entreprises», insiste Michel Swieton, «si on veut bien présenter un métier à un demandeur d'emploi, il faut qu'on en connaisse les points principaux». Parallèlement, lors des opérations de job dating et de forum de l'emploi, les professionnels viennent dans les agences parler de leur métier aux candidats pour «casser les idées reçues».