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19/05/2022 12:54

CITOYENNETÉ : Les lycéens sensibilisés à la lutte contre toutes les discriminations

À l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre l'homophobie et la transphobie, ce mardi 17 mai, le lycée Hippolyte Fontaine a organisé une journée «Tous différents, tous égaux» à laquelle ont participé le recteur Pierre N’Gahane et l'adjoint au maire de Dijon Christophe Berthier.
En 1995, le Conseil de l’Europe a lancé la campagne «Tous différents, tous égaux» destinée à la jeunesse afin de renforcer la lutte contre le racisme, l’antisémitisme, la xénophobie et l’intolérance. La campagne est centrée sur la diversité culturelle, les Droits de l'Homme et la participation des jeunes afin de promouvoir une «citoyenneté active».

Dans ce cadre large de la lutte contre la xénophobie, entre plus spécifiquement la lutte contre l'homophobie et la transphobie, pour laquelle l'ONG Comité IDAHO a instauré en 2005 le 17 mai comme Journée mondiale. La date a été choisie en référence au 17 mai 1990, jour où l'OMS a décidé de ne plus considérer l'homosexualité comme une maladie mentale.

Journée «Tous différents, tous égaux» à Hippolyte Fontaine


Pour marquer cette date, le lycée Hippolyte Fontaine a organisé ce mardi 17 mai 2022 une journée «Tous différents, tous égaux» avec un village associatif dans les espaces végétalisés du site et un théâtre-forum dans la grande salle.

Accueillis par Lionel Pinard, proviseur du lycée Hippolyte Fontaine, et Karine Cascan, proviseure adjointe, Pierre N’Gahane, recteur de l'académie de Dijon, Pascale Coq, directrice académique des services de l'Éducation nationale en Côte-d'Or, et Christophe Berthier (PS), adjoint au maire de Dijon délégué notamment à la lutte contre les discriminations, sont venus échanger avec l'équipe éducative et avec les élèves.

«L'école doit se saisir de cette problématique de lutte contre les discriminations»


Ayant pris ses fonctions le 21 mars dernier (lire notre article), le nouveau recteur de l'académie de Dijon, Pierre N’Gahane, a rappelé l'objectif du ministre de l’Éducation nationale «qui a souhaité que cette journée du 17 mai soit consacrée à cette thématique 'Tous différents, tous égaux', une journée de lutte contre les discriminations quelles qu'elles soient : de genre, sociales...».

L'ambition étant «de créer un moment de rassemblement, de cohésion dans nos établissements et, notamment, dans nos lycées» car «l'école fait partie de la société et tout se construit justement à l'école»

«Nous sommes tous différents mais nous sommes des citoyens à part entière, nous sommes tous égaux dans cette perspective-là, cette formation à la citoyenneté, elle se fait prioritairement à l'école, c'est pour ça que l'école, bien sûr, doit se saisir de cette problématique de lutte contre les discriminations», a poursuivi le recteur, «c'est à travers l'école, le lycée, le collège, que l'on doit pouvoir gommer ces différences».

«Une trentaine de situations liées aux LGBT phobies» en 2021-2022


«Ces enjeux sont pris très au sérieux en matière de prévention, il y a des référents, mais aussi en matière de lutte. On ne laisse rien passer», a insisté  Pierre N’Gahane, indiquant que, dans toute l'académie de Dijon, ont été signalées «une trentaine de situations liées aux LGBT phobies», certains cas pouvant faire l'objet de poursuites judiciaires.

«Notre société évolue, ce sont des sujets qu'on ne cache plus, qu'on révèle. Les violences faites aux femmes sont de plus en plus révélées, ce qui est une bonne chose. Parce qu'on a connaissance de ce phénomène, on peut trouver des moyens de lutte, de prévention surtout», a analysé le recteur.

Pas de drapeau arc-en-ciel mais des ballons multicolores


Alors que des établissements de l'académie de Dijon, à l'image du lycée Lamartine à Mâcon (lire notre article), ont choisi de célébrer la journée avec force drapeaux arc-en-ciel, le lycée Hippolyte Fontaine a opté pour un format «festif»  mais discret avec une décoration faite de ballons et fanions multicolores.

Parmi les structures présentes dans le village, on retrouvait Les Yeux en promenade, la Ligue des Droits de l'Homme, la Ligue de l'Enseignement, les PEP, SOS Refoulement, Amnesty International ou encore Femme Égalité Emploi.

«Éveiller les consciences vers l'acceptation de la différence»


«On ne voulait pas cibler la lutte contre l'homophobie, on voulait intégrer la lutte contre toutes les discriminations de manière à ce que les jeunes soient plus sensibles», a expliqué le proviseur Lionel Pinard.

«C'est un tout : plus on va éveiller les consciences vers l'acceptation de la différence, plus on ira vers un monde meilleur», a-t-il ajouté. «C'est le rôle de l'école, ce n'est pas que d'enseigner, c'est aussi d'éveiller les consciences, d'ouvrir les yeux face à la différence et de faire en sorte que chacun puisse accepter l'autre et que chacun vivre sa différence en toute liberté».

Le proviseur a indiqué constater une «évolution positive» des mentalités des élèves : «de plus en plus, les jeunes acceptent la différence».

500 élèves de seconde sensibilisés


Il s'agissait de la première grande action du lycée depuis le début de l'épidémie de la Covid-19. Chaque classe de seconde des voies générale et technologique s'est vue attribuer un horaire attribué pour aller proposer des questions sur les stands.

Plus de 500 élèves de seconde ont ainsi été sensibilisés. De plus, sur les temps de pause, le village était accessible à l'ensemble des élèves du lycée.

Par ailleurs, le Conseil des délégués pour la Vie Lycéenne a lancé une action incitant à porter des chaussettes ou des chaussures dépareillées.

L'action s'est également déclinée auprès des agents du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté. Ainsi, des paniers-repas ont été proposés aux élèves afin de leur permettre de déjeuner en dehors de la cantine, dans le site du lycée où des dispositifs de tri des déchets ont été installés.

Le projet pour sensibiliser aux violences faites aux femmes réalisé en juin 2020 avec le photographe Alexis Doré a été exposé a proximité du village des associations (lire notre article).

«Ancrage d'une LGBT-phobie passive au sein de nos lycées»


Parallèlement aux visites du village, les élèves ont pu participer à des séances de théâtre-forum animées par les comédiens Benjamin Meneghini, artiste associé à la compagnie théâtrale les Toupies d'Agrado, et Jeanne Piponnier.

«Depuis cinq-six ans, je travaille sur l'égalité hommes-femmes, la discrimination à l'emploi, et depuis quelques années, j'ai senti que les jeunes avaient de plus en plus envie et besoin de parler d'orientation sexuelle et d'identité de genre donc j'ai décidé d'adapter un contenu», a souligné  Benjamin Meneghini.

En amont, les élèves du CVL du lycée ont lu un texte rédigé par d'autres élèves du conseil académique de la vie lycéenne portant sur la pression sociale ressentie par les personnes LGBT en faisant référence à l'observatoire des LGBT-phobies de la Fondation Jean Jaurès (retrouver les résultats de l’enquête).

Les élèves ont ainsi souhaité dénoncer «l'ancrage d'une LGBT-phobie passive au sein de nos lycées» avant de mettre en avant les accompagnements possibles : les personnels infirmiers des établissements, les psychologues de l’Éducation nationale et l'association SOS Homophobie.

L’Éducation nationale propose des services d'écoute et d'aide pour les victimes et témoins d'homophobie et de transphobie (retrouver les numéros sur le site du ministère).

«Cessons de de normaliser les comportements problématiques en société»


«Il est temps d'agir, ne laissons pas les victimes seules», ont lancé les élèves en incitant leurs camarades à contacter leur CVL d'établissement pour permettre en place des actions de sensibilisation : «cessons de de normaliser et de minimaliser les comportements problématiques en société, prenons toutes et tous conscience de la portée de nos actions».

Après cette première «journée de fête», selon le proviseur, l'objectif est désormais de reconduire l'action chaque année pour «la faire monter en puissance».

Jean-Christophe Tardivon