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30/10/2021 19:01

COP 26 : Action de désobéissance civile d'Extinction Rebellion à Dijon

Une jeune militante d'Extinction Rebellion a décliné au centre-ville de Dijon ce samedi 30 octobre une campagne internationale visant à «protester contre l’inaction climatique» alors que la COP 26 débute en Écosse ce dimanche. La démarche a suscité l'agacement de quelques automobilistes et la police a dû intervenir.
Le coup d'envoi d'une action internationale a été donné ce samedi 30 octobre 2021 au matin à Rome (Italie). Des activistes de mouvements écologistes se sont installés sur l'asphalte de la via Cristoforo Colombo pour bloquer la circulation dans la ville où se déroule le G20 et dénoncer un rassemblement inadapté à la lutte contre le changement climatique.

L'action a été modestement relayée ce samedi après-midi à Dijon, à la veille également de la COP 26, la conférence sur les changements climatiques que les Nations-Unies organisent à Glasgow (Écosse) du 1er au 12 novembre.

Une jeune militante d'Extinction Rebellion s'est installée quelques minutes dans deux rues différentes du centre-ville pour «susciter le débat», ce qui a principalement provoqué le mécontentement d'automobilistes avant l'arrivée de la police qui a interrompu l'action.

Un individu qui se met «en position de vulnérabilité»


Le mouvement international Extinction Rebellion (XR) ou «rébellion contre l'extinction» est né au Royaume-Uni en 2018 et prône le recours à la désobéissance civile non-violente pour faire pression sur les gouvernements et sensibiliser les citoyens au risque d'effondrement social et écologique.

À Dijon, la dernière opération d'envergure remonte au 28 février dernier quand des militants d'Extinction Rebellion ont organisé une plantation de 200 arbres dans la zone Cap Nord.

L'action de ce samedi prend appui sur le lancement de la COP 26 pour s'inscrire dans la campagne «Rebellion Of One» («la rébellion d'un seul») lancée dans différents pays en 2021 dont la France en juin dernier.

Selon Extinction Rebellion, il s'agit que «des individus perturbent le bon fonctionnement de la société et se mettent en position de vulnérabilité pour protester contre l’inaction climatique. Elles le font en leur nom, sans revendication d’appartenance à un groupe en particulier, et à partir de leurs propre expérience».

«Terrifiée de ne plus avoir d'eau et de nourriture à cause de la crise climatique»


Aux environs de 15 heures, une femme se faisant appeler Alexia, indiquant avoir 23 ans, s'installe donc boulevard de Brosses avec un écriteau indiquant : «Je suis terrifiée de l'inaction des gouvernements face à la crise climatique» et «Je suis terrifiée de ne plus avoir d'eau et de nourriture à cause de la crise climatique» sans autre mention ni logo.

Las, rapidement, les voitures braquent vers la voie réservée aux trams et contournent l'activiste qui choisit alors de changer de site.

À quelques mètres, Alexia s'installe au milieu de la rue Jean-Renaud où cette fois, si le contournement est possible en passant sur les trottoirs, la manœuvre est moins évidente. Un embouteillage de quelques voitures se crée. Très rapidement les klaxons fusent et des automobilistes sortent de leur voiture pour invectiver l'activiste pendant que des militants observent et filment la scène au smartphone.

Des réactions d'emblée véhémentes


L'idée de départ était de «créer un attroupement» et «de lancer un débat». Alors que la rue de la Liberté est remplie de consommateurs, de touristes et, tout simplement, de badauds. Les passants sont rares rue Jean-Renaud. Donc pas de curieux comme espéré.

Le débat tourne vite court du fait de la véhémence des premières réactions dont celle d'un homme qui attrape les vêtements d'Alexia et la fait glisser jusqu'au trottoir avant que d'autres personnes présentes et les militants XR ne s'emploient à faire baisser la tension. La «vulnérabilité» de la jeune femme a donc été effectivement manifestée.

Intervention de policiers


Tandis qu'Alexia se remet en place au milieu de la rue, les premiers automobilistes bloqués appellent la police et, bien que le passage soit possible, attendent l'arrivée des forces de l'ordre : «on a les mêmes libertés qu'elle ; le débat, on va le provoquer !»

Dans un calme relatif, les personnes attroupées mettent en avant la gêne occasionnée : «on est totalement d'accord mais là ça stoppe les voitures, qui polluent» [NDLR : du fait de l'embouteillage].

Seul un homme aura fait un détour pour venir parler à la militante : «je trouve que ce que vous faites est génial, vous êtes les seuls à faire quelque chose, ceux de l'ancienne génération ne font rien, n'abandonnez pas !»

À 15 heures 30, six policiers interviennent – dont une femme pour procéder aux palpations – et traînent l'activiste sur le trottoir. Après une vérification d'identité, Alexia est laissée libre, prévenue que la reprise de l'action pourrait la conduire en garde à vue.

«Rejoindre les associations environnementales»


«Je suis terrifiée de l'avenir», explique alors Alexia aux médias, «j'en ai marre de vivre avec cette boule au ventre chez moi et de voir que rien ne bouge. Demain, c'est la COP 26 et, pour l'instant, rien n'est fait».

«On peut toujours être dans des associations, justement pour ne pas se sentir seul et pouvoir agir aussi, c'est très important. S'il y a un conseil que je peux donner, c'est de rejoindre les associations environnementales», déclare la militante écologiste.

«Les gens ont vu le panneau, ils savent et pourtant, ils détournent. Si les gens détournent, je vais me mettre de façon à vraiment les bloquer, comme ça, ils n'auront pas le choix que de lire le message que j'ai envie de faire passer et peut-être susciter des interrogations et agir dans le bon sens», ajoute-t-elle.

Et de conclure sur son ressenti : «je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait autant de gens énervés, il y a un monsieur plus âgé que moi qui m'a traîné dans la rue. (…) Je sais que les dérange, je me mets devant eux, ils ne peuvent pas passer. Je m'attendais à ce qu'il y ait plus de débat entre les gens, qu'il y ait plus de gens qui me soutiennent».

Jean-Christophe Tardivon