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06/05/2025 18:53

CULTURE : Nouveau directeur de l'Opéra de Dijon, Olivier Lombardie entend «respecter les choix du public»

Ce lundi 5 mai, l'adjointe à la culture Christine Martin a exposé la feuille de route donnée par la Ville de Dijon à celui qui a succédé à Dominique Pitoiset dans un contexte plus chaotique qu'opératique : «l'intérêt est que cette maison soit conduite et que nous puissions avancer dans le cadre d'un service public de la culture».
Première mise en musique pour Olivier Lombardie, nouveau directeur de l'Opéra de Dijon. Ce lundi 5 mai 2025, Christine Martin (PS), adjointe au maire de Dijon et présidente du conseil d'administration de la structure, ainsi qu'Olivier Lombardie ont tenu leur première conférence de presse commune, en présence également de mécènes, pour rappeler les enjeux de politique culturelle et présenter la saison 2025-2026.

Si l'établissement culturel peut se targuer d'une saison 2024-2025 «excellente» sur le plan de la fréquentation – avec 64.000 spectateurs et un nombre record de 4.700 abonnés –, la situation est chaotique au niveau de sa gouvernance, relevant plus du scénario d'un mauvais polar que du livret d'un bel opéra.

Bref aperçu de la prochaine saison


En 2025-2026, l'Opéra de Dijon proposera 42 spectacles : 6 spectacles lyriques, 27 concerts et 9 spectacles de danse dont 9 propositions jeune public ainsi que du cirque et de la magie.

Parmi les temps forts opératiques, on peut noter la programmation de «Theodora» de Haendel, «La Bohème» de Puccini, «Don Giovanni» de Mozart ou encore «L'Orfeo» de Monteverdi (plus d'informations prochainement).

Un «climat délétère» parmi les personnels de l'Opéra de Dijon


Maire de Dijon et figure centrale du drame qui s'est joué, François Rebsamen (PS, FP) a assumé sa proximité avec Dominique Pitoiset quand il l'a retenu pour diriger l'Opéra, du 1er janvier 2021 au 1er janvier 2027, et proposer un projet artistique à même de faire revenir le public.

Sauf que, coup de théâtre, le directeur a lui-même choisi de claquer la porte de l'établissement culturel, le 14 novembre dernier, au moment où François Rebsamen annonçait, le 18 novembre dernier, céder son fauteuil de maire à Nathalie Koenders (PS).

Lors du conseil municipal du 27 janvier dernier, l'antagoniste Céline Renaud (LR, NE), conseillère municipale d'opposition, s'était fait écho des dissonances, émises en comité social et économique de l'Opéra de Dijon, concernant «le climat délétère et les conditions de travail des salariés» (lire notre article).

Recrutement d'un directeur de plein exercice en trois étapes


Le départ de Dominique Pitoiset étant effectif au 1er février, le directeur général des services de la Ville de Dijon a supervisé en sourdine la gestion de la structure durant quelques semaines, le temps de trouver un professionnel compétent et disponible.

Sans tambour ni trompette, la collectivité a lancé un concours afin de recruter un directeur en bonne et due forme : les candidats avaient jusqu'au 30 mars dernier pour proposer une note de 4 pages avant une prochaine étape consistant à élaborer un projet d'établissement de 20 pages pour le 25 mai prochain. La maire de Dijon espère avoir un nom à proposer en septembre prochain.

Olivier Lombardie succède au pied levé à Dominique Pitoiset


Sur proposition de Nathalie Koenders, le conseil municipal, le 24 mars dernier, puis le conseil d'administration de l'Opéra de Dijon, le 28 mars dernier, ont validé en chœur le recrutement d'Olivier Lombardie avec une prise de fonctions le 1er avril dernier. Il s'est engagé à ne pas candidater au concours de recrutement.

Olivier Lombardie est donc chargé d'assurer l'intérim au pied levé pour une période indéterminée – au moins cinq mois – en attendant un successeur de plein exercice.

Le directeur de transition doit relever un véritable défi alors que l'Opéra de Dijon a besoin de stabilité après avoir connu plusieurs crises successives, entre la direction et la municipalité puis entre la direction et les personnels.

Un professionnel reconnu


«Olivier Lombardie a une expérience dans la direction d'opéra», remarque Christine Martin, «sa feuille de route est de se mettre dans les pas du directeur précédent». «Les choses se passent de manière extrêmement fluide.»

Ce professionnel de la culture a été notamment administrateur général de l’Opéra national de Bordeaux aux côtés du chef d’orchestre Marc Minkowski, directeur adjoint de l’Opéra-Comique auprès de Jérôme Savary, et administrateur général du Théâtre national de Chaillot.

Toujours directeur général délégué de l'Opéra de Dijon, Bruno Hamard était absent à cette conférence de presse pour raison de santé. Le 27 janvier dernier, Nathalie Koenders précisait que Bruno Hamard n'avait pas souhaité devenir directeur par intérim.

«Il s'agit de mobiliser les deniers publics pour rencontrer le public»


«L'intérêt est que cette maison soit conduite, guidée, rassemblée», souffle Christine Martin, «et que nous puissions avancer dans le sens des publics, (…) dans le cadre d'un service public de la culture».

«Il s'agit de mobiliser les deniers publics pour rencontrer le public», développe l'adjointe à la culture qui assure s'intéresser à «ceux qui viennent» ainsi qu'à «ceux qui ne viennent pas». «Nous nous devons de mobiliser toutes les personnes qui se sentiraient à l'écart de ce que nous proposons parce que cet opéra est également le leur.»

Le budget de l'établissement public avoisine 10 millions d'euros dont 6,6 millions d'euros abondés par la Ville de Dijon, 1,2 million d'euros par la Région Bourgogne-Franche-Comté et 950.000 euros par l’État. Depuis 2017, une convention entre l’État, la Région Bourgogne-Franche-Comté et la Ville fait de la structure un Théâtre lyrique d’intérêt national. Des partenariats sont également développés localement avec Le Dancing, Zutique, Ici l'onde ou encore Cirqonflex.

En 2023, 48% des spectateurs étaient originaires de Dijon, 16% des autres communes de la métropole, 13% des autres communes de la Côte-d'Or, 13% des autres départements de la Bourgogne-Franche-Comté, 10% des autres régions et 2% d'autres pays.

Une politique de «tarifs abordables»


«La culture n'est belle que lorsqu'elle se partage avec le plus grand nombre», déclare l'adjointe à la culture qui souhaite faire progressivement de l'Opéra de Dijon «une maison ouverte à tous les publics».

Et d'insister sur la politique tarifaire privilégiée par la municipalité : «à Dijon, on a souhaité que l'opéra soit ouvert et que les tarifs restent abordables. Il y a des dispositifs qui permettent de profiter de l'opéra – et des spectacles de façon générale – à des prix encore plus bas».

Dijon rivalise avec Bordeaux


«On est là pour maintenir la continuité du service public», enchaîne Olivier Lombardie. «Depuis un mois, j'ai pu voir que le public est nombreux, attentif, discipliné, les salles sont pleines. Le public est absolument parfait !»

«Ici, on m'a dit qu'on aimait bien le bordeaux mais qu'on préférerait le vin», glisse le nouveau directeur qui a déjà intégré quelques codes du chauvinisme bourguignon dont le renvoi à la traditionnelle rivalité entre les deux vignobles figurant parmi les plus réputés au monde.

En matière culturelle, là aussi Dijon rivalise avec Bordeaux, ne serait-ce que par la taille de l'Auditorium dijonnais de 1.600 places contre 1.400 places en bord de Garonne.

Olivier Lombardie compte «redonner de l'élan, de l'assurance et de la vision aux équipes»


«Une maison d'opéra, c'est d'abord une histoire et d'abord des équipes», déclare Olivier Lombarie, interrogé sur le contexte de gestion par Infos Dijon, «je dois reconnaître que cette maison est très riche, très bien organisée et que les équipes ont assuré la continuité du service public». «Même si [Dominique Pitoiset] a claqué la porte, il avait bien préparé la saison. Il faut simplement coordonner, organiser, redonner de l'élan, de l'assurance et de la vision aux équipes.»

Le nouveau directeur respectera «les choix du public»


«La Ville de Dijon m'a donné pour objectif de réussir ce lancement, que le service public de la culture continue, que cette maison ne s'arrête pas», poursuit le directeur général par intérim, «le danger dans ce type de moment, c'est que la maison s'arrête et que le public commende à douter».

Les habitués retrouveront donc leurs repères lors de la saison 2025-2026 puisqu'elle a été préparée par Dominique Pitoiset, comme les trois précédentes.

L'autre mission d'Olivier Lombardie est donc de plancher sur la saison 2026-2027. Intérim oblige, le directeur envisage de «respecter l’œuvre de [ses] prédécesseurs et de laisser ouvertes les prochaines saisons». Cela pourrait l'amener à programmer «des piliers consensuels» notamment dans le champ de l'opéra.

«On va rester respectueux des choix du public», glisse-t-il, «le public est aussi le principal programmateur». «Il suffit de regarder ce qui a eu du succès dans le passé. Il faut donner au public ce qu'il a envie de voir, le bouger de temps en temps et respecter l'histoire de la maison.»

Une réflexion sur une extension du nombre de représentations d'opéra


Les représentations affichant complet sont de plus en plus nombreuses. Olivier Lombardie aura donc à réfléchir à une extension du nombre de représentations d'opéra.

«C'est une question qui se pose», reconnaît le directeur, «quand on voit l’enthousiasme et la taille des salles, on se dit qu'il y a de la place». «Il faut bien calculer son coup parce qu'une représentation d'opéra, malheureusement, coûte plus cher que ce qu'elle rapporte même dans une salle à 1.600 places.»

«D'ailleurs, c'est pour cela que les salles sont de plus en plus grandes», précise-t-il, «c'est une course effrénée à essayer de rentabiliser une représentation». «Aujourd'hui, on est à la limite de cet exercice parce qu'il est compliqué que la voix – le principal bonheur de l'opéra – puisse porter au-delà de 3.000 places.»

À partir du travail d'Olivier Lombardie, il reviendra à un directeur dont le projet artistique aura reçu l'appui des financeurs, en termes de politique culturelle, de risquer éventuellement une telle extension.

Jean-Christophe Tardivon

Présentation de la saison 2025-2026 de l'Opéra de Dijon


Brochure de la saison 2025-2026 de l'Opéra de Dijon








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