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25/04/2025 19:58

CULTURE : Quand les oeuvres du musée du Louvre dialoguent avec les consommateurs du centre commercial Toison d'or

Pour aller «à la rencontre de nouveaux publics», le Louvre a accroché des répliques de peintures et sculptures dans le mall dijonnais qui souhaite «faire la différence avec le digital». Cette deuxième étape d'une opération nationale a été inaugurée, ce vendredi 25 avril.
Quelques 4.400 ans de création artistique contemplent les consommateurs du centre commercial Toison d'or. Depuis le 23 avril et jusqu'au 30, la galerie principale accueille un large dispositif de médiation culturelle proposé par le musée du Louvre.

Du «Scribe accroupi», réalisé autour de -2.600 avant notre ère, jusqu'à «La Grande Odalisque» d'Ingres, datant de 1814, une vingtaine de répliques de peintures et de sculptures sont déployées sur plus de 100 m², entre les Portes 1 et 2.

Cet accrochage, «reflet de la beauté et de la diversité des collections du plus grand musée du monde», accessible de 10 à 19 heures, est complété par des animations à faire en famille (visites, ateliers, jeux, dessins, bibliothèque, photobooth pour se transformer en personnage du Louvre), menées par les équipes du musée du Louvre et du musée des Beaux-Arts de Dijon.

Opération «Le Louvre au centre»


Le 21 mars dernier, à Rosny-sous-Bois, en présence de la ministre de la Culture, le groupe Unibail-Rodamco-Westfield, propriétaire du centre commercial, a lancé l'opération «Le Louvre au centre» qui se décline en six étapes d'une exposition itinérante «J'habite au Louvre».

Après Dijon, suivront Lyon, Paris, Rennes et Lille. Ainsi, six malls ont prévu d'accueillir «[ce] dispositif culturel exceptionnel offrant au public la possibilité de découvrir gratuitement et de manière ludique des reproductions de peintures et sculptures emblématiques du Louvre».

«Dans une mise en scène librement inspirée de l’architecture du Louvre, les visiteurs seront accueillis par les plus illustres habitants du musée. Une occasion de se retrouver nez à nez avec la Joconde de Léonard de Vinci, de regarder le Scribe accroupi dans les yeux ou de contempler la musculature du Gladiateur Borghèse en plein effort», vante-t-on du côté des organisateurs.

Inauguration en présence d'enfants du quartier de la Colombière


L'inauguration de l'accrochage dijonnais s'est déroulé, ce vendredi 25 avril 2025, avec la participation d'un groupe d'enfants de l'accueil de loisirs Colombière.

Étaient présents notamment Nadjoua Belhadef (PS, FP), vice-présidente de la Métropole de Dijon, Christine Martin (PS) et Franck Lehenoff (PS), adjoints au maire de Dijon, Kim Pham, administrateur général du musée du Louvre, Gauthier Verbeke, directeur de la médiation et du développement des publics du musée du Louvre, Dominique Hautbois, directeur général des opérations commerciales et de l'expérience client pour l'Europe du sud d'Unibail-Rodamco-Westfield, Solène Jourde, directrice du centre commercial Toison d’Or, Jérôme Zacchia, secrétaire général des musées de Dijon, Éric Boudier, président de la CPME de la Côte-d'Or, ainsi que le capitaine Vallerand et le sergent-chef Fabien, représentant respectivement l'armée de l'Air et l'armée de Terre au centre d'information et de recrutement des forces armées à Dijon, et les artistes dijonnais Pegaz, Skima et Verena.

Une initiative du Louvre qui permet à Unibail-Rodamco-Westfield de «faire la différence avec le digital»


Recevant entre 8 et 10 millions de visiteurs, selon les années, le musée du Louvre est le musée d'art le plus visité au monde. Centré sur l'art occidental du Moyen-Âge jusqu'à 1848, ses collections sont aussi connues pour des œuvres remontant jusqu'à l'Antiquité.

Victime de son succès, le musée du Louvre a dû instaurer une jauge de 30.000 personnes. Pourtant, l'établissement public continue de développer des actions de promotion et de médiation culturelle.

De leur côté, les centres commerciaux sont concurrencés par la vente en ligne et se doivent de chercher à fidéliser les consommateurs.

«C'est une initiative du Louvre qu'on a immédiatement trouvée géniale», s'est enthousiasmé Dominique Hautbois, interrogé par Infos Dijon. «C'est dans notre engagement, de créer des lieux durables qui réinventent le vivre-ensemble. On s'est dit qu'il fallait trouver le moyen d'accueillir le Louvre dans nos murs».

«Nos clients nous donnent beaucoup, c'est une façon de leur redonner des choses qui nous paraissent importantes et qui élèvent les gens, qui leur donnent des perspectives, qui leur permettent de se cultiver, d'accéder à des choses qu'ils n'auraient peut-être jamais vues si elles n'étaient pas là, et qui vont peut-être leur donner l'idée d'aller un peu plus loin», a envisagé le représentant d'Unibail-Rodamco-Westfield.

«Il faut que la visite du centre soit une expérience physique», a-t-il signalé, «c'est quelque chose qui nous permet de faire la différence avec ce qu'on peut trouver dans le digital en général».

«Présenter des œuvres sous forme de copies élégantes, c'est donner envie ensuite de pousser la porte du musée»


«Ce n'est pas parce que nous sommes remplis chaque jour que nous ne souhaitons pas aller à la rencontre de nouveaux publics et notamment, parmi nos concitoyens ou résidents en France, de publics qui ne vont pas spontanément au musée», a expliqué Kim Pham, «ce public-là nous intéresse énormément».

«Beaucoup de personnes, jeunes ou moins jeunes, n'osent pas pousser la porte des musées, surtout quand l'architecture est imposante. Finalement, le Louvre peut impressionner plus que le [Centre Pompidou]», a analysé l'administrateur général du musée du Louvre. «Venir dans des lieux du quotidien des Français et leur présenter des œuvres sous forme de copies élégantes et belles, c'est leur donner envie ensuite de pousser la porte du musée, c'est les amener à dialoguer avec les œuvres, c'est quelque chose de très précieux.»

La «générosité» d'Unibail-Rodamco-Westfield


Dans le cadre ce partenariat avec le musée du Louvre, Kim Pham a salué la «vraie générosité» dont Unibail-Rodamco-Westfield a fait preuve tout en précisant que des «reliquats de coût» étaient à la charge de l'établissement public.

«Ce ne sont pas des investissements immenses et l'on a quelque chose d'équilibré et où les intérêts commerciaux convergent complètement avec notre intérêt général de déploiement de notre mission à travers tout le territoire», a-t-il assuré.

Le musée du Louvre est gratuit pour les moins de 18 ans du monde entier


Alors que les jeunes consommateurs du centre commercial sont plus spécifiquement visés au travers des animations misent en place, Kim Pham rappelle que l'accès au musée du Louvre est gratuit pour les moins de 26 ans de l'Union européenne et pour les moins de 18 ans du monde entier.

L'administrateur général assure que cette mesure sera maintenue malgré le chantier entamé par l'établissement public pour faire évoluer ses tarifs en 2026 : «cet aspect de gratuité, nous y tenons, en assumant le coût».

«La rencontre du plus illustre des musées du monde et du leader mondial des centres commerciaux»


Après une visite guidée, proposée aux petits comme aux grands, par Gauthier Verbeke, Solène Jourde a lancé le temps des discours officiels en déclarant que le projet vise à «rendre l'art et le patrimoine accessibles pour tous, dans tous les lieux de vie, au cœur de nos territoires».

«Le Louvre au centre, c'est d'abord la rencontre du plus illustre des musées du monde et du leader mondial – français – des centres commerciaux», a enchaîné Dominique Hautbois, «c'est la volonté partagée de promouvoir la culture accessible à tous et de promouvoir le vivre-ensemble».

«Ici, à la Toison d'or, comme dans tous nos centres, nous accueillons librement, gratuitement, des personnes de tous âges, de toutes origines et de toutes conditions», a poursuivi le représentant d'Unibail-Rodamco-Westfield. «Notre force, c'est de proposer quelque chose devenue rare à l'heure du digital, une expérience physique, commune, dans le même lieu, pour tous nos visiteurs.»

«Dans un rapport d'impact récent, on a compté qu'on était capable de toucher 35% de la population française sur l'ensemble de nos centres», a-t-il relayé, «cette capacité, nous souhaitons l'utiliser au profit de causes auxquelles nous croyons : l'éducation, (…) la santé, (…) l'emploi, (…) le sport (…) et la culture, qui tient une place de choix».

«En 2024, on a recensé cent initiatives culturelles dans l'ensemble de nos centres, dont le tiers en France. À Dijon, on a lancé le cinéma de plein air ; on a compté 1.200 spectateurs. Cette opération va encore un peu plus loin. C'est une expérience qu'on veut offrir à nos clients. Ce n'est pas simplement des expositions d’œuvres, c'est aussi une explication de ce qu'il y a derrière les œuvres», a-t-il développé.

Attirer les visiteurs qui ne sont encore pas venus au Louvre


«C'est une opération de décloisonnement et de proximité avec le public au cœur de sa vie quotidienne», a repris Kim Pham. Si «les moments au musée sont essentiels pour voir les originaux des œuvres», «l'idée d'aller dialoguer avec le public au milieu de son quotidien est quelque chose qui a énormément de sens».

«On souhaite que ce rapport aux œuvres soit décontracté, décomplexé», a insisté l'administrateur général du musée du Louvre, «on sait que pousser la porte d'un musée une première fois, ce n'est pas évident». «Je discutais tout à l'heure avec une douzaine de jeunes de CM1-CM2, trois était venus au musée du Louvre, d'autres n'étaient jamais venus au musée et c'est ces jeunes-là qu'on souhaite attirer.»

Un partenariat avec le musée des Beaux-Arts de Dijon


Depuis 2022, une convention lie le musée du Louvre et le musée des Beaux-Arts de Dijon. «Nos collections sont cousines», s'est enflammé Kim Pham, «il y a des évolutions en termes de ressources humaines, dans un sens ou dans un autre». «On s'enrichit des compétences du musée de Dijon, on s'enrichit de ses œuvres quand on en emprunte, on peut vous apporter des choses quand on prête [des œuvres].»

Et de signaler que le «Gladiateur combattant» de la collection Borghèse – participant à l'accrochage dans le centre commercial – a inspiré le sculpteur Pierre Petitot (1760-1840), élève de Claude François Devosge à l'École de dessin de Dijon, qui en a réalisé une copie, autour de 1787, présentée parmi les collections du musée des Beaux-arts.

«Il n'est jamais trop tard pour entrer dans un musée»


Les équipes du musée du Louvre et du musée des Beaux-Arts de Dijon ont «construit ensemble des actions» de façon à ce que le public puisse «établir un rapport aux œuvres dans la proximité», ainsi que l'a signalé Christine Martin.

L'adjointe à la culture a salué «la scénographie très soignée» de l'installation qui permet d'embrasser d'un même regard «la pyramide, la cour Marly et le parquet Versailles».

«Nous cherchons le public partout où il se trouve, dans tous les lieux de vie», a insisté la socialiste. «À Dijon, nos musées sont gratuits depuis 2004. (…) Il faut aussi accompagner cette démarche. (…) Il n'est jamais trop tard pour entrer dans un musée, pour apprécier une œuvre dans sa beauté et, simplement, se laisser porter par des émotions.»

«L'ouverture dans cette Toison d'or, c'est une ouverture aux autres, c'est une ouverture vers les lieux de culture», a-t-elle assuré.

«Le commerce et la culture doivent travailler ensemble»


Selon Nadjoua Belhadef, «le commerce et la culture doivent travailler ensemble». L'élue progressiste a ainsi salué «la volonté du groupe Unibail-Rodamco-Westfield de s'inscrire dans le territoire», cela «dans une démarche d'attractivité».

«Dijon est une ville de culture, on en fier parce que la culture, c'est l'émancipation, l'ouverture d'esprit», s'est enthousiasmée la vice-présidente de la Métropole. «Quoi de plus beau que de permettre au plus grand monde, parfois aux personnes modestes, de pouvoir accéder à des choses auxquelles elles n'auraient pas pu accéder.»

«Il est de notre rôle de tous travailler ensemble pour faire de la France, ce qu'elle est, un grand pays», a-t-elle conclu, «ce genre d'action permet de rassembler différentes personnes, différents groupes, différentes secteurs d'activité».

Une possible suite


En guise de geste inaugural, les représentants des différents partenaires on entamé une partie de baby-foot sur un matériel décoré avec les figures emblématiques du Louvre.

L'événement s'est terminé par un temps de convivialité autour d'un buffet préparé par les équipes du restaurant Chez mes sœurs.

«On voit la réussite de l'opération dans le regard des visiteurs», s'est félicité Kim Pham à l'issue de l'inauguration.

Après cette exposition axée sur les portraits, l'administrateur général du musée de Louvre imagine déjà d'autres parcours artistiques pouvant circuler en France, par exemple sur les thèmes des groupes ou de la nature.

Jean-Christophe Tardivon




















































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