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20/04/2021 03:23
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DÉPARTEMENTALES : La socialiste Nathalie Koenders annonce sa candidature sur le canton Dijon 2

Ce lundi 19 avril, Nathalie Koenders cible François Sauvadet en lui reprochant de ne pas avoir concentré les moyens du conseil départemental sur ses compétences. La candidate se revendique «des valeurs de la gauche progressiste, sociale, solidaire et écologique».
Redécoupé en 2014, le canton Dijon 2 se situe intra-muros et comprend les  quartiers Drapeau, Clémenceau, Maladière, une partie de Varennes et une partie du centre-ville. Il comporte 28.000 habitants.

En mars 2015, l'élection départementale a représenté la dernière campagne d'Alain Millot, emporté quelques semaines plus tard par un cancer. Avec Nathalie Koenders, le binôme socialiste  avait frôlé l'élection dès le premier tour dans une triangulaire avec le Front National et avait gagné au second tour face au binôme d'Emmanuel Bichot (UMP) et de Laure Jayet (DVD) avec 53,1% des suffrages contre 46,9% (la participation étant de 52,9%).


Après le décès d'Alain Millot, le suppléant Lionel Bard (PS) a pris place dans l'assemblée départementale pour siéger aux côtés de Nathalie Koenders au sein du groupe d'opposition des Forces de progrès.

Ce lundi 19 avril 2021, l'élue socialiste qui est également première adjointe au maire de Dijon et vice-présidente métropolitaine répond aux questions d'Infos Dijon et se positionne pour la campagne des élections départementales de juin prochain.

«Le Département aurait dû se concentrer davantage sur ses missions principales»


Quelle lecture faites-vous de l'action de la majorité départementale sortante ?

«Les Forces de Progrès, que je représente, estiment que le Département aurait dû se concentrer davantage sur ses missions principales, c'est à dire la solidarité, l'aide aux plus démunis, c'est à dire le social. Durant ce mandat, il y a eu beaucoup d'opérations de communication sur des compétences notamment qui ne sont pas des compétences propres du Département, je pense à l'eau, qui devient une thématique centrale pour le Département, je pense à la Lino, je pense à plein d'autres projets, qui sont importants mais qui ne relèvent pas des compétences propres du Département.»

«Je pense qu'il aurait dû davantage se concentrer sur l'aide aux plus démunis, notamment au travers de la crise sanitaire. Je pense que les gens attendent vraiment un Département qui soit au plus près de ses habitants dans les compétences sociales, pour plus de justice sociale et d'écologie».

«Ce que je regrette aussi, c'est qu'au travers de ce mandat, François Sauvadet n'a eu de cesse d'opposer la Métropole au Département. Je rappelle que les habitants de la métropole sont des Côte-d'Oriens. Lorsqu'il supprime les subventions pour les équipements culturels. Par exemple, l'Opéra qui n'a plus du tout de subvention, au même titre que la Vapeur, je le regrette. Le Département à tout intérêt à avoir une Métropole forte et, pareil, la Métropole a besoin d'un Département fort. Il faut arrêter de nous opposer les uns et les autres, d'opposer la ville à la campagne. Ça a été le discours de tout le mandat.»

«Lorsque j'ai pris la parole au sein de ce mandat, j'ai défendu la Métropole, les Côte-d'Oriens, pour plus de justice sociale, pour plus d'écologie et pour un rééquilibrage de l'intervention du Département. Au marché de Dijon, je vais acheter des légumes de producteurs d'Auxonne ou de Brazey-en-Plaine. Je suis fière et heureuse quand les collégiens de Vitteaux, de Semur-en-Auxois viennent à l'Opéra.»

Pourtant le président sortant revendique d'avoir assumé la questions des solidarités durant le mandat. Sur les derniers mois, lors de la crise sanitaire, un plan départemental n'a-t-il pas mobilisé des crédits conséquents ?

«Ils sont très forts en communication mais quand on regarde les chiffres – d'ailleurs, à la prochaine session ce sera l'occasion d'étudier en partie le budget – on voit que sur certains domaines, il y eu des coupes budgétaires dans le social.»

«Couper par exemple toutes les aides à la prévention spécialisée qui fait que ça a complètement assécher ce service, oui la Métropole a récupéré cette compétence, oui elle va reconstruire un service, au détriment d'une génération de jeunes qui n'ont plus eu d'éducateur spécialisé pour les accompagner.»

«Les habitants de la métropole, c'est la moitié des habitants du département»


Vous évoquez aussi la culture mais est-ce là que l'on attend le Département ?

«Alors on applique la même règle partout. Quand on va donner des millions pour la future Cité du vin à Beaune, effectivement, ce n'est pas une compétence propre mais si le Département le fait alors pourquoi il n'aide pas le projet de la Cité internationale de la gastronomie et du vin. Quand on va aider d'autres équipements culturels à Salives ou dans d'autres communes, oui mais alors pourquoi ne plus le faire sur Dijon. Je veux juste être cohérente dans les choix et ne pas, d'un côté, mettre la Métropole à part et faire un duel ville-campagne sans cesse et, de l'autre, faire un peu du clientélisme électoral en allant saupoudrer des aides sur d'autres domaines.»

On comprend la notion de rééquilibrage territorial mais un habitant de zone rurale peut se dire que les grandes villes ont des collectivités fortes et que des financements supplémentaires du Département au sein de la métropole dijonnaise notamment pourraient faire doublons alors que les zones rurales apparaissent moins bien dotées en équipements. Comprenez-vous aussi cette approche ?

«Je comprends et c'est une compétence du Département, la solidarité territoriale. Sauf qu'une ville comme Dijon a toutes les charges de centralité. Ces grands équipements structurants, qu'ils soient culturels ou sportifs, ils rayonnent au-delà de la métropole et ils profitent aux habitants de toute la Côte-d'Or donc ce n'est pas aberrant que l'institution comme le Département participe. Les habitants de la métropole, c'est la moitié des habitants du département.»

«C'était important que les élections se tiennent pour la démocratie de notre pays»


Après les élections sénatoriales, Colette Popard (PS), précédente présidente du groupe d'opposition, s'est mise en retrait. Récemment, Sandrine Hily a quitté Europe Écologie Les Verts. Quel bilan tirez-vous de ces mouvements au sein du groupe ?

«À part un membre qui est parti effectivement, Dominique Michel, tout le monde est resté soudé jusqu'à la fin au groupe des Forces de progrès. Il n'y a eu aucune divergence, au contraire. Il y a eu des choix de certains de ne pas se représenter ou de mettre un terme à leur carrière politique. Ça les honore. J'ai une pensée émue pour tout le travail qu'ils ont fait au cours des cinq années au Département.»

«Notre groupe des Forces de progrès a bien défendu les valeurs sur l'écologie – avec Sandrine Hily – et la justice sociale et, maintenant, on est prêt pour continuer l'aventure et gagner encore d'autres cantons.»

Quels ont été les temps forts du groupe d'opposition ?

«Ce n'est pas évident de siéger dans l'opposition. On n'est présent que dans les commissions où l'on nous donne très peu d'informations dans les rapports. Il y a effectivement les sessions où ça nous permet de porter notre voix et notre programme.»

«Dans les temps forts au cours du mandat, le transfert de certaines compétences à la Métropole qui font que nous pourrons récupérer et mettre en place, par exemple, un service de prévention spécialisée. Pour autant, les cantons de la Métropole et ailleurs ont encore de nombreuses compétences propres au Département.»

«J'ai décidé d'être à nouveau candidate sur le canton de Dijon 2»


Après un temps d'atermoiement, sauf nouveau rebond épidémique, les élections semblent fixées pour de bon aux 20 et 27 juin. Quelle était votre position concernant la tenue de ces élections départementales ?

«C'était important que les élections se tiennent pour la démocratie de notre pays. Je me réfère à la décision du gouvernement et du conseil scientifique. Ils ont décidé de les maintenir au mois de juin après avoir pris avis des maires. C'est une bonne chose pour la démocratie.»

«J'invite déjà tous les citoyens à venir élire leurs représentants à la Région et au Département parce que ce sont des institutions qui sont importantes pour notre pays et qui sont importantes dans notre vie quotidienne.»

«Les préconisations du conseil scientifique seront difficiles à mettre en place en matière sanitaire mais je fais vraiment confiance aux maries pour s'adapter et je peux dire qu'à Dijon, on mettra tout en œuvre pour que ces élections se tiennent dans le respect des conditions sanitaires et en toute sécurité.»

La mobilisation sera-t-elle le principal enjeu ?

«Ce sont des élections qui mobilisent peut-être moins d'électeurs en temps normal. Là, il y aura deux élections couplées. Le contexte sanitaire fait que, peut-être, certaines personnes craindront de se déplacer pour venir voter. C'est pour ça que je les incite et que je les rassure en disant que les maries, notamment à Dijon, mettront tout en place pour assurer les conditions sanitaires. On a réussit à les tenir l'année dernière, au mois de juin pour le deuxième tout des élections municipales. Ce sera la même chose cette année.»

«En plus, j'espère que le processus de vaccination va s'accélérer parce que la meilleure protection pour toute la population, c'est la vaccination. Au mois de juin, il y aura plus de personnes vaccinées. C'est une bonne chose finalement d'avoir décalé les élections d'une semaine pour avoir encore plus de personnes vaccinées.»

Vous êtes sortante, êtes-vous candidate ?

«J'ai décidé d'être à nouveau candidate sur le canton de Dijon 2. C'est un canton agréable, un canton dynamique et vivant. J'ai eu la chance d'être élu il y a cinq ans en binôme avec Alain Millot. J'ai une pensée bien sûr émue pour lui aujourd'hui.»

«C'est un canton avec de nombreuses associations. J'ai peur d'en oublier : un Tigre au parc, Vivre à la Maladière, Ecovivre à Heudelet, le club du Suzon, la commune libre Maladière-Drapeau... De nombreux lieux culturel : l'Opéra, le musée des Beaux-arts qui vient d'être rénové, le conservatoire, le M.U.R. De nombreux commerces attractifs, qui souffrent en ce moment, c'est pour ça qu'il est important d'être à leurs côtés. Des équipements sportifs : la Palais des sports, le gymnase Chambelland.»

«Comme Alain, je suis une élue de proximité, de terrain. J'ai à cœur de continuer mon mandat auprès de tous ces acteurs qui ont beaucoup souffert pendant la crise sanitaire, bien sûr les commerçants – en premier, les restaurateurs – et tous le tissu associatif. Je rencontre beaucoup de gens qui sont en grande difficulté parce qu'il y a eu une perte de lien social depuis de nombreux mois. Ils ont vraiment besoin que l'on soit à leurs côtés et notamment une institution comme le Département.»

Se représenter, c'était une évidence ou y a-t-il eu un temps de réflexion ?

«Il n'y a pas eu beaucoup de temps de réflexion (rires). C'est un mandat que j'aime, c'est un quartier que j'aime.»

Qui sera le binôme ?

«Il est encore trop tôt pour dévoiler le nom de mon binôme.»

Sera-t-il socialiste ?

«(Temps d'hésitation) Il y a un processus de désignation interne qui prend son cours.»

«Les valeurs de la gauche progressiste, sociale, solidaire et écologique»


Quelle est votre réaction au ralliement des écologistes ?

«Je suis satisfaite que le groupe écologiste se retrouve dans le programme des Forces de progrès et qu'on puisse, ensemble, porter nos valeurs de justice sociale et d'écologie.»

Quelles seront ces valeurs ?

«Les valeurs de la gauche progressiste, sociale, solidaire et écologique. Cela va au-delà des partis.»

Quelle est votre approche de la justice sociale ?

«Par exemple, on a une divergence avec le groupe de la majorité départementale. Qu'il ait passé tous les repas des collèges à deux euros, quelques soient les revenus, a un coût très important pour le Département. On sait très bien que certaines familles n'ont pas forcément besoin d'un coup de pouce comme ça. Pour nous, la justice sociale, c'est plutôt ce que l'on fait à la Ville de Dijon : un tarif progressif en fonction des revenus avec un plafond parce que l'objectif c'est que tout le monde mange à la cantine.»

«C'est dur de comparer le prix de revient d'un repas dans une restauration à l'école élémentaire et en collège parce qu'à l'école élémentaire, vous avez le personnel, la surveillance, etc. Au collège, comme ils ont plus de douze ans, vous n'avez pas besoin d'avoir un animateur pour dix enfants. Je ne vais pas comparer les deux mais, sur le principe, nous, on n'est pas d'accord. Ça a un coût très important d'avoir mis à deux euros, d'avoir aussi mis le privé à deux euros alors qu'ils ont des coûts de revient encore plus importants. Pour nous, ce n'est pas une mesure de justice sociale.»

«Aider les agriculteurs dans leur transition»


Dans le champ de l'environnement, la thématique de l'eau s'est développée au Département ces derniers mois, notamment pour l'approvisionnement des agriculteurs. Est-ce une autre divergence sur les questions écologiques ?

«L'eau n'est pas une compétence du Département. C'est plutôt les EPCI. (…) On entend que les agriculteurs ont besoin d'eau. On est pour changer de modèle. (…) Finir l'agriculture intensive qui consomme de l'eau qui consomme des pesticides et des engrais chimiques et les accompagner. Lui, il est pour garder le même modèle et les aider avec de l'eau, de l'eau, de l'eau...»

«On sait que, pour les agriculteurs, c'est très difficile. Pourtant, cela n'excuse pas ce qui s'est passé à Dijon [le 6 avril]. La facture est salée pour les habitants de la Ville et de la Métropole : 90.000 euros [NDLR : pour nettoyer les dégâts liés à la manifestation d'agriculteurs organisée par la FNSEA et les JA]. (…) Et encore, aujourd'hui, on se retrouve face une difficulté parce qu'on a récupéré leurs déchets, notamment des pneus brûlés et, en fait, dans les usines de recyclage, ils recyclent les pneus mais pas les pneus brûlés.»

«On est pour aider les agriculteurs mais pour les accompagner dans leur transition. D'ailleurs, on a un agriculteur dans les Forces de progrès : Pierre Poillot. (…) Ce n'est pas du tout 'la ville contre la campagne'. (…) Je suis contente qu'en cœur des halles, il y ait des maraîchers de toute la Côte-d'Or. (…) Même le made in Côte-d'Or, ça va dans le bon sens. Il faut aller jusqu'au bout et accompagner la transition.»

«Le Département peut agir sur la prévention de la sécurité»


Quelle lecture faites-vous de l'évolution des questions de sécurité sur le canton Dijon 2 ?

«On est vraiment sur une compétence propre de l’État et de la Ville parce que, effectivement, la Ville a aussi sa responsabilité. Le Département n'est pas sur ces compétences même si j'ai entendu à une dernière conférence de presse d'un conseiller départemental que, maintenant, le Département financerait des caméras de vidéoprotection. C'est bien, ça arrive un peu tard, deux mois avant des élections.»

«Comme dans beaucoup de villes, on s'aperçoit qu'il y a des incivilités croissantes, qu'il y a également de moins en moins de policiers nationaux sur le terrain, parce qu'ils sont aussi sur d'autres missions (il y a eu les manifestations des Gilets jaunes où ils ont été sollicités...). C'est vrai que les Villes doivent aussi prendre leur part même si, la sécurité publique, c'est une compétence régalienne de l’État. (…) C'est pour cela que nous continuons à recruter des policiers municipaux – ce n'est pas simple et j'espère que l’État nous aidera parce qu'on a de grandes difficultés et pas qu'à Dijon – on les professionnalise. Certains seront, dans un premier temps, armés la nuit.»

Les habitants qui aspirent à vivre en toute tranquillité ne se préoccupent pas du mille-feuille territorial. Comment considérez-vous le fait que l'enjeu de la sécurité tende à devenir transversal aux différentes élections, y compris départementales ?

«C'est un peu tromper les électeurs puisqu'on sait très bien que le Département n'a pas de marge de manœuvre en matière de sécurité, ça ne fait pas partie de ses compétences. C'est leurrer les électeurs que d'avoir ce discours. Soit c'est de l'incompétence parce que le candidat qui en parle ne maîtrise pas les compétences du Département et c'est grave, soit c'est un mensonge auprès des électeurs.»

«Le Département peut agir bien en amont, sur le social, sur la prévention de la sécurité, sur la médiation. C'est important, c'est pour ça que, dans notre discours, on est pour que le Département s'occupe davantage de ses compétences propres.»

En termes de calendrier, la candidate s'attend à «une campagne éclair» marquée par les contraintes sanitaires. Les mouvements politiques qui soutiennent les Forces de progrès pourraient communiquer conjointement d'ici quelques jours. Chaque binôme aura ensuite son propre agenda de campagne.

Propos recueillis par Jean-Christophe Tardivon


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