La municipalité a organisé une journée spéciale, ce mercredi 11 septembre, entre clairon, commémoration et chansons. François Rebsamen a remis la médaille de la Ville à l'ancien résistant FFI Georges Balliot : «on doit se souvenir pour que cela ne se reproduise pas».
Dijon libérée ! Le 11 septembre 1944, les soldats français et alliés ainsi que les résistants entraient dans la capitale des ducs de Bourgogne pour en chasser les troupes allemandes et circonscrire les collaborateurs du régime de Vichy.
Dans le cadre de la commémoration des 80 ans de la Libération de la France et des événements associés en 2024 et 2025, la Ville de Dijon a organisé une journée de célébration, ce mercredi 11 septembre 2024, entre clairon, commémoration et chansons.
Dès l'aube, le son du clairon
Dès l'aube, le clairon de l'Harmonie municipale a retenti depuis le haut de la tour Philippe le Bon comme cela avait été le cas en 1944 pour annoncer à la population l'arrivée des libérateurs.
Les troupes alliées, protégées par la Ière Division blindée, commandée par le général Jean Touzet du Vigier, qui remontaient vers le nord après le Débarquement de Provence, et les Forces françaises de l'intérieur entraient alors dans Dijon.
Commémoration au jardin Darcy
Une cérémonie commémorative s'est déroulée dans le jardin Darcy en présence de nombreuses autorités civiles et militaires, d'élèves, d'élus du Conseil municipal d’enfants de Dijon ainsi que de représentants des associations patriotiques et mémorielles sans oublier des élus des villes jumelées de Guimarães (Portugal), Mayence (Allemagne), Prague (République tchèque) et York (Angleterre).
Ont participé notamment François Rebsamen, maire de Dijon, Franck Robine, préfet de la Côte-d'Or, les parlementaires Anne-Catherine Loisier, Océane Godard et Catherine Hervieu ainsi que Michel Neugnot, premier vice-président de la Région Bourgogne-Franche-Comté, et François-Xavier Dugourd, vice-président délégué du Département de la Côte-d'Or.
Les élèves venaient des écoles Trémouille et Dampierre, des collèges Henri Dunant, Champollion et Bachelard ainsi que des lycées Charles de Gaulle et Simone Weil.
Hommage aux agents communaux morts pour la France
Les participants ont ensuite déambulé rue de la Liberté pour rejoindre le palais des ducs de Bourgogne. Au niveau du passage du logis du Roy, le maire a déposé une gerbe de fleurs pour honorer la mémoire des agents communaux morts pour la France de 1939 et 1945.
Ils ont ensuite retrouvé les reconstituteurs présents dans la cour d'honneur, équipés grâce au musée de la Vie Bourgogne, avant de se diriger dans la salle des États de Bourgogne pour s'abriter de la pluie.
Les chants émouvants du Chœur de l'Opéra
Le public a été accueilli par le Chœur de l'Opéra de Dijon qui, sans la direction du chef Anass Ismat, a proposé «Le Chant des partisans», «Le Chant du départ» et «Le Chœur des esclaves» de Verdi. Les artistes ont été accompagné par le Chœur des Signes du lycée Montchapet pour traduire les paroles en langue des signes sous la direction de Laurence Koehler.
En fin de cérémonie, les choristes ont interprété, au milieu de l'assistance debout, «L'Hymne à la joie» puis «Le Chant des marais».
Le résistant Georges Balliot reçoit la médaille de la Ville
Dans son allocution, François Rebsamen est revenu sur l'historique du 11 septembre 1944 tout en ayant une pensée pour les victimes des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis.
Le maire a honoré la mémoire de Marcel Suillerot, décédé le 11 mars dernier (
lire le communiqué), et a salué Henri Mosson, présent dans la salle et chaleureusement applaudi, décoré de la Légion d'honneur le 5 janvier dernier, jour de son centenaire (
lire notre article). Pierre Jobard, excusé, a été associé à ces hommages, ainsi que Blanche Grenier-Godard, décédée en 1974 (
lire notre article).
Entré dans la Résistance à 19 ans, en 1943, en rejoignant le maquis Liberté, Georges Balliot a été agent de liaison des FFI. Il a participé aux combats contre les troupes allemandes dans les moments de la libération de Dijon et des villes environnantes ainsi qu'à la traque de soldats allemands et de collaborateurs dans Dijon. Son épouse Gisèle a été, elle aussi, «une combattante acharnée», ainsi que l'a indiqué le maire.
Ce mercredi, François Rebsamen lui a remis la médaille de la Ville de Dijon et a fait le vœu, devant le préfet de la Côte-d'Or, qu'un ministre appuie très prochainement l'examen de son dossier en vue de recevoir la Légion d'honneur.
«Il y a eu des moments de liesse, d'exaltation au moment de la libération de la ville de Dijon après quatre ans de souffrances, quatre ans d'arrestations, quatre ans de résistance et, un jour, la ville a été libérée», a souligné le maire, «ce doit être un moment que l'on ne doit pas oublier». «On doit se souvenir pour que cela ne se reproduise pas.»
Une «récompense collective» pour le maquis Liberté
Georges Baillot a exprimé sa reconnaissance en insistant sur la dimension «collective» : «c'est une récompense pour le groupe de Messigny et pour le maquis Liberté». «Je n'ai jamais fait ça pour la reconnaissance, c'était le besoin de liberté que l'on avait !»
L'ancien résistant a également délivré un message pacifiste : «à quoi cela a servi ? Toutes ces guerres que l'on voit aujourd'hui, c'est intolérable».
Un plaidoyer pour l'Europe
Par ailleurs, le maire de Dijon a dénoncé la guerre d'agression menée par la Fédération de Russie en Ukraine depuis 2022 et a livré un vibrant plaidoyer pour la construction européenne : «nous sommes une ville ouverte sur l'Europe et jamais nous n'accepterons de sortir de l'Union européenne». «L'Europe est une sécurité, un gage de paix et de liberté.»
À ce titre, le socialiste a insisté sur «la réconciliation» conduite avec l'Allemagne après-guerre et qui a débouché sur le jumelage avec Mayence, en Rhénanie-Palatinat, dès 1958. Un travail pour «reconnaître, accepter, ne jamais oublier et toujours tout réconcilier car sans réconciliation, il n'y a pas d'amitié».
Une dernière fois, le clairon a ensuite sonné depuis la tour Philippe le Bon, à la suite de quoi, les participants à la célébration se sont vu offrir le traditionnel verre de l'amitié.
Jean-Christophe Tardivon