«Ce passage sera un lien tangible entre le passé et le présent», a déclaré le maire de Dijon François Rebsamen, ce mercredi 8 mai, en dévoilant la nouvelle plaque en présence de la ministre Fadila Khattabi.
Le passage arboré près de la piscine du Carrousel a été baptisé des noms de Missak et Mélinée Manouchian, leur sont associés également les résistants du groupe des francs-tireurs partisans issus de la main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI).
Présidée par François Rebsamen (PS, FP), maire de Dijon, la cérémonie s'est déroulée, ce mercredi 8 mai 2024, en présence notamment de Fadila Khattabi, ministre déléguée chargée des Personnes âgées et des Personnes handicapées, et de nombreux participant à la commémoration de la Victoire des alliés sur l'Allemagne nazie ayant lieu juste avant au monuments aux morts voisin (
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Le préfet de la Côte-d'Or Franck Robine ainsi que les députés de la Côte-d'Or Didier Martin (REN), Benoît Bordat (FP) et Philippe Frei (REN) ont également contribué au dévoilement de la plaque.
«Cette ville n'oublie pas ceux qui ont lutté pour la liberté»
«Un passage, c'est un lieu de transition, un chemin qui mène d'un endroit à un autre, d'un statut à un autre», a expliqué François Rebsamen. «Celui-ci sera donc un lien tangible entre le passé et le présent. Il inscrit l'esprit de résistance de Missak et Mélinée Manouchian et, à travers eux, celui des 24 noms du groupe Manouchian. C'est donc plus qu'une inscription physique, c'est le symbole de l'oppression vers la liberté. (…) Cette ville n'oublie pas ceux qui ont lutté pour la liberté.»
Près de l'estrade, un panneau présentait les portraits des résistants FTP-MOI arrêtés en même temps que Missak Manouchian. Portraits que les militaires allemands ont utilisé en 1944 pour concevoir «L'Affiche rouge», un outil de propagande antisémite et anticommuniste.
«Toute forme de restriction aux droits de l'Homme n'est pas acceptable»
«À l'heure où le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé une hausse des actes antisémites, nous devons affirmer notre unité, notre fermeté et notre détermination contre ces actes mais aussi contre toute forme de discrimination», a poursuivi François Rebsamen.
«Il est fondamental de se souvenir de l'engagement et de la bravoure de ces nombreux étrangers à l'heure où leur présence sur notre territoire suscite encore des débats. Je tiens à réaffirmer ici que la France est le pays des droits de l'Homme et toute forme de restriction à ces droits n'est pas acceptable. Au-delà d'un simple idéal, l'histoire de notre République est celle d'un modèle d'intégration républicaine où les femmes et les hommes qui résident sur notre sol de manière régulière participent à un destin commun sans distinction de race et d'origine social», a-t-il ajouté pour renouveler son opposition à la loi Asile et immigration.
Le socialiste a ensuite rappelé que Missak et Mélinée Manouchian avaient été marqués par la victoire du Front populaire et l'idéal du Parti communiste. D'où la présence à la cérémonie de représentants de la fédération de la Côte-d'Or du PCF, dont Laurent Guttierez, secrétaire de la section de Dijon, l'un d'eux portant un grand drapeau rouge.
«Votons aux élections européennes»
«[Les élections européennes] sont déterminantes pour la démocratie. Je veux souligner ici l'importance de préserver et de chérir l'universalisme de notre démocratie», a insisté François Rebsamen, dénonçant «l'invasion de l'Ukraine par la Russie de Poutine» ainsi que les «discours xénophobes et autoritaires» de partis d'extrême-droite en Europe. «Ne laissons pas les voix de l'intolérance et du repli sur soi dicter l'avenir de l'Europe. Pour cela, votons aux élections européennes.»
Prochainement, une seconde plaque, côté rue Chevreul, complétera la première et un panneau explicatif sera apposé pour informer les personnes passant près de la piscine du Carrousel. Elle comportera l'ensemble des noms des résistants fusillés en même temps que Missak Manouchian.
Jean-Christophe Tardivon