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18/03/2021 05:57

DIJON : Des contrats aidés, des entrepreneurs engagés

Ce mercredi 17 mars, des entrepreneurs dijonnais ont témoigné auprès du préfet de la Côte-d'Or de leur volonté de recruter des jeunes, y compris en CDI, pour préparer l'après-crise. «On prend des risques en embauchant des jeunes , ont signalé les fondateurs de 911 Pizza. «Il y a encore dans notre société des gens qui s'engagent», a constaté le préfet.
Ce mercredi 17 mars 2021, pour rendre plus concrète la présentation des différents types de contrats aidés développés dans le cadre du plan gouvernemental 1 jeune, 1 solution, les équipes de l'agence Pôle Emploi de Dijon ouest ont proposé au préfet de la Côte-d'Or, Fabien Sudry, de recueillir les témoignages des représentants de cinq structures et de plusieurs jeunes recrues.

«On a régulièrement des contrats aidés»


Basée à Dijon, l'entreprise Ymag conçoit des logiciels pour les acteurs de la formation professionnelle. De 68 salariés en 2018, Ymag est passée à 110 personnels. L'entreprise procède à deux recrutements en CDI sur la base de Contrat Initiative Emploi Jeunes. «Les aides étaient un peu pauvres ces dernières années mais, maintenant, il y en a», constate Sandrine Coisy, responsable des ressources humaines.

Le premier des nouveaux salariés a effectué une reconversion professionnelle, passant de professeur de sport remplaçant à formateur-intégrateur pour aider les organismes de formation à utiliser les logiciels d'Ymag, y compris avec des outils de elearning. Le second a débuté par un stage d'immersion professionnelle avant de devenir développeur. Jean-François Locatelli, directeur territorial Pôle Emploi pour la Côte-d'Or, signale à quel point le numérique recrute des informaticiens, des designers, des graphistes.

La microcrèche associative dijonnaise le Jardin de Haya embauche grâce au Parcours Emploi Compétences. Déjà titulaire d'un CAP Petite enfance, la candidate envisage de devenir éducatrice jeunes enfants. Elle confie avoir eu de la chance, ayant trouvé le poste après un mois de recherche active.

«Depuis 2021, on a régulièrement des contrats aidés, ce qui nous aide à maintenir notre activité», explique Hanna Slonim, gérante de la crèche, ajoutant que ces contrats permettent de «former du personnel» alors que la situation financière de la structure est actuellement «fragile». La gérante félicite Pôle Emploi pour la rapidité de son accompagnement.

«On a réellement besoin d'embaucher des jeunes»


Malgré la crise sanitaire, certains aspects du secteur de la restauration songent à embaucher pour préparer la sortie de crise, voire recrutent des à présent pour s'adapter aux évolutions des consommateurs. C'est le cas de 911 Pizza, franchise créée en 2007 et dont les premiers restaurants ont démarré à Talant, Quetigny et Dijon avant d'essaimer à Chalon-sur-Saône ou encore Villeurbanne, en partenariat avec le joueur de football Nabil Fékir, champion du monde 2018.

Comme l'expliquent Nasser Baka et Aziz Karym, les fondateurs, 911 Pizza recrutent deux jeunes en CDI, l'un grâce aux Emplois francs, l'autre grâce aux CIE Jeunes. Ils travailleront sur le point de vente de Talant. Sur les trois points de vente de l'agglomération dijonnaise, 911 Pizza emploie 50 personnes.

«Notre but, c'est de se développer sur tout le territoire français et aujourd'hui, on a réellement besoin d'embaucher constamment surtout des jeunes parce que notre secteur est en pleine croissance. Depuis le confinement et le couvre-feu, on a vraiment besoin de recruter», signale Nasser Baka.

Les deux entrepreneurs saluent la réactivité des agents de l'agence ouest de Pôle Emploi. «S'il y avait encore plus d'aides sur ces emplois, cela nous aiderait vraiment à plus embaucher», déclare Nasser Baka qui ajoute : «on a beaucoup de questionnement mais, heureusement, on a quand même un appui ici à Pôle Emploi pour nous aider».

«Dans ce malheur généralisé, le secteur de la restauration a subi beaucoup de pertes», constate Aziz Karym, «mais, nous, on a eu la chance d'être un créneau qui a été un peu moins touché parce que la restauration rapide peut continuer à livrer à domicile, (...) on a dû trouver du nouveau personnel pour combler cette nouvelle façon de travailler. Les CIE, les Emplois francs, c'est une façon de pouvoir nous développer. On prend des risques en embauchant des jeunes».

911 Pizza va prochainement évoluer pour devenir 911 Delicious Company. «On va prendre encore plus de risques, on va employer encore plus», lance Nasser Baka qui présente le nouveau logo à la délégation. La transition est toute trouvée. Le préfet de la Côte-d'Or rappelle l'objectif de ces aides gouvernementales : «c'est pour atténuer le risque».

L'un des deux nouveaux livreurs a connu la société par le bouche à oreille alors qu'il était en recherche d'emploi après un bac pro logistique-transport. Le second indique qu'il peinait à trouver un travail stable depuis son arrivé en France, quelques années auparavant : «grâce à 911 Pizza et à l'aide de l’État, j'arrive à trouver un bon travail».

«Le PIMMS utilise les contrats aidés depuis vingt ans»


Autre structure dijonnaise de restauration, T.Wok est représentée par son gérant, Tarik Arif. T.Wok a ouvert en septembre 2019 dans l'espace de l'ancienne poste de la place Bossuet, à Dijon. Ancien salarié d'Orange, l'entrepreneur prend lui aussi des risques pour développer la nouvelle entreprise. Entre les travaux et les fonds propres, l'investissement de départ représente 400.000 euros.

Aujourd'hui, T.Wok contracte avec deux CIE Jeunes. «C'est un supplément des perfusions qui ont été mises en place par le gouvernement», analyse Tarik Arif, ajoutant que «ce sont des aides qui nous sont vitales». Des aides qui permettent de «se projeter» dans l'après-crise.

L'un des deux jeunes recrutés avait ponctuellement travaillé pour T.Wok en 2020 et son CIE permet de revenir dans l'entreprise avec une meilleure perspective. Le second salue l'accompagnement des conseillers Pôle Emploi.

Le dernier témoignage de l'après-midi vient d'une structure associative, le Point Information Médiation Multi-Services de Dijon, représenté par Sandra Canet-Dumanoir. Bien connue des services de l’État pour sa gestion de Maisons France Services, l'association de médiation sociale recrute un PEC Jeunes.

«Le PIMMS utilisent les contrats aidés depuis vingt ans», signale Sandra Canet-Dumanoir, «puisque notre objectif est de faire du tremplin professionnel  avec nos salariés». En vingt ans, 230 personnes ont été accompagnées par le PIMMS ; 173 ont ensuite trouvé un emploi en CDI. Un résultat jugé «très convaincant» par le préfet.

Après deux ans dans la vente, le jeune recruté a effectué un bilan de compétences et a été accompagné par la Mission Locale de Dijon qui lui a fait connaître le PIMMS de Dijon. «Je cherchais depuis six mois un nouveau travail qui me permettait de me sentir utile», indique le nouveau salarié.

«Le soutien de l’État permet d'accélérer le processus»


Après les signatures des engagements entre les entreprises et les salariés, le préfet de la Côte-d'Or salue le «rôle déterminant» des équipes de Pôle Emploi et rappelle que «l’État développe des moyens très importants pour permettre à nos entreprises d'éviter de trop s'affaiblir durant cette période, ce sont les mesures d'urgence. Il y a aussi les mesures qui visent l'insertion professionnelle, notamment l'insertion professionnelle des jeunes. (…) Jamais l’État n'avait développé autant de moyens financiers et autant d'instrument permettant d'accompagner cette insertion professionnelle de nos jeunes : l'apprentissage, l'aide à l'embauche directe auprès des entreprises, les CIE, les Emplois francs, le Parcours emploi compétences, les formations de jeunes».

«Dans cette période particulière où nos entreprises, nos associations aussi, sont dans des situations qui peuvent être délicates. Le soutien de l’État, c'est pour permettre de traverser cette période difficile et de maintenir ce courant de recrutements. Il y a des entreprises qui continuent de recruter, assez nombreuses dans certains domaines. Il n'y a aucune contradiction entre l'intérêt de l'entreprise et l'intérêt des jeunes, ou moins jeunes, qui souhaitent être recrutés. Ce qu'il faut, c'est que le besoin de l'entreprise rencontre l'envie, la volonté, la compétences des personnes qui souhaitent être recrutés et que l'accord se fasse accompagné par des structures comme Pôle Emploi. Le soutien de l’État permet d'accélérer le processus et de le rendre un peu plus accessible pour les entreprises, les associations et les collectivités. Il y a encore dans notre sociétés des gens qui s'engagent, qui essaient de développer l'idée qu'il y a des perspectives pour agir, pour travailler, pour entreprendre. Ça nous donne confiance dans l'avenir. (…) La France est un pays qui a traversé des difficultés dans son histoire, ce qui importe, c'est de s'en sortir et de s'en sortir plus fort. C'est à notre portée si on sait, chacun, les uns, les autres, donner le meilleur de ce que l'on sait faire. Il y a de la place pour tout le monde dans notre pays. Préparons ensemble la France de demain, c'est une belle aventure qu'il faut poursuivre» analyse Fabien Sudry.

«Il y a des secteurs qui ont déjà rebondi», indique à son tour Michel Swieton, «je pense au secteur de la construction, au grand secteur du sanitaire et social, du grand âge. L'industrie, cela fait plus que frémir. Demain, on espère qu'il y aura la restauration. Les restaurants, les hôtels se préparent. Il faut que Pôle Emploi et l'ensemble des acteurs sous l'égide de l’État soient prêts à aider ces secteurs, (…) prêts en cas d'embauche. Ça peut repartir très vite».

Jean-Christophe Tardivon

Le plan de relance attribue des «moyens importants» aux contrats aidés