
Une centaine d'élèves et d'enseignants ont manifesté devant la grille de l'établissement scolaire, ce lundi 17 février. Plusieurs lycées de la Côte-d'Or étant dans la même situation, FO envisage de coordonner «une démarche collective» auprès du rectorat.
Depuis dix ans, le lycée Montchapet voit ses moyens d'enseignement diminuer. Cette fois, en vue de la rentrée scolaire de septembre 2025, le rectorat de l'académie de Dijon a prévu de restreindre la dotation horaire globale de façon équivalente à la suppression potentielle de trois à quatre classes. À l'échelle de la Bourgogne, dans le second degré, ce sont 50 ETP qui seront retirés pour la prochaine année scolaire (
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Ce lundi 17 février 2025, une centaine d'élèves et quelques enseignants se sont réunis brièvement devant l'établissement scolaire dijonnais afin de contester dans le calme le choix de l'autorité académique et alerter sur une dégradation des conditions d'enseignement : augmentation du nombre d'élèves par classe et complément de service à trouver par ailleurs.
Moins 90 heures d'enseignement hebdomadaires
Le lycée Montchapet pâtit de la baisse démographique et d'une relative concurrence des établissements scolaires privés à proximité. Entre le second degré et le post-bac, le lycée compte aujourd'hui environ 950 élèves, contre 1.300 élèves à la rentrée 2021.
Rien que sur le second degré, le rectorat anticipe une baisse de 30 élèves en septembre 2025, soit environ -3% de l'effectif par rapport à la rentrée 2024. Cela se traduit par un retrait de 90 heures d'enseignement hebdomadaires, correspondant à 63 heures-postes et équivalent à la suppression potentielle de trois à quatre classes : une première et une terminale de la voie générale ainsi qu'une première et une terminale STMG (sciences technologiques, du management et de la gestion).
«Investir dans l'école publique, c'est la mission du service public»
«On perd énormément de moyens pour enseigner correctement dans nos classes», a déclaré au mégaphone Christine Maune, professeur d'italien et adhérente du syndicat Force ouvrière lycées-collèges, durant l'intercours de 10 heures alors que des élèves et des enseignants tenaient une banderole «Classes supprimées, on ne se laissera pas enterrer sans lutter» en scandant «Des classes supprimées pour Montchapet ? Non, non non ! Des moyens pour Montchapet ? Oui, oui, oui !»
«Les difficultés sont rencontrées aussi bien par les élèves, qui se retrouvent dans des classes surchargées avec de moins en moins de matières proposées, et par les enseignants, qui ont de plus en plus de difficultés à enseigner correctement», a-t-elle développé.
Lors du dernier conseil d'administration en date, les représentants de FO ont porté une motion pour fustiger «des difficultés constantes», «des effectifs très importants» et «une gestion de l’Éducation nationale désormais comptable et managériale». La motion a été adoptée par les représentants de parents d'élèves.
«Investir dans l'école publique n'est ni une anormalité, ni un gaspillage financier, au contraire, c'est la mission du service public», ont revendiqué les syndicalistes. «Un pays qui ne souhaite plus investir dans son école qui maltraite ses élèves et ses enseignants manque de bon sens ; cela aura certainement des conséquences très graves pour l'avenir économique et social du pays.»
«Les classes de seconde sont toutes à 35 élèves»
«On craint surtout d'avoir des effectifs surchargés», a abondé Cécilia Lerouge, professeur de français, «c'est déjà le cas aujourd'hui, on a, en moyenne, 34 élèves en seconde». «J'ai même une classe de première générale à 36 élèves. Avec le besoin individuel de nos élèves, on ne peut pas faire un suivi assez personnalisé. Si le rectorat continue à supprimer des moyens, on aura jusqu'à 38 élèves par classe. Ce n'est pas possible !»
«En seconde, on a un effet de seuil», a complété Cécile Fassier, enseignante en philosophie, déléguée syndicale FO lycées-collèges et membre du conseil d'administration, «régulièrement, toutes les dérogations sont refusées puisque [le rectorat] ne souhaite pas qu'on ouvre des divisions supplémentaires donc les classes de seconde sont toutes à 35 élèves». «On met tous les moyens dont nous disposons pour les élèves de séries technologiques qui ont des difficultés sociales et économiques par rapport aux élèves de série générale. De fait, les effectifs en série générale sont chargés.»
L'estimation des futurs effectifs en question
«En général, entre les prévisions données par le rectorat et ce qui se passe réellement au mois de juin, les effectifs sont revus à la hausse», a remarqué Christine Maune qui compte sur la suite du processus jusqu'en juin pour que le rectorat réévalue sa proposition de retrait de la dotation horaire globale.
Une délégation sera prochainement reçue en audience au rectorat. En fonction du résultat, les syndicalistes pourraient «durcir les moyens d'action» et recourir à la grève assortie d'une opération «lycée mort». En 2022, une action d'occupation de la salle des professeurs avait contribué à réduire sensiblement la baisse de la dotation horaire globale.
FO envisage de coordonner «une démarche collective» auprès du rectorat
Plus globalement, Annick Alix, secrétaire départementale en Côte-d'Or du syndicat FO lycées-collèges, a critiqué la stratégie du rectorat conduisant à des réductions de dotation horaire globale «disproportionnées» par rapport à l'évolution des effectifs : peut-être 4 classes à Montchapet donc, peut-être 3 classes au lycée Gustave Eiffel, une classe au lycée de Châtillon-sur-Seine ou encore 45 heures hebdomadaires au lycée Carnot...
«On va tout faire pour coordonner et tenter d'apporter une démarche collective inter-départementale», a indiqué la syndicaliste, envisageant un jour synchronisé de grève voire une action commune auprès du rectorat.
Jean-Christophe Tardivon















