Le bailleur social Habellis prévoit la construction de maisons et de garages sur un terrain arboré. Des riverains préfèreraient créer un jardin partagé. Une trentaine de personnes se sont rassemblées en soutien, ce mercredi 19 avril.
À deux pas du port du canal, des habitants aspirent à défendre leur «vie de quartier» alors qu'un terrain arboré de 1.800 m² est voué à accueillir un projet immobilier porté par Habellis et constitué de onze maisons.
Ce mercredi 19 avril 2023, à l'issue d'une journée riche en rebondissements, une trentaine de personnes ont participé à un rassemblement organisé rue de Larrey pour marquer leur opposition à ce projet.
Un quartier résidentiel
«Le quartier est résidentiel. Il y a pas mal d'immeubles mais les immeubles sont bien aérés, il y a de l'espace. Dans la rue Marillier, les maisons datent de 1930. Il y a une vie de quartier», a expliqué Patricia Guillaumot, présidente de l'association Bien vivre dans le quartier Larrey (BVQL), fondée en 2014, mais qui s'exprime à titre personnel ce jour.
Patricia Guillaumot estime qu'une dizaine de personnes sont riveraines du terrain et que le nombre de sympathisants de la mobilisation peut atteindre une cinquantaine de personnes, sans compter les autres associations dijonnaises de riverains.
Projet de onze maisons et garages
Suite au décès des propriétaires, fin des années 2010, la Métropole de Dijon a préempté deux jardins privés accessibles respectivement par la rue de Larrey et la rue Clément-Marillier. Ils étaient jusque alors entretenu par un jardinier qui cultivait un potager entre les arbres.
Le terrain a été vendu au bailleur social à Habellis qui a élaboré un projet immobilier de onze maisonnettes associées chacune à un garage et desservies par une voie privée reliant les deux rues évoquées.
Un permis de construire a été affiché en octobre 2021. Des riverains ont effectué un recours contentieux qui a été rejeté. Une pétition en ligne est toujours active ; à ce jour, elle compte plus de 400 signatures (
retrouver la pétition).
Les riverains réfutent toute politisation
Des contacts pris avec Pierre Pribetich (PS), adjoint au maire de Dijon délégué à l'urbanisme, et Massar N'Diaye (sans étiquette), conseiller municipal référent notamment du quartier Larrey, n'ont pas influé sur le projet immobilier, la municipalité arguant des demandes de logements à satisfaire.
Les élus municipaux d'opposition Emmanuel Bichot (LR) et Laurent Bourguignat (LR, NE) figurent parmi les premiers signataires de la pétition. Ce jour, des Insoumis, des Verts, des sympathisants du Quartier libre des Lentillères et du collectif Sauvons les berges du Suzon étaient présents. Toutefois, Patricia Guillaumot a réfuté toute démarche politique.
Proposition de jardin partagé
Parallèlement, depuis 2019, l'association Bien vivre dans le quartier Larrey propose régulièrement aux Ateliers de quartier – le nom du dispositif de démocratie locale de la Ville de Dijon – un projet de verger urbain. Un nouveau vote est attendu le 16 mai prochain.
«On défend un projet de jardin partagé collectif, de lieu de rencontre, de préservation de la nature, de réserve urbaine de biodiversité. Dans les immeubles construits récemment, il n'y a aucun espace vert ; les enfants n'ont que l'entrée du parking souterrain pour voir le ciel», a indiqué Patricia Guillaumot.
«On espère que le projet soit au moins retardé jusqu'à temps que la décision de la commission de quartier soit prise et au moins décaler pendant la période printemps-été. (…) On trouve dommage de supprimer des arbres en fleurs et de massacrer des animaux, la faune qu'il y a actuellement dans le jardin. Ce matin, on a vu des hérissons, ce n'est pas la bonne période. (…) C'est la renaissance de la nature le printemps et l'été. Les arbres sont en fleurs, ils vont faire des fruits. Il y a des animaux. Donc qu'on ait le temps de les laisser vivre et de les sauvegarder après si, par malheur, le projet était refusé», a-t-elle développé.
«On détruit de la nature. Tous les voisins sont là pour défendre la nature. Tout va être bétonné», a déploré Patricia Guillaumot, «il restera le minimum de pleine terre prévu».
Un débroussaillage empêché
Le 17 avril dernier, un engin de chantier a démoli une partie du mur côté rue de Larrey et déposé du gravier. Aussi, les riverains surveillaient particulièrement les abords.
Ce mercredi matin, des employés d'une entreprise spécialisée dans la gestion d'espaces verts ont tenté de débroussailler le terrain, sécurisés par des vigiles. Des riverains se sont mobilisés, la police est intervenue.
La situation s'est réglée dans le calme par le départ des paysagistes. Néanmoins, Habellis a signalé aux riverains qu'une plainte pourrait être déposée en réaction à cette entrave.
La venue d'agents de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) est prévue du 24 avril au 5 mai prochains pour effectuer des fouilles dans le terrain. Dans ce contexte, les riverains ont établi une boucle de contacts pour se tenir informés de l'évolution de la situation.
Jean-Christophe Tardivon