
Investi candidat par les militants du parti local Agir pour Dijon, ce jeudi 18 septembre, Emmanuel Bichot a tenu son premier discours de campagne devant 150 personnes. Il souhaite «réaliser l'alternance» pour «remettre de l'ordre».

Figurant parmi les rares candidats n'étant pas tributaires des appareils politiques nationaux, Emmanuel Bichot (LR, AD) peut dérouler son agenda à sa guise. Ce jeudi 18 septembre 2025, le président d'Agir pour Dijon a lancé sa campagne depuis la salle de spectacles d'un restaurant du quartier de la Colombière.
L'événement a fait suite à une assemblée générale du parti politique local durant laquelle 150 adhérents étaient présents sur les 200 à jour de cotisation, le mouvement ayant accueilli de nouveaux militants ces derniers mois. Après avoir été officiellement investi, Emmanuel Bichot est monté sur scène pour un discours de lancement de campagne.
Dans la salle, parmi les soutiens, étaient présents notamment Valérie Grandet (LR, NE), référente de Bruno Retailleau en Côte-d'Or durant la campagne pour la présidence des Républicains et conseillère municipale d'opposition à Longvic, ainsi que plusieurs militants LR.
«Cette vague de règlements de compte montent progressivement»
Sur le thème «les Dijonnais aspirent au changement», Emmanuel Bichot a balayé les sujets qu'il aborde régulièrement, avec Laurence Gerbet (NC), depuis les rangs des oppositions au sein du conseil municipal : sécurité, immigration, logement, mobilités, urbanismes, patrimoine et citoyenneté...
L'élu conservateur a repris les attaques qu'il martèle depuis 2020 contre la municipalité sortante, d'abord conduite par François Rebsamen (ex-PS, désormais FP) puis par Nathalie Koenders (PS).
«Les Dijonnais se plaignent de l'insécurité, (…) de la bétonnisation, du saccage de leurs quartiers, du mauvais état des voiries, de l'afflux migratoire et, parfois, du sentiment de ne plus reconnaître leur ville, des dépenses superflues et du gaspillage, d'un excès de communication, (…) du matraquage des automobilistes, (…) d'un taux de taxe foncière parmi les plus élevés des grandes villes françaises», a résumé l'orateur.
Et d'insister, à la faveur de récents drames, sur les aspects de sécurité : «depuis le début de l'année, on a eu déjà une dizaine de tentatives d'homicides ou homicides volontaires, une dizaine de blessés aussi, et déjà trois morts. (…) Cette vague de règlements de compte montent progressivement depuis trois ou quatre ans. (...) Plus de 10.000 crimes et délits ont été commis, à Dijon, en 2024 avec une explosion des agressions physiques et du trafic de drogue».
Sans transition, le candidat a indiqué aussi que «le taux de pauvreté a augmenté de 30% en dix ans, passant de 13% de la population à 17%» et que «le nombre d'étrangers a augmenté de 80% depuis 2006 avec un nombre d'étrangers en situation irrégulière (…) que nous évaluons à un millier probablement».
«Le maire élu par le conseil municipal navigue à vue au gré des occasions électorales»
«La municipalité est rattrapée par son bilan», a considéré Emmanuel Bichot, «au bout de 25 ans, ça devient difficile de se défausser sur ses prédécesseurs». «Elle a un problème de comportement aussi avec une tendance à agir plus pour se faire plaisir ou pour communiquer que pour servir les Dijonnais. (…) J'ai été élu du Département de la Côte-d'Or pendant 15 ans, (…) je n'ai jamais vu une seule magouille. Quand on regarde ce qui se passe à la municipalité de Dijon, on ne voit que des magouilles et des embrouilles partout.»
Dans la foulée, l'actuel élu d'opposition a fustigé le passage de relais entre François Rebsamen et Nathalie Koenders : «Monsieur Rebsamen a désigné son successeur, en la personne de sa première adjointe, Madame Koenders, tout en la gardant sous contrôle». «Aujourd'hui, le maire élu par le conseil municipal navigue à vue au gré des occasions électorales et fait surtout de la communication, plus que du travail de fond.»
Une citation d'Albert Einstein a beaucoup plu à l'assistance : «Ne comptez pas sur ceux qui ont créé les problèmes pour les régler». Ce fut le premier propos applaudi du discours.
Agir pour Dijon souhaite «réaliser l'alternance»
«Notre responsabilité, c'est de réaliser l'alternance», a enchaîné Emmanuel Bichot, «nous sommes, Agir pour Dijon, la force politique la plus crédible pour le faire». «Nous travaillons depuis deux mandats, nous sommes dans la proximité avec les Dijonnais. (…) Nous sommes restés fidèles à nos engagements. »
Si Emmanuel Bichot a évoqué volontiers les résultats du second tour de l'élection municipale de 2020 – 34,84% des voix pour la liste qu'il conduisait dans un contexte de crise sanitaire avec 33,40% de participation –, il a fait néanmoins l'impasse sur l'évolution de son groupe d'opposition qui est passé de dix à deux membres en raison de séparations durant la mandature.
L'opposant a préféré insister sur des propositions faites de longue date et que la municipalité sortante a, de son côté, mises en pratique au gré des années : équipement par armes à feu des policiers municipaux, augmentation des effectifs de policiers municipaux ou encore remise en état de certains bâtiments du patrimoine. «Que de temps perdu», a-t-il scandé.
«Priorité numéro un : remettre de l'ordre»
«Notre mouvement politique est dijonnais, il est autonome», a assuré Emmanuel Bichot, «c'est l'esprit de la décentralisation et de la fin du cumul des mandats». «Nos électeurs viennent de la droite locale mais ce sont aussi tous ceux qui pourront se reconnaître dans notre projet. (…) Notre objectif est de rassembler les électeurs, quel que soit leurs préférences politiques. (…) On cherche plus à rassembler les électeurs que les partis politiques. (...) Si les partis politiques nationaux se retrouvent dans notre projet, ils ont la possibilité de nous soutenir.»
En vue d'«un changement en profondeur», le candidat a esquissé les lignes directrices qui seront approfondies durant la campagne : «remettre de l'ordre et s'assurer la sécurité du quotidien, priorité numéro un, (…) améliorer le cadre de vie, (…), retrouver la confiance et le respect, retrouver un lien civique».
Ce dernier point a été particulièrement développé sur le plan pratique. En matière d'habitat, l'orateur a proposé de «ne plus raisonner simplement en quantitatif mais surtout en qualitatif». «Nous souhaitons réhabiliter l'existant plutôt que de réaliser des constructions nouvelles, protéger et développer les espaces verts et la végétalisation, rechercher une harmonie architecturale – qui n'existe pas aujourd'hui – qui soit respectueuse de notre identité, requalifier la voirie et la garde propre, ainsi qu'entretenir notre patrimoine communal.»
Concernant le sujet de la citoyenneté, Emmanuel Bichota assuré vouloir «rétablir la transparence dans la gestion publique» tout autant que «lutter contre le communautarisme et l'influence des Frères musulmans», ce qu a provoqué des applaudissements nourris de l'assistance. «C'est un combat que nous menons depuis des années. Je pense que les Dijonnais commencent, progressivement, à prendre conscience de l'influence actuelle des Frères musulmans au sein de la Ville de Dijon et même de la municipalité dijonnaise.»
Dans ce chapitre, le candidat a inclus une proposition relevant du champ des mobilités : «rendre le centre-ville par tous en navette» car «le centre-ville est de plus en plus réservé à ses habitants et aux touristes». Cela passerait par «des navettes radiales au moins certains jours de la semaine».
«Nous ne voulons pas de la troisième ligne de tram», a rappelé l'orateur, à la grande satisfaction des participants à la réunion.
De graves accusations
Après ses accusations publiques de «magouilles» présumées et d'éventuelles proximités avec les Frères musulmans, le candidat, interrogé par
Infos Dijon pour savoir si des preuves seraient produites durant la campagne, a renvoyé aux documents qu'il a diffusés par le passé comme «Le Livre noir» de la municipalité ou a pointé «les liens étroits» de l'antenne locale de l'association Musulmans de France avec les Frères musulmans.
Début des actions militantes
Dès ce vendredi, les adhérents d'Agir pour Dijon ont prévu de partir en campagne pour diffuser le premier tract – tiré à 75.000 exemplaires – «dans tout Dijon» jusqu'à fin octobre, Laurence Gerbet coordonnant les actions militantes.
En janvier prochain, viendra le temps de la présentation de la liste puis, en février, du programme soumis aux électeurs dijonnais.
Jean-Christophe Tardivon



















