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11/03/2023 16:58

DIJON : Émotion et innovation pour rendre hommage aux victimes du terrorisme

La préfecture de la Côte-d'Or a organisé une cérémonie place de la République, ce samedi 11 mars, en présence de familles de victimes. «Nos valeurs, la force de notre état de droit, notre capacité à nous rassembler constituent l'antidote le plus puissant à la brutalité terroriste», a déclaré Anne Coste de Champeron.
Depuis 2020, la France rend hommage aux victimes du terrorisme au travers d'une journée nationale qui fait suite à une journée européenne fixée en référence aux attentats islamistes survenus à Madrid (Espagne), le 11 mars 2004.

Selon la préfecture de la Côte-d'Or, relayant des propos du président de la République, «le devoir de la France est de rappeler que les femmes et les hommes qui ont été visés par des attaques terroristes demeurent au cœur de notre fraternité nationale et de notre souvenir, d’honorer leur mémoire et de faire vivre leurs histoires et leurs engagements».

«La Marseillaise» traduite en langue des signes


Ce samedi 11 mars 2023, à Dijon, la cérémonie se déroulait pour la première fois place de la République, après la place Darcy précédemment, une référence directe au lieu du rassemblement de la population à la suite des attentats islamistes du 13 novembre 2015, à Paris et à Saint-Denis, et du 14 juillet 2016, à Nice.

Autre innovation, parallèlement aux membres de la chorale du collège Gaston Bachelard qui ont chanté des couplets de «La Marseillaise», des élèves malentendants des collège Gaston Bachelard et lycée Montchapet ont traduit les paroles en langue des signes.

Lecture du poème «J'atteste contre la barbarie»


De nombreuses autorités civiles et militaires ont participé dont les députés Benoît Bordat (FP), Fadila Khattabi (RE) et Didier Martin (RE), ainsi qu'Océane Charret-Godard (PS), vice-présidente du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, Patricia Gourmand (LCOP), vice-présidente du conseil départemental de la Côte-d'Or, Jean-Philippe Morel (PR), adjoint au maire de Dijon, le général François Santarelli, commandant en second la région de gendarmerie de Bourgogne-Franche-Comté, le colonel Pierre Egret, commandant en second l’École de gendarmerie de Dijon, et le lieutenant-colonel Étienne Royal, délégué militaire départemental adjoint.

En prenant la parole, Bruno Dupuis, directeur départemental de l'Office national des combattants et des victimes de guerre et maître de cérémonie, est revenu sur l'historique de la place de la République dont le monument central rend hommage, depuis 1899, au président de la République Sadi Carnot, assassiné en 1894.

Avant de devenir chef d’État, Marie François Sadi Carnot avait été député de la Côte-d'Or pendant seize ans. À ce jour, il reste le seul président de la République française à être inhumé au Panthéon, à côté de son grand-père Lazare Carnot, lui-même né à Nolay.

Bruno Dupuis a rappelé que, depuis 1990, les victimes d'actes terroristes sont reconnues par l’État en tant que victimes civiles de guerre, les enfants mineurs de ces victimes et les victimes âgées de moins de 21 ans peuvent devenir pupilles de la nation.

Les élèves de cinquième du collège Gaston Bachelard Oriane, Emilie, Bastin et Anaël ont lu «J'atteste contre la barbarie», écrit en 2015 par le poète marocain Abdellatif Laâbi. «Un texte puissant, apaisant et chargé d’espoir», selon son éditeur Rue du monde.

«Cette solidarité est plus forte que la peur»


Présidant la cérémonie, Anne Coste de Champeron, secrétaire générale pour les affaires régionales auprès du préfet de la région Bourgogne-Franche-Comté, s'est exprimée devant des représentants des différents corps ayant été amenés à intervenir à la suite d'attentats en France : Police nationale, Gendarmerie nationale, armée, sapeurs-pompiers, polices municipales, Protection civile, Croix-rouge française et Union nationale de sauveteurs et secouristes.

Des représentants du monde combattant et du lien entre l'armée et la nation ainsi que des ordres nationaux étaient également présents.

«Nous nous retrouvons ici pour nous souvenir des victimes d'actes de barbarie terroriste qui ont frappé notre pays au cours de ces dernières années», a déclaré Anne Coste de Champeron.

«Nous honorons leur mémoire, nous pleurons leur disparition prématurée et injuste et nous faisons corps ensemble pour démontrer que ce qui nous unit en tant que nation est plus fort que la violence même porté à son paroxysme. Nos valeurs, la force de notre état de droit, notre capacité à nous rassembler quels que soient nos origines, nos religions, nos nationalités, la couleur de notre peau, nos histoires et nos âges constituent l'antidote le plus puissant à la brutalité terroriste. Cette solidarité est plus forte que la peur», a-t-elle poursuivi.

L'oratrice a également rendu hommage aux personnes ayant survécu qui «portent le poids de ces violences» même si «l’œuvre de justice exceptionnelle de notre pays permet aussi de se reconstruire».

Bruno Dupuis ayant sobrement noté la présence de «victimes et familles de victimes», Anne Coste de Champeron a partagé une pensée pour «[son] ami Fabian Stech, disparu au Bataclan, son épouse Sophie, ses enfants Lucas et Hector».

Le propos émouvant a été conclu par la lecture du poème «Dit de la force de l'amour» de Paul Éluard.

Des roses blanches au pied de la Douleur


Après une minute de silence, les élèves des collège Gaston Bachelard et lycée Montchapet ont chanté et signé les premier et sixième couplets de «La Marseille» sous la direction respective de leur professeure d'éducation musicale et de chorale et de leur professeure de langue des signes.

Les participants à la cérémonie ont ensuite déposé des roses blanches au pied de la figure allégorique de la Douleur qui orne le monument central de la place de la République.

Pendant ce temps, la sonorisation diffusait la version violoncelle de l'hymne international aux victimes du terrorisme «Por Ellos», composé par Manolo Carasco, pianiste et chef d’orchestre espagnol.

Comme lors des cérémonies patriotiques, les autorités ont salué les différents représentants des corps afin de clore l'événement.

Jean-Christophe Tardivon