
À l'invitation de la maire de Dijon, le préfet de la Côte-d'Or et le procureur de la République se sont exprimés devant le conseil municipal, ce lundi 24 mars, sur le thème de la lutte contre le trafic de drogue. Olivier Caracotch a annoncé qu'il y aurait des «sanctions plus sévères» concernant les acteurs du point des deal des Grésilles.
La maire de Dijon Nathalie Koenders (PS) a invité le préfet de la Côte-d'or Paul Mourier et le procureur de la République Olivier Caracotch à intervenir devant le conseil municipal, ce lundi 24 mars 2025, pour aborder les enjeux de sécurité, en particulier la lutte contre le trafic de drogue.
Dans un «vrai exercice de démocratie» d'une heure et demie, sans public ni média, il s'agissait de «rappeler les compétences» de chacun afin que chaque conseiller municipal ait «le même degré de connaissance». Tous les groupes politiques composant l'assemblée municipale ont pu s'exprimer.
Des enjeux de santé publique et de souveraineté nationale
«Le trafic de drogue est une question de santé publique», a considéré Paul Mourier à l'issue des interventions, «on se bat pour deux raisons essentielles : une question de santé publique et une question de souveraineté nationale». «Ça demande la mobilisation de tous.»
«Le fait de pouvoir venir devant les élus expliquer ce que l’État fait en matière de lutte à la fois contre le trafic et contre les stupéfiant me paraît absolument essentiel», a développé le préfet, «tout le monde n'a pas forcément une connaissance assez fine. (…) Ça a permis effectivement une grande transparence.»
«Ici, à Dijon, on sait que le point de deal le plus important, c'est les Grésilles et il y a eu effectivement cet incendie de la médiathèque mais il n'y a pas que ça. Je suis venu expliquer que la lutte contre le trafic des stupéfiants, c'était la priorité de l’État, qu'il fallait agir à la fois vis à vis de la répression du trafic – en sachant que de celui-ci découle beaucoup d'autres crimes et délits – mais aussi agir en matière de prévention et notamment vis-à-vis des jeunes», a-t-il ajouté.
«Je sens qu'il y a une grande mobilisation de tous»
Durant son intervention, le représentant de l’État a rappelé les mesures du Plan départemental d'action de restauration de la sécurité du quotidien (
lire notre article).
«Je sens qu'il y a une grande mobilisation de tous», a poursuivi Paul Mourier, «on a besoin, par rapport au défi que j'ai énoncé, de réunir l'ensemble de la population, de réunir leur ensemble des élus. Les élus sont l'expression même de la démocratie dont qu'il faut qu'ils soient parfaitement informés pour être également aux côtés de la justice et aux côtés des forces de sécurité intérieure.»
«J'estime que, sauf des moyens spéciaux pour des opérations spéciales, sur le plan départemental de la Côte-d'Or, à la fois les forces de police et les forces de gendarmerie ont des moyens suffisants pour que nous soyons efficaces», a assuré le préfet. «
Vers des «sanctions plus sévères» concernant les acteurs du point des deal des Grésilles
«Les échanges ont été de très haute tenue, sans surenchère, sans discussion un peu populiste», a remarqué Olivier Caracotch, «j'ai pu expliquer qu'elle était l'action de la justice, dire que nous envisagions, en effet, des sanctions plus sévères et un rehaussement de la réponse pénale sur les infractions qui sont constatées, notamment sur le point de deal des Grésilles, mais pas que». «Je crois que les élus sont parfaitement conscients que la répression, à elle seule, est insuffisante, qu'il faut aussi de la prévention et qu'il faut la mobilisation de chacun dans la lutte contre ses infractions.»
«Évidemment, nous avons parlé de l'incendie de la [Médiathèque Champollion] mais pas que de cet incendie mais aussi de ces points de deal qui sont visibles, de ces guetteurs qui crient à l'approche d'un véhicule de police et des réponses pénales qui peuvent être apportées», a ajouté le procureur de la République.
«La police municipale est là pour travailler sur les conséquences du trafic»
En matière de prévention, Nathalie Konders a rappelé que la Ville de Dijon est récente lauréate d'un appel à projet de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives. «Il y a aussi la prévention primaire : l'aide aux associations dans les quartiers sur le sport et la culture pour les plus jeunes», a-t-elle résumé.
«Aux côtés de l’État – puisque la lutte contre le narcotrafic relève de la compétence régalienne de l’État –, la police municipale est là pour travailler sur les conséquences du trafic : occupations de halls d'immeuble et tout ce qui peut générer ce sentiment d'insécurité ou, parfois, de l'insécurité réelle», a développé la socialiste.
France urbaine demande d'étendre les prérogatives des policiers municipaux
«À Dijon, on a augmenté les effectifs de police municipale. On travaille aussi, à l'échelon national, pour voir comment on peut augmenter certains outils pour la police municipale, c'est à dire qu'ils puissent dresser des amendes forfaitaires délictuelles pour les consommateurs lorsqu'il y a de petites quantités de stupéfiant qui sont choisies», a indiqué celle qui est également présidente de la commission sécurité de l'association d'élus France urbaine.
«Il y a surtout aussi le maillage de la vidéoprotection», a conclu Nathalie Koenders, «on travaille en lien avec le préfet, avec la police nationale, avec la justice pour qu'ils nous dise aussi à quel endroits on peut mettre des caméras.» «C'est un travail de tous dans le respect des compétences des uns et des autres. C'est un combat qu'on doit mener parce qu'il est extrêmement grave pour notre société et notre cohésion sociale.»
Propos recueillis par
Jean-Christophe Tardivon