
L'UMIH 21 s'engage auprès de la SAF France en proposant à ses adhérents de parer leurs établissements de jaune pour sensibiliser les consommateurs au risque de consommation d'alcool durant la grossesse. La ministre chargée des Personnes handicapés viendra, ce samedi 18 novembre, échanger avec des restaurateurs dijonnais.
Nouveau déplacement ministériel en Côte-d'Or pour Fadila Khattabi, cette fois pour participer notamment au Safthon afin de lutter contre l’alcoolisation fœtale.
Comme l'explique le ministère chargé des Personnes handicapées, l’association SAF France organise l'opération «Tables Jaunes» visant à porter «le message qu’il n’y a pas de consommation d’alcool sans risque durant la grossesse».
Cette opération se tient à quelques jours du 20 novembre, Journée mondiale de défense des droits des enfants, occasion de rappeler que l'alcoolisation fœtale est la première cause de handicap mental non-génétique en France.
Elle a pour objectif la sensibilisation des clients des cafés, hôtels, restaurants, discothèques participants en les parant de jaune avec les outils de prévention du Safthon. Selon le ministère, Fadila Khattabi a prévu de déambuler au centre-ville et d'échanger avec des restaurateurs.
L'UMIH 21 s'engage auprès de SAF France
Les «Tables Jaunes» sont une initiative conjointe de SAF France et de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie, visant à sensibiliser le grand public aux troubles causés par l'alcoolisation fœtale (TCAF).
«Cette campagne nationale unique s'étend aux restaurants, hôtels, cafés et bars à travers la France. En affichant des sets de table et des posters jaunes, ainsi qu'en portant des t-shirts jaunes, ces établissements deviennent des espaces de dialogue et de prévention. Le jaune, symbole de cette lutte, incarne l'espoir et l'action collective pour réduire les 15.000 cas annuels de TCAF en France», expliquent les organisateurs.
À Dijon, l'opération Tables jaunes est donc organisée en partenariat avec SAF France et l'UMIH de la Côte-d'Or. Les deux structures rappellent que les troubles causés par l’alcoolisation fœtale constituent la première cause évitable de handicap.
Jean-Christophe Tardivon
Briefing des adhérents de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie de la Côte-d'Or
Le SAF (Syndrome d’Alcoolisation Fœtale) représente la forme majeure des Troubles Causés par l’Alcoolisation Foetale (TCAF) qui peuvent survenir lorsque la future maman a consommé de l’alcool pendant sa grossesse, d’où l’intérêt de faire de la prévention.
Quelles sont les conséquences de la consommation d’alcool pendant la grossesse ?
L’alcool, même à dose modérée, est un redoutable toxique tératogène (qui provoque des malformations) qui traverse très facilement le placenta et endommage les cellules en développement du bébé, notamment celles du cerveau.
La dangerosité de l’alcool : « si c’était un médicament, il serait interdit durant la grossesse et aucune future maman ne mettrait en danger le devenir de son bébé en prenant même un quart de comprimé de ce médicament (verre de boisson alcoolisée). Il n’y a pas de consommation d’alcool sans danger durant la grossesse.
Quels sont les impacts sur le bébé ?
Les atteintes sont multiples et diverses selon le stade de développement du fœtus, la quantité et la durée de la consommation d’alcool.
Fausse couche, retard de croissance sévère, mental, malformations d’organes cœur, yeux, squelette, reins, anomalies du système nerveux central provoquant des lenteurs psychomoteurs, déficit intellectuel, problèmes de comportement et d’apprentissage...
Dans la plupart des cas, les troubles ne sont pas visibles sur le bébé qui vient de naître mais apparaissent plus tard, au moment de l’entrée en crèche ou à l’école, parfois même plus tard, lorsque le cerveau devient plus mature, vers 6-8 ans et à l’âge adulte.
Pour les autres, dont l’atteinte est plus légère, le diagnostic est souvent plus difficile. L’enfant présente des troubles de la mémoire et de l’attention, des DYS, source de difficultés scolaires. Il manifeste également des atteintes comportementales : défaut d’empathie, impulsivité, difficulté à se contrôler ...
Nombre de naissances avec ces symptômes
Aujourd’hui en France, il est estimé que 15 060 enfants par an naissent avec des TCAF, soit un bébé toutes les 30 minutes. dont 54 bébés par an en Côte d’Or, 560 en Bourgogne.
C’est beaucoup plus que le nombre d’enfants porteurs de trisomie 21 (400 naissances par an), c’est dire si le problème est de taille !
Ignorance du public et absence d’information des médecins
Il s’agit d’un fléau mondial, mais la France, contrairement à de nombreux pays, dont le Canada, gère très mal ce grave problème sanitaire et social. Dans notre pays, les risques réels de l’alcool pendant la grossesse sont méconnus du grand public et souvent négligés par les autorités de santé publique.
Un tiers des médecins généralistes n'abordent pas systématiquement la question de l'alcool lors d'un suivi de grossesse, il parlera des dangers du tabac, fera une mise en garde sur certains médicaments à ne pas prendre, mais oubliera d’alerter sur les méfaits de l’alcool.
Or, les professionnels, en diagnostiquant mal ces TCAF, peuvent relier les troubles de l’enfant à un danger dont ce dernier ferait l’objet dans le cadre de sa famille, traduisant des problèmes strictement éducatifs ou liés à un parcours de vie difficile.
Près d’un Français sur 2 déclare ne pas connaître le SAF et les troubles causés par l’alcoolisation fœtale. 4 femmes sur 10 déclarent ne pas avoir été informées des risques de consommation d’alcool par le médecin ou la sage-femme qui les suit.
En Bourgogne Franche-Comté, chez 21% des femmes enceintes, il est déclaré des consommations d’alcool durant leur grossesse alors que celle-ci était connue. 4% des femmes enceintes ont consommé au moins une fois par mois, et 2% au moins une fois par semaine !!!
Coût estimé
Ces troubles, liés aux conséquences de l’alcool pendant la grossesse, sont à l’origine de prédisposition à 400 maladies surtout psychiatriques, de décrochage scolaire, de non-insertion professionnelle et de délinquance.
Les économistes estiment que cette non prévention pour la société (en fonction des différents domaines : Justice – Santé – École – Social – Autres), coûte annuellement 20 milliards d’euros pour la France, soit 147 millions par an au Département, 735 millions d’euros pour la Bourgogne Franche Comté.
Missions du Safthon et Challenge
Le SAFTHON a un rôle de prévention, de sensibilisation et d'accompagnement.
Il permet de récolter des fonds afin de financer des actions de prévention dans les collèges (+ de 4500 collégiens sensibilisés dans une région), d’accompagner des mamans et mettre en œuvre une campagne de prévention.
Par peur d’une réponse affirmative, par manque de formation et de temps, les professionnels de santé ne posent pas encore suffisamment la question de la consommation d’alcool aux femmes désirant un enfant ou aux femmes enceintes, contrairement au tabac.
Il faut que désormais, ils aient le réflexe d’aborder le sujet.
L’association SAF FRANCE a conçu un document de mise en situation pour donner les clés aux professionnels de santé qui désirent aborder la question épineuse de la consommation d’alcool chez les femmes.
Le but est de passer de 10 % de femmes enceintes qui s’alcoolisent à moins de 2 % en 5 ans en sensibilisant le grand public.