
Le service national universel est en sursis mais les volontaires venus de toute la Bourgogne-Franche-Comté se montrent ravis de partager «une aventure humaine unique», comme ils l'ont encore signalé, ce mercredi 30 avril, lors d'une cérémonie de clôture au CREPS. «Ce séjour a d'abord été une école de la fraternité», a remarqué le préfet Paul Mourier.

Le Service national universel vit ses derniers moments, au moins sous sa forme actuelle. Loin des critiques de la Cour des comptes et des attaques du Sénat visant le SNU, 126 jeunes engagés de la promotion de printemps ont participé à la cérémonie de clôture de leur séjour de cohésion, ce mercredi 30 avril 2025, en fin d'après-midi, au CREPS Bourgogne-Franche-Comté, à Dijon.
Après avoir assisté au levée des couleurs, des volontaires ont témoigné au nom de leurs camarades – «le SNU nous a appris à nous dépasser» – et ont suivi le discours du préfet avant de pouvoir échanger avec lui.
Premier déplacement officiel simultané du préfet et de la rectrice
La cérémonie a été présidée par Paul Mourier, préfet de la Côte-d'Or, et s'est déroulée en présence notamment de Jean-Philippe Morel (PR), adjoint au maire de Dijon, Mathilde Gollety, rectrice de l'académie de Dijon, David Muller, directeur académique des services de l’Éducation nationale en Côte-d'Or, Alain Milot, directeur général des PEP Centre-Bourgogne-Franche-Comté, Brunos Dupuis, directeur départemental de l'Office national des combattants et des victimes de guerre, et Jean-Marc Clavier, directeur du Centre de ressources d'expertise et de performance sportive Bourgogne-Franche-Comté.
Il s'agissait du premier déplacement conjoint du préfet de la Côte-d'Or et de la rectrice de l'académie de Dijon depuis leur prise de fonctions respective.
Le SNU comme «expérience fondatrice autour de la cohésion, de l'autonomie et de l'engagement»
Selon la préfecture de la région Bourgogne-Franche-Comté, «le SNU offre à chaque jeune une opportunité unique de s'engager pour les valeurs républicaines, de vivre l'expérience du collectif et de développer son sens de la citoyenneté».
Dans un premier temps, le séjour de cohésion rassemble durant douze jours des jeunes venus de département différents dans un centre d'accueil. Ils mènent alors des ateliers pratiques, des activités sportives, des projets collectifs et des temps de réflexion autour des enjeux de société. Des moments permettant «une expérience fondatrice autour de la cohésion, de l'autonomie et de l'engagement».
Durant l'année scolaire 2024-2025, ont été organisés 13 séjours de cohésion (six en Côte-d'Or, deux dans le Jura, deux dans l'Yonne, un en Saône-et-Loire et un dans la Nièvre).
«SNU 21 rassemblés»
Pas de «garde à vous» ni de «repos» dans les rangs du SNU, mais des «en position» suivis de «relâchez la position» en fonction des phases de la cérémonie.
Une fois la délégation arrivée, les 126 volontaires venus des huit départements de la grande région et leurs 18 encadrants de ce séjour, allant du 21 avril au 2 mai, se mettent donc mis «en position» pour assister à la levée des couleurs comme ils le font habituellement tôt le matin. S'ensuit une «Marseillaise», chantée à l'unisson sur un rythme marqué.
«SNU 21 rassemblés, à disposition» : les volontaires peuvent «relâcher la position» et suivre les indications du chef de centre Régis Calmus.
«Le SNU nous a appris à nous dépasser»
Les représentants des compagnie rouge et bleue lisent alors un texte résumant ce que les volontaires retiennent de leur séjour de cohésion, en insistant chacun sur ce dernier mot.
Une fois passés les affres des activités physique à 6 heures 45, avant le petit-déjeuner, ou des périodes sans smartphone, les volontaires soulignent l'«esprit d'équipe» qui a animé leur séjour et la «coloration» qu'ils lui ont donné afin d'en faire «une aventure humaine unique».
«Les compétences développées ici et maintenant, nous permettront à tous de valider notre engagement et nos objectifs», indiquent-ils. «Le SNU nous a appris à bousculer nos habitudes, à nous dépasser et à sortir de notre zone de confort. (…) Nos chemins se séparent désormais mais les valeurs que nous avons développées, elles, ne partiront pas.»
«On a bien senti que vous étiez engagés dans quelque chose, que ce soit pour aller avec des corps en uniforme, ou dans le monde associatif, le monde du sport ou de la culture», résume Régis Calmus. «Pour certains, l'animation sera aussi quelque chose qui va vous attraper.»
«Vous avez démontré votre engagement»
«Ce séjour du SNU est une expérience forte», relève Alain Milot, «vous avez su créer une cohésion au-delà de vos différences et de vos parcours personnels». «Vous avez démontré votre engagement, sous toute ses formes. La solidarité et le respect ne sont pas de simples mots, ce sont des actes qu'il faut vivre au quotidien.»
«Vous incarnez les valeurs de la République auxquelles nous sommes tous profondément attachés», poursuit le directeur régional des PEP en saluant les thèmes choisis par les volontaires durant les séjour comme les Jeux paralympiques et l'environnement. «Vous repartez plus autonomes, plus conscients de vos responsabilités de citoyens.»
«Ce séjour a d'abord été une école de la fraternité»
«Je vous adresse, au nom de l’État, mes sincères félicitations», lance le préfet Paul Mourier en insistant sur «l'investissement et l'engagement» des volontaires. «Vous avez choisi de servir quelque chose de plus grand que vous : l'intérêt général.»
«Ce séjour a d'abord été une école de la fraternité», remarque le représentant de l’État, «vous êtes l'image de la jeunesse française dans toute sa diversité». «Vous avez construit un groupe solidaire. Par votre engagement, vous devenez des acteurs de la cohésion sociale, de la cohésion nationale.»
«Ce séjour avait aussi vocation a être une école de la citoyenneté», poursuit le préfet, «vous vous êtes approprié les attributs de notre souveraineté nationale, les symboles de notre identité et de notre République».
«Vous avez appris le rôle qui est le vôtre en tant qu'acteur de notre communauté politique»
Au-delà du drapeau tricolore et de l'hymne national, les volontaires ont également appréhendé «les enjeux de la lutte contre toutes les formes de discrimination», des enjeux qui «matérialisent la promesse d'égalité inscrite dans la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen».
«Vous avez eu l'occasion de mieux comprendre la teneur et les implications du principe de laïcité, condition nécessaire du vivre-ensemble et de la liberté d'expression», souligne Paul Mourier.
«En dernier lieu, apprendre la citoyenneté, c'est faire sien les usages démocratiques», conclut-il. «Vous avez appris le rôle qui est le vôtre en tant qu'acteur de notre communauté politique et de notre contrat social : débattre, opposer les points de vue, confronter les arguments mais toujours se retrouver autour d'un projet commun qu'il soit celui de votre maisonnée au cours de ces douze jours ou qu'il soit celui plus grand de notre nation.»
Alors que quelques volontaires sont victimes de malaise sous le soleil de la vague de chaleur qui traverse la France, le préfet salue leur prise en charge par les tuteurs ainsi que l'infirmière du CREPS et remarque que leurs camarades ont aussitôt «resserré les rangs» : «cela illustre parfaitement l'esprit de cohésion.»
Une expérience différente de ce qui est vécu dans les établissements scolaires
«Le SNU es une expérience personnelle et collective», commente Paul Mourier, interrogé par
Infos Dijon à l'issue de la cérémonie, «c'est ce que représente notre société, on est un mais on forme un tout». «Je pense que, par les activités très diverses qu'ils font, par le fait de vivre ensemble, du matin assez tôt jusqu'au soir, ça crée véritablement de la cohésion, de la fraternité (…) et, en fin de compte, de l'engagement citoyen au service d'une nation.»
«Ces séjours de cohésion résonnent complètement avec les valeurs de notre école de la République», remarque Mathilde Gollety, «[les volontaires] ont l'occasion, à travers ce vivre-ensemble, d'expérimenter ce qu'est l'entraide, la transmission, la connaissance vue sous un angle un peu différent ce qu'ils voient sur les bancs de l'école».
Un SNU en sursis
Au niveau national, depuis le lancement du SNU en 2019, à la suite d'une promesse de campagne d'Emmanuel Macron en 2017, 140.000 volontaires ont participé à un séjour de cohésion. Une enquête de l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (INJEP) note un plébiscite du SNU de la part des volontaires avec un taux de satisfaction de 96%.
Après un déploiement initial dans 13 départements, le gouvernement souhaitait général le SNU à l'ensemble d'une classe d'âge d'ici 2027. Néanmoins, un rapport de la Cour des comptes de 2024 a alerté sur un coût «largement sous-estimé» tandis que les objectifs apparaissent encore «mal compris par le grand public».
Lors de l'examen de la loi de finances pour 2025, les sénateurs ont supprimé les crédits alloués au SNU. Toutefois, la commission mixte paritaire entre le Sénat et l'Assemblée nationale a restauré une partie de ces crédits dans le budget 2025.
Dans la foulée, la ministre des Sport Marie Barsacq a lancé une mission parlementaire pour «repenser le SNU» en vue de l'année scolaire 2025-2026.
Le préfet Paul Mourier souligne «la réussite» des séjours de cohésion
Le préfet de la région Bourgogne-Franche-Comté préfère noter «la réussite» de ce séjour de cohésion en particulier : «cette session, comme les précédentes, connaît un succès absolument certain». «Je pense que l'engagement qu'ils ont, il faut qu'en retour, l’État ait le même engagement.»
«La ministre d’État [Élisabeth Borne] a réaffirmé son plein soutien au SNU, se service offert à nos jeune qui apporte beaucoup à notre jeunesse», précise même la rectrice de l'académie de Dijon.
Cap sur la mission d'intérêt général
La cérémonie terminée, les échanges se poursuivent lors d'un temps de convivialité durant lequel plusieurs volontaires interrogent le préfet et la rectrice sur leurs fonctions.
Le séjour de cohésion est validé par la remise d'un Passeport citoyen et sera prolongé individuellement par une mission d'intérêt général se tenant dans les territoires respectifs des volontaires.
Jean-Christophe Tardivon



















































