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23/04/2021 18:53
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DIJON : «Force restera à la loi, d'une manière ou d'une autre», avertit le préfet à propos du chantier de Garden State

Alors que les tensions entre les activistes et les forces de l'ordre perdurent avenue de Langres, le préfet de la Côte-d'Or appelle à «l'esprit de responsabilité» ce vendredi 23 avril.
Le préfet de la Côte-d'Or a tenu une conférence de presse pour éclairer la situation liée à l'évacuation des occupants des Jardins de l'Engrenage qui occupait illégalement les terrains depuis le 17 juin 2020 (lire notre article).

Le message préfectoral de ce vendredi 23 avril 2021 ressemble à un appel au calme qui pourrait bien se transformer en avertissement si les agressions contre les forces de sécurité perdurent autour du chantier immobilier de Garden State, avenue de Langres à Dijon.


«Une forme d'enracinement était en train de se produire»


L'opération policière du 20 avril dernier avait surpris les jardiniers par son ampleur (lire notre article) et une partie d'entre eux ont poursuivi les actions autour de la maisonnette dont les occupants ont un délai avant d'être expulsés.

«Les forces de police et de gendarmerie sont intervenues sur une partie du site en application d'une décision de justice qui ordonnait l'expulsion des occupations illégales sur ce terrain», rappelle le représentant de l’État qui «s'apercevait que progressivement une forme d'enracinement était en train de se produire» au niveau des Jardins de l'Engrenage.

L'objectif étant de permettre à Ghitti Immobilier la construction de 330 logements (le promoteur présente le projet sur un site web). «Une construction dûment autorisée par les autorités compétentes qui n'avait fait l'objet d'aucun recours», souligne le préfet.

«Les forces de police et de gendarmerie n'ont eu de cesse de se voir agressées par quelques individus»


Ce jour-là, 30 policiers ont été renforcés par 80 gendarmes mobiles, un équipage de la gendarmerie départemental et des agents de la zone de sécurité publique. Soit une centaine de personnels des forces de sécurité intérieure. Fabien Sudry salue «l'engagement et le professionnalisme de nos forces de l'ordre qui interviennent dans des conditions difficiles».

«Dans le cadre de cette opération, les forces de police et de gendarmerie, qui agissent dans le cadre de la loi, n'ont eu de cesse de se voir agressées par quelques individus qui ont, à leur encontre, jeté des projectiles divers, utilisé des cocktails Molotov, des pierres, dans des contions de grande violence. Il y a eu des faits extrêmement graves. (…) C'est aussi à l'égard des ouvriers qui travaillent sur ce chantier pour assurer les premiers terrassements de cette construction», explique Fabien Sudry en précisant que, s'il n'y a pas eu de blessé, «les forces de l'ordre ont pris de grand risque dans cette opération».

«Rien ne justifie cette violence, ces débordements me paraissent totalement intolérables. (…) En République, il peut y avoir des débats. C'est la liberté. Les débats s'organisent dans le cadre démocratique, dans le respect mutuel, dans l'écoute mutuelle et à travers le suffrage universel», déclare le préfet qui estime que la réaction des activistes «ressemble» à une sortie du cadre républicain.

Parmi les six personnes interpellées le 20 avril dernier, deux ont été libérées et quatre ont été convoquées par un officier de police judiciaire avant une future audience devant le tribunal. «Sous l'autorité du parquet, des investigations sont en cours», signale le préfet pour identifier des auteurs d'agressions à l'encontre des agents des forces de sécurité intérieure.

«J'espère que l'esprit de responsabilité l'emportera»


«Construire des logements dans notre pays, c'est une réelle nécessité. Nous avons besoin pour loger, notamment les jeunes sur le département et à Dijon, de logements qui soient accessibles et abordables. Ces logements, il est naturel de les construire dans les villes. Je perçois mal ces conceptions malthusiennes qui négligent la réponse à un besoin fondamental de nos concitoyens d'être logés dans de bonnes conditions», ajoute-t-il.

Le site n'est pas une zone agricole et ne bénéficie pas de protection particulière en faveur de la biodiversité, ce qui amène le préfet à déclarer que «dans le cas présent, la justification de la défense de l'environnement n'est pas crédible». «Je m'interroge de celles et ceux qui se livrent à de tels débordements puisque personne n'est agressé dans cette affaire», glisse-t-il également.

«Il est difficile d'admettre, dans un pays organisé comme le nôtre, que l'immense majorité de nos concitoyens, par leur travail – et souvent un travail dur – accèdent à la propriété du fruit de leur travail et qu'une poignée d'individus s'affranchissent de toute règle pour occuper les terrains d'autrui. C'est tout à fait contraire à l'égalité des citoyens devant la loi qui est un des fondements de notre organisation républicaine», considère le préfet, ajoutant : «j'espère que l'esprit de responsabilité l'emportera».

«Les premiers travaux de terrassement ont été engagés. Pour l'avenir, nous restons en contact étroit avec la ville de Dijon et le constructeur et suivrons l'avancée des travaux.  S'il le faut, de nouvelles interventions de police sont bien entendu possibles. Au bout de cette affaire, force restera à la loi, d'une manière ou d'une autre», conclut le préfet.

Une trentaine de policiers mobilisés sur le site


Depuis le 21 avril dernier, une trentaine de policiers de la sécurité publique de la Côte-d'Or sont mobilisés pour répondre aux actions de la cinquantaine de militants qui souhaitent reprendre pied sur le site. De la part des activistes, «il y a eu des appels à des personnes venant d'autres sites, situés en particulier sur Dijon et sur d'autres territoires», indique le préfet.

Les manifestations annoncées par les soutiens des Jardins de l'Engrenage pour les 24 et 25 avril ne sont pas déclarés auprès de la préfecture de la Côte-d'Or : «elles ne sont pas légales donc les forces de police veilleront au maintien de l'ordre public». «Je rappelle, s'agissant de la manifestation de vente de graines [prévue ce dimanche sur le site], que l'on est dans un contexte de crise sanitaire et qu'il y a des règles à respecter», insiste Fabien Sudry.

«La défense des points de vue doit se faire de manière démocratique»


Le préfet ne reconnaît pas la notion de «zone à défendre» qui a émergé notamment lors de la contestation du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes, et qui se diffuse également en Bourgogne-Franche-Comté avec des sites répertoriés où des militants sont appelés à se mobiliser.

Selon Fabien Sudry, «dans un pays libre comme le nôtre, la seule autorité légitime, en application de la loi républicaine, c'est celle de l’État qui a à répondre de ses agissements, qui le fait clairement devant nos concitoyens. La défense des points de vue doit se faire de manière démocratique. Le rapport de forces n'est pas admissible. La loi républicaine n'est pas la loi du plus fort ni du plus influent, c'est la loi qui doit protéger tous, à égalité».

Propos recueillis par Jean-Christophe Tardivon

Le préfet interdit les manifestations sur une partie du centre-ville ce samedi 24 avril



Le mardi 20 avril 2021, les premières opérations de terrassement de Garden State s'effectuent sous protection des forces de sécurité intérieure (image d'archives Alix Berthier)


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