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25/11/2021 03:28

DIJON : François Rebsamen fracture l'opposition écologiste

Le groupe de six élus écologistes issu des élections municipales de juin 2020 s'est divisé en deux sur la question-clé du positionnement par rapport au Parti Socialiste. Le premier conseil municipal du nouveau groupe l’Écologie pour vous a été celui de ce lundi 22 novembre.
En offrant des délégations à des conseillers municipaux écologistes qui participaient à un groupe d'opposition, François Rebsamen (PS) amène le dit groupe à se diviser.

Sur les six élus qui siégeaient dans le groupe Écologistes et citoyens, trois rejoignent la majorité municipale. «Ils rentrent au bercail», déclara le maire de Dijon ce lundi 22 novembre 2021 en marge du conseil municipal.

La révolte des supplétifs du PS


Cette formulation confirme que dans l'esprit du socialiste, la gauche plurielle – coalition initiée par Lionel Jospin en 1997 allant des chevènementistes aux communistes en passant par l'écologie politique – constitue le cadre indépassable de l'alliance entre la social-démocratie et l'écologie politique. Ce, d'autant plus, que François Rebsamen milite pour l'ancrage de cette alliance au sein de ce qu'il appelle la social-écologie.

Du côté d'Europe Écologie Les Verts, l'approche est inverse. Après des décennies a avoir été considérés comme les «supplétifs» du Parti Socialiste, les Verts n'entendent rien moins que profiter de la faiblesse du PS pour prendre les rênes de l'attelage. Dans le cadre de la campagne pour l'élection présidentielle de 2022, Yannick Jadot – candidat d'EELV – rêve de voir Anne Hidalgo – candidate du PS – le rejoindre et le soutenir.

L'hégémonie en question


Cette perspective nationale explique en partie la situation dijonnaise. L'histoire de l'écologie politique également. Car à l'hégémonie du PS sur la gauche – héritée du travail de rassemblement produit par François Mitterrand pour conquérir l’Élysée – fait écho la relative domination des Verts sur l'écologie politique constituée d'une myriade de partis.

En fonction de leur façon d'intégrer ou non des doctrines anticapitalistes et identitaires, les partis relevant de l'écologique politique vont de l'extrême-gauche au centre-droit. Des positionnements idéologiques qui rendent parfois difficiles à tenir des alliances électorales.

Revendiquant le principe de subsidiarité – comprendre à chaque échelon du mille-feuille territorial, une stratégie – les Verts se sont positionnés différemment par rapport au PS lors des trois séquences locales qui se sont déroulées en un an.

La subsidiarité en pratique


Aux municipales à Dijon, en 2020, EELV s'est allié avec Génération Écologie, historiquement mouvement de centre-gauche, actuellement présidé par l'ancienne ministre socialiste Delphine Batho qui se revendique de «l'écologie intégrale démocratique». Localement, Karine Savina représente Génération Écologie.

Autre alliée, l'Alliance Écologiste Indépendante, mouvement centriste conduit par le militant vegan Jean-Marc Governatori. Fabien Robert, par ailleurs président de l'association de défense de la cause animale Combactive, représente le parti.

Autonome jusqu'au second tour, l'alliance était conduite par Stéphanie Modde, préférée à Catherine Hervieu (EELV) par les militants dijonnais. L'autre nom à retenir est celui de Patrice Chateau (EELV), adjoint au maire dans la mandature précédente, notamment chargé d'augmenter la part de produits bio dans la restauration scolaire.

Pour les régionales en Bourgogne-Franche-Comté, en juin 2021, Stéphanie Modde conduisait également une alliance similaire, fortement teintée de Verts, et à la suite d'une fusion avec la liste de la socialiste de Marie-Guite Dufay, a vu l'élection de quatre EELV, une Génération Écologie et une Cap 21. Après un accord de mandature, le groupe des Écologistes et solidaires participe à la majorité régionale.

Pour les départementales en Côte-d'Or, en juin 2021 également, Catherine Hervieu s'est positionnée d'emblée en faveur d'une alliance d'EELV avec le PS et Génération.s. Catherine Hervieu – par ailleurs conseillère municipale de Dijon – est aujourd'hui vice-présidente du groupe d'opposition mené par Christophe Avena (PS) – par ailleurs conseiller municipal de Dijon dans la majorité.

Deux délégations pour les nouveaux alliés écologistes


On le voit, aux yeux des électeurs, la nuance entre incohérence et subsidiarité peut apparaître ténue. Dans ce contexte, des fissures dans une alliance peuvent permettre d'enfoncer un coin afin de fracturer l'édifice.

Parmi les élus du nouveau groupe, il sera accordé une délégation à la Ville et une délégation à la Métropole. «Ils étaient avec nous avant, ils auraient bien aimé venir entre les deux tours, (…) ils commencent à revenir», commente François Rebsamen. Une façon de dire qu'il garde la main tendue pour voir, sait-on jamais, le «retour au bercail» d'autres élus écologistes dijonnais après les élections de 2022.

À noter que la majorité municipale dijonnaise comprenait déjà des élus écologistes soit participant depuis plusieurs années à la politique de François Rebsamen comme Jean-Patrick Masson (ex-EELV, aujourd'hui indépendant), Benoît Bordat (Cap 21) et Marien Lovichi (ex-UDE, aujourd'hui Modem) soit l'ayant rejointe en juin 2020 comme Ludmila Monteiro et Vincent Testori (tous les deux ex-UDE, aujourd'hui Modem).

Le conseil qui entérine la division


Ce lundi 22 novembre, le groupe l’Écologie pour vous tient donc son premier conseil municipal. Il est constitué de Karine Savina (GE), présidente, de Fabien Robert (AEI) et de Patrice Chateau (sans étiquette). Ce dernier étant amené à quitter EELV.

Dans un communiqué, Karine Savina a indiqué que les élus étaient «impatients de travailler concrètement à la conception, à la mise en œuvre et au suivi des projets existants et à venir». Être dans l'opposition peut effectivement se révéler assez ingrat. La présidente du nouveau groupe a surtout souligné la «cohérence avec le département et la région», autant dire le rassemblement de la gauche et le travail avec les socialistes (lire le communiqué). La démarche de Karine Savina s'est fait en réflexion avec le parti, elle est donc soutenue par les différents échelons de Génération Écologie.

Face à cela, dans un autre communiqué, Stéphanie Modde a revendiqué une «écologie des solutions» versus «une écologie diluée dans un ensemble de politiques parfois contradictoires» – comprendre la politique menée par François Rebsamen – et a qualifié le ralliement de ses anciens colistiers d'«aventure personnelle» (lire le communiqué).

L'ambiance est d'ailleurs assez fraîche ce lundi soir sur la ligne de tables puisque les six protagonistes, désormais divisés en deux groupes, siègent toujours côte-à-côte. Catherine Hervieu absente, seul Fabien Robert tentera de faire le lien et ira ponctuellement échanger avec les Verts Stéphanie Modde et Olivier Muller.

Durant la session, les deux groupes s'attacheront à faire apparaître leurs nuances entre adhésion teintée de critique pour le nouveau et opposition constructive pour le groupe initial.

Jean-Christophe Tardivon

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