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31/03/2022 20:22

DIJON : «Il y a 30% de zones naturelles dans le territoire métropolitain», souligne François Rebsamen

Une modification du plan local d'urbanisme le 24 mars dernier a offert aux oppositions l'opportunité de critiquer la politique du président de la Métropole de Dijon. François Rebsamen a qualifié de «faux débat» les arguments d'une soixantaine de manifestants présents devant l'entrée du bâtiment.
Les élus participant au conseil métropolitain du jeudi 24 mars 2022 ont été accueillis par une manifestation d'une soixantaine de personnes devant le siège de Dijon Métropole. Aux militants anarchistes et écologistes défendant le «quartier libre des Lentillères» s'étaient associés des riverains protestant contre la première modification du plan local d'urbanisme votée ce même soir.

Alors que François Rebsamen (PS), maire de Dijon et président de la Métropole, avait précisé son approche d'une forme de légalisation de la culture maraîchère aux Lentillères, les manifestants ont réaffirmé leur méfiance devant la proposition.

Un nouveau pacte financier et fiscal


«Il y a un peu d'animation dehors», glisse François Rebsamen en début de conseil avec ironie alors que les sons de la manifestation parviennent jusque dans l'hémicycle.

Parmi les premiers dossiers, l'assemblée s'est penchée sur le pacte financier et fiscal passé entre la Métropole et les communes. Pacte financier parce qu'il diminue de 2 millions d'euros la dotation de solidarité communautaire versée par la Métropole aux communes, ce qui soulage ainsi les finances de Dijon. Pacte fiscal parce qu'il augmente la fiscalité directe de la collectivité en passant le taux métropolitain de la taxe foncière sur les propriétés bâties de 0,61% à 1,41%. L'augmentation d'un million d'euros des redevances liées aux déchets fait également partie du pacte.

Lors des débats, Patrick Chapuis (LR), maire de Fontaine-lès-Dijon rappelle que, depuis 2004, il désapprouve la répartition de la dotation de solidarité communautaire, peu favorable à sa commune. De ce fait, il se félicite que la baisse décidée ait «moins d'impact» sur Fontaine-lès-Dijon. Il vote contre.

Le maire de Marsannay-la-Cöte, Jean-Michel Verpillot (sans étiquette), regrette que le «scénario» de pacte élaboré par la Ville de Quetigny et présenté préalablement aux maires n'ait pas été retenu. La méthode employée pour élaborer ce pacte le conduit à s'abstenir.

Dans la foulée, Lionel Sanchez (sans étiquette), maire de Bressey-sur-Tille s'abstient également.

Pour rassurer ces maires notamment, Rémi Détang (PS) rappelle qu'un bilan intermédiaire sera effectué pour envisager les trajectoires de chaque commune.

Poursuivant les débats, Olivier Muller (EELV) et Adrien Guené abordent avec des approches opposées les clés de répartition en fonction du parc social des communes .

Le pacte financier est adopté à une large majorité malgré six votes contre venant principalement de l'opposition dijonnaise et six abstentions venant de différentes communes.

500 millions d'euros d'investissement durant la mandature


Le débat d'orientation budgétaire est présenté par Jean-Claude Girard (sans étiquette), maire d'Ouges. La collectivité poursuit son désendettement, réduit à 296,6 millions d'euros en 2021, soit une capacité de désendettement de 5 ans, correspondant au niveau de 2019, avant le «trou d'air» de 2020.

La Métropole envisage 500 millions d'euros d'investissement sur la mandature dont 90 millions d'euros en 2022 dont le dossier de l'hydrogène (3,5 millions d'euros sont notamment fléchés pour l'acquisition de bennes à ordure fonctionnant à l'hydrogène et l'adaptation des installations).

La Métropole en attente de la «solidarité» du Département


La modernisation du centre de tri sera cofinancée avec l'ADEME et représentera un budget de 25 millions d'euros. En amont du conseil métropolitain, François Rebsamen a indiqué qu'il demanderait à ce sujet une subvention de 4 millions d'euros au conseil départemental de la Côte-d'Or, subvention qui pourrait faire baisser la redevance ensuite appliquée aux intercommunalités recourant au centre de tri métropolitain.

Le président de la Métropole espère que le Département se montrera «solidaire» des communautés de communes tandis que la Métropole «aide beaucoup» le département.

Emmanuel Bichot déplore «le choix trop radical» de l'hydrogène


Durant les débats, Emmanuel Bichot (LR) revient sur «la dérive spectaculaire» du contrat On Dijon et propose, par souci d'économie, d'utiliser pour le remplacement de l'éclairage public de simples ampoules LED plutôt que des ampoules LED télégérées qui pourraient être réservées à des points particulier.

L'opposant déplore «le choix trop radical» de l'hydrogène avec «un coût budgétaire disproportionné par rapport au gain écologique attendu» tandis que «des investissements importants sont sacrifiés en particulier la voirie ou la protection des espaces naturels».

L'hydrogène, «appel d'air pour toujours plus de déchets», selon Olivier Muller


Pour sa part, Olivier Muller rappelle le «rôle crucial des collectivités pour protéger les plus fragiles» et salue «l'effort important d'investissement» prévu pour 2022. Pour autant, l'écologiste réitère ses alertes visant à «construire des filières vertueuses viables sur des décennies» et critique le choix de l'hydrogène, «appel d'air pour toujours plus de déchets» puisque basé sur la production d'énergie de l'incinérateur.

L'opposant compare les budgets attribués à la transition alimentaire à ceux de On Dijon : «de la politique techno à la dystopie, la frontière est mince», lance-t-il tandis que les autres élus le regardent avec une certaine perplexité.

Pour conclure une intervention à contre-courant, Olivier Muller dénonce «le chauffage des pelouses du DFCO». Quelques instants plus tard, Karine Huon-Savina (GE), qui a rejoint la majorité dijonnaise, préférera saluer «la rénovation énergétique d'un gymnase» et proposera la création d'un «coach digital» pour accompagner les citoyens dans les économies d'énergie.

Le «faux débat» des opposants au plan local d'urbanisme


Le sujet de la première modification du PLUi-HD, le plan local d'urbanisme, est examinée après une présentation par Pierre Pribetich (PS). En marge du conseil métropolitain, le premier vice-président a balayé les calculs qui circulent parmi les opposants des Lentillères : «faux !».

De la même façon, François Rebsamen a dénoncé un «faux débat» à propos de l'estimation de logements construits du fait du contrat de relance de la construction durable signé avec l’État (lire notre article) : «on a dit qu'on allait construire 10.000 logements et on pensait augmenter la population pour atteindre 170.000 habitants sur la ville de Dijon. Ce sont de grands objectifs». Les 10.000 logements sont donc une indication et non pas un plafond.

«Sur l'ensemble de la Métropole, du PLUi-HD, il y a 16.000 logements en tout sur la période, 1.000 en réhabilitation, essentiellement les baux anciens, et 15.000 dont 10.000 pour Dijon. Ça reste des ordres de grandeur. (…) C'est faux aussi, on ne construit plus dans les quartiers d'habitat pavillonnaire, il faut lire le PLUi-HD. (…) Il y a maintenant des gens qui nous écrivent en protestant qu'ils ne peuvent pas vendre leur maison à des promoteurs. (…) Je signale l'opération dite de la chapelle Saint-Louis où, sous l'autorité du maire de Dijon, on a réussi à convaincre le promoteur qui voulait déconstruire la chapelle, on a sauvé une chapelle», a expliqué le premier vice-président.

«Les mêmes qui protestent vont demander le soir à des élus d'avoir des logements pour leur fille ou leur fils», glisse-t-il à propos de manifestants.

Pour sa part, François Rebsamen a préféré mettre en avant les espaces boisés classés et autres espaces d'intérêt paysager et écologique recensés dans le PLUi-HD, soit «7.203 hectares de zones naturelles, je le redis, il y a 30% de zones naturelles dans le territoire métropolitain».

Alors que les 200 hectares des zones d'activités économiques Ecoparc et Beauregard concentrent les critiques des écologistes notamment, le président de la Métropole met en balance les 230 hectares du plateau de la Cras : «en 2004, les maires de Saint-Apollinaire et Quetigny ont mis à disposition une zone à urbaniser à vocation économique, heureusement qu'ils l'ont fait, elle est depuis longtemps incluse dans les prévisions de zone à urbaniser à vocation économique, ça vaut pour Beauregard. (…) On n'a pas rajouté de grandes zones. On rajoutera peut-être Valmy II ou Valmy III qui est prévue à l'urbanisation à terme. (…) Entre temps, on a supprimé à l'urbanisation le plateau de la Cras qu'on a transformé en zone vini-viticole et fermière. (…) Ce qui était prévu, c'était comme Talant et le Belvédère. (...) Tout ça fait un équilibre entre les terrains qui sont nécessaires pour le développement économique. (…) On n'installe pas les grandes sociétés logistiques aujourd'hui. Il y en a partout en France, on n'en prend pas. Le tout-petit Amazon, c'est la réhabilitation d'un bâtiment industriel en friche».

«La régulation des programmes immobiliers n'est pas à l'ordre du jour», selon Stéphanie Modde


En séance, Pierre Pribetich indique que l'enquête publique a relevé 373 observations portant sur le PLUi-HD et a conduit à 12 recommandations intégrées à la modification comme le maintien – et non la diminution – du coefficient de biotope à Dijon.

«Le résultat modifie à la marge le contenu sans en changer certaines lacunes», lance Stéphanie Modde (EELV) durant les débats, «on voit bien que la régulation des programmes immobiliers n'est pas à l'ordre du jour». Et de demander «une refonte du PLUi-HD qui s'accompagne d'une vaste concertation citoyenne».

À son tour, l'élue des Verts commente la main tendue aux occupants des Lentillères : «au bout de longues années, vous vous réappropriiez la totalité des propositions écologistes, j'espère que l'avenir se fera sans violence avec une volonté d'écoute réciproque».

Par ailleurs, dans le quartier Mirande, Stéphanie Modde se félicite que «la maison du colonel», propriété de l’État, soit désormais couverte par une aire protégée.

Pierre Pribetich répond en indiquant qu'une révision du plan local d'urbanisme durerait «4 à 5 ans» avant de lancer : «vous qui êtes à la Région, aidez-nous à transformer les logements insalubres»

«Une politique d'urbanisme agressive qui heurte les Dijonnais et les Grand-Dijonnais», selon Laurent Bourguignat


«L'excès de la politique d'urbanisme de la Métropole n'échappe pas à la commission d'enquête», bondit Laurent Bourguignat (LR-Libres) pour qui «la production de logement doit être adaptée aux besoins». Il pointe notamment la «réserve très claire de la commission d'enquête sur la densification excessive du quartier Voltaire. (…) Elle confirme une politique d'urbanisme agressive qui heurte les Dijonnais et les Grand-Dijonnais».

L'opposant réagit lui aussi au sujet des Lentillères : «à titre personnel, je vous soutiens dans votre combat contre les barricades, contre les zones de non-droit, contre le zadisme, etc.. (…) L'idée d'inscrire ses terres nourricières dans le projet alimentaire territorial fait tout à fait sens».

«Vous êtes tellement excessif qu'à la fin, les gens ne votent pas pour vous», réagit François Rebsamen selon qui la modification du PLUi-HD en lien avec la phase II du Quartier des Maraîchers ne pourra se faire qu'à la suite d'une négociation avec les occupants des Lentillères.

«La densification se confirme», selon Emmanuel Bichot


Avant d'entamer le cœur de son propos, Emmanuel Bichot prend soin de rappeler ses «préoccupation en matière d'environnement, d'adaptation au changement climatique et du respect du patrimoine».

«La densification se confirme», résume l'élu des Républicains avant de considérer que «la trame verte est toujours autant menacée par les nombreuses projets de construction en bordure de l'Ouche». L'opposant salue néanmoins «une avancée pour limiter la diminution des espaces verts dans les faubourgs».

Malgré huit votes contre et trois abstentions, le rapport validant les modifications du plan local d'urbanisme sera finalement adopté à une large majorité.

Jean-Christophe Tardivon

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