Dans le cadre de la mobilisation de trois sections de la CRS 45 toute la semaine à Dijon et Chenôve, le préfet Fabien Sudry est allé saluer les policiers ce mercredi 21 septembre. Ils ont expliqué comment s'organisait le deal à la faveur de la configuration des ensembles urbains.
Dans le cadre de la lutte contre les trafics de stupéfiants, une soixantaine de policiers sont temporairement présents cette semaine pour renforcer leurs collègues à Dijon et Chenôve.
Cette lutte est revendiquée par le préfet de la Côte-d'Or comme une «priorité absolue» (
lire notre article). Ce mercredi 21 septembre 2021, Fabien Sudry est allé encourager les effectifs, notamment ceux mobilisés dans le quartier des Grésilles.
Coordination entre les policiers dijonnais et les sections de la CRS 45
Le dispositif engage trois sections de la Compagnie républicaine de sécurité 45 basée à Chassieux (Rhône) ainsi que la section d'intervention de la sécurité publique de Côte-d'Or et la brigade spécialisée de terrain, soit 80 personnels en tout.
Ils sont supervisés par le commissaire général Christophe Pernette-Tixier, directeur départemental adjoint de la sécurité publique de Côte-d'Or, qui souligne «l'excellente coordination entre les personnels qui viennent de la région lyonnaise et nos propres forces qui connaissent bien le terrain». «Cela permet de bien articuler une présence optimisée.»
Les trafiquants s'adaptent à l'urbanisme
Les secteurs parcourus sont le quartier du Mail à Chenôve ainsi que le
quartier des Grésilles à Dijon. Une réquisition du procureur de la
République de Dijon couvre l'ensemble des interventions de la semaine.
Les policiers arrivent tôt sur le secteur identifié pour déstabiliser les trafiquants. Toute la journée sont effectuées des surveillances discrètes ou des patrouilles dynamiques – pour être vus de la population cette fois – au milieu des ensembles urbains dont la configuration permet aisément la surveillance, l'organisation du trafic et la fuite des protagonistes.
Les opérations de rénovations urbaines sont justement pensées pour limiter ces possibilités de cache et de fuite.
«Cela se passe en plein milieu de l'esplanade»
Ce mercredi, un ensemble de l'avenue Champollion est particulièrement inspecté. «C'est en plein travaux de rénovation. Là, on a le chemin qui permet de fuir sur la promenade de la Redoute, pour les guetteurs ou les revendeurs», commente un policier.
«Cela se passe en plein milieu de l'esplanade. Un passage permet la fuite pour prévenir», poursuit-il. «On a les tarifs sur les portes. (…) On a ce qu'on appelle des
choufs [NDLR : «regarder» en arabe] répartis dans un rayon de 400 mètres qui préviennent en criant 'arah' à chaque passage de police. Ils cernent complètement le bâtiment et peuvent prévenir avec 200 mètres d'avance la présence policière. Ils peuvent passer dans les bâtiments et rentrer chez des gens qui ont laissé leur porte ouverte moyennement rémunération. Dans d'autres bâtiments, il y a des nourrices, des personnes qui sont rémunérées ou complices pour stocker des quantités de produits stupéfiants.»
«Au milieu, on a entre 10 et 60 clients en attente pour toutes sortes de produits herbe, résine, cocaïne, héroïne... Un vendeur sur place va servir après qu'un banquier ait récupéré l'argent de tous les clients et passé les commandes. Après, les produits sont distribués et les clients repartent dans tous les sens», complète-t-il.
Deux interpellations en trois jours
Depuis lundi, deux interpellations ont déjà été effectuées aux Grésilles dont un mineur de quinze ans en possession de 1.100 euros en liquide. «Un client fidèle qui revient tous les quinze jours à l'Hôtel de Police», signale un policier. Des stupéfiants ont été découverts dans une cachette, représentant l'équivalent de 1.700 euros.
En juillet dernier à Chenôve, le directeur départemental de la sécurité publique avait pointé un «un trafic d'êtres humains» lié au business de la drogue, du fait du recours à des enfants, venant parfois d'autres départements (
lire notre article).
«Harceler» les points de deal
«Il y a sur l'agglomération des points de deal qui se sont un peu enracinés, nous souhaitons y mettre fin, harceler toutes celles et ceux qui s'adonnent à cette activité qui perturbent considérablement la vie et la tranquillité de nos concitoyens des quartiers et qui peuvent déboucher sur des trafics criminels», a indiqué le préfet.
«Nous avons quotidiennement des opérations qui sont menés sur l'agglomération de Dijon», a-t-il ajouté. La préfecture recense environ mille opérations depuis le début de l'année au niveau de la métropole, ce qui a conduit à 250 interpellations. À l'échelle de la Côte-d'Or, en 2022, la saisie de produits stupéfiants représente l'équivalent de 19,2 millions d'euros.
Jean-Christophe Tardivon