
Ce mardi 21 janvier, les acteurs économiques de la Cité internationale de la gastronomie et du vin ont établi un bilan de 2024 et se sont projetés dans la troisième année de l'équipement culturel et touristique.
Lancée en fanfare en mai 2022 (
lire notre article), la Cité internationale de la gastronomie et du vin correspond au volet touristique et culturel d'un vaste projet immobilier d'Eiffage, entreprise qui est intervenue pour réhabiliter la friche de l'ancien hôpital général de Dijon.
Dans les premiers temps, l'équipement participant au réseau imaginé pour incarner la labellisation UNESCO du Repas gastronomique des Français a souffert des conséquences de la crise sanitaire, de la mauvaise image laissée par la fermeture de son équivalent lyonnais (
lire notre article) et d'un manque de lisibilité auprès des Dijonnais entre commerce, tourisme et culture.
À près de trois ans du lancement, les différents composantes de l'équipement atteignent leur vitesse de croisière ainsi que l'ont exposé les représentants de chaque structure au moment d'établir le bilan de l'année 2024 et d'envisager les perspectives pour l'année en cours, ce mardi 21 janvier 2025, dans les locaux même de la Cité. À une exception près, les indicateurs économiques sont au vert pour l'ensemble de ces composantes.
Le chiffre d'affaires de l'antenne dijonnaise de l’École des vins de Bourgogne augmente de 10%
Les dégustations immersives ont pour but de «toucher des personnes novices et celles qui s'y connaissent», explique Chloé Butet, directrice marketing de l’École des vins de Bourgogne, «au cœur de Dijon, vous avez une immersion globale dans l'histoire viticole et la dégustation».
À l'entrée de la Route des Grands Crus, l'espace de l'école du BIVB constitue ainsi une «porte d'entrée stratégique» du point de vue l'interprofession.
«2024 s'est bien passée pour nous», se félicite Chloé Butet qui revendique des hausses de la fréquentation de 5% et du chiffre d'affaires de 10% par rapport à 2023. «Des fidèles Dijonnais et de la région viennent dès qu'il y a de nouvelles thématiques ponctuelles, liées à l'activité de la Cité de la gastronomie.»
En 2025, l’École des vins de Bourgogne continuera de proposer des ateliers du mardi au dimanche. Au premier trimestre s'ajouteront des ateliers thématiques : vin et chocolat au moment de la Saint-Valentin ou encore crémants du Châtillonnais au moment des 50 ans de la fête du Tape-Chaudron.
L’École Ferrandi Paris lance de nouvelles sessions de CAP
Le campus dijonnais de l'école de gastronomie Ferrandi Paris forme principalement des adultes en reconversion professionnelle qui passent un CAP. Le site est prisé par «des élèves qui viennent de l'international pour apprendre la cuisine et la pâtisserie françaises», explique Stevy Antoine, responsable du campus. Sans oublier des
masterclass plutôt destinées aux habitants de la région.
Progressivement, le campus se rapproche de ses objectifs économiques. Il compte les atteindre en lançant quatre nouvelles sessions de formation dans l'année, deux en cuisine, deux en pâtisserie.
Le cinéma Pathé Dijon surperforme
«Le cinéma Pathé de la Cité de la gastronomie poursuit son développement», signale Valérie Sutter, directrice des cinémas Pathé de l'agglomération dijonnaise.
La fréquentation s'inscrit en hausse de 9% en 2024 par rapport à 2023 quand l'ensemble des cinémas en France enregistraient une petite progression de 1%. À noter que 25% des spectateurs ont opté pour un programme de fidélité, allant de la carte de trois places en un mois à 24 euros jusqu'au Ciné Pass illimité.
Le cinéma développe des synergies avec d'autres acteurs de la Cité
Si les films français ont suscité l'engouement en 2024, l'équipe du cinéma s'attend à attirer les spectateurs avec des productions américaines comme les suites de «Mission impossible», «Jurassic World» et «Avatar» qui arrivent après la grève des scénaristes à Hollywood.
Prochainement, le cinéma organisera une avant-première de «Paddington au Pérou», le 26 janvier. L'équipe promet également une «soirée feel good» autour du dernier «Bridget Jones», le 14 février, et programme une soirée «Elle(s) au cinéma» avec le biopic sur Maria Callas, le 2 février.
Les retransmissions de représentations d'opéra en direct du Metropolitan Opera de New-York se poursuivront avec notamment «Aïda» de Giuseppe Verdi, le 25 janvier. Idem avec l'Opéra national de Paris qui proposera une retransmission du ballet «La Belle au Bois dormant», avec une chorégraphie de Rudolf Noureev sur une musique de Piotr Ilitch Tchaïkovski, le 10 avril. Un spectacle musical sur Bernadette de Lourdes sera projeté en avril.
Le cinéma Pathé Dijon développe des synergies avec d'autres acteurs de la Cité au travers notamment des «ciné-dîners» – un plat signature commandé les jeudis ou vendredis dans un des restaurants de la Cité et une place de ciné valable plusieurs jours, au tarif de 16,90 euros – et de projections en lien avec les actualités de l'équipement. Ainsi «Kung-fu Panda 4» est programmé au moment du Nouvel An lunaire, le 1er février.
Le chiffre d'affaires de la boulangerie Au Moulin s'envole de 25%
«On finit 2024 avec une moyenne à 440 clients par jour», se félicite Mathieu Sureau, gérant de la boulangerie Au Moulin, «on commence janvier avec 310 clients par jour, soit un très bon rythme». «Le chiffre d'affaires est en augmentation de 25% sur l'année par rapport à 2023 avec des records, sur des week-ends, avec 700 tickets journaliers.»
Le gérant note le succès du snacking qu'il compte «faire évoluer» notamment en apportant un soin particulier aux pâtisseries à emporter. Pour cela, il est passé de un à trois pâtissiers. L'équipe réfléchit déjà à un gâteau spécial Saint-Valentin. Crêpes et bugnes arriveront rapidement en ce début d'année.
Le groupe Épicure mise sur l'expérientiel
«Épicure a connu des rebondissements sur cette fin d'année 2024 et beaucoup de changements positifs pour ce début d'année 2025», note Daphné Delarue, responsable d'exploitation des restaurants du groupe Épicure à la Cité, récemment installée.
«Les chiffres 2024 ont été relativement bons», glisse Romain Papillon, directeur des opérations du groupe Épicure, sans livrer d'indicateur à ce stade, «on est très optimiste pour 2025».
À La Table des climat, le chef Alexandre Clochet-Rousselet a pris la tête de la brigade (
lire le communiqué). Il opère en binôme avec le maître-d'hôtel Arthur Paquelier. Avec eux, le «restaurant vistronomique» vise une étoile au «Guide Michelin» en mars 2026. En moyenne, La Table des Climats sert une quinzaine de couverts lors des déjeuners.
«Une gastronomie française très épurée» est proposée aux clients de la Table des Climats. Ceux-ci devraient pouvoir bénéficier prochainement de la carte des vins de la Cave de la Cité. «On reste la cave qui dispose la plus grande offre de vins au verre au monde», souligne Romain Papillon, «il y a un travail de synergie avec les équipes renouvelées».
Le groupe Épicure mise sur l'expérientiel pour aller vers «une offre plus dynamique» : repas thématiques – comme le 1er février autour des accords mets et vins d'Asie du sud-est ou les 14 et 15 février avec un menu unique à 130 euros pour la Saint-Valentin – et invitations de vignerons. L'équipe prévoit de «renouveler plus régulièrement» le menu du déjeuner à 39 euros.
Le Comptoir de la Cité change de concept
Au Comptoir de la Cité, est arrivé le nouveau chef Mesaac N'Goma qui va «changer de concept» pour développer les services en continu jusque dans l'après-midi. Le début de soirée devrait évoluer vers «une formule tapas-bar à vins» pour «un accueil plus chaleureux».
Parallèlement, en cette saison hivernale, sont proposés des chocolats chauds, vins chauds et des gaufres les samedis, dimanches et mercredis après-midis.
Les offres de dégustation thématiques seront développées à la Cave de la Cité, notamment sur les vins produits en dehors de la Bourgogne. La gamme de vins biologiques et biodynamiques sera développée.
L'activité du Bamagotchi «se porte bien»
Le gérant étant absent ce jour, l'équipe du Village gastronomique indique simplement que «[son] activité se porte bien» avec «une tendance croissante».
La Librairie gourmande cherche son public
Véritable innovation lors de l'inauguration de la Cité de la gastronomie, la Librairie gourmande peine à trouver son public car «l'activité stagne». Les équipes du Village gastronomique et du pôle culturel ont pris conscience de la situation et se mobilisent pour donner une meilleure visibilité à cet acteur culturel.
S'appuyant sur les lectures de contes pour enfants qui connaissent un
certain succès, un club de lecture devrait être créé pour organiser des
lectures pour différents publics au sein de la librairie.
Le Sainte-Anne Hotel Dijon est en attente d'un repreneur
Propriétaire du futur établissement cinq-étoiles Sainte-Anne Hotel Dijon, le groupe Naos a été placé en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Poitiers. Il devait exploiter l'hôtel sous la licence Curio Collection by Hilton.
Le projet est donc en stand-by en attendant que le tribunal de commerce de Poitiers donne le feu vert pour un rachat de cet hôtel par un acteur de l'hôtellerie, tout comme les autres hôtels du groupe Naos qui se retrouvent également sur le marché.
«On espère tous l'arrivée de cet hôtel pour simplifier l'offre d'hébergements très proches de la Cité», glisse Daphné Delarue, «quand il arrivera, ce sera un très beau plus pour la Cité».
Le chiffre d'affaires du Village gastronomique bondit de 12%
«Le Village gastronomique est sur une tendance très positive», se réjouit Richard Viemont, directeur de la structure centrale de la Cité exploitée par le groupe K-Rei et qui compte sept commerces. Le chiffre d'affaires bondit de près de 12% par rapport à 2023.
«Le mois de décembre a été très porteur. On a réalisé un Noël à plus 21%, un Jour de l'An à plus 11%», précise-t-il. «On a créé une approche pour montrer que le Village est accessible en termes de produits.»
En terme de fréquentation, Richard Viemont avance 837.000 passages en 2024, en hausse par rapport à 2023. Cela comprend l'ensemble des touristes et des personnes venus réaliser un acte d'achat à la Cité de la gastronomie, y compris les spectateurs du cinéma Pathé Dijon qui compte pour plus d'un quart dans cette fréquentation.
En 2025, plusieurs échoppes verront leur intérieur rénové. Prochainement, le poissonnier L’Écaille proposera 40 places assises pour se restaurer. Idem pour la boucherie Le Billot. Le salon de thé La Gloriette verra sa salle portée à 30 places assises.
Ces places viennent en complément du modèle de
food court du Village gastronomique. Il restera possible de commander un met dans une échoppe pour le déguster dans une autre.
La Cuisine expérientielle va être redécorée pour «retrouver une ambiance plus cosy» et changera de nom par la même occasion. Un espace d'atelier sera créé au niveau du Dressoir.
«Il se passera toujours quelque chose au Village et à la Cité», résume Richard Viemont à propos de la programmation de l'année. Cela jusque dans les assiettes avec notamment «une saisonnalité des œufs pochés» de Meurette et Persillé.
La fréquentation du pôle culturel est stable
Contrairement aux autres composantes qui relèvent du secteur privé, le pôle culturel de la Cité est porté par la Ville de Dijon et ainsi géré en régie publique (
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«On est très content de la fréquentation en 2024, à la fois sur les expositions et sur toute la programmation associée», indique Dominique Buccellato, directrice du pôle culturel de la Cité, en référence aux visites gourmandes, ateliers culinaires et autres événements ponctuels. «On a une fidélisation de personnes qui viennent une à deux fois par mois.»
La fréquentation du pôle culturel est toutefois stable avec 120.000 personnes – environ 55% d'entrées gratuites et 45% d'entrées payantes – auxquels s'ajoutent près de 10.000 élèves venus visiter les expositions avec leurs classes.
La part d'étrangers est en forte augmentation pour atteindre 50 % (environ 35% en 2023) dont de nombreux Italiens. La direction voit là un «effet JO».
«L'idée est que les gens circulent», remarque Dominique Buccellato puisque les différents acteurs de la Cité préparent les bouchées qui sont proposées au pôle culturel tandis que des ateliers culinaires amènent les visiteurs à découvrir les coulisses de certains commerces.
En 2025, une exposition avec la Cité de la BD d'Angoulême
La programmation 2025 sera marquée par deux anniversaires particuliers : les dix ans de la labellisation UNESCO des Climats du vignoble de Bourgogne et les quinze ans de la labellisation UNESCO du Repas gastronomique des Français.
Par ailleurs, le 20 février prochain, le pôle culturel inaugurera sa première coproduction, réalisée avec laCité internationale de la bande dessinée et de l'image d'Angoulême : «Croquez, la BD met les pieds dans le plat».
Les missions du pôle culturel
Pour répondre à sa mission internationale, les journées dédiées à des pays étrangers se multiplieront en 2025. Prochains rendez-vous avec la communauté dijonnaise originaire d'Asie du sud-est pour fêter le nouvel an lunaire, autour du 29 janvier, puis avec les Caraïbes et l'Amérique du sud, du 19 au 23 février.
«Cela permet de croiser des cultures et des manières d'aborder l'alimentation et d'aborder des préoccupations transversales comme la raréfaction de la ressource en eau, le zéro déchet, la capacité à nourrir tout le monde même avec de faibles moyens», développe Dominique Buccellato.
«L'éducation et l'accès au bien-manger pour tous se traduit dans notre programmation par des ateliers culinaires pour les seniors, les enfants, les familles et les étudiants», ajoute la directrice du pôle culturel.
L'équipe se mobilise également pour accompagner «la transmission des savoirs et des savoir-faire». À ce titre, en plus du Trophée Bernard Loiseau, la Cité accueillera le premier Trophée national de la charcuterie, le 6 avril.
Restauration de la copie du Puits de Moïse
Durant la saison estivale, Le 1204 proposera notamment une exposition temporaire destinée au jeune public et aux familles sur l'histoire et le patrimoine de Dijon.
Parallèlement, de mai à juillet, sera restaurée la copie du Puits de Moïse réalisée au XVIème siècle, elle-même protégée au titre des monuments historiques, installée entre le futur hôtel et le Village by CA.
Jean-Christophe Tardivon