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06/04/2023 15:22

DIJON : L'UMIH et les bars de nuit «jouent collectif»

Le monde de la nuit organise sa riposte après l'arrêté préfectoral avançant la fermeture de plusieurs établissements autour de la place de la République à deux heures du matin. Ce mardi 4 avril, Christophe Le Mesnil a regretté que les bars de nuit soient dans «le viseur médiatique en cas de problématique due à l'alcool».
«Pour l'instant, ça n'avance pas avec la préfecture», regrette Gilbert Febvay, président des cafetiers-brasseries monde de la nuit pour l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie de Côte-d'Or (UMIH21) et gérant du Beverly, alors qu'un point d'étape doit être effectué en juin prochain avec les services de l’État sur la fermeture avancé à deux heures du matin au lieu de cinq heures.

«D'ici là, il y aura du monde qui ne sera peut-être plus là», alerte-t-il, ce mardi 4 avril, alors que certains contrats de personnels ou de prestataires n'ont déjà pas été renouvelés. Selon lui, la fermeture avancée à 2 heures du matin entraîne une perte d'activité oscillant entre 50 et 85% pour le Beverly, la Salsa Pelpa, la Jamaïque, la Belle époque et le Smart.


«Une génération se retrouve dans une impossibilité de pouvoir s'amuser»


Durant la période hivernale, de nombreux fêtards devant quitter les bars de nuit à ambiance musicale à 2 heures du matin, se sont retrouvés devant l'entrée du Melkior dont la capacité est limitée à 350 personnes. Gilbert Febvay s'attend à ce que le phénomène s'accentue avec le printemps et l'été.

«Pouvoir accueillir l'entièreté de la jeunesse dijonnaise chez moi, ce n'est pas possible», réagit Christophe Le Mesnil, co-gérant du Melkior et du Bal'tazar. «Je gère la frustration d'une génération qui a subi le Covid, qui n'a pas pu sortir et qui se retrouve dans une impossibilité de pouvoir s'amuser.»

«Même si je ne fais pas rentrer plus de personne, il faut que je gère ces flux qui arrivent», poursuit-il, «la frustration entraîne de la colère donc il faut gérer cette colère. C'est des agents de sécurité en plus – aujourd'hui, il sont trois –, des personnes au vestiaire pour accélérer et du personnel de service car, quand vous avez passé une heure dans la queue, vous n'avez pas envie d'attendre une demi-heure pour être servi. Donc une augmentation des charges fixes.»

«Chaque établissement, on choisit notre clientèle. (…) Aujourd'hui, je choisis du flux», ajoute-t-il. «J'essaie de concilier les règles de sécurité, la bienséance, ce que je veux que représente mon établissement et la clientèle qui se présente.»

Du fait de son statut de discothèque, le Melkior propose une billetterie, ce qui a permis de mettre en place un système de pré-réservation pour limiter l'attente à l'extérieur. 60% de la clientèle utilise ce système. Cela peut avoir pour effet de «frustrer» encore plus ceux qui patientent à l'extérieur. Le Melkior a été contrôlé par la police, le 30 mars dernier, pour vérifier le respect de la capacité maximale.

«On a besoin aujourd'hui d'avoir un appui fort des pouvoirs publics»


«Il faut qu'on joue collectif», élargit Christophe Le Mesnil en abordant la chaîne des responsabilités liées à une potentielle agression. Cet acteur du monde de la nuit dijonnais a représenté les cafetiers au sein de l'UMIH 21 pendant dix ans. Il a également été président de l’École des métiers de Dijon Métropole.

«On a besoin aujourd'hui d'avoir un appui fort des pouvoirs publics et qu'on ne soit pas simplement le viseur médiatique en cas de problématique due à l'alcool», insiste-t-il en référence à l'action de la préfecture de la Côte-d'Or.

Et de rappeler que le secteur des cafés-restaurants-discothèques représente 10% de la vente d'alcool en France, soit une estimation de 5% pour les bars de nuit et discothèques.

«On est les acteurs qui faisons le plus de prévention auprès des primo-consommateurs que sont les jeunes», insiste Christophe Le Mesnil. «Ces spiritueux sans alcool qui arrivent sur le marché nous permettent de changer le modèle de consommation.»

Contraintes économiques et réglementaires


Le Bervely notamment a fait une demande de changement d'activité de l'établissement auprès de la Métropole de Dijon, en lien avec la préfecture de la Côte-d'Or, pour devenir une discothèque et pouvoir fermer à cinq heures du matin (lire notre article). Réponse dans trois mois.

L'UMIH 21 rappelle que cela suppose des travaux et une nouvelle organisation pour intégrer le principe de la billetterie alors que lors de l'obtention de la dérogation ayant permis de repousser la fermeture de deux à cinq heures du matin – la disposition aujourd'hui annulée par la préfecture – les gérants de bars de nuit avait signé une charte calquant leurs engagements sur ceux des discothèques.

Autre difficulté pour ces entreprises : le remboursement des prêts garantis par l’État accordé durant la crise sanitaire sur la base d'un modèle économique qui a changé du fait des évolutions de la clientèle et donc du cadre réglementaire.

L'UMIH propose de fermer à 3 heures 30 du matin


Aujourd'hui, l'UMIH 21 a fait la proposition d'une fermeture décalée à 3 heures 30 du matin – dont les trente dernières minutes sans servir d'alcool – mais sans retour à ce jour.

Le syndicat patronal et la préfecture ont les yeux rivé sur le jugement du tribunal administratif de Dijon – attendu le 13 avril prochain – saisi par les cinq établissements concernés.

Actualisé le 17 avril 2023 :

L'audience s'est effectivement tenu le 13 avril et le rendu du délibéré a été fixé au 11 mai.

Jean-Christophe Tardivon

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Jean-Paul Durand, conseiller municipal de Dijon, délégué à l'animation du cœur de ville, Gilbert Febvay, vice-président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie de Côte-d'Or, et Christophe Le Mesnil, co-gérant du Melkior et du Bal'tazar, le 4 avril 2023, au Melkior


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