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03/08/2022 11:58

DIJON : La dirigeante du Darcy et de l'Olympia réagit à l'évolution du public des cinémas

La fréquentation des deux cinémas du centre-ville reste inférieure à son niveau de 2019. Ce mardi 2 août, Sylvie Massu a répondu à François Rebsamen, mettant les points sur les i concernant la VO, et a annoncé une augmentation «minime» des tarifs à la rentrée.
Les cinéphiles ont repris en nombre le chemin des salles obscures. Ainsi, le Darcy et l'Olympia se félicitent d'avoir vu revenir leurs «fidèles spectateurs». Pour autant, la fréquentation des deux cinémas du centre-ville de Dijon reste inférieure d'environ 25% à ce qu'elle était avant la crise sanitaire, en ligne avec la tendance nationale.

Ce mardi 2 août 2022, Sylvie Massu, P-DG de la société Darcy Palace qui exploite le Darcy et l'Olympia, a effectué un point de situation dans le contexte de développement des plateformes numériques internationales, d'implantation du Pathé Dijon à la Cité internationale de la Gastronomique et du Vin et même de commentaires du maire de Dijon portant sur la programmation des cinémas.


Rénovation partielle du Darcy et de l'Olympia


Darcy Palace emploie une vingtaine de personnes. L'entreprise familiale ne communique pas son chiffre d'affaires annuel. Du côté immobilier, l'ancien ABC de la rue du Chapeau-rouge a été vendu en 2016 et l'ancien Alhambra de la place de la République est loué depuis 2017 à une structure qui exploite la brasserie Au Bureau.

Une rénovation partielle du Darcy est en cours. Le cinéma centenaire propose près de 1.000 places dont la salle 1 avec 335 fauteuils. L'Olympia a été construit en 2007, rassemblant le Gaumont d'alors et la Grande Taverne. Il propose plus de 1.800 places dont une grande salle de 407 fauteuils devant un écran de 15 mètres de large. Il connaîtra lui aussi une rénovation partielle fin août.

«Les travaux au Darcy étaient nécessaires. Il n'y a pas eu de travaux depuis 2008. On a la contrainte de l'existant», signale Sylvie Massu. L'intervention actuelle n'impliquant pas de reprise en sous-œuvre, l'entreprise ne se voit pas obligée de réaliser des travaux d'accessibilité pour les personnes à mobilité réduite :  «on a vraiment fait des études, on y arrive pas».

Les effets de la crise sanitaire se font encore sentir


«2019 reste une année d'exception où le cinéma en France avait fait 213 millions d'entrées», indique la dirigeante pour relativiser la baisse constatée actuellement si l'on prend pour référence cette période-là. Comparé à 2019, «aujourd'hui, le cinéma en France subit une baisse de 25 à 30%», précise-t-elle, ce qui vaut pour le Darcy et l'Olympia.

«On voit bien qu'il y a eu de grosses ouvertures de multiplexes dans des villes, c'est compliqué. Parce que le Covid a éloigné des gens qui ont, pour certains, encore peur. Parce qu'il y a eu l'explosion des plateformes. Notre fédération a fait une étude qui montre que les gens répondent 'on a perdu l'habitude'. On sent rend compte dans la fréquentation : les gens sortent moins la semaine et plus le week-end, moins tard et se déplacent pour des gros titres. (…) Ce n'est pas assez pour faire vivre un complexe de douze salles à l'année. (…) Il y a un changement d'habitudes et de consommation», analyse Sylvie Massu.

«On a un déficit de films américains parce qu'il y a eu très peu de productions en 2020 et 2021, on le subit. (...) Disney sort quasiment tout sur sa plateforme, il n'y aura pas de Disney de fin d'année. (…) Disney a racheté la Fox, la Fox avait beaucoup de petites comédies américaines. On vit plutôt sur les productions françaises ; heureusement, on est plutôt bon», développe-t-elle.

Rafraîchir les mémoires sur les autorisations de cinémas


À écouter la cheffe d'entreprise présenter la situation, la fermeture du Devosge a eu plus d'influence sur la fréquentation du Darcy – surtout – et de l'Olympia que l'arrivée du Pathé Dijon qui avait été anticipée.

Pour rafraîchir les mémoires, Sylvie Massu revient sur le contexte dans lequel le cinéma de la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin est apparu. En 2016, elle a contesté devant la commission départementale d’aménagement cinématographique de Côte-d’Or (CDAC) l'autorisation de créer un nouveau cinéma au centre-ville de Dijon.

À l'époque, le projet avait pour nom Ciné Ducs et était porté par le réseau indépendant Ciné Alpes, déjà propriétaire du Devosge et du Cap Vert. Après un premier rejet, le projet avait été finalement autorisé.

À la Cité de la Gastronomie, «un copier-coller du Cap Vert»


Récemment, François Rebsamen (PS), maire de Dijon, a commenté la programmation du Pathé Dijon en comparant avec le Darcy (lire notre article), ce qui fait réagir la dirigeante de Darcy Palace.

«A priori, la municipalité s'étonne d'une programmation qu'elle trouve généraliste mais cela a toujours été le projet, y compris celui de Ciné Alpes», assène Sylvie Massu.

«C'était pas loin d'être un copier-coller du Cap vert avec peut-être un peu plus de films français», rappelle-t-elle en citant le dossier soumis alors à la CDAC : «le positionnement de la ligne éditoriale du multiplexe Ciné Ducs, résolument généraliste avec 12% maximum de séances art et essai».

«Dès la fermeture du Devosge, on s'est mis à faire de la VO au Darcy»


Depuis cette époque, le Devosge a fermé, les cinémas Pathé Gaumont ont racheté Ciné Alpes, le Cap Vert s'est relooké de jaune et le Pathé Dijon a ouvert le 5 mai dernier à la Cité de la Gastronomie.

«Dès la fermeture du Devosge, on s'est mis à faire de la VO au Darcy. (…) Je faisais du film français de qualité, de l'art et essai porteur comme des Woody Allen ou Almodovar mais pas de VO», signale Sylvie Massu.

Cela relevait d'un engagement pris avec le médiateur du cinéma pour équilibrer la programmation sur l'agglomération dijonnaise en prenant en compte la présence de deux cinémas classés art et essai : le Devosge et l'Eldorado.

Une demande de blockbusters en VO


«La VO rencontre du succès, il y a une vraie demande des trentenaires et quadras», constate-t-elle. «Les étudiants sont plus sur du blockbuster en VO et, ça, j'en fais depuis très longtemps à l'Olympia. Ça a un vrai succès avec 'Bohemian Rhapsody', 'Dune', le James Bond... Pour 'Joker', la séance de 19 heures de la salle 2 était complète.»

L'attente des spectateurs fait que de trois séances par semaine, les projections en VO sont devenues quotidiennes, y compris dans les grandes salles, dans le premier temps d'exploitation des films.

Les tarifs du Pathé Dijon relativisent ceux des autres cinémas


«Avec ou sans Pathé, je mène ma vie de Darcy Palace, (…) on suit notre bonhomme de chemin», confirme la dirigeante, concédant tout au long une accélération du calendrier pour réaliser des travaux dans ses cinémas.

«On est quand même compétitif. On a quelques clients qui sont revenus en raison des tarifs : 'on vient chez vous parce que c'est moins cher'», indique Sylvie Massu.

En termes de consommation, l'arrivée du Pathé Dijon avec son plein tarif à 14,50 euros par film a représenté un choc des cultures pour les Dijonnais. Un tel signal prix pouvant contribuer cependant à considérer comme attractives les plateformes numériques proposant des contenus audiovisuels.

Augmentation «minime» des tarifs du Darcy et de l'Olympia


Le public du Darcy et de l'Olympia doit s'attendre à une augmentation «minime» à la rentrée prochaine, «en raison du montant des travaux». «On restera toujours en-dessous de 10 euros», assure la dirigeante. Le tarif à 4,50 euros pour les moins de 14 ans restant tel quel : «c'est l'accès à la culture.»

À la rentrée, la cheffe d'entreprise compte sur les étudiants pour s'intéresser aux projections en salle sur de grands écrans. «Le premier argument, c'est le tarif, puis la VO et des films accessibles», souligne-t-elle.

«Les cinémas du centre-ville ont toujours un bel avenir devant eux»


«On a beaucoup de chance avec le Darcy et l'Olympia, on a le tram qui s'arrête devant, on a le parking de la gare avec un tarif préférentiel, le soir, en ville, on arrive toujours à se garer. (…) Les étudiants aiment bien venir en ville», s'enthousiasme Sylvie Massu.

«Les cinémas du centre-ville ont toujours un bel avenir devant eux et espèrent encore partager avec [les spectateurs] de beaux moments de cinéma», assure-ton chez Darcy Palace.

Soirées débats, soirées filles, anniversaires, avant-premières... En période normale, une animation est organisée chaque semaine dans un des deux cinémas.

Propos recueillis par Jean-Christophe Tardivon

Tarifs des cinémas Darcy et Olympia
Plein tarif : 8,50 euros
Moins de 14 ans : 4,50 euros
Étudiants : 5,90 euros
Seniors et cartes partenaires : 6,90 euros
Avant-première : 5,90 euros
Carte d’abonnement : 35,90 euros (6 places valables 6 mois)
Ciné-duo, tous les lundis de 16h à 20h : 9,90 euros pour deux places

Les cinémas Darcy et Olympia s'offrent un lifting



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