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Le 18 décembre dernier, les différentes oppositions ont fait valoir leurs critiques lors de débats argumentés. Toutefois, le ton est monté concernant les enjeux de sécurité dans les quartiers Stalingrad et des Grésilles et même à propos des terrains de foot de la Fontaine d'Ouche.
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Dernière étape de l'année pour les élus de la Ville de Dijon : après le débat d'orientations budgétaires, le vote du budget primitif 2024, point majeur de l'ordre du jour du conseil municipal du 18 décembre 2023.
Tandis que François Rebsamen (PS, FP), maire de Dijon, mettait en avant la baisse de la dette et le maintien d'un niveau élevé d'investissement, Emmanuel Bichot a pointé des «dérapages» dans le coût de réalisation de certains projets «électoralistes, Laurent Bourguignat a demandé d'«aider» les classes moyennes et Olivier Muller a incité à «investir massivement» dans la rénovation thermique des écoles.
Décès de Pau Roca, création d'un nouveau groupe et coût de la manifestation des agriculteurs de la FNSEA
«Adios Pau !». Avant le début formel du conseil municipal, François Rebsamen rend hommage à Pau Roca, dont le décès à Dijon «des suites du longue maladie» a été annoncé le 7 décembre dernier par l'Organisation internationale de la vigne et du vin, organisme dont il était le directeur général (
lire le communiqué). Le maire indique qu'«un lieu de Dijon» portera prochainement le nom de Pau Roca.
François Rebsamen annonce également la création d'un nouveau groupe politique, Horizons et indépendants pour Dijon», constitué par Caroline Jacquemard (sans étiquette), Claire Vuillemin et Stéphane Chevalier (Horizons). Ce dernier en est le président (
lire le communiqué).
Les trois membres ont été élus en 2020 sur la liste conduite par Emmanuel Bichot avant de se rapprocher progressivement de François Rebsamen. Même si le groupe votera avec enthousiasme le budget au cours de cette session, il n'est pas intégré formellement à la majorité municipale.
Autre information donnée aux élus : les conséquences pour la commune de la manifestation des agriculteurs de la FNSEA du 15 décembre dernier devant l'Hôtel de Région, à Dijon, sont estimées à 235.000 euros (
lire notre article). Le maire fera applaudir le «travail remarquable» effectué par les agents pour nettoyer les abords de l'Hôtel de Région le soir même de la manifestation (
lire notre article).
62 millions d'euros d'investissement inscrits au prévisionnel 2024
Parmi les tout premiers points figurant à l'ordre du jour du conseil municipal, l'examen du budget primitif pour l'année 2024, présenté par François Deseille (Modem) à la suite des orientations budgétaires examinées le 20 novembre dernier (
lire notre article).
L'adjoint aux finances revendique «un budget ambitieux, maîtrisé, sérieux» totalisant 271,18 millions d’euros pour financer les priorités de la municipalité : le développement durable, la solidarité, l'attractivité, la modernisation de la gestion de l'espace public, l'amélioration du quotidien des habitants et la tranquillité publique.
L'exécutif prévoit 62 millions d'euros de dépenses d'équipement. C'est moins qu'en 2023 où 64 millions d'euros avaient été inscrits au prévisionnel. En 2022, avaient été réalisés 44,7 millions d'euros d'investissement. Dans la mandature précédente, la moyenne avoisinait 33 millions d'euros par an.
Pour 2024, les principales catégories sont : les équipements structurels (22%), la jeunesse (16%), les équipements sportifs (12%), l'aménagement de l'espace public (10%), la vie des quartiers (10%), la stratégie énergétique et environnementale (8%), l'urbanisme (7%), la tranquillité et la citoyenneté (5%), l'attractivité économique et le tourisme (2%) et autres (8%).
Hausse de 3,9% des bases physiques de la taxe foncière
Si l'adjoint aux finances annonce «une stabilité des taux d'imposition pour la huitième année consécutive», cela ne vaut que pour la part communale du taux de taxe foncière sur les propriétés bâties (TFPB).
En effet, l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) est ressorti en hausse de 3,9% sur un an en novembre dernier. Depuis 2018, ce chiffre sert de référence pour la revalorisation des bases physiques sur lesquelles s'appuie la taxe foncière. Sauf exonérations particulières, les propriétaires à Dijon verront donc leur TFPB augmenter de 3,9%.
La collectivité présente «une situation financière suffisamment solide»
L'épargne brute est prévue à hauteur de 26,6 millions d'euros contre 34,4 millions d'euros au compte administratif 2022. Malgré cela, François Deseille estime que la collectivité présente «une situation financière suffisamment solide».
Le désendettement devrait se poursuivre en 2024 «pour la seizième année consécutive» en visant 100 millions d'euros en 2024 quand 110 millions d'euros sont attendus fin 2023 (contre un encours de 121,1 millions d'euros fin 2022).
«L'emprunt d'aujourd'hui, c'est l'impôt de demain», rappelle le centriste qui se félicite de cette trajectoire de la dette publique dijonnaise même si «il sera difficile de descendre plus bas».
Implicitement, l'adjoint aux finances alerte sur le rythme d'investissement de la Ville : «en 2025, si nous devions investir 50 millions d'euros, il faudrait s'endetter de 15 millions d'euros».
Les produits de la fiscalité sont prévus en hausse de 4,28%
Parmi les dépenses de fonctionnement, les charges de personnel sont prévues à hauteur de 90,7 millions d'euros (+5,98% par rapport au prévisionnel 2023 du fait «de l'effet cumulatif de diverses mesures nationales et locales»). 5,1 millions d'euros sont prévues pour les intérêts de la dette.
Parmi les recettes de fonctionnement, les produits de la fiscalité sont prévus à hauteur de 155,8 millions d'euros (+4,28% par rapport au prévisionnel 2023) dont 130,9 millions d'euros venant de taxe foncière et 6,7 millions d'euros venant de la dotation de solidarité versée par la Métropole.
Sont prévus 41,3 millions d'euros de dotations dont 26,2 millions d'euros venant de la dotation de l’État (ce qui représente 161 euros par habitant, un niveau inférieur à la moyenne de la strate qui s'établit de 213 €/hab.).
Parmi les dépenses d'investissement, 9,7 millions d'euros serviront à rembourser le capital de la dette, d'où une épargne nette prévue à 16,9 millions d'euros.
Parmi les recettes d'investissement, est envisagé un emprunt d'équilibre de 35,9 millions d'euros d'emprunt qui pourrait être annulé si la conjoncture est favorable.
En résumé, François Deseille se félicite d'un «super BP 2024» qui «fait la part belle aux investissements, qui n'augmente pas les taux d’imposition et ceci depuis huit ans et qui devrait nous permettre de nous désendetter».
Emmanuel Bichot alerte sur «le caractère de plus en plus électoraliste de certains projets»
Évidemment, les oppositions ne partagent pas ce satisfecit, chacune pour des raisons différentes.
Premier à réagir, Emmanuel Bichot (LR, AD) : «la flambée de la fiscalité directe pèsera lourdement sur les propriétaires, (…) cet alourdissement met certains contribuables en difficulté, notamment des retraités modestes ou les primo-accédants».
Pour «alléger la pression fiscale sur le foncier», le président du groupe Agir pour Dijon revendique une baisse des taux revenant à annuler toutes les hausses depuis 2016 en fixant la part municipale à 47,15% au lieu de 50,8%. L'amendement oral sera repoussé par la majorité.
L'opposant envisage d'autres priorités d'investissement comme «l'entretien et la rénovation du patrimoine de la Ville de Dijon» dont «l’éradication des préfabriqués dans les écoles», «la rénovation du parc des expositions» ou encore «la sécurisation du terrain de foot de la Fontaine d'Ouche».
Emmanuel Bichot pointe les «dérapages importants par rapport aux prévisions initiales» de projets comme On Dijon, la rénovation de la base nautique du lac Kir, les travaux de l'école Joséphine Baker ou la réhabilitation de l'hôtel Bouchu d'Esterno. Et d'alerter sur «le caractère de plus en plus électoraliste de certains projets».
Sur les aspects spécifiquement financiers, l'élu conservateur estime que «le manque de sincérité du budget nuit au débat démocratique ; nous observons chaque année que vous gonflez les prévisions de dépenses et minorez les prévisions de recettes, ce qui conduit à l'accumulation d'excédents de trésorerie».
«La réduction du montant de la dette bancaire donne l'illusion d'une situation financière favorable parce que nous avons cédé de nombreux actifs pour contribuer à ce désendettement mais également parce que la dette grise pour mettre à niveau notre patrimoine est énorme», poursuit-il en insistant : «le budget est insincère».
«Beaucoup d'opérations ont dérapé», concède François Rebsamen
«La dette grise dont vous parlez existe depuis très longtemps», concède François Rebsamen, «c'est l'entretien d'un patrimoine historique exceptionnel». «On le fait le plus qu'on peut, mes prédécesseurs aussi.»
«On va supprimer [tous les préfabriqués dans les écoles]. C'est promis, c'est inscrit. On le fait progressivement pour les raisons que j'ai indiquées. Il y a des opérations qui sont très lourdes, qui coûtent très cher, qui dérapent, oui, beaucoup d'opérations ont dérapé (…) parce que dans le domaine de la construction, les prix des matériaux ce sont envolés beaucoup plus que l'inflation, le coût de la main d’œuvre également. Tout retard pris a fait augmenter ces réalisation», explique ensuite le maire de Dijon.
Laurent Bourguignat demande que l'hôtel Bouchu d'Esterno ne devienne pas «un bunker doré»
À son tour, Laurent Bourguignat (LR, NE), président du groupe Dijon autrement, relève le sujet de la fiscalité : «les Dijonnais voient leur taxe foncière augmenter sensiblement depuis plusieurs années». «C'est le parlement qui décide, c'est la Ville qui encaisse.»
Entre hausse de l'épargne brute et endettement stabilisé, l'élu libéral propose que la municipalité baisse son taux communal de taxe foncière de 2%, ce qui sera repoussé par la majorité.
«Ce budget 2024 n'aborde pas assez les questions de sécurité, qui sont pourtant une des préoccupations majeures des Dijonnais», considère l'opposant qui appelle à «revoir à la hausse» l'objectif de cent policiers municipaux».
«La politique de densification est agressive, en cohérence avec la volonté affichée de donner plus de place à la nature dans notre ville», juge-t-il au sujet de l'urbanisme. «On attend toujours le nouveau parc urbain promis en début de mandat puisque, même s'il change de nom et devient le parc Eiffel, le port du canal existe déjà.»
«Le devenir à long terme de la Cité de la gastronomie continue de nous inquiéter», glisse Laurent Bourguignat qui relève que «le coût de la rénovation de l'hôtel Bouchu d'Esterno s'envole, à plus de 17 millions d'euros». «Le site ne devra pas demain devenir un bunker doré réservé à quelques fonctionnaires internationaux. Il doit demeurer accessible aux Dijonnais. (…) On nous dit que la porte principale de la rue Monge sera fermée ; ce serait quand même dommage que les passants ne puissent pas profiter de la vue sur la cour.»
«Les politiques menées à Dijon doivent être davantage pensées pour les classes moyennes», appuie Laurent Bourguignat
Laurent Bourguignat envisage d'autres priorités, liées aux «missions premières» d'une municipalité, comme les «petits travaux» dans les écoles, «la propreté des trottoirs», «l'entretien des parcs»...
«Les politiques menées à Dijon doivent être davantage pensées pour les classes moyennes», appuie l'élu libéral, «ce sont elles qui font la vitalité de notre métropole». Fiscalité, tarifs au taux d'effort... «tout cela tourne toujours au désavantage des classes moyennes».
«Aucune ville dirigée par LR ne dit 'on baisse les taux', aucune ville ne dit 'il n'y a pas d'inflation'», réagit François Rebsamen, ajoutant «notre ville est propre».
«Quant à la Cité internationale de la gastronomie et du vin, c'est pas bien de dire du mal», tacle le maire, ajoutant, en référence à la Cité des vins de Beaune : «est-ce que je dis du mal d'autres cités qui font 20.000 visiteurs en six mois alors qu'ils ont été financés sur fond public ?»
Augmentation des tarifs municipaux
Au chapitre des ressources de la collectivité, Céline Renaud (divers droite) pointe l'augmentation générale de 5,7% des tarifs de services municipaux ouverts au public.
L'opposante déplore notamment la hausse de la redevance d'occupation des Halles alors que «les Halles n'ont fait l'objet d'aucune rénovation». Idem pour la patinoire, les skate-parc, «des équipements vieillissant». Et de voir là «une politique discriminatoire envers les classes moyennes».
«On va augmenter nos prix de l'inflation parce qu'on ne l'a pas fait pendant quelques années», justifie le maire de Dijon, «d'un coup, on est obligé de faire une grosse augmentation».
«Les classes moyennes, on finit quand on ne les aide pas», rebondit Laurent Bourguignat qui prend l'exemple de la restauration scolaire dont le tarif varie entre 53 centimes et 7,30 euros selon les revenus des familles dijonnaises. Pour un couple rémunéré au salaire moyen, le tarif est de 6 euros par repas.
L'opposant incite donc à «une refonte des méthodes de calcul du taux d'effort à Dijon et des grilles tarifaires qui ne sont pas équitables».
«Les calculs sont faits à la demande de la CAF», répond François Rebsamen qui rappelle qu'un repas coûte 13 euros à la collectivité, «un repas de qualité avec beaucoup de bio même s'il n'est pas 100% Côte-d'Or».
«Le taux d'effort est notre marque de fabrique depuis 23 ans», glisse le socialiste. «Visiblement, ça ne déplaît pas aux gens.»
Axel Sibert demande de «baisser les impôts»
Pour sa part, l'élu indépendant Axel Sibert (LR) entend apporter d'«autres solutions» et «autres visions» en demandant de «baisser les impôts».
En s'appuyant sur des témoignages d'habitants relayés par le Parisien, l'opposant revient sur les tirs mortels survenus dans le quartier Stalingrad, le 26 novembre dernier, et interpelle le maire : «je vous demande de faire plus et tout simplement d'assumer vos missions pour un logement et des conditions dignes pour tous les Dijonnais».
«En 2001, le quartier des Grésilles était considéré comme une prison», réagit François Rebsamen
«C'est infamant pour tout le monde de laisser que, dans cette ville, les gens ne peuvent pas bouger, sont prisonniers», réagit froidement François Resbamen. «Si les gens veulent quitter ces quartiers, ils peuvent le faire, parce que, nous, nous construisons des logements. Justement, il manque aujourd'hui des logements pour améliorer ce qu'on appelle le parcours résidentiel.»
«En 2001, le quartier des Grésilles était considéré comme une prison. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, ça fait longtemps que ça a changé. On continue de démolir et de reconstruire. Alors, il y a peut-être des endroits qui sont plus difficiles à gérer que d'autres», ajoute le maire.
«Vous devriez faire preuve d'humanité plutôt que de hurler avec les loups. Les loups, on sait où ils sont, ils sont entrés en Côte-d'Or, ils ne rentreront jamais au conseil municipal», poursuit-il, énigmatique.
Hamid El Hassouni, «cible d'attaques personnelles et répétées de la droite extrême ici présente», selon Nathalie Koenders
Adjoint au maire de Dijon, Hamid El Hassouni (PS) intervient également sur le sujet en adressant «une pensée émue» à la veuve et à la fille de l'homme tué, le 26 novembre dernier.
Celui qui est également président du bailleur social Grand Dijon Habitat, propriétaire de l'immeuble visé par les tirs, rappelle que le bâtiment a été «écoréhabilité» en 2018. «Grand Dijon Habitat a entrepris du sur-entretien ménage, jusqu'à 30-40 heures par mois, non facturé aux habitants. Grand Dijon Habitat a lancé des campagnes exceptionnelles des encombrant sauvages toutes les quatre semaines.»
«Le motif principal de demande de changement de logement est que les familles considèrent que l'appartement est trop petit. On est loin des considérations liées à la sécurité», indique le socialiste.
«Vous surfez sur un drame humain pour justifier de voter le budget», reproche-t-il à Axel Sibert. «Vous n'avez pas le droit de dénigrer le travail des agents de proximité.»
«Vous avez la mémoire courte. Mes parents ont vécu à l'OPAC dans les années 80-90 [NDLR : Office public d'aménagement et de construction de Dijon, nom du bailleur social avant 2012]. Je ne vais pas vous raconter ce que ces familles ont subi à l'époque dans le quartier des Grésilles, qui étaient assignées à résidence, dans des prisons à ciel ouvert, on n'avait pas le droit de sortir de se quartier-là. Aujourd'hui, ces familles ont le droit de partir, de rester. Ils ont une totale liberté de mouvement», développe-t-il. «À l'époque, quand la municipalité était dirigée par des élus RPR [NDLR : Rassemblement pour la République, parti de Robert Poujade, maire de Dijon de 1971 à 2001, le parti est devenu ensuite l'UMP puis Les Républicains], ces familles-là n'avaient pas le droit d'aller vivre au centre-ville ou dans d'autres quartiers de la ville. (…) Vous n'avez pas le droit d'exploiter la mort d'un homme à des fins politiciennes, c'est indigne d'un élu de la République !»
«Les Grésilles est un beau quartier populaire dans lequel il se passe de belles choses. Les Dijonnaises et les Dijonnais qui y habitent méritent mieux que la stigmatisation permanente dont ils font l'objet», réagit par ailleurs Nathalie Koenders (PS). «Il ne faut pas nier les problèmes mais nous devons nous tenir à leur côté pour améliorer leur quotidien et non pas les pointer du doigt.»
Et de défendre Hamid El Hassouni, «élu connu et reconnu pour son travail de terrain – il suffit de regarder son score aux dernières élections départementales – et pourtant la cible d'attaques personnelles et répétées de la droite extrême ici présente».
«L'obsession du désendettement est une erreur», selon Olivier Muller
Président du groupe des Écologistes et citoyens, Olivier Muller (EELV), prend ses distances avec les «hypothèses optimistes» du gouvernement pour l'année 2024 sur lesquelles s'appuient les collectivités pour construire leurs budgets respectifs.
«Ce BP, comme les précédents, avec tout plein de marges de manœuvre, n'est toujours pas à la hauteur des enjeux notamment climatiques», estime l'opposant. «La nouveauté dans ce rapport, c'est l'aveu de l'excédent que l'on dénonce depuis plusieurs années. (…) Ces excédents, on aurait pu les investir massivement dans la transition plutôt que de remplir notre bas de laine car, plus on attend, plus la facture est lourde.»
Ainsi, l'élu écologiste reproche à l'exécutif de ne pas avoir «investi massivement» dans la rénovation thermique des bâtiments, «en commençant par les écoles».
«L'obsession du désendettement est une erreur», insiste Oliver Muller qui liste les investissements auxquels il songe : «végétalisation de la ville», «multiplication des îlots de fraîcheur», «urbanisme apaisé», «plan vélo ambitieux...»
Un raisonnement qui correspond à celui développé par une opposition dans une autre collectivité du territoire, celle qui siège au conseil départemental de la Côte-d'Or avec des composantes socialistes et écologistes (
lire notre article).
En réponse, François Rebsamen met en avant «les efforts particuliers pour lutter contre le dérèglement climatique et pour faire face au réchauffement» en mentionnant notamment les travaux dans les écoles. «Nous faisons le maximum !»
Catherine Hervieu fustige «les verrues publicitaires»
Dans le champ de la fiscalité, Catherine Hervieu (EELV) appelle le gouvernement à «reconstruire un modèle fiscal juste et pérenne pour les collectivités» et à «sortir de la méthode du coût par coût qui freine les investissements des collectivités pour la décarbonation des territoires» afin d'accorder de «la visibilité sur les ressources des collectivités pour agir efficacement dans la durée».
Un plaidoyer proche de celui émis par la présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté, le 12 décembre dernier (
lire notre article).
Concernant les autres ressources, l'élue écologiste fustige les «verrues publicitaires» même si elle reconnaît une «baisse drastique» du nombre de supports. Le tarif de leur exploitation est fixé à 22 euros par mètre carré. «Le marché qui lie les abribus, trams à la publicité lumineuse et encombrante est décidément obsolète.»
«Tout ne va pas bien sur le sujet de la tranquillité publique», estime Stéphane Chevalier
Pour sa toute première intervention en tant que président du groupe Horizons et indépendants pour Dijon, Stéphane Chevalier (HOR) retient «le maintien d'un investissement conséquent» vu comme «un soutien à l'économie locale et, de facto, aux entreprises, aux salariés et aux habitants du territoire».
«Une part budgétaire conséquente est attribuée à l'embellissement de notre patrimoine commun», se réjouit l'élu de centre-droit.
En revanche, «tout ne va pas bien sur le sujet de la tranquillité publique», estime Stéphane Chevalier, «à Dijon, comme toutes les grandes villes de France, désormais même en secteur rural». «Nous subissons une délinquance dont les actes sont régulièrement violents, notamment sur fond de trafics de stupéfiants contre lesquels nous devons, tous ensemble, être absolument intransigeants.»
Et de rappeler, à Dijon, l'augmentation du nombre de policiers municipaux, passant de 60 à 90, leur armement létal et les quelques 200 caméras de vidéoprotection.
«La Ville prend la mesure du défi écologique», assure Nathalie Koenders
Le budget 2024 est approuvé évidemment par les groupes de la majorité. Ainsi, au nom du groupe l’Écologie pour vous, Patrice Chateau (GE) applaudit «la solidité financière de [la] Ville» avec un budget qui «évite l'endettement écologique». L'élu écologiste souligne «les engagements de neutralité [carbone] pour 2050».
À son tour, Nathalie Koenders (PS), première adjointe au maire et présidente du groupe Socialiste, radical, citoyen et apparenté, salue «un niveau d'investissement particulièrement élevé, des taux d'imposition stables, un désendettement qui se poursuit et des dépenses de fonctionnement maîtrisées».
Pour la socialiste, «la Ville prend la mesure du défi écologique» avec l'ambition de «lutter contre le réchauffement climatique» et d'«atteindre la neutralité carbone avant 2050».
La première adjointe signale que les récents bâtiments du quartier ont reçu le label «écoquartier livré» délivré par le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.
«Dijon est aussi une ville solidaire», ajoute-t-elle en défendant «la tarification sociale de nos services publics» et «l'accès au sport et à la culture pour toutes et tous, dans tous les quartiers de la ville».
Celle qui est déléguée à la tranquillité publique signale que nombre de Villes françaises rencontrent «les même difficultés de recrutement» de policiers municipaux que Dijon.
De nombreux votes à «52 voix sur 59»
Au moment du vote, on dénombre 7 voix contre, venant des groupes Agir pour Dijon et Dijon autrement, 3 abstentions, venant du groupe des Écologistes et citoyens. En fonction de quoi, le budget primitif 2024 est adopté à une large majorité avec 49 voix favorables.
À noter que le nouveau groupe Horizons et indépendants pour Dijon votera pour tous les autres rapports présentés lors de ce conseil municipal.
Quand les écologistes voteront également favorablement certains rapports, François Rebsamen n'aura de cesse de souligner que s'expriment ainsi «52 voix sur 59», une façon de souligner le nouveau rapport de forces avec les élus des Républicains et apparentés.
La Ville subventionne un expert-comptable pour l'ASFO
En fin de conseil, au moment d'examiner les différentes subventions aux associations, s'invite le sujet de l'Association sportive de la Fontaine d'Ouche.
«C'est important d'avoir un expert comptable pour valider les comptes», glisse François Rebsamen, «dès fois, on retrouve des achats ou des acquisitions dans les dépenses qui sont assez surprenantes, du parfum, des choses comme ça». «Faites confiance aux services de la Ville de Dijon et à l'élu en charge pour vérifier tout cela.»
«S'il y a une association qu'on soutient – et pas qu'un peu – et qui a été reçu plusieurs fois, (…) c'est l'Association sportive de la Fontaine d'Ouche. Il a maintenant un cabinet d'expert comptable, que nous subventionnons et que nous payons», explique le maire de Dijon. Une subvention complémentaire de fonctionnement de 15.000 euros est ainsi allouée à l'ASFO.
Alertant sur «un problème de sécurité» autour du terrain de foot de la Fontaine d'Ouche, Emmanuel Bichot appelle à «régler ces problèmes» avant d'«investir 1,65 million d'euros dans ce terrain» puisque l'implantation d'un terrain synthétique est en réflexion.
«Ça fait trois ans qu'on travaille avec l'ASFO (…) sur cette réflexion et ce nouveau terrain qui inclut les problématiques de sécurité, entre autres», répond Claire Tomaselli (PS), adjointe déléguée au sport. «Ça fait trois ans que le président de l'ASFO demande un nouveau terrain.»
«J'en profite pour rappeler que le terrain n'appartient pas à l'association de la Fontaine d'Ouche», intervient François Rebsamen, «la Ville décide de son utilisation et de qui peut y jouer». «Quand il y a d'autres clubs qui jouent l'ASFO doit respecter ces clubs – ce qu'elle ne fait pas – et qu'il n'y ait pas de menaces. (…) Quand les grilles sont grandes ouvertes, chacun a sa responsabilité. (…) Nous allons renforcer les caméras de vidéo sur ce lieu. (…) Quand on dirige un club, on est responsable de la sécurité des équipes qui viennent y jouer. On ne laisse pas rentrer n'importe qui avec des couteaux et autres choses comme ça. (…) Les règlements de compte entre bandes de Fontaine d'Ouche contre bandes de Talant, bandes de Talant contre bandes de Fontaine d'Ouche, j'en sais rien, nous voulons le retour au calme, le respect des règles, la propreté, et que le club tienne ses engagements.»
«Je vous déconseille de vous lancer dans le soutien à une personne qui dirige une association à la Fontaine d'Ouche, qui est un menteur professionnel», déclare également le maire en s'adressant directement à Emmanuel Bichot, «parce qu'il a été reçu plusieurs fois, (…) et de nombreuses aides ont été prévues».
«Si cette personne ne se comporte pas convenablement, les 1,6 million d'euros de crédits d'investissement que nous avons prévu ne se fera pas. Il faut maintenant qu'il prennent conscience du respect qu'il doit avoir à l'égard des élus, de sa parole lui-même qu'il donne», développe le premier édile.
Le 10 décembre dernier, durant un match entre l'ASFO et Bourg-en-Bresse dans le cadre de la Coupe Gambardella, la «Coupe de France des jeunes», deux personnes ont été blessées par des coups de couteau et des coups de marteau (
retrouver l'article de France Bleu Bourgogne).
«Le grand Hall 1 ne correspond plus en l'état aux besoins du marché», signale François Rebsamen à propos du parc des expositions
Au moment des questions orales, Emmanuel Bichot interroge la Ville sur la possibilité de protéger le Hall 1 du parc des expositions, ouvert au public en 1956, au titre des Monuments historiques du fait de «sa structure métallique exceptionnelle» car «sans pilier de soutènement pour une surface couverte de 12.000 mètres carrés». Plusieurs réalisations de l'architecte Roger-Martin Barade ont déjà été classées.
«Nous avons toujours le choix de maintenir en cœur de ville ce parc des expositions couplé au centre des congrès, tous deux bien desservis par le tramway alors que d'autres demandaient de partir s'installer sur des terres agricoles à quelques kilomètres de Dijon», répond François Rebsamen.
«J'ai souhaité que cet équipement vieillissant face l'objet d'une réhabilitation-modernisation pour le mettre au goût du jour et renforcer les liens entre congrès et expositions», explique le maire de Dijon. «Le grand Hall 1 ne correspond plus en l'état aux besoins du marché des parcs des expos car souffre d'une faible modularité notamment. (…) Je suis attaché au caractère majestueux de cette grande halle malgré les rajouts au fil des ans de bâtiments annexes.»
Des études sont à conduire pour envisager de conserver la configuration du Hall 1 en aménageant une «modularité» et de libérer des espaces pour constituer «un parvis» entre la halle et la station de tramway.
En cas de réponse positive, «nous serons favorables à ne pas démolir le Hall mais à le libérer en démolissant les structures annexes côté tram». Dans l'attente, pour ne pas ajouter à «la complexité des dossiers», le maire de Dijon repousse la demande de protection du Hall 1 au titre des Monuments historiques.
Pas d'équipe olympique à la Piscine olympique en 2024 ?
Alors que Laurent Bourguignat demande des informations sur le potentiel accueil de délégations sportives durant les Jeux olympiques de Paris 2024, le maire de Dijon signale qu'«aucun contrat n'est aujourd'hui signé» du fait de «la concurrence» entre les villes labellisées Terres de Jeux 2024 dont certaines envisageraient de «dépenser des budgets conséquents en lobbying» voire d'«accueillir gratuitement des équipes».
«Nous avons privilégié les animations pour les Dijonnais à la prise en charge financière des délégations», indique le premier édile, seuls les équipements sont mis à disposition à titre gracieux en écartant ce qui correspondrait à une «privatisation» durant trois semaines d'un site comme la Piscine olympique qui, le cas échéant, ne serait donc pas utilisée pour des entraînements en vue des Jeux olympiques en 2024.
Jean-Christophe Tardivon
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