
La façade rénovée a été inaugurée officiellement, ce samedi 20 septembre. La municipalité a justifié le choix des rouge et jaune pimpants pour ce bâtiment datant du milieu du XVème siècle.
Communiqué de la Ville de Dijon du 19 septembre 2025 :
Si la nouvelle apparence de la Maison aux trois visages suscite l’émerveillement à Dijon, le rouge et le jaune pimpants qui la décorent depuis peu ne sont pas un simple emprunt à la palette de couleurs des autres maisons médiévales de la ville.
C’est l’analyse archéologique des façades qui a justifié ce choix. Au cours de leur enquête, toujours en cours, les archéologues ont fait d’autres découvertes qui renouvellent l’histoire de cette maison que l’on croit bien connaître. En voici quelques aspects.
DES SPÉCIALISTES AU CHEVET D’UNE VÉNÉRABLE BÂTISSE
L’étude archéologique a été prescrite par l’État (Service régional de l’archéologie, DRAC Bourgogne-Franche-Comté) en raison des travaux impactant le bâtiment protégé au titre des Monuments Historiques.
Sous la direction d’Émilien Bouticourt (Archeodunum SAS), les archéologues interviennent en accompagnement du chantier de restauration. Ils travaillent sur les échafaudages, aux côtés des charpentiers, en profitant des démontages pour accéder à l’état initial du bâtiment. L’équipe réunit plusieurs spécialistes, qui analysent les pièces de bois et les hourdis (remplissages entre les bois), identifient les marques d’assemblage et les décors, étudient les enduits et les pigments, prélèvent des échantillons à des fins de datation.
Les observations sont reportées sur des relevés photogrammétriques obtenus grâce à un drone. Parallèlement, une historienne s’est plongée dans les archives. Le croisement des sources historiques et archéologiques s’avère fructueux.
VERS 1437-1438 : UNE MAISON QUI PREND DE L’ÂGE !
Si les mentions avérées les plus anciennes de la maison remontent à l’extrême fin du 15e siècle (1494), la datation très précise obtenue grâce à la dendrochronologie (méthode de datation basée sur l’étude des cernes des arbres) pointe les années 1437 - 1438 pour l’abattage des arbres.
La construction s’étant faite dans la foulée (on utilise le bois vert à cette époque), c’est donc un vieillissement de deux à trois générations par rapport à ce que l’on pensait jusque-là. La Maison aux trois visages est bien proche de fêter son 600e anniversaire !
DES COULEURS ET DES ORNEMENTS DISPARUS
La couche de peinture la plus ancienne qui a été reconnue le rouge : c’est cette première couleur, observée sur les poutres, qui a orienté le choix d’aujourd’hui. Les archéologues ont également repéré des traces de moulures et d’autres ornements qui enjolivaient les poutres. Ces motifs en relief ont été arrachés lors de travaux de rénovation, afin de rendre les façades lisses.
Derrière la relative austérité de la façade actuelle, il faut donc imaginer à l’origine tout un programme décoratif, comme c’est le cas sur plusieurs maisons de Dijon.
DU MÉPRIS AU BIJOU : DES REGARDS QUI CHANGENT
Grâce aux archives, on peut retracer une série de travaux qui ont concerné la maison entre le 18e et le 20e siècle. Si le pan de bois est de nos jours apprécié, il n’en a pas toujours été ainsi. Au 19e siècle, on le jugeait disgracieux, et la mairie avait pour projet de remplacer les façades à colombages par des façades maçonnées. Seuls les travaux esthétiques ou de mise en sécurité étaient autorisés, et il ne fallait rien faire qui puisse prolonger la durée de vie de ces bâtiments.
La Maison aux trois visages a même frôlé la démolition avant d’être classée Monument Historique en 1939. Ce qui est aujourd’hui un bijou du patrimoine était autrefois déprécié, preuve que les goûts évoluent avec le temps.
La Maison aux 3 visages a été restaurée dans le cadre du projet «Façades Liberté» initié par la ville de Dijon.
SUBVENTIONS
• Ville de Dijon : 120 505 €
• État : 208 000 € au titre des aides à la restauration des Monuments Historiques.
La Maison aux trois visages (images d'archives JC Tardivon)