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25/10/2021 13:58

DIJON : La vision poétique d'Anthony Bechu, architecte de la Cité de la Gastronomie

Ce vendredi 22 octobre, l'architecte de la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin a conduit une visite de chantier à quelques mois de l'inauguration : «on a confronté une modernité avec un passé». Découvrez en images les toutes dernières étapes des travaux.
Au début des années 2000, avec le transfert des équipes de médecine du site l'hôpital général au site de l'hôpital du Bocage, la perspective d'avoir à gérer une friche hospitalière en plein centre-ville s'annonçait pour la commune.

Parallèlement, à l'initiative de chercheurs de l'université François Rabelais à Tours, la notion de «Repas gastronomique des Français» est défendue auprès de l'UNESCO puis inscrite au patrimoine culturel immatériel de l'humanité en 2010.

Le rayonnement de l'UNESCO


Du fait de ses engagements, la France doit alors mettre en place un réseau de plusieurs «Cités de la Gastronomie». Le dossier de Dijon, qui vient exploiter le site de l'ancien hôpital général, est retenu en 2012, peu de temps après l'élection du socialiste François Hollande à la présidence de la République.


À cela s'ajoute, en 2015, la labellisation UNESCO des «Climats du vignoble de Bourgogne» classant des vignes allant de l'appellation maranges au sud jusqu'à l'appellation marsannay au nord, en passant par le centre de Beaune et en adjoignant le secteur sauvegardé de Dijon en lien avec l'histoire politique des ducs de Bourgogne dont Philippe le Hardi qui, en 1395, interdit le cépage gamay pour favoriser le pinot noir.

800 ans d'histoire hospitalière


Au chapitre historique, les Hospices de Dijon ont été fondés en 1204 par le duc Eudes III de Bourgogne qui en a confié la gestion aux hospitaliers du Saint-Esprit. L'Hospice Sainte-Anne est établi au voisinage en 1640 par des Bernardines avant de fusionner avec le précédent. Au XVIIème siècle, l'établissement de santé, qui est devenu Hôpital Notre-Dame de la Charité, poursuit son extension. En 1954, le chanoine Kir pose la première pierre de l'hôpital moderne situé au Bocage. L'hôpital général ferme en 2015.

En 2016, à la suite d'un appel à manifestation d'intérêt lancé par la Ville de Dijon, le groupe Eiffage décroche la réalisation du projet qui devient culturel, commercial et immobilier. Le groupe acquiert les six hectares de foncier et dépose des permis qui feront l'objet de recours administratifs, décalant de deux ans le début des travaux. L'investissement initial d'Eiffage dépasse 200 millions d'euros.

«La première chose que l'on fait, c'est de rouvrir le site à la population»


Ce vendredi 22 octobre 2021, l'architecte Anthony Bechu effectue un point de situation de l'avancée des travaux et, par la même occasion, revient sur les principes architecturaux qui ont présidé au projet en cours de réalisation.

«C'étaient des lieux qui étaient fermés à la population, ça appartenait à l'hôpital. Il y avait une enceinte qui empêchait les Dijonnais de venir se promener en bord de l'Ouche. La première chose que l'on fait quand on travaille avec la Ville et tous ceux qui étaient en charge de l'avenir de ce site, c'est de rouvrir le site à la population. On se sert des acquis qui sont tout autour : le port, le jardin de l'Arquebuse... (…) On rouvre la promenade sur les bords de l'Ouche qui va être quelque chose de formidable. On permet à un vieux bâtiment de s'ouvrir complètement qui reçoit des startups liées à l'agroalimentaire et qui est géré par le Crédit Agricole [lire notre article]. On a l'hôtel qui va être une très belle façade avec ses tuiles vernissées, (…) qui va être le pendant de l'écoquartier», déclare Anthony Bechu en contemplant le site depuis la base de vie d'Eiffage.

«Le parc [des immeubles d'habitation] vient naturellement prolonger les jardins depuis la gare. (…) On a réimporté la nature pour créer le lien entre deux événements naturels importants dans la ville, [l'Ouche et le port du canal]», insiste-t-il.

«Vous avez la Cité qui vient s'inscrire dans un paysage panoramique»


«Il y avait quelque chose de très perturbant dans le paysage qui était la ligne de chemin de fer. (…) On avait une cicatrice dans le paysage. (…) C'était un des challenges importants. C'est pour ça que l'on a travaillé avec un architecte et avec la Ville pour faire ce parking [Monge], qui vient absorber une partie du talus du chemin de fer,et que l'on a créé ce canon de lumière en acier Corten, qui vient, par sa masse et sa force, s'inscrire dans le paysage et qui vient marquer très fortement l'identité de la Cité internationale de la Gastronomie. Surtout, quand on est à l'intérieur, on voit à travers ce grand cadre, on voit toute la ville ancienne, on a toutes les tours et les clochers qui traversent au-dessus du chemin de fer et qui viennent à l'intérieur. Quand vous passez sous le pont, vous avez la Cité qui vient s'inscrire dans un paysage panoramique qui fait le lien direct donc la ligne de chemin de fer n'est plus un obstacle», développe l'architecte.

«On a confronté une modernité avec un passé»


Le canon de lumière est habillé d'acier Corten, un acier autopatiné, qui a été choisi pour faire écho aux tonalités des tuiles vernissées des toitures bourguignonnes. «Avec ce jeu de matérialité, on a déjà réintroduit les parties contemporaines avec les parties anciennes. On a trouvé un discours amoureux dans la couleur et ça a permis d'avoir le lien visuel entre les anciennes et les nouvelles parties», s'enthousiasme Anthony Bechu.

Et de cite André Malraux : «la tradition ne naît pas dans l'imitation mais dans la confrontation» : «on a confronté une modernité avec un passé on a redonné vie à une Renaissance».

«Ici c'est un vrai référent de notre culture et, en même temps, c'est important de s'ouvrir aux autres cultures. Ça va être un lieu d'échanges très important. Toute la course que l'on a faite quand on a préparé ce concours a été d'aller voir dans le monde tous les chefs (…) et on a fait des échanges culturels très important qui vont permettre, demain, de pouvoir remettre en scène dans ce grand théâtre de la gastronomie, tout ce qu'on a pensé», résume Anthony Bechu avant de procéder à la visite du site.

Les principes de l'écoquartier sans la certification


Premiers bâtiments à être livrés en 2020, les résidences sociales situées le long de l'avenue de l'Ouche sont déjà habitées ainsi que la résidence étudiante. D'autres résidences d'accession à la propriété sur la même avenue sont en cours de finalisation. Au rez-de-chaussée des bâtiments, des services seront proposés, allant de la banque à la salle de sports.

À noter que la plupart des bâtiments du site sont reliés au réseau de chauffage urbain alimenté par l'usine d'incinération de la Métropole. Eiffage Immobilier s'appuie sur la réglementation énergétique RT 2012 améliorée de 10%.

D'autres logements restent à construire à l'angle de l'avenue et de la rivière. Eiffage a retenu comme appellation commerciale le terme d'«écoquartier» bien que l'aménagement en question n'ait pas reçu la certification idoine.

«Eiffage souhaite être leader du bas carbone à l'horizon 2025»


«Malgré la conception sans label, on a mis en œuvre un certain nombre de principes», Marie Courtefois, directrice de programmes pour Eiffage Aménagement : espaces piétons (sauf desserte de services), gestion alternative des eaux pluviales, collecte des déchets ménagers par bornes d'apport volontaire et implantation de locaux pour les vélos.

Sur les trois bâtiments restants à construire Eiffage entend réaliser un «démonstrateur matériaux biosourcés-bas carbone» en allant au-delà du référentiel RE 2020 à venir car «Eiffage souhaite être leader du bas carbone à l'horizon 2025» en développant le recours au bois, ainsi que le précise Ewen Cheron, directeur de programmes pour Eiffage Immobilier.

«L'objectif, à l'échelle du groupe Eiffage, c'est de s'imposer dans tous les nouveaux programme un pourcentage de matériaux biosourcés dans les matériaux utilisés pour la construction, c'est un axe majeur de s'engager pour le changement climatique», abonde Marie Courtefois.

Les bâtiments du XVIIIème siècle retrouvent leur fonction d'hébergement


Dans les bâtiments du XVIIIème siècle, le groupe François Ier a réalisé des appartements dont certains occupants ont déjà emménagé. L'architecte des Bâtiments de France a interdit l'intégration de balcons à ces logements. Il s'agit là des logements neufs les plus chers de Dijon avec des prix approchant 6.000 euros/m².

Toujours cette série de bâtiments, un hôtel quatre étoiles Curio by Hilton sera ouvert en 2023. Eiffage a dû mettre en œuvre le cahier des charges propre au groupe Hilton requérant notamment un référentiel énergétique anglo-saxon BREEAM (Building Research Establishment Environmental Assessment Method) plutôt qu'un référentiel européen.

Il s'agissait d'anciens dortoirs avec un escalier à chaque extrémité et une succession de chambres entre les deux. «On n'abîme pas ni le volume, ni l'architecture extérieure puisque l'on a tout ce qu'il faut pour avoir une partition avec des chambres qui correspond aux lits à baldaquins que l'on avait autrefois», explique Anthony Bechu.

L'hôtel donnera sur deux cours. Dans l'une, le terrassement de la future piscine vient de débuter. La cour accueillera également un restaurant. L'autre cour donnera sur les terrasses végétalisées faisant le lien avec le village de la gastronomie implanté au milieu de la CIGV.

Autour, un bois classé a été préservé et trois espèces sensibles ont été identifiées afin d'adopter des mesures environnementales : l'hirondelle des fenêtres, le triton palmé et l'alyte accoucheur. Pour ce dernier, des filets ont été posés pour éviter aux batraciens de se mettre en danger en rejoignant les zones passantes. Eiffage signale qu'un suivi écologique du site sera mené pendant dix ans à l'issue du chantier.

Jean-Christophe Tardivon

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