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06/04/2023 15:23

DIJON : Le Melkior entend conjuguer «la prévention sur l'alcool et la préservation du chiffre d'affaire»

Ce mardi 4 avril, l'équipe du bar à ambiance musicale situé près de la place de la République a présenté une nouvelle carte de cocktails sans alcool. «On ne pousse aucun comportement de mode sur la sur-alcoolisation», signalent les gérants.
En écho au «Dry January» – ou «mois sans alcool» –, campagne citoyenne et associative de santé publique incitant à ne pas consommer d'alcool durant le mois de janvier, Johann Le Mesnil, directeur de l'établissement, a lancé au Melkior une «carte dry».

À la suite d'agressions récurrentes autour de la place de la République puis de la fermeture anticipée des bars de nuit à deux heures du matin, les gérants du Melkior ont souhaité «communiquer sur la prévention» en instaurant cette «carte dry».

Pour débuter la réunion, ce mardi 4 avril 2023, un Spritz Spirit a été servi, composé de d'Italian Spritz Lyre's Classico et de Perrier, assorti de glace pilée et nanti d'une paille.


La présentation de la nouvelle gamme de boissons s'est déroulée en présence de François-Xavier Dugourd (LR, NE), vice-président délégué du conseil départemental de la Côte-d'Or, Jean-Paul Durand (sans étiquette), conseiller municipal délégué à l'animation du cœur de ville, David Butet, président du MEDEF 21, Patrick Jacquier, président de l'UMIH 21, Pascal Gautheron, président de la CCI Côte-d'Or-Saône-et-Loire, ainsi que représentants de la CPME 21, de l'URSSAF Bourgogne, du Club hôtelier Dijon- Bourgogne ou encore de bureaux d'étudiants de différents établissements de l'enseignement supérieur.

«Donner une alternative à l'alcool»


«C'est un nouveau phénomène qui arrive», explique Vanessa Le Mesnil, «le but est de donner une alternative à l'alcool à celui qui a déjà consommé au restaurant auparavant, à la femme enceinte». «Ce sont des saveurs différentes des mocktails.»

«Des cocktails sans alcool, on en a toujours fait mais là c'est avec des produits bien spécifiques, ce sont des spiritueux désalcoolisés, vegan, sans gluten et dix fois moins sucrés qu'un alcool», ajoute la co-gérante du Melkior.

«Tous les avantages d'une boisson sans alcool sophistiquée de qualité supérieure»


Le directeur du Melkior s'est appuyé sur la gamme de spiritueux sans alcool de la marque Lyre's, créée au Royaume-Uni en 2019. La gamme a été développée avec des essences, des extraits et des distillats afin de reproduire l’arôme, le goût et l’apparence des spiritueux traditionnels, sans utiliser de base alcoolique.

Mettant en avant de nombreux prix dans des concours de dégustation, l'entreprise garantit que «l'échange parfait du produit sans alcool de Lyre's contre l'ingrédient alcoolisé d'origine offre tous les avantages d'une boisson sans alcool sophistiquée de qualité supérieure, sans aucun compromis».

Du Privé au Chat noir


Christophe et Vanessa Le Mesnil sont gérants du bar à ambiance musicale Le Melkior et de la discothèque Le Bal'tazar qui communiquent. Leur fils Johann fait partie de l'entreprise, il dirige le Melkior.

Les deux gérants sont quasiment des enfants de la balle. En arrivant à Dijon, en 2004, ils ont d'abord pris la direction du club Le Privé, avenue Garibaldi qu'ils renommeront Le Chat noir après avoir réalisé des travaux.

Les nouveaux aménagements concernent le rez-de-chaussée et le sous-sol pour une discothèque qui change plusieurs fois de nom : Dixit, Souris blanche et enfin Bal'tazar. L'agglomération de Dijon compte alors cinq discothèques.

Le Melkior en soirée, le Bal'tazar pour la nuit


En 2018, Le Chat noir devient Le Melkior pour marquer l'ouverture à une clientèle de pré-soirée et d'actifs. Un véritable contre-pied à la tendance dijonnaise de l'époque amenant les bars à s'orienter vers une clientèle de plus en plus tardive.

Le Melkior fait alors entrer des groupes de musique live, développe une carte de cocktails et propose des finger foods.

Survient la crise sanitaire et la lutte contre le virus aérien de la Covid-19 amènent les pouvoirs publics à limiter les rapprochements en milieu clos d'où l'interdiction de danser en discothèque. «On a ressenti une énorme frustration», confie Christophe Le Mesnil.

«L'être humain a besoin à un moment de se libérer», analyse le gérant, «il y en a qui font du sport, qui lisent, qui regardent un film et il y en a d'autres qui viennent ici pour danser, pour faire des rencontres. On a besoin de nous donc il est important que l'on puisse apporter ça».

«On ne pousse aucun comportement de mode sur la sur-alcoolisation»


Post-crise sanitaire, les modèles économiques doivent se réinventer. «Les habitudes de consommation ont changé», note Christophe Le Mesnil, d'autant plus que se sont développés les bars à ambiance musicale et que le Bal'tazar est désormais la seule discothèque.

Ancien président des cafetiers au sein de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie de Côte-d'Or (UMIH21) pendant dix ans, ancien président de l’École des métiers de Dijon Métropole, Christophe Le Mesnil insiste sur la notion de responsabilité avec l'antériorité de la charte Harmo Nuit mise en place en 2015 avec la préfecture de la Côte-d'Or, la Ville de Dijon et la CCI pour limiter les nuisances sonores liées à la vie nocturne. «On avait travaillé fortement sur le sujet.»

«On ne peut pas régler le comportement individuel du consommateur», explique toutefois le cafetier. «La seule chose qu'on peut faire, c'est lui faire prendre conscience de son comportement suite à l'alcoolisation et lui faire changer son comportement, c'est là-dessus qu'on travaille.»

«On ne pousse aucun comportement de mode sur la sur-alcoolisation», signale le gérant du Melkior. Pas d'happy hour, pas de shooters, pas de grands contenants... bref, «pas d'alcoolisation rapide». Les alcools forts premiums proposés en long drink avec un tarif qui calme les ardeurs pour «boire moins et boire mieux».

Les écrans vidéos diffusent des messages de prévention concernant la consommation ainsi que les comportements respectueux pour conjuguer «la prévention sur l'alcool et la préservation du chiffre d'affaire».

«L'évolution des habitudes de consommation»


«Au travers de nombreuses années dans le milieu de la nuit, j'ai pu constater l'évolution des habitudes de consommation, les rapports à l'alcool, que ce soit à la campagne ou en ville», abonde Vanessa Le Mesnil, revenant au présent.

«Si la consommation doit changer, cela doit déjà débuter par cette nouvelle génération qui arrive», déclare Christophe Le Mesnil en référence aux étudiants présents. «Il faut en profiter pour leur parler prévention, ils sont déjà habités par ça.»

Dès l'époque du Chat noir, les gérants ont instauré «un pacte de bonne conduite» avec les associations étudiantes dans «le but de les sensibiliser au bon déroulé des soirées et de les responsabiliser en tant que co-organisateurs». Ainsi, les étudiants s'engagent à ne pas communiquer sur l'alcool et à mettre en place un stand de prévention concernant les addictions, les infections sexuellement transmissibles et l'égalité femmes-hommes.

«Je suis très attachée au risque lié aux femmes qui fréquentent nos établissements», insiste Vanessa Le Mesnil. «On a beaucoup travaillé avec nos services de sécurité sur ce sujet.»

Le risque lié au GHB – ou «drogue du violeur» – est également pris en compte. Au Melkior, la clientèle sensibilisée par des messages, des «capotes de verre» sont à disposition et un code verbal est même en usage pour alerter discrètement le personnel en cas de problème.

Concernant les retours en véhicule, le gérant du Melkior regrette des difficultés avec les taxis dijonnais mais salue la disponibilité du VTC Licorne permettant des trajets jusqu'à Beaune.

L'action d'Addiction France


Alors que les membres de bureaux des étudiants présents sirotent leur Spritz sans alcool, Aude Posé leur présente des écocups et des éthylotests. Animatrice prévention et tabacologue au sein de l'association Addiction France, Aude Posé noue des contacts pour de futures partenariats lors de soirées étudiantes.

Association nationale, Addiction France a des antennes dans tous les départements. Elle s'est fixée trois missions : la formation, la prévention et le soin.

L'association forme les personnels ou membres des structures partenaires aux problématiques d'addiction. Des centres de soins en addictologie sont également proposés avec des équipes de professionnels de santé (médecins, psychologues, infirmiers, travailleurs sociaux...) pouvant recevoir gratuitement et anonymement toute personne connaissant une addiction (stupéfiants, jeux d'argent, écrans...).

En Côte-d'Or, les centres de soins sont implantés à Auxonne, Châtillon-sur-Seine, Fontaine-lès-Dijon ou encore Saulieu.

«Est-ce qu'on a vraiment autant besoin d'alcool pour faire la fête ?»


En prévention, l'association peut intervenir auprès de tous les publics. En particulier, un partenariat a été noué avec Le Melkior dans le but de sensibiliser et de former des étudiants organisant là des soirées étudiantes sur les problématiques de consommation d'alcool ou de stupéfiants.

«On a trouvé l'initiative pertinente dans le sens de la réduction des risques», réagit Aude Posé en découvrant la carte de cocktails sans alcool. «L'alcool, il y en a. La fête, il faut la faire. Comment arriver à trouver une nouvelle manière de faire la fête, une nouvelle culture de la fête. Est-ce qu'on a vraiment autant besoin d'alcool pour faire la fête ?»

Témoignages de membres d'associations étudiantes


«On est venu tester cette boisson sans alcool», indique Noa Bacle, étudiant à l'école d'ingénieurs ESEO, responsable événement au bureau des étudiants, qui envisage de «proposer une sensibilisation avec». «La suralcoolisation est un problème actuellement et il faut trouver une solution à ce qui se passe à Dijon en sortie de boîte de nuit ; je pense que ça peut être une aide pour réduire la consommation d'alcool.»

«Je ne bois pas d'alcool et je voulais goûter les différents cocktail», signale Esther Rouaix, étudiante en BTS Négociation et digitalisation de la relation client par correspondance. «C'est vrai qu'il n'y avait pas beaucoup de choix, habituellement, je me limite à des sodas ; j'aimerais bien avoir plus de choix. J'ai goûté quelques cocktails, là, sans alcool, c'est vrai que j'ai du mal avec ce goût ''alcool''. Mon préféré, c'est le Ginger Spirit.»

Ne consommant pas du tout d'alcool, Esther Rouaix est particulièrement sensibilise à la problématique et se sent «responsable» de ces camarades pouvant en consommer : «ils ont peut-être des actions différentes sous alcool et je suis plus lucide qu'eux». «La sensibilisation n'est pas assez faite. (…) Les jeunes ne se rendent pas assez compte des dangers.»

«Personnellement, je ne trouve pas qu'il y ait une sensation d'alcool mais, dans l'ensemble, gustativement, c'était bon», témoigne Maëla Viviani, étudiante en pré-master à BSB et membre du BDE, qui envisage un partenariat avec le Melkior pour organiser des soirées. «Je ne sais pas si c'est très adapté à une clientèle d'étudiants. (…) Si on prend un cocktail, c'est que l'on veut être un peu posé avec ses amis autour d'une planché apéro en début de soirée mais c'est pas en pleine boîte de nuit à quatre heures du matin qu'on va prendre un cocktail sans alcool.»

«Il y en a qui arrivent à passer des soirées en s'amusant sans boire», relate l'étudiante, constatant que, au sein d'un groupe, certaines personnes sont volontaires pour ne pas consommer d'alcool pour par exemple, reconduire en voiture le groupe. «On en voit de plus en plus. (…) La prévention dans les soirées étudiantes, c'est important.»

Cependant, arrivant de Bretagne, Maëla Viviani considère «contraignant» de «ne pas pouvoir profiter à fond de sa soirée» quand un établissement ferme à deux heures du matin. «Si on peut faire des soirées jusqu'à six heures du matin et rentrer chez soi sereinement, ça serait super !»

Jean-Christophe Tardivon

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