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09/11/2022 03:54
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DIJON : Le préfet souhaite limiter les ouvertures tardives des établissements de nuit de la place de la République

L'annonce du préfet de la Côte-d'Or semble avoir pris de court la municipalité dijonnaise. Ce lundi 7 novembre, en marge d'une signature de convention sur la tranquillité résidentielle, Franck Robine a lancé «un plan d'action et de reconquête de la place de la République».
La sécurité est un sujet à tiroirs. Quand on pense ouvrir le tiroir de la tranquillité résidentielle, on peut se retrouver à aborder la sécurité publique d'un quartier du centre-ville dont la réputation a été ternie au fil du temps par des agressions à répétition. François Rebsamen (PS, FP) en a fait l'expérience ce lundi 7 novembre 2022.

Le maire de Dijon était présent aux côtés du préfet de la Côte-d'Or pour signer avec des bailleurs sociaux une convention sur la tranquillité résidentielle du parc HLM. Il s'agit d'une déclinaison du contrat de sécurité intégré signé le 20 mai 2021 et apportant des moyens supplémentaires en matière de prévention, de dissuasion, de sanction et de réparation (lire notre article).


Une précédente déclinaison, signée le 20 mai dernier, concernait la sécurité dans les transports en commun en créant un groupement de soutien et d'intervention composé de policiers municipaux (lire notre article).

Ce lundi, le préfet de la Côte-d'Or, le maire de Dijon, Grand Dijon Habitat, CDC Habitat, ICF Habitat, Orvitis et Habellis se sont engagés dans «un plan d’actions pour apporter des réponses coordonnées et efficaces aux situations portant atteinte à la tranquillité publique» dans le parc HLM (lire le communiqué).

Un préfet blagueur


Au moment des discours officiels, le préfet aborde la réunion plein d'entrain tandis que le maire de Dijon apparaît un rien crispé. Le préfet de la Côte-d'Or, ayant pris ses fonctions le 17 octobre dernier, blague Bruno Gallot, directeur départemental de la sécurité publique, étant arrivé, lui, le 1er novembre. «Je connais beaucoup plus que vous, d'ores et déjà, la situation de la ville de Dijon», lance-t-il tout sourire. Le ton est donné.

Au-delà de la boutade, Franck Robine était conseiller en charge des affaires de sécurité auprès du Premier ministre Jean Castex quand celui-ci a mis en place les contrats de sécurité intégré dont celui de Dijon, signé en 2021. «Je crois me souvenir que Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, était venu personnellement à Dijon, pour signer ce contrat de sécurité intégré. Alors, ce n'était que le deuxième, Monsieur le maire. C'était le Premier ministre qui avait signé le premier à Toulouse mais vous aviez quand même marqué des points en vous positionnant d'emblée», glisse-t-il pour enfoncer le clou.

«La présence des policiers et des gendarmes sera doublée d'ici 2030»


«Mon objectif, c'est bien de faire de la sécurité dans l'agglomération de Dijon ma priorité absolue», déclare-t-il en écho à ses propos tenus lors de sa prise de fonctions (lire notre article). «Il ne peut pas y avoir de développement harmonieux d'une ville ou d'une agglomération sans la tranquillité des habitants en soit assurée.»

Au niveau national, la nouvelle loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur (LOPMI) prévoit 15 milliards d'euros sur la période 2023-2027 et le recrutement de 8.500 agents supplémentaires.

«La présence des policiers et des gendarmes sera doublée d'ici 2030», indique le représentant de l’État pour relayer un engagement du président de la République, «le temps sur la voie publique deviendra la règle et le temps en commissariat ou en brigade l'exception notamment avec la mise en place des assistants d'enquête».

Au niveau local, le préfet salue toutefois les recrutements effectués par la Ville de Dijon pour atteindre 80 policiers municipaux ainsi que l'extension des horaires de nuit.

«L'insécurité touche en premier lieu les milieux populaires», souligne François Rebsamen


«Le besoin de sécurité est grandissant», constate pour sa part François Rebsamen. «Il ne peut y avoir de liberté, de tranquillité et d'épanouissement personnel et ou familial dans une ville sans tranquillité publique et sans sécurité», ajoute-t-il en introduction à la signature de la convention du jour.

«L'insécurité touche en premier lieu les milieux populaires, les catégories populaires, les gens modestes. Ce sont les voitures des gens modestes que l'on brûle régulièrement», souligne le socialiste.

«La rue n'appartiendra jamais aux voyous», assène le préfet


Au détour des interventions officielles, le préfet choisit d'aborder «un sujet sensible» concernant les questions de tranquillité et de sécurité publiques autour de la place de la République.

«Je le dis avec force : la rue n'appartient pas et n'appartiendra jamais aux voyous», assène le préfet. «En constatant l'extrême gravité de certains faits qui se sont commis récemment, également en constatant la répétition de ces faits, j'ai demandé au nouveau directeur départemental de la sécurité publique, en accord complet avec vous, Monsieur le Maire, et avec le procureur de la République, qu'il me soumette un plan d'action et de reconquête de la place de la République, je pèse mes mots !»

Seize opération et douze interpellations autour de la place de la République en octobre


«Ce plan d'action et de reconquête de la place de la République utilisera tous les instruments dont nous avons besoin pour rétablir la tranquillité et lutter contre la délinquance», insiste Franck Robine.

Le représentant de l’État salue alors le travail mené par la police nationale en coordination avec la police municipale. En octobre, la police nationale a mené seize opérations avec une «présence systématique» les soirs et nuits des vendredis ainsi que des samedis. Ces opérations ont conduit à douze interpellations.

«Il y a un sujet relatif aux ouvertures tardives des établissements de nuit»


«Force est de constater qu'il nous faut aller plus loin encore», lance le préfet qui liste donc les instruments à sa disposition : présence des forces de sécurité intérieure, coopération avec le procureur de la République et le maire dont sa police municipale, utilisation de moyens d'enquête...

«Il y a un sujet relatif aux ouvertures tardives des établissements de nuit et des débits de boisson», analyse-t-il. Je pense que ces ouvertures sont trop tardives pour être compatibles avec le degré de sécurité dont nous avons besoin.»

S'il précise ne pas avoir de «solution toute faite», le préfet assure ne pas éviter «le questionnement» autour de ce sujet des ouvertures tardives.

Charge donc au directeur départemental de la sécurité publique de Côte-d'Or de proposer des solutions dans les prochains jours après un temps d'échanges avec les représentants des établissements concernés.

La réaction du maire de Dijon

 
«Je voudrais dire un mot complémentaire à ce qu'a dit le préfet tout à l'heure pour dire que je soutiens et que j'appuie totalement sa démarche. (…) Je félicite [le préfet] de ces annonces», déclare François Rebsamen, laissant ainsi entendre que la concertation a été plus que rapide entre le préfet et le maire.

«Je suis prêt, avec les adjointes concernées, d'ouvrir ce dossier pour qu'il n'y ait pas un centimètre carré d'une place qui soit interdit à tous nos concitoyens. Nous nous y employons, la police municipale en complément de la [police nationale]. Vous avez raison, nous allons prendre des mesures qui vont aller dans le sens que vous souhaitez après annonce auprès de l'UMIH», poursuit le maire de Dijon. L'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie étant le syndicat patronal de ce secteur professionnel.

La problématique de l'alcoolisation


Devant la multiplication des agressions dans le secteur de la place de la République, notamment dans un contexte d'alcoolisation des protagonistes, la Ville de Dijon a pris des mesures ces derniers mois.

En septembre dernier, Nathalie Koenders, première adjointe au maire chargée de la tranquillité publique, a rappelé que les policiers municipaux patrouillaient autour de la place jusqu'à 3 heures du matin et que des arrêtés municipaux interdisaient la vente d'alcool en soirée par les épiceries de nuit (retrouver l'interview de France Bleu Bourgogne).

De plus, les demi-lunes a chaque extrémité de la place sont désormais surveillées par des vigiles pouvant donner l'alerte en cas de situation problématique.

De surcroît, en juillet dernier, la préfecture a interdit la consommation d'alcool sur la voie publique place de la République entre 14 heures et 6 heures du matin. Cela jusqu'au 31 décembre.

Jean-Christophe Tardivon

L'ensemble des interventions officielles à retrouver sur le blog Beaune et d'ailleurs


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