> Vie locale > Vie locale
17/09/2021 20:29

DIJON : Le tour de chauffe des chasseurs avant la présidentielle

Le rassemblement était symbolique ce vendredi 17 septembre devant la préfecture de Bourgogne-Franche-Comté à Dijon. Les chasseresses et chasseurs de toute la France préparent un grand rendez-vous en mars prochain, juste avant la présidentielle.
La date est déjà calée, ce sera le samedi 5 mars 2022, le premier tour de l'élection présidentielle étant fixé au 10 avril suivant. Au mot d'ordre de défense de la ruralité, le patron de la fédération des chasseurs de Bourgogne-Franche-Comté – fort de ses 68.000 adhérents – appelle déjà à inscrire la date dans les agendas pour converger à Paris.

Ce vendredi 17 septembre 2021, le rassemblement devant la préfecture de la région Bourgogne-Franche-Comté, dont le siège est à Dijon, est modeste. Les organisateurs revendiquent 350 participants venus de toute la Bourgogne-Franche-Comté, avec une forte proportion de la Saône-et-Loire notamment.

«Un acharnement sur les chasses en général»


L'objectif du jour est de se montrer «solidaire» des chasseurs concernés par l'annulation du Conseil d’État des autorisations accordées à certaines «chasses traditionnelles» par le ministère de la Transition écologique dans d'autres territoires qu'en Bourgogne-Franche-Comté.

Les fédérations de chasse ne sont pas loin de reprocher un double-jeu au ministère : avoir accordé des autorisations tout en ne les défendant pas «suffisamment» devant le Conseil d’État à la suite des requêtes des associations LPO et One Voice.

Les associations environnementalistes et de défense de la cause animale sont dans la ligne de mire des chasseurs qui leur reprochent de vouloir «tout simplement la fin de la chasse» et de la «démonter morceau par morceau» en commençant par les pratiques traditionnelles.

«On a compris que c'était un acharnement sur les chasses en général. (…) Demain, ça sera peut-être la chasse à courre, ça sera aussi la chasse au chien courant, ça sera la chasse du dimanche, et ainsi de suite», envisage Pascal Secula, président de la Fédération Régionale des Chasseurs de Bourgogne-Franche-Comté.

«On sent bien qu'avec le futur débat présidentiel et les élections législatives, ce phénomène va s'amplifier dans les mois à venir», anticipe Pascal Secula.

Sur le terrain législatif, le président de la fédération régional de chasse, considère la proposition de loi sur la création d'un défenseur des droits des animaux comme «catastrophique». Elle devrait être examinée au Sénat le 1er octobre prochain. Pascal Secula craint des «retombées» pouvant concerner notamment les chiens de chasse.

«La grande majorité des Français n'est pas contre la chasse»


«Je comprends qu'on peut être contre la chasse, je peux le respecter. Mais la plupart de ces gens-là connaissent moins la nature et la biodiversité que nous», poursuit le président de la fédération régionale de chasse à propos des militants environnementalistes, «je peux les emmener – et tous ceux qui sont ici aujourd'hui – sur le terrain, on va leur apprendre ce que c'est que la vraie nature. Ils sont une minorité. La grande majorité des Français n'est pas contre la chasse. Il y a eu un sondage IFOP».

En revanche, Pascal Secula reconnaît que la population nourrit une certaine appréhension vis à vis de cette pratique : «on a un gros travail de communication au niveau de la fédération nationale où on doit apprendre à mieux communiquer notre passion et à la partager».

Gilet orange durant les actions de chasse, animations en lien avec l'éducation à l'environnement, expertise en matière de biodiversité... les fédérations veulent mieux faire connaître les récentes évolutions. Pascal Secula signale notamment des applications qui permettent de connaître les communes où des chasseurs sont déployés à un moment donné.

«On n'a pas besoin de l'Europe pour nous interdire tout ça»


Sentant le vent du boulet, les pratiquants de chasses spécifiques, jusque-là fragmentés, tendent à converger. En dehors des fédérations départementales, une association de chasse au chien courant est présente, ainsi que la vénerie sous terre, la grande vénerie, la chasse à l'arc ou encore des pratiquants de la chasse au gibiers d'eau. Chacune se signalant au fur et à mesure du déroulement du rassemblement statique rythmé par les chants et les performances des sonneurs.

«Il faut penser qu'il y a des ruraux qui vivent depuis des générations leur passion. Quand on est en pleine campagne, personne ne vient nous attaquer sur la chasse, bien au contraire. Même ceux qui ne chassent pas, on casse la croûte avec eux, on leur donne un morceau de viande, ils nous donnent ce qu'ils ont à proposer et ça se passe bien. Ça s'appelle un échange sympathique, culturel, que l'on vit dans les campagnes. Il n'y a pas besoin de réglementation pour ça et on n'a pas besoin de l'Europe pour nous interdire tout ça», martèle Pascal Secula.

Une chasseresse au CESER déplore «le sectarisme de la ministre de la Transition écologique»


Face à cela, «il faut être en colère, en colère dignement», enchaîne le président de la fédération régionale de chasse en prenant le micro pour intervenir devant les manifestants. «Les amis, la chasse est en danger», lance le représentant de l'Yonne tandis que celui du Jura n'a pas de mots assez durs pour les écologistes : «foutez-nous la paix !»

Évelyne Guillon, présidente de la fédération des chasseurs de la Saône-et-Loire clôture les prises de parole. Élue au Conseil économique, social et environnemental régional de Bourgogne-Franche-Comté (CESER), Évelyne Guillon déplore «l'immobilisme, le militantisme, le sectarisme de la ministre de la Transition écologique» et prend pour exemple la future interdiction de la chasse au plomb au regard «des milliers de kilomètres de réseaux d'eau potable en plomb qui empoisonnent nos enfants». «Où se trouve l'urgence écologique ?» conclue-t-elle sous les sonneries enthousiastes des trompes et cors des chasseurs de la Saône-et-Loire.

Laissant le mégaphone, le président régional et les sept représentants des fédérations départementales sont entrés en délégation dans le bâtiment pour être reçus par le préfet de la région Bourgogne-Franche-Comté. Celui-ci a diffusé un communiqué à l'issue de la réunion pour rappeler les décisions prises par le gouvernement en faveur de la chasse - notamment concernant «le pouvoir d'achat des chasseurs» - et redire que la Bourgogne-Franche-Comté n'est pas concernée par les modes de chasse traditionnels.

Des «centaines de milliers» de chasseurs attendus le 5 mars à Paris


Ce samedi 18 septembre, des rassemblements d'importance sont annoncés à Amiens et à Mont-de-Marsan où les chasseurs attendent respectivement 10.000 et 15.000 participants.

Pour la manifestation du 5 mars prochain à Paris, certains se prennent à rêver d'atteindre «un million» de personnes, c'est à dire le nombre de pratiquants en France. Plus réaliste, Pascal Secula, qui fait partie du bureau de la fédération nationale, envisage d'ores et déjà des «centaines de milliers» de manifestants.

Jean-Christophe Tardivon

Le préfet rappelle les «décisions favorables» concernant les chasseurs