
Ce dimanche 2 mars, le préfet de la Côte-d'Or et la maire de Dijon se sont rendus au pied de la médiathèque Champollion, incendiée la nuit précédente, pour accueillir les policiers de la CRS 83 déployés dans le quartier des Grésilles. La Ville de Dijon va financer des vigiles pour sécuriser les bâtiments publics.

Dans la nuit du samedi 1er mars au dimanche 2 mars 2025, à Dijon, un incendie s'est déclaré dans la médiathèque Champollion, un acte potentiellement criminel selon les premiers éléments de l'enquête.
Malgré l'intervention des sapeurs-pompiers, environ 200 m² de l'équipement culturel du quartier des Grésilles ont été détruits par les flammes. Les dégâts seraient «très importants».
Le 17 février dernier, une tentative d'incendie avait concerné ce même bâtiment. Le 7 février dernier, à quelques centaines de mètres, le Centre national de la formation de la fonction publique territoriale avait déjà été en partie incendié, peu après une importante opération policière de lutte contre le trafic de drogue.
Des policiers et des vigiles en renfort
Ce dimanche soir, Paul Mourier, préfet de la Côte-d'Or, Nathalie Koenders (PS), maire de Dijon, Frédéric Vincent-Genod, directeur interdépartemental de la police nationale de la Côte-d'Or, ont accueilli les policiers de la CRS 83 venus contribuer à sécuriser le quartier.
Commandés par le capitaine Hocq, une trentaine d'agents de l'unité spécialisée dans les violences urbaines vont rester «plusieurs jours» aux Grésilles et ont commencé à patrouiller dans le quartier dès leur arrivée.
De plus, la Ville de Dijon financera le déploiement de vigiles pour contribuer à surveiller spécifiquement les bâtiments publics. Cela s'intègre dans la démarche du dernier Livre blanc de la sécurité intérieure qui envisage un continuum impliquant les entreprises de sécurités du secteur marchand.
«Partout, en tout endroit du territoire, il y a effectivement des trafiquants», a noté le préfet
Le préfet a remercié les CRS venus en intervention ce soir aux côtés des policiers dijonnais qui ont déjà procédé à «des interpellations».
«Force doit rester à la loi», a rappelé le représentant de l’État, «ce passe ici est grave». «D'incendier par deux fois le même bâtiment public montre clairement que les actions de police qui sont conduites sont efficaces, qu'elles dérangent, qu'elles déstabilisent. Je peux vous assurer que nous allons continuer à le faire et nous nous inscrivons dans la durée.»
«Le trafic de drogue est un véritable cancer qui gangrène le quartier des Grésilles mais [aussi] la ville de Dijon, le département parce que, désormais, partout, en tout endroit du territoire, il y a effectivement des trafiquants», a développé Paul Mourier. «Je rappelle que cette question de lutte contre le trafic de stupéfiants est une question à la fois de santé publique. Je pense notamment aux jeunes. On sait très bien – il suffit d'interroger les médecins [sur ceux] qui commencent à consommer jeunes de la drogue – que ces des [lésions] à vie qu'ils ont. C'est une question également, comme l'a rappelé le ministre de l'Intérieur Monsieur Bruno Retailleau, de souveraineté nationale.»
«N'oublions pas que ceux qui pâtissent en direct de ces trafics qui créent de l'insécurité, des troubles, de l'inquiétude, ce sont les habitants de ce quartier», a-t-il ajouté, «je pense aux habitants du quartier des Grésilles ou d'autres endroits dans le département où il y a également ce type de trafic. C'est de l'instabilité : les gens vivent dans la crainte, dans la peur. Il faut restaurer également la sécurité du quotidien, la tranquillité du quotidien.»
Des «représailles» contre l'action de l’État
«L’État est totalement déterminé à mener dans le long terme une action efficace», a-t-il poursuivi, «ça fait depuis longtemps que l'action est engagée mais là, clairement, l’État a décidé d'avoir une action plus forte et, surtout, qui s'inscrive dans le temps». «C'est la raison effectivement de ses représailles. Je trouve [que c'est] une très grande lâcheté de s'en prendre à un équipement, en plus qui a une vocation d'enseignement, une vocation culturelle et qui est là pour être au service de l'ensemble de la population et notamment [celle] des Grésilles.»
«L’État est décidé à ramener la tranquillité dans ce quartier»
«L'objectif est double», a précisé le préfet à propos de la mission de la CRS 83. «D'une part, restaurer la tranquillité, voir qu'il y a des policiers de cette compagnie républicaine de sécurité – je pense que vis à vis des habitants c'est très important –, montrer que l’État est présent et ne lâche rien. Ce quartier est un quartier de la ville de Dijon et il doit vivre dans la tranquillité et la sécurité. Également, il sera procédé à des contrôles – ça a déjà commencé –, contrôles de véhicules, de personnes, pour s'assurer que les personnes qui circulent sont en règle et qu'il n'y a bien évidemment pas de trafic qui sont se développer ce soir.»
«L’État est là, l’État est décidé à agir et à ramener la tranquillité dans ce quartier», a insisté le préfet. «Si j'ai demandé cette CRS, c'est bien évidemment pour lutter contre le trafic de stupéfiants. Je n'oublie pas également les consommateurs parce que c'est un marché. Il y a une demande, il y a une offre donc il faut agir bien évidemment par par rapport à l'offre mais on dresse des amendes de forfaitaires vis à vis des [consommateurs] et montrer, finalement, que, par cette présence, on assure la sécurité dans le quartier.»
«C'est l'affaire de tout un collectif»
«Ce n'est pas uniquement l'affaire du préfet», a enchaîné Paul Mourier, «c'est l'affaire de tout un collectif et, au premier chef, des élus». «Que Madame la maire soit là montre que nous voulons agir ensemble. Il également d'autres forces, de l’État, d'autres partenaires, du monde associatif qui a son rôle à jouer notamment sur la prévention.»
À la suite de cette nouvelle attaque de la médiathèque, les bâtiments publics feront l'objet d'une surveillance particulièrement, notamment par des vigiles financés par la Ville de Dijon.
De multiples agents pour «quadriller le quartier»
«Je souhaite apporter mon soutien aux habitants du quartier, à l'ensemble des Dijonnaises et des Dijonnais, mais aussi aux agents municipaux qui ont oeuvrer pour rouvrir hier la médiathèque», a réagi Nathalie Koenders. «S'en prendre à une médiathèque, c'est lamentable. (…) S'en prendre à n'importe quel bâtiment, c'est inadmissible. Maintenant, effectivement, un bâtiment municipal, une médiathèque qui a été faite ici, dans ce quartier, la demande des habitants, c'est s'en prendre à un bâtiment qui profite aux jeunes de ce quartier, qui profite à leur émancipation, la culture a toujours été une priorité à la Ville de Dijon. (…) C'est inadmissible puisque, là, c'est la République quand qui est attaquée. Dès ce matin, j'ai souhaité m'entretenir rapidement avec Monsieur le préfet, avec le procureur de la République, avec le directeur interdépartementale de la Police nationale pour demander des moyens de police nationale supplémentaires.»
«Les agents du centre de supervision urbain, les agents de sécurité privés et la police municipale et puis la police nationale et compagnie de CRS vont quadriller le quartier pour éviter que des personnes reproduisent ce cet acte criminel», a-t-elle complété.
«Les habitants sont les premières victimes», souligne la maire de Dijon
«Les habitants sont les premières victimes, c'est la double peine», a considéré la maire de Dijon, «déjà, ils vivent dans un quartier avec des difficultés et avec un point de deal et, en même temps, on les prive de bâtiments publics municipaux et on est à leur côté parce que la grande majorité des habitants aspirent à y vivre tranquillement et je peux dire que dans ce quartier il y a aussi une belle vitalité. C'est aussi important de parler de ce qui se passe bien, des associations qui vivent, des associations culturelles et sportives.»
«J'ai vraiment une pensée pour les agents municipaux qui travaillent dans cette médiathèque qui ont été touchés en plein cœur», a-t-elle ajouté
La municipalité est «aux côtés de l’État»
«En ce qui concerne la Ville de Dijon, nous serons aux côtés de l’État, de façon déterminée», a assuré la maire. «Nous n'allons pas nous laisser intimider et nous continuerons cette lutte aux côtés de l’État puisque je rappelle que la lutte contre le trafic de drogue relève d'abord de la compétence régalienne de l’État mais, pour autant, nous sommes aux côtés de l’État pour des missions aussi de prévention et puis de dissuasion avec la présence de la police municipale et des agents de sécurité privés.»
«La Ville agit sur tous les domaines», a mis en avant la socialiste. «Il y a la répression, c'est important. Il y a la dissuasion avec la présence policière, mais il faut aussi faire la prévention en amont. La prévention pour éviter que des jeunes bascules dans la délinquance et puis la prévention auprès des consommateurs parce qu'ils ont aussi du sang sur les mains. Si on en est là, c'est aussi parce qu'il y a des consommateurs qui achètent sur ces points de deal et c'est inadmissible.»
«Les images ont été réquisitionnées et données au procureur de la République pour l'enquête», a précisé la première édile, «c'est grâce aussi aux agents du centre de supervision urbaine, qui ont pu voir des mouvements suspects, parfois certaines flammes, et prévenir très rapidement les pompiers», a-t-elle précisé. «Il s'avère qu'à la caméra de vidéoprotection, on voit des individus entrer dans la bibliothèque avec, vraisemblablement des cocktails Molotov.»
L'opération Sentinelle sécurise les lieux de culte
Désormais, c'est à la police scientifique d'intervenir pour trouver des éléments de preuve d'une action criminelle avant que des devis ne soient établis pour envisager des travaux de remise en état de l'équipement culturel.
Parallèlement, le mois de Ramadan vient de débuter, le 1er mars dernier, rythmé par des temps religieux ainsi que par des temps festifs à la tombée de la nuit. Alors que des habitants confient avoir peur de sortir le soir, la maire de Dijon a signalé que cela relevait de la mission de l’État de sécuriser la mosquée des Grésilles, notamment en ayant recours aux militaires de l'opération Sentinelle. Idem concernant l'église Sainte-Bernadette de Dijon puisque le Carême commence le 5 mars prochain avec la messe des Cendres.
Jean-Christophe Tardivon












