Recherche
Pour nous joindre
redaction.infosdijon@gmail.com
SMS au 07.86.17.77.12
> Vie locale > Vie locale
28/11/2021 20:23

DIJON : Le travail in situ de Daniel Buren permet «une lecture différente de l'architecture»

Artiste français exposant dans le monde entier, Daniel Buren propose une installation à Dijon guidant le regard depuis la rue des Godrans vers le toit aux tuiles vernissées de la Banque de France. Une œuvre qui amène à «interroger la place du spectateur», selon la directrice régionale des affaires culturelles de Bourgogne-Franche-Comté qui s'est exprimée lors de l'inauguration, ce vendredi 26 novembre.
Artiste majeur de l'art contemporain, travaillant directement sur le site d'installation – c'est à dire in situ – Daniel Buren n'a pas d'atelier. Porte-drapeau de la France à l'international, Daniel Buren a reçu en 1986 un Lion d'Or à la Biennale de Venise et en 2007 à Tokyo le Premium Imperial pour la peinture.

En Bourgogne, Daniel Buren est déjà intervenu à Nevers en 1986, à Dijon en 1989, à Cluny en 1992 et de nouveau à Dijon en 2014. Autour de l'exposition collective de 1989, des liens se sont tissés avec le centre d'art contemporain Le Consortium et la galerie Interface, ce qui a permis de voir le projet «Point de vue ascendant, travail in situ» aboutir dans les jardins de l'hôtel de la Thoison, hôtel particulier du XVIIème siècle qui est aujourd'hui le siège régional de la Banque de France en Bourgogne-Franche-Comté.


La mobilisation de l’État et des collectivités locales


L'installation a été financée par des fonds publics, une contribution de la galerie Interface et du mécénat de l'entreprise Adhex. Ces deux dernières structures ne souhaitent pas communiquer sur les montants engagés. Selon nos informations, l'artiste a revu à la baisse ses honoraires habituels afin de permettre l'aboutissement du projet.

Du côté des institutions publiques, le ministère de la Culture, la Région Bourgogne-Franche-Comté, le Département de la Côte-d'Or et la Ville de Dijon ont chacun apporté 50.000 euros. L'implication de l’État ayant servi de levier pour favoriser la mobilisation des autres cofinanceurs.

«Un artiste de niveau mondial qui expose sur tous les continents»


Président de l'entreprise Adhex implantée à Chenôve, Roland de la Brosse préside également l'association Interface. «On pense que c'est important de participer à la vie locale», indique-t-il en marge de l'inauguration, «on reçoit des artistes en résidence à la société, on leur permet de créer des œuvres parmi les salariés. On soutient le fonds régional d'art contemporain, l'association Interface».

«C'est important que la création artistique soit pas laissé uniquement, entre guillemets, à l'initiative et aux finances publiques», réagit l'entrepreneur. La pièce de Daniel Buren «suscite le débat» alors qu'il s'agit d'«un artiste de niveau mondial qui expose sur tous les continents».

La Banque de France a «une longue histoire d'amour avec les arts»


Ce vendredi 26 novembre 2021, l'inauguration officielle se déroule en présence de plusieurs élus dijonnais, dont Christine Martin et Françoise Tenenbaum, et en présence des artistes Didier Marcel, Yan Pei-ming et Philippe Ramette notamment

Interface a choisi de positionner le lieu des discours à l'arrière de l'installation produite par les Lyonnais d'Art Project, dévoilant ainsi volontairement les coulisses avec la structure métallique, les supports en bois et les containers qui lestent l'ensemble. Pour la première fois, Daniel Buren a eu recours à une impression numérique sur bâche. À noter que plusieurs caméras de vidéosurveillance ont été mises en place tout spécialement pour sécuriser le site.

«La Banque de France est très honorée de pouvoir servir d'écrin à cette magnifique création artistique», lance Érick Lacourrège, directeur général des Services à l’économie et du Réseau de la Banque de France, premier à intervenir.

Le représentant du gouverneur rappelle la politique de mécénat culturel de l'institution bicentenaire qui a «une longue histoire d'amour avec les arts» : préservation d'éléments patrimoniaux, acquisition d’œuvres d'art, mécénat de créations contemporaines ou promotion de jeunes artistes.

«Un cadre idyllique pour y faire des présentations d'art contemporain»


Commissaire d'exposition pour la galerie Inferface, Frédéric Buisson voit dans les jardins de la Banque de France, «un cadre idyllique pour y faire des présentations d'art contemporain» et salue le partenariat avec François Bavais, directeur régional de la succursale de la Banque de France en Bourgogne-Franche-Comté.

Dès le début de la réflexion, la toiture de tuiles vernissées a attiré l'attention de Daniel Buren. Frédéric Buisson expliquant que l'artiste est alors parti «du terrain plutôt plat et a fait une liaison entre l'horizontalité et la verticalité du bâtiment».

Daniel Buren s'est ensuite intéressé à «l'axe que le public peut voir depuis la rue» en tenant compte de la contrainte de ne pas pouvoir accéder au parc afin de l'«ornementer d'un motif qui renvoie totalement à la Bourgogne par ces tuiles». «Il y avait une volonté de s'inscrire complètement dans notre patrimoine», s'enthousiasme le commissaire d'exposition.

Le tracé originel des losanges imbriqués se combine avec le vocabulaire de Daniel Buren fait de bandes alternées (de largeur 8,7 cm) et d’aplats de couleurs, créant «un accord nouveau». L'artiste a dépassé la commande d'Interface car ce sont finalement trois points de vue qui font la jonction entre les formes de l'installation et celles de la toiture : «si on se décale sur la rue, on réaccorde de nouveau le motif».

Une œuvre qui profite aux Dijonnais et aux touristes


«Dijon, c'est une ville de l'art mais de l'art contemporain également», signale François Rebsamen (PS) en prenant la parole. Le maire de Dijon se félicite que cela soit possible d'installer des œuvres dans «l'espace public» ou tout au moins visible depuis la rue.

Pour sa part, François-Xavier Dugourd (LR) salue «un événement très important pour notre ville, certes, mais aussi pour notre département». «À travers la simplicité des motifs, on voit bien aussi la complexité de l’œuvre», commente le vice-président du conseil départemental de la Côte-d'Or.

«L'art contemporain apporte beaucoup à tous en termes d'épanouissement et d'ouverture sur le monde», déclare François-Xavier Dugourd en rappelant le soutien du Département apporté aux actions de médiation culturelle d'Interface en direction du jeune public.

Nouvelle vice-présidente du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté en charge de la culture, Nathalie Leblanc (PS) salue le travail effectué par Interface «au service de l'art contemporain». «Ça profite aussi à des non-Dijonnais qui viennent fréquemment visiter cette très belle ville et qui voient combien son espace s'ouvre et se transforme», analyse-t-elle.

«Donner un nouveau souffle à l'art contemporain dans l'espace public»


Directrice régionale des affaires culturelles, Aymée Rogé signale que l'installation a bénéficié du soutien du Conseil national des œuvres dans l'espace public. Une première en Bourgogne-Franche-Comté depuis 2016 pour ce dispositif de commande artistique qui a succédé à l'ancien conseil de la commande publique.

Ce soutien marque la volonté d'acteurs publics et privés de«largement diffuser la création contemporaine, d'enrichir [le] cadre de vie et le patrimoine national par la présence d’œuvres en dehors d'institutions spécialisées dans le domaine de l'art contemporain ainsi que hors-les-murs».

«Le ministère de la Culture vise à permettre aux artistes de réaliser des projets dont l'ampleur ou la dimension nécessite des moyens inhabituels», explique la représentant du ministère. «Par cette politique, il s'agit de manière volontariste de donner un nouveau souffle à l'art contemporain dans l'espace public et de le faire partager au plus grand nombre».

«Interroger la place du spectateur»


Selon Aymée Rogé, «la pièce de Daniel Buren pourra être contemplée pendant un an et se révélera différemment selon les variations propres aux saisons, comme elle permet une lecture différente de l'architecture et de l'environnement où elle se déploie, renouvelant sans cesse le regard sur ce site des Dijonnais et des visiteurs».

Les œuvres de Daniel Buren contribuent à «interroger la place, réelle ou intellectuelle, du spectateur. Celui-ci doit circuler, déplacer son corps, aller et venir, marcher, zigzaguer et, quelques fois, comme ici, s'excentrer afin de trouver la distance idéale qui lui permettra d'apprécier au mieux toute l'envergure de la proposition artistique dans un contexte donné».

«Il est permis de penser que tout son travail est traversé par la problématique à la fois physique, peut-être aussi mathématique, et métaphorique du point de vue. Ici, il est ascendant, voire ascensionnel, car les motifs de l’œuvre de Daniel Buren cherchent à s'entrelacer avec ceux du toit. Peut-être qu'en nous aidant à élever notre regard jusqu'au ciel et par-delà, y compris d'une banque, fut-elle de France, il cherche tout simplement à nous élever nous-mêmes comme au-delà des contingences de ce monde ?», s'interroge Aymée Rogé.

En conclusion des prises de parole, Daniel Buren intervient sobrement pour remercier les acteurs ayant permis le financement du projet et sa concrétisation matérielle avant qu'Interface ne propose un verre de l'amitié autour de l'installation.

Jean-Christophe Tardivon

Daniel Buren - BJRV in situ sur plateau
Interface fait don au musée des Musée des Beaux- Arts de Dijon d’une série de quatre tirages originaux numérotés par l’artiste, qui permettra à l’oeuvre de Daniel Buren de faire son entrée dans les collections du musée.
Après les expositions Yan Pei-Ming L’Homme qui pleure, organisée en 2019 en partenariat avec le Consortium, et après Halle 38 années tropiques, fruit en 2020 d’un travail en commun avec le Frac Bourgogne, associant des jeunes artistes pour la plupart issus de l’ENSA de Dijon, le Musée des Beaux-Arts poursuit une politique de collaboration avec les acteurs de l’art contemporain dijonnais en offrant à Interfaces la possibilité d’investir une salle du musée. Cette présentation des éditions de Daniel Buren au musée des Beaux-Arts s’inscrit en écho à l’oeuvre Point de vue ascendant, travail in situ produit par Interface pour le jardin de la Banque de France et visible par tous depuis la rue piétonne des Godrans à Dijon.
Exposition du 17/11/2021 au 28/02/2022 au Musée des Beaux-Arts de Dijon, salle 45
Ouvert tous les jours sauf le mardi de 9H30 à 18H
Communiqué

Plus d'informations sur l'oeuvre et sur le travail de Daniel Buren dans le dossier d'Interface







































Infos-dijon.com - Mentions légales