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04/07/2022 13:41

DIJON : Les archéologues explorent le sous-sol de la préfecture

Jusqu'au 13 juillet, six archéologues remontent le temps en dégageant le sous-sol d'une cour de la préfecture à Dijon. Ce lundi 4 juillet, le préfet Fabien Sudry a assisté à une visite commentée remontant jusqu'à l'époque romaine.
La préfecture de la Côte-d'Or prévoit la construction d'une salle de réunion dans l'espace voisin de la cour d'honneur Jean-Moulin. Au préalable, l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) procède à des fouilles portant sur les vestiges contenus dans le sol.

Ce lundi 4 juillet 2022, des visites du site ont été organisées pour les agents de la préfecture afin de les associer à l’ensemble du processus de construction de cette salle. Le préfet Fabien Sudry a participé à la première de la journée, commentée par Christophe Gaston, responsable opérationnel de l'INRAP.

Six semaines de fouilles par l'INRAP


«Si on sait qu'un projet va se construire, notamment en ville, l'INRAP va faire une intervention en deux étapes», explique Christophe Gaston devant une vingtaine de personnes.

«La première étape, ici, a été en 2021. Elle consistait à faire des sondages. On a fait deux tranchées pour savoir s'il y avait en effet des vestiges qui restaient d'être impactés par le projet. (…) Ces sondages ont donné lieu à des informations qui ont motivé une fouille pendant six semaines», développe le responsable des opérations.

Un site exploité depuis l'époque romaine


Les six archéologues ont mis en évidence une occupation du sol jusqu'à 1,6 mètre de profondeur. L'exploration des témoignages du temps a été perturbée par la présence de caves, creusées au XVIIIème siècle jusqu'à 3,5 mètres de profondeur, qui ont détruit les vestiges plus anciens situés à leur emplacement.

Heureusement pour les chercheurs, d'autres espaces sont restés intacts, permettant de remonter jusqu'au Ier siècle de notre ère, au début de l'urbanisation de Divio durant l'époque romaine. Les fouilles préventives se sont donc concentrées à ces endroits.

Le site se situait alors à l'extérieur de la ville. L'actuelle rue de la Préfecture constituait vraisemblablement une sortie de la ville en direction de l'importante via Agrippa traversant la Gaule romaine.

Dans d'anciens alluvions du Suzon, des creusements se dessinent, évoquant des bâtiments construits sur poteaux de bois, sans doute de part et d'autre de la rue. Un mur et une structure quadrangulaire maçonnée en pierres sèches ont été dégagées. La destination fait l'objet d'hypothèses : latrines, puisard ou encore cellier.

Des éléments du Petit Clairvaux au Moyen-Âge


Durant 800 ans, ces structures ont été ensuite progressivement recouvertes par des couches de terre organique, les «terres noires». Les structures survenant après celles de l'époque antique datent donc du XIIIème siècle.

À ce stade, les archéologues ont réalisé que la cour actuelle faisait partie au Moyen-Âge du Petit Clairvaux. Il s'agit d'un grand ensemble, propriété de l'abbaye de Clairvaux, dont il subsiste le cellier et l'hôtellerie des abbés, aujourd'hui transformés en deux salles accueillant des expositions ou des repas.

Au XIIIème siècle, cette maison de ville de l'abbaye de Clairvaux était délimitée par le rempart médiéval, le Suzon et par l'équivalent de la rue de la Préfecture. Il en subsiste un plan de 1740, avant que la Révolution française n'apporte des bouleversements.

Durant les fouilles, les archéologues ont retrouvé un petit cellier, en partie recouvert par un bâtiment moderne construit en 1909, ainsi qu'une fosse maçonné circulaire, supposée être une glacière. Il s'agit là de l'élément le plus remarquable de la campagne de fouilles.

Les constructions s'accélèrent jusqu'à l'époque moderne


Le niveau des XIV-XVèmes siècles dévoile des murs importants dont un, constituant une limite parcellaire jusqu'à l'époque moderne. Au XVIème siècle, apparaît le bas de la façade arrière d'une maison donnant sur la rue, faisant partie d'un ensemble de logements que les moines destinent à la location. À cette époque, est édifiée une halle sur poteaux de bois servant d'abri pour le matériel agricole.

Au XVIIème siècle, les archéologues supposent l'implantation d'une grange, réduite de taille au XVIIIème siècle. Suivent alors la création des caves modernes, correspondant à une phase de relance de la construction en surface.

Bientôt, une salle de réunion


Aujourd'hui, le site est propriété du conseil départemental de la Côte-d'Or, la préfecture pouvant utiliser la cour en vertu d'une convention entre la collectivité et l’État.

Dans l'ensemble, les archéologues constatent des équivalences, notamment à l'époque romaines, avec les fouilles menées préalablement au chantier de l'ancienne clinique Sainte-Marthe, de l'autre côté de la rue.

Les fouilles prendront fin le 13 juillet. Par la suite, ce sera à l'aménageur du site de décider si une valorisation sera envisagée ou si le site sera tout simplement comblé en vue de la construction de la salle de réunion, les témoignages historiques ayant été scrupuleusement notés par les archéologues.

Jean-Christophe Tardivon