Recherche
Pour nous joindre
redaction.infosdijon@gmail.com
SMS au 07.86.17.77.12
> Vie locale > Vie locale
25/11/2021 03:27

DIJON : Les dossiers chauds du conseil municipal du 22 novembre

Si la traditionnelle opposition gauche-droite autour des finances de la Ville de Dijon a marqué la session de ce lundi 22 novembre, d'autres sujets comme le développement durable, les agrocarburants ou encore le point médian ont révélé quelques lignes de partage au sein même de la majorité conduite par François Rebsamen.
Deux gros dossiers ont marqué ce conseil municipal du 22 novembre 2021 : le débat d'orientation budgétaire et son préalable, le rapport de développement durable.

Cependant, d'autres sujets ont animé les débats, ravivant la traditionnelle opposition gauche-droite ou faisant apparaître des nuances entre les nouveaux alliés de François Rebsamen au sein du groupe l’Écologie pour vous et les opposants d'Europe Écologie Les Verts.

Proposition de portrait géant au niveau du futur square Samuel-Paty


Le premier fait marquant de ce conseil municipal est l'élection (2 nuls, 13 blancs et 44 pour) d'un nouvel adjoint au 22ème rang protocolaire de l'assemblée : Denis Hameau (PS). Sa délégation couvre dorénavant la qualité du service public, la relation aux usagers et l'innovation. Ainsi, Denis Hameau suivra tout particulièrement On Dijon.


Premier sujet à être soumis à débat, la dénomination d'un square Samuel-Paty. Il s'agira du terrain situé boulevard Thiers, près du lycée Carnot, qui a fait l'objet d'une controverse pendant la campagne des élections municipales.

Le lycée porte le nom d'une famille côte-d'orienne comptant dans ses rangs le membre du Comité de salut public Lazare Carnot, le président de la République Marie François Sadi Carnot et le magistrat dijonnais Paul Cunisset-Carnot.

À partir de quoi Emmanuel Bichot fait aisément le parallèle entre l'assassinat de l'enseignant Samuel Paty par un terroriste islamiste avec l'assassinat du président Sadi Carnot par un anarchiste italien en 1894 : «la République était en danger et s'est donnée les moyens de se défendre».

«Nous nous réjouissons aussi que ce square, aussi modeste soit-il par la taille, puisse voir le jour», lance alors Emmanuel Bichot avant d'évoquer que, le 18 décembre 2017, seuls six élus avaient contre le premier projet de construction d'un immeuble HLM à cet emplacement. Les écologistes ayant rejoint l'opposition pour voter contre la seconde version en 2019. «Nous saluons cette évolution en espérant qu'elle puisse faire école sur d'autres sites», glisse-t-il.

Pour sa part Georges Mezui (Modem) propose la création d'une fresque urbaine avec un portrait géant du professeur peint sur un des murs attenant tandis qu'Axel Sibert (LR) suggère une fresque sur la liberté d'expression ou les valeurs de la République.

«Le PLUi-HD ne participe pas à nos yeux aux objectifs du développement durable»


Présenté par Nathalie Koenders (PS), le rapport sur les aspects de la politique municipale en lien avec le développement durable donne l'occasion à Laurent Bourguignat (LR-Libres) de rappeler son opposition au plan local d'urbanisme : «le PLUi-HD ne participe pas à nos yeux aux objectifs du développement durable». Une nouvelle fois, l'élu critique une densification urbaine qui ne serait «pas compatible» avec les objectifs de développement durable. «C'est tout l'inverse», rétorque François Rebsamen en référence à l'étalement urbain.

Ce sujet voit également la toute première intervention de Karine Savina (GE) en tant que présidente du nouveau groupe politique l’Écologie pour vous : elle salue les actions de la Ville en matière de développement durable, apportant ainsi la caution de deux mouvements de l'écologie politique.

Néanmoins, Karine Savina regrette l'absence de référence au label Ecojardin cher à Patrice Chateau (sans étiquette) et note l'«oubli» de la condition animale chère à Fabien Robert (AEI).

De son côté, Marien Lovichi (Modem) défend un solde créditeur entre l'abattage et la plantation d'arbres et raille le «totem» du refus d'abattage d'arbres «malades ou dangereux».

Deux arbres seront replantés place Saint-Fiacre


Dans la foulée, François Rebsamen répond aux courriers s'interrogeant sur l'abattage d'arbres notamment les deux bouleaux de la place Saint-Fiacre, près de la place de la Libération : «quand les arbres présentent un caractère de dangerosité, on les abat». Deux nouveaux arbres seront plantés là.

Sur les 42.000 arbres de la commune, entre 400 et 500 sont abattus chaque année. En 2021, 486 auront été abattus et 495 plantés pour un budget de 250.000 euros, cela sans compter les mille unités de la Forêt des enfants.

Une demande de plus d’îlots de fraîcheur


Stéphanie Modde (EELV) intervient alors pour émettre «quelques réserves» en appelant à «une ambition plus affirmée» sur l'isolation thermique les écoles et sur le schéma de déplacement urbain. L'écologiste demande également «la création d’îlots de fraîcheur plus petits et plus nombreux en préservant la continuité écologique».

Le maire répond en évoquant la désimperméablisation de cours d'école qui fera partie du programme de 75 millions d'euros de travaux dans les écoles dijonnaises tout en concédant qu'«on ne mettra pas de l'herbe partout».

La construction de logements vue comme une «cash machine»


La présentation du débat d'orientation budgétaire par François Deseille (Modem) est sanctionnée d'un «pas mal mais peut mieux faire» par Olivier Muller (EELV) qui salue la fin de la «rigueur budgétaire» liée au pacte de Cahors et demande «davantage d'ambition et de soutien financier à toutes les échelles pour lutter contre le changement climatique». L'écologiste ne demande rien moins qu'un «budget d'urgence climatique».

Dans l'autre groupe écologiste, Patrice Chateau se réjouit de «bonnes nouvelles» et demande une politique favorable au «sport féminin» pouvant déboucher sur «un budget genré».

Revendiquant de prendre la parole au nom du «premier groupe d'opposition», Ensemble pour Dijon, fort de sept élus (lire notre article), Henri-Bénigne de Vrégille (Agir) critique la «sous utilisation» des ressources financières de la commune.

L'élu d'opposition demande une baisse de la taxe foncière et voit dans l'incitation à construire des logements une «cash machine». Expression qui provoquera des murmures dans les rangs de la majorité et la réaction du maire : «si vous voulez trouver des punchlines, il va falloir travailler un peu».

Emmanuel Bichot poursuivra sur cette thématique qu'il dénonce depuis plusieurs années en évoquant «un budget en suréquilibre» en référence aux résultats excédentaires de la collectivité tout en considérant que «les excédents accumulés permettraient d'être beaucoup plus ambitieux dan les investissements».

L'élu d'opposition estime qu'il y a «un hiatus de plus en plus grand entre la situation budgétaire de la Ville et celle de la Métropole» et demande «une vision consolidée» des finances de la Ville et de la Métropole ainsi qu'une «présentation pluriannuelle». Comme son ancien collègue de groupe, lui aussi demande la baisse de la taxe foncière.

«La différence entre la Ville et la Métropole, c'est que la Métropole a perdu 15 millions d'euros dans le domaine du transport qui la pénalise énormément [NDLR : durant les confinements en 2020]», répond sobrement François Rebsamen.

Le maire écarte toute baisse de la taxe foncière : «autant se désarmer, il ne reste plus que ça, on ne sait pas ce qui va arriver après la présidentielle».

Le rapport voit l'abstention d'Emmanuel Bichot, Laurence Gerbet, Stéphanie Modde et Olivier Muller (ayant le pouvoir de Catherine Hervieu) tandis que le groupe Ensemble pour Dijon vote contre.

Rejet du soutien au bioéthanol


En toute fin de session, deux vœux provoqueront quelques réactions. Tout d'abord, Cathy Du Tertre (Modem) porte un vœu favorable à un agrocarburant controversé, le bioéthanol. Cela fera bondir Stéphanie Modde : «nous ne voulons pas de concurrence entre l'usage des terres agricoles et l'usage de l'énergie pour faire fonctionner les voitures».

Après un bref atermoient, le temps que François Rebsamen glisse «je préfère que l'on consacre notre énergie à produire de l'hydrogène plutôt que de subventionner du bioéthanol» – ce qui ressemble à une consigne de vote pour le groupe majoritaire Socialiste, radical, citoyen et apparenté – le vœu est rejeté (14 pour, 3 abstentions).

Les pro-Macron tiraillés entre la majorité municipale et la majorité présidentielle


Pour sa part, Laurent Bourguignat porte un vœu visant à bannir le recours dans les documents de la collectivité au point médian de l'«écriture inclusive» qui «méconnaît les règles de l'orthographe et de la syntaxe française». Pour cela, l'élu d'opposition s'appuie sur une circulaire d’Édouard Philippe datant de 2017 et appelant à proscrire l'«écriture inclusive» des textes officiels et la circulaire de Jean-Michel Blanquer faisant de même pour le cadre scolaire.

Karine Savina répond en suggérant de faire «l'apologie du langage épicène» qui vise à remplacer les termes masculins par des termes neutres.

Un rien embarrassé par le débat autour de ce marqueur identitaire, François Rebsamen indique qu'il aurait préféré «un vœu qui affirme l'attachement à l'égalité et qui propose de combattre les préjugés» mais ne veut ni «interdire» ni rendre «obligatoire». «À partir de là, vous êtes libre», ajoute-t-il.

Pour sa part, l'emploi du verbe «bannir» fait bondir Christophe Berthier (PS) qui, sur un registre lacanien, évoque une «violence pour l'histoire, somme toute, d'un point». Kildine Bataille (Modem) abonde sous les applaudissements : «le point médian n'est qu'un des nombreux outils permettant d'avancer. (…) Il est grand temps de réajuster les choses, le langage structure notre pensée, non le masculin ne l'emporte pas sur le féminin».

La majorité rejette donc le vœu (10 pour) tandis que Laurent Bourguignat glisse qu'«il y a un certain nombre de Marcheurs qui n'ont pas été très clairs dans leur vote à l'instant» puisque des soutiens de la majorité présidentielle – notamment les ex-LREM ayant rejoint le Modem – ont rejeté un vœu proposant d'appliquer des circulaires gouvernementales à la Ville de Dijon. «On n'essaie pas d'influencer les autres», s'amuse en retour François Rebsamen.

Délocalisation des foyers du Port du canal et des Marguerites


Par une question orale, Laurent Bourguignat revient à la charge et interroge le maire sur la construction d'un nouvel EHPAD regroupant les foyers du Port du canal et des Marguerites car il craint «une augmentation du prix de journée».

Pour la majorité, Antoine Hoareau (PS) confirme le regroupement sur le site de l'usine Terrot (lire notre article) et annonce «la convergence de la tarification pour garantir un prix de journée parmi les moins chers de Dijon avec un service amélioré» et «un tarif de moins de 65 euros par jour». Le nouvel EHPAD sera dénommé Paulette Guinchard-Kunstler, en référence à la secrétaire d'État à l'origine de la création de l'Allocation personnalisée d'autonomie.

Jean-Christophe Tardivon

Les informations marquantes du conseil municipal du 22 novembre


François Rebsamen fracture l'opposition écologiste















































Infos-dijon.com - Mentions légales