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20/05/2022 15:57

DIJON : Les prémices d'une police métropolitaine des transports

La Ville de Dijon s'était engagée à augmenter les moyens contribuant à la sécurité dans les transports en commun. En signant, ce vendredi 20 mai, une convention avec l’État, la Métropole et Keolis Dijon Mobilités, la commune crée un groupement de soutien et d'intervention composé de policiers municipaux.
Durant la campagne des élections municipales de 2020, François Rebsamen (PS) en avait fait son engagement de campagne numéro 90 : «Développer une brigade de police municipale intercommunale des transports».

Ce vendredi 20 mai 2022, le maire de Dijon initie la concrétisation de l'engagement par la signature du volet «Favoriser la sécurité dans les transports» du Contrat de sécurité intégré 2021-2026 de la commune.

Il s'agit d'un préalable pour que Dijon entame des discussions avec Chenôve et Quetigny notamment pour que les policiers municipaux respectifs ne soient plus obligés de descendre du tram avant de franchir la limite communale et ainsi avoir un rayon d'action métropolitain dans les transports.

La signature s'est déroulée à la Maison du Tram près de la place Darcy en présence de Nathalie Koenders (PS), première adjointe au maire de Dijon déléguée à la tranquillité publique, Dominique Martin-Gendre (PS), conseillère de Dijon Métropole déléguée à la gestion de proximité de l'espace public et des transports, Vincent Testori, conseiller municipal de Dijon délégué à la tranquillité publique, Thomas Fontaine, directeur de Keolis Dijon Mobilités qui exploite le réseau Divia, le commissaire divisionnaire Christophe Pernette-Tixier, directeur départemental adjoint de la sécurité publique de la Côte-d'Or, et Fabien Sudry, préfet de la Côte-d'Or, ainsi que des représentants des différents organisations syndicales de l'exploitant du réseau.

La suite du contrat de sécurité intégrée signé en 2021


«La sécurité dans les transports en commun nous concerne toutes et tous. (…) On voit à Dijon, dans la métropole, comme ailleurs, les usagers, les conducteurs, les contrôleurs, sont souvent confrontés à des comportements inadaptés dans les transports en commun ou parfois à l'extérieur», dénonce Nathalie Koenders en apportant son «soutien» aux salariés et en remerciant «leur professionnalisme».

La première adjointe au maire de Dijon rappelle que la Ville avait déjà démarré des relations avec Keolis Dijon Mobilités et l’État pour développer les interventions dans les transports en commun avec «l'acte II de la tranquillité publique» en 2020.

Cela avait été accentué en 2021 avec la signature du contrat de sécurité intégrée (lire notre article), contrat qui impliquait des engagements supplémentaires de la part de la Ville de Dijon en matière de sécurisation des transports en commun.

Diminution de 13% des incidents en ce début 2022


Divia connaît depuis quelques années des «situations d'insécurité répétées» comme le concède Thomas Fontaine. «La convention que l'on signe aujourd'hui nous permet d'avoir encore plus de sérénité sur la capacité à assurer des opérations», souligne-t-il.

Keolis Mobilités Dijon recense les incidents sûreté sur le réseau : les incivilités sur agents et clients, les altercations sur agents et clients, les agressions sur agents et clients, les jets de projectiles, les vols, dégradations, et intrusions.

Depuis le début de l'année 2022, à fin avril, 269 incidents ont été recensés (en 2021, 309 incidents avaient été recensés sur la même période et 865 sur l'ensemble de l'année).

Création d'un groupement de soutien et d'intervention de la police municipale


La signature du jour permet aux quatre parties prenantes de contractualiser en vue de mesures qui seront mises en œuvre à partir de juin prochain. La principale est la création d'un groupement de soutien et d'intervention (GSI) composé de policiers municipaux qui feront le relais entre l'équipe de jour et l'équipe de nuit de la police municipale avec des missions spécifiques concernant les transports en commun.

«C'est l'occasion de marquer sur le papier cette collaboration, déjà fructueuse et qui le sera encore plus, pour assurer la sécurité des usagers et du personnel de Divia sur notre réseau. Nous avons un des meilleurs réseaux de France», signale Nathalie Koenders.

«Avoir cette proximité de la police nationale va aussi rassurer considérablement les conducteurs», estime Dominique Martin-Gendre, «cela va être dissuasif et cela va rassurer aussi les voyageurs».

«Nous allons aller plus dans les interventions à l'intérieur des rames»


Tout en affirmant l'implication des services de police dans la coopération déjà établie, le préfet de la Côte-d'Or dénonce à son tour «les formes agressives» à l'encontre des salariés de Divia et les «dégradations» des rames.

«Nous allons aller plus dans les interventions à l'intérieur des rames», annonce Fabien Sudry, «en lien avec les polices municipales». «Il y a une volonté publique pour anticiper, réprimer et prévenir ces faits tout à fait inadmissibles».

Depuis le début de l'année 2022, 75 opérations de contrôle ont été menées par la police nationale au sein du réseau Divia. «Nous sommes dans une augmentation très significative de l'intervention de la police sur le réseau de transport. Cela se combine avec les opérations de proximité dans les quartiers, notamment à proximité des arrêts. (…) La capacité qu'ont les services de polices avec le renforcement de la police nationale – une cinquantaine de policiers nationaux supplémentaires qui ont été affectées à la circonscription de sécurité publique de Dijon – cela permet d'être plus visible et plus présent dans l'espace public.»

«Quand on est responsable public, on doit défendre ceux qui sont en première ligne et qui assure cette mission essentielle de service public pour nos concitoyens», souligne le préfet en référence aux salariés de Keolis Dijon Mobilités.

Le GSI sera opérationnel de 17 heures à 22 heures


En résumé, trois forces de sécurité intérieure peuvent intervenir, à des degrés divers, au sein du réseau de transport : les contrôleurs Divia, les policiers municipaux et les policiers nationaux. La signature du jour concerne les policiers municipaux.

Quand la Ville de Dijon aura atteint son objectif d'une centaine de policiers municipaux, une vingtaine d'entre eux composeront le groupe de soutien et d'intervention (GSI).

L'équipe de journée de la police municipale termine vers 19 heures, l'équipe de nuit travaille de 20 heures à 2 heures du matin. Le GSI sera opérationnel de 17 heures à 22 heures et pourra intervenir de façon autonome ou aux côtés de la police nationale.

«L'équipe sera formée pour pouvoir faire du cabotage, en lien avec la police nationale, pour aller dans les rames de tramway, dans le bus, faire de la dissuasion et continuer à faire des opérations de contrôle», précise Nathalie Koenders.

Parallèlement, un groupement opérationnel de sécurité publique sera dédié aux transports en commun avec une réunion mensuelle.

Encadrer les opérations de cabotage


La démarche encadre les «opérations de cabotage» conjointes entre la police nationale, la police municipale et les agents de contrôle de Keolis Dijon Mobilités, c'est à dire l'autorisation de prendre les transports en commun et d'intervenir si nécessaire.

Dans ce cas, un véhicule suiveur est également mobilisé pour accompagner le bus ou la rame de tramway et être à proximité en cas d'interpellation.

«La police intercommunale des transports commence à être présente»


«Le fait qu'il y ait à On Dijon [NDLR : le centre de supervision urbaine de Dijon Métropole], sur le même plateau technique, le PC de Divia et le PC de la police municipale facilite grandement les échanges et permet d'être plus efficace et d'intervenir plus rapidement», assure Nathalie Koenders.

La Ville de Dijon échange sur le sujet avec la Ville de Quetigny et la Ville de Chenôve. «Aujourd'hui, les policiers municipaux sont sous la responsabilité du maire de leur commune et ne peuvent intervenir que sur cette commune. De fait, on commence à avoir une police intercommunale des transports, elle commence à être présente. (…) Avec ces conventions, on a les prémices de la police métropolitaine des transports», déclare la première adjointe au maire de Dijon.

«Plus de bleu» dans les rames rose cassis


Une fois la convention signée, les différentes personnalités rejoignent la place Darcy pour suivre une opération de cabotage dans le tramway entre les arrêts Darcy et République.

Principalement à la manœuvre, durant l'aller-retour entre les stations, les contrôleurs de Divia mettent à l'amende des usagers sans ticket. Autour d'eux, quelques policiers municipaux et policiers nationaux permettant de voir, selon la formule consacrée, «plus de bleu sur le terrain», et de sécuriser l'opération de contrôle dans la rame rose cassis de Divia.

La Police nationale a annoncé que ces actions seront conduites à Dijon et à Chenôve tout particulièrement jusqu'à ce dimanche 22 mai, correspondant notamment au week-end de braderie de printemps des commerçants du centre-ville.

Jean-Christophe Tardivon

La préfecture de la Côte-d'Or cosignataire d'une convention pour mieux lutter contre les incivilités dans les transports en commun