
En particulier, les «problèmes de stationnement» dans le quartier de l'Arsenal et le «climat délétère» à l'Opéra de Dijon se sont invités dans les échanges entre la majorité et les oppositions.

Hormis le budget primitif pour l'année en cours (
lire notre article), plusieurs sujets ont marqué le conseil municipal du 27 janvier 2025 dont l'urbanisme, la petite enfance et la culture.
En particulier, l'exécutif conduit par Nathalie Koenders (PS) a dû défendre ses choix d'organiser le quartier de l'Arsenal en laissant une place réduite aux voitures et de privilégier les critères sociaux pour l'accueil dans les crèches. Le départ du directeur de l'Opéra de Dijon a provoqué quelques dissonances.
Laurence Gerbet note que «des trafics de drogue se sont déjà installés» dans le quartier Arsenal
Le rapport sur une avance de trésorerie de 4 millions d'euros accordée par la Ville de Dijon à la société publique locale Aménagement de l'agglomération dijonnaise, présidée par le président de la Métropole François Rebsamen (PS, FP), révèle que «l'avancée de la commercialisation de la zone apparaît plus complexe que prévu en raison de la crise actuelle de l'immobilier et de la construction».
Au nom du groupe Agir pour Dijon, Laurence Gerbet (NC) intervient pour critiquer «le manque de cohérence et d'harmonie des constructions réalisées» dans le quartier de l'Arsenal qui doit, à la fin de l'opération d'aménagement de la friche militaire, accueillir 1.500 logements.
«Des trafics de drogue se sont déjà installés notamment vers le parc», relève l'opposante. «On va faire passer la police municipale et nationale», réagit Nathalie Koenders.
Bruno David pointe «les problèmes de stationnement» dans le quartier de l'Arsenal
«Les riverains vivent dans une zone de chantier permanent depuis bien longtemps», déplore pour sa part Bruno David (LR) tout en se félicitant des ouvertures progressives d'équipements publics.
Comme il l'avait déjà fait en 2020 et en 2023, l'opposant insiste sur «les problèmes de stationnement» dans le quartier de l'Arsenal : «on est à moins de une place par logement en moyenne».
«Cette zone concentre tout ce qui ne va pas dans votre politique urbanistique : pas de vision d'ensemble, pas de cohérence esthétique, un ensoleillement parfois escamoté, des densités loin d'être heureuses qui sont sources de nuisances qui sont déjà là – comme les trafics et les îlots de chaleur –, des équipements publics qui arrivent bien après les logements, des espaces verts réduits à la portion congrue, une concertation inexistante», développe l'élu non inscrit qui propose de «geler les nouveaux projets d'habitation, de transformer, de manière équilibrée, les dernières zones non construites en parkings et en espaces verts et de revoir le schéma de circulation».
«En lien avec la SPLAAD, on a essayé de proposer des solutions intermédiaires, des voiries éphémères», réagit Nathalie Koenders qui évoque ses échanges avec les habitants. «C'est compliqué de vivre dans un quartier qui n'est pas complètement terminé.»
Les crèches municipales accueillent en priorité les enfants de «familles en situation de vulnérabilité»
Pour informer les élus, Kildine Bataille (REN), adjointe au maire de Dijon, présente le rapport thématique régional «accueil du jeune enfant» établi par la Chambre régionale des comptes de Bourgogne-Franche-Comté à la suite des contrôles menés auprès de huit organismes consultés.
«Notre Ville se distingue par une approche rigoureuse, innovante aussi, l'analyse des besoins socio-économiques,la qualité de notre politique de ressources humaines ou encore le soutien accru aux familles à travers une information simplifiée, transparente, personnalisée par nos services pour faciliter l'accès aux différents modes d'accueil», relate l'élue social-libérale.
«Nous avons déjà mis en œuvre plusieurs actions qui répondent directement aux recommandations formulées par la chambre», complète-t-elle, «l'intégration de critères socio-économiques dans notre critères d'attribution afin de prioriser les familles en situation de vulnérabilité, de favoriser l'égalité des chances tout en aidant également les familles en activité».
«La CRC souligne le succès nuancé de l'algorithme d'attribution des places», relaie Henri-Bénigne de Vregille
Les interventions parmi les oppositions se concentrent sur ce dernier aspect : l'accès des familles de la classe moyenne au service public de la petite enfance.
Au nom du groupe Dijon autrement, Henri-Bénigne de Vregille (HOR) se félicite qu'un agent soit désormais chargé du suivi administratif et financier des délégataires qui représentent 39% de l'activité.
«La politique d'attribution de places dans les crèches municipales n'est pas satisfaisante», lance l'élu de centre-droit, regrettant que les critères sociaux, en 215 points, priment sur les critères d'emploi, en 91 points. «Si les critères sociaux sont légitimes, ils ne peuvent s'imposer automatiquement au détriment des actifs. De trop nombreux exemples nous sont donnés de deux parents actifs qui ne peuvent pas bénéficier des crèches municipales dans notre ville.»
«La chambre souligne le succès nuancé de l'algorithme d'attribution des places qui n'a ni permis de limiter la vacance, ni de renforcer la mixité des enfants accueillis», relaie l'opposant. «Évidemment, la prépondérance des critères sociaux ne facilite pas la mixité.»
Interrogée sur l'accompagnement de la Ville de Dijon pour voir émerger des Maisons d'assistantes maternelles, Kildine Bataille renvoie aux éventuels projets proposés : «cela ne dépend pas que de la Ville».
«Les familles dont les deux parents travaillent qui n'ont vraiment aucune solution, on leur trouve des solutions», ajoute Nathalie Koenders.
Le DGS assurera la «transition» à la tête de l'Opéra de Dijon
Nommé directeur général et artistique de l'Opéra de Dijon le 1er janvier 2021, Dominique Pitoiset a annoncé quitter ses fonctions au 1er février 2025, deux ans avant la fin de son contrat, concomitamment à la démission de François Rebsamen de ses fonctions de maire de Dijon.
Par conséquent, la collectivité se retrouve à devoir nommer «un directeur général de transition». Christine Martin (PS), adjointe au maire de Dijon, annonce qu'il s'agit de l'actuel directeur général des services (DGS) de la Ville et de la Métropole de Dijon Jean-Gabriel Madinier.
La maire de Dijon salue «la qualité du travail de Dominique Pitoiset et l'ensemble de ses équipes». «L'Opéra va bien, l'ensemble des fréquentations sont plutôt en augmentation.»
«J'ai souhaité lancé, comme cela se fait dans l'ensemble des opéras de France, un jury de recrutement pour étudier l'ensemble des projets culturels proposés», indique Nathalie Koenders qui précise que «l'actuel directeur délégué n'a pas souhaité devenir directeur par intérim».
Principal budget culturel de la municipalité, une subvention annuelle de 6,5 millions d'euros est attribué à l'équipement. La Région Bourgogne-Franche-Comté participe au financement à hauteur de 1,2 millions d'euros et l’État pour un million d'euros. A priori, la programmation 2025-2026 a déjà été définie.
Un rapport «très critique» de la CRC
Dans les rangs des oppositions, Laurence Gerbet trouve le départ de Dominique Pitoiset «très cavalier». «Son départ précipité coïncide aussi avec un rapport de la chambre régionale des comptes, rendu public le 24 septembre 2024, très critique sur sa gestion. Ce rapport souligne notamment que la gouvernance doit être rééquilibrée, les décisions importantes avec des implications financières substantielles n'étaient pas soumises, comme elles le devaient, à l'approbation du conseil d'administration.»
Céline Renaud dénonce un «climat délétère» à l'Opéra de Dijon
«Depuis plusieurs mois, le personnel de l'Opéra vit, au quotidien, une situation très difficile, stressante et préoccupante quant à leur avenir», enchaîne Céline Renaud (NE), membre du conseil d'administration, «néanmoins, les équipes travaillent sans relâche pour continuer à faire vivre leur maison et maintenir l'image de l'Opéra de Dijon». «Le public est enthousiaste, en deux ans, le nombre d'abonnés à augmenter de plus de 40%.»
«Il faut toute de même rappeler la nomination [de Dominique Pitoiset] sur décision du maire [François Rebsamen], sans concours de recrutement, malgré un vent de fronde de plus de 200 artistes et une lettre ouverte demandant le maintien de Laurent Joyeux [NDLR : précédent directeur de l'Opéra de Dijon] à son poste et exigeant un concours de recrutement», glisse l'opposante.
«Nul doute que es réseaux du directeur délégué n'ait contribué à la performance de l'Opéra de Dijon tant par la qualité de la programmation que par la fréquentation du public pendant que Monsieur Pitoiset consacrait l'essentiel de son temps à ses propres mises en scène», analyse-t-elle.
«Comment expliquer que la présidente de l'Opéra et les maires successifs de la Ville aient attendu l'urgence et le risque de bloquer le fonctionnement de l'Opéra faute de d'ordonnateur pour songer à remplacer son directeur ? Le remplacement du directeur aurait dû être traité dès le printemps 2024 lorsque le [comité social et économique], en mai dernier, a alerté des dérives du directeur-metteur en scène à l'égard des artistes lors de la production de Tosca. En juin, les élus du CSE s'étaient émus du climat délétère et des conditions de travail des salariés. La commission d'enquête avait proposé un dispositif de déport de la fonction de direction général de Monsieur Pitoiset pour la prochaine direction dont il est le metteur en scène, assisté par son frère scénographe et sa femme costumière», ajoute-t-elle en précisant que cette demande de déport n'a pas abouti.
«On n'est pas au conseil d'administration de l'Opéra, ici», intervient la maire de Dijon, «il ne faut pas vous tromper d'instance».
«Aucun recrutement sérieux ne peut se faire en moins de deux ans si l'on veut des gens de valeur qui sont, en général, en poste et qui ont besoin de temps pour créer un projet», conclut Céline Renaud avant de demander que l'actuel directeur délégué soit nommé «directeur général pour un mandat de trois ans». «L'Opéra de Dijon a besoin de stabilité et de retrouver une sérénité pour continuer de travailler généreusement pour le public.»
«Vous ne pouvez pas me reprocher, justement, de vouloir faire un concours de recrutement transparent», rétorque Nathalie Koenders, «vous me demandez, ce que vous avez reproché, finalement, à Monsieur Rebsamen, il y a quelques temps, de donner un poste de directeur sans concours». «Je choisirai, en lien avec la DRAC et la Région qui financent, le meilleur des projets. (…) On prendra notre temps.»
Stéphanie Modde demande de «la stabilité» pour l'Opéra de Dijon
À son tour, au nom du groupe Écologistes et citoyens, Stéphanie Modde (LE), également membre du conseil d'administration, salue «l'engagement du personnel de l'Opéra qui a su s'adapter, depuis de nombreuses années, aux efforts conséquents et réguliers qui leur ont été demandés». «C'est un bel outil, c'est un outil extrêmement coûteux qui oblige, effectivement, à avoir une vision d'avenir.»
«Une partie de nos problèmes viennent, justement, que Monsieurs Pitoiset n'ait pas été soumis à [un] jury de recrutement», glisse l'opposante, favorable à un tel jury pour sélectionner le prochain projet de direction.
«L'urgence est de ramener un climat serein et constructif suite aux alertes des représentants du personnel», ajoute l'écologiste qui ne voit pas d'objection à ce que le DGS assure la transition à la tête de l'équipement culturel.
Au-delà de la «période transitoire» de court terme qui débute, la maire de Dijon souhaite qu'un intérim de moyen terme puisse être envisagé – pourquoi pas par quelqu'un actuellement «à la retraite» – en attendant les candidatures potentielles pour une direction de plein exercice.
La situation de l'EPCAPA en question
En fin de session, au nom du groupe Dijon autrement, Laurent Bourguignat (LR, NE) met sur la table la situation financière de l'établissement public communal d'accueil des personnes âgées de la Ville de Dijon (EPCAPA), terminant l'année en déficit de 2 millions d'euros sur un budget de 14 millions d'euros, ce qui a amené l'agence régionale de santé de Bourgogne-Franche-Comté à injecter 800.000 euros.
«Quelles sont les conséquences concrètes sur la qualité de vie des résidents ?» demande notamment l'opposant.
La maire de Dijon répond que l'établissement est devenu «autonome» en 2011 pour que les personnels puissent relever de la fonction publique hospitalière et non de la fonction publique territoriale. La responsable de l'exécutif renvoie donc aux organes de tutelle – ARS et Département de la Côte-d'Or – car, même si un représentant de la municipalité préside l'EPCAPA, «la Ville n'a plus de lien, ni hiérarchique, ni financier avec l'établissement et sa direction».
«Nous avons le devoir de veiller au bon fonctionnement de l'établissement en lien étroit avec les organismes de tutelle», concède la première édile. Un rapport remis au conseil d'administration de l'EPCAPA, en décembre dernier, pointe «plusieurs dysfonctionnements graves dans le fonctionnement interne de l'établissement, de la gouvernance de la direction et de plusieurs absences de procédures internes».
Toutefois, «e rapport précise que les résidents sont bien pris en charge, il n'y a aucun signalement de maltraitance et que l'emménagement dans le nouvel établissement Jardin Voltaire-Paulette Guinchard a été bénéfique pour tout le monde».
À la suite de ce rapport, un mandat de gestion a été confié à l’Établissement public national Antoine Koenigswarter, structure présidée par l'élue dijonnaise Françoise Tenenbaum (PS, FP), ancienne présidente de l'EPCAPA.
Les anciens EHPAD seront vendus : les Marguerites à BNP Paribas Immobilier et Port du Canal à ADIM Lyon. Les recettes devraient permettre à l'EPCAPA de «retrouver une situation financière plus saine» en 2026.
Un futur jardin public au niveau de la «maison du colonel»
Finalement, Olivier Muller (LE), président du groupe Écologistes et citoyens, s'interroge ensuite sur le devenir de la «maison du colonel», ancienne résidence de fonction des commandants de la BA 102, située dans le quartier Voltaire avec un jardin de 4.000 m².
La Ville a acquis 1.600 m² de terrain «avec les plus beaux arbres» pour en faire un espace vert public tandis que le bâtiment et le reste du jardin pourraient être désormais vendus par l’État «à un particulier plutôt qu'à un promoteur».
Selon Nathalie Koenders, «le projet n'est pas finalisé». Un «aménagement simple» est envisagé en concertation avec les riverains afin d'installer une fontaine et un brumisateur voire des bancs. Ouverture prévue à l'automne 2025.
Jean-Christophe Tardivon
































