> Vie locale > Vie locale
29/06/2022 03:29

DIJON : Les principaux débats du conseil municipal du 27 juin

Le retour sur les aspects financiers de l'année 2021 a été le principal point qui a animé les débats entre majorité et oppositions ce lundi 27 juin. L'occupation des terrains des Lentillères et la recomposition politique au sein de l'assemblée ont également été commentées par François Rebsamen.
Malgré la recomposition politique accélérée par l'élection présidentielle et les élections législatives, peu de changements sont intervenus au sein du premier conseil municipal faisant suite à la campagne électorale, ce lundi 27 juin 2022.

Les principaux mouvements concernent l'opposition et tendent à la rétrécir, tandis que le suspense demeurera encore quelques semaines du côté de la majorité.

Deux départs de l'opposition de droite et du centre-droit


Précédemment dans l'opposition, siégeant dans le groupe présidé par Laurent Bourguignat, Stéphane Chevalier (divers droite), qui a été directeur de campagne de Benoît Bordat (Fédération progressiste), élu député de la majorité présidentielle sur la deuxième circonscription, est désormais non inscrit et ne manifeste plus d'opposition puisque votant favorablement les rapports présentés par l'exécutif municipal.

Claire Vuillemin (Horizons) a fait le même trajet, s'expliquant par communiqué, étant absente ce jour : «j'ai toujours assumé mon soutien et mon appartenance à la majorité Présidentielle à travers Agir La Droite Constructive puis Horizons. Suite aux dernières échéances, il est ressorti que nos citoyens ont besoin plus que jamais de clarté politique et que nous, élus, devons travailler pour l’intérêt général et répondre à leurs attentes au-delà des clivages politiques».

De subtils changements dans les rangs


Après la division en deux groupes de l'opposition, autour d'Emmanuel Bichot et de Laurent Bourguignat, en septembre 2021, c'est une nouvelle fragmentation parmi les élus issus de la liste de droite et du centre-droit portée par Emmanuel Bichot aux municipales de 2020.

En résumé, il y a dorénavant trois élus non inscrits – Axel Sibert (LR), Stéphane Chevalier et Claire Vuillemin –, le groupe d'Emmanuel Bichot (LR) et Laurence Gerbet (Nouveau Centre), et le groupe de Laurent Bourguignat (LR-Libres), entouré de Bruno David (LR), Céline Renaud (divers droite), Caroline Jacquemard (LR) et Henri-Bénigne de Vregille (Horizons). Ces quelques modifications ont d'ailleurs entraîné de subtils changements de place dans les rangs de l'assemblée municipale.

Des évolutions de délégations en septembre


En ce qui concerne la majorité, des changements interviendront à la rentrée de septembre mais le maire de Dijon conserve le suspense en ce qui concerne les délégations qui feront l'objet d'évolution.

Pour sa part, Benoît Bordat n'a pas encore tranché, entre conseiller municipal et conseiller départemental, le mandat qu'il doit abandonner pour cause de non cumul.

«Nos finances permettent de maintenir un service public de qualité»


En amont de la séance, François Rebsamen (PS, Fédération progressiste) et François Deseille (Modem) commentent le traditionnel exercice de l'examen du compte administratif 2021.

L'adjoint aux finances met en avant «gestion rigoureuse mais humaine» alors que la dette de la commune est passée de 240 millions d'euros en 2008 à 131 millions d'euros en 2021. Selon lui, cela conduit à économiser chaque année 10 millions d'euros en intérêts de remboursement de la dette. La capacité de remboursement de la dette est de 3,5 ans. Un désendettement qui ne pénalise pas l'investissement avec 40 millions d'euros en 2021.

Le budget supplémentaire de 66 millions d'euros est lié à l'augmentation des coûts de l'énergie et de l'alimentation, l'augmentation du point d'indice avoisinant 4% (soit environ 2 millions d'euros de dépenses de fonctionnement supplémentaires), à des travaux pour l'installation de l'OIV qui se déroulent plus vite de prévu et à des réserves d'un montant de 1,4 million d'euro en cas d'actions urgentes à mettre en place pour répondre à un rebond de l'épidémie de la Covid-19.

L'emprunt d'équilibre de 17 millions d'euros mis en place au budget primitif 2022 est supprimé.

«Nos finances permettent de maintenir un service public de qualité», assure François Deseille alors que la commune s'attend à subir les effets de l'inflation.

L'adjoint aux finances rappelle que la métropole produit de l'énergie, une partie servant à alimenter le réseau de chaleur urbain, une autre étant revendue sur le marché de l’électricité, ce qui conduit à amoindrir les dépenses d'énergie.

Mission diplomatique auprès du Quartier libre des Lentillères


Les conseillers municipaux Philippe Lemanceau (PS), Patrice Chateau (écologiste indépendant) et Mélanie Balson (PS) sont allés récemment échanger avec les activistes du Quartier libre des Lentillères qui refusent de s'inscrire dans la démarche de baux légaux individuels proposée par le maire de Dijon. En dehors du rapport peu flatteur en terme d'hygiène effectué au retour par Mélanie Balson, infirmière de son état, l'entrevue diplomatique a peu produit d'effets, les activistes acceptant juste de remettre la proposition à l'ordre du jour d'une «assemblée de quartier».

«S'il n'y pas de bail, à un moment, sous moi ou sous un autre demain, ça va leur tomber du ciel. Les gendarmes mobiles vont leur tomber dessus pour les déloger. (…) Ils veulent en faire du logement expérimental mais l'hygiène, ça compte dans la vie», commente François Rebsamen.

«On doit être un des seuls endroits ZAD de cette importance selon le ministère de l'Intérieur», ajoutera le maire en séance en dénonçant «ceux qui viennent taguer le centre-ville avec des propos inqualifiables vis à vis des forces de l'ordre que l'on retrouve aussi au niveau national avec des appels à la désobéissance civile».

«C'est un projet qu'il faut aborder avec les yeux de 2020», concédera-t-il néanmoins en évoquant l'intégration des terres en question au projet alimentaire territorial au moment où le Quartier libre des Lentillères compte ses propres soutiens (lire notre article).

Augmentation de la compensation de l'aménageur immobilier


En 2019, François Rebsamen avait annoncé l'abandon de la seconde phase de l'écoquartier Jardin des Maraîchers, sans modifier le PLUi-HD pour conserver un élément de négociation avec les occupants.

En revanche, deux hectares, correspondant à l'emplacement actuel d'un terrain de BMX et d'une cantine implantés par les activistes, pourraient être construits afin de faire le pendant de la première phase du mail Guynemer. Les militants et jardiniers pourraient donc voir prochainement le site surplombé par de nouveaux voisins qui seront sans doute ravis de bénéficier d'une zone arborée et de profiter des animations culturelles proposées par le Quartier libre des Lentillères.

Cependant, l'abandon de la phase deux dans sa totalité représente un coût pour la Ville de Dijon qui prévoit de budgéter 3 millions d'euros durant cette séance, atteignant ainsi une compensation de 7 millions d'euros destinées à la SPLAAD, l'aménageur de la Métropole.

La «maîtrise de la situation financière de la Ville»


En séance cette fois, François Deseille présente à l'assemblée le compte administratif 2021 signalant qu'il répond aux trois objectifs du débat d'orientation budgétaire : «maintien d'un niveau d'investissement significatif» avec 40,2 millions d'euros de dépenses d'équipement en 2021, «maîtrise de la situation financière de la Ville» avec des dépenses de fonctionnement en baisse de 0,39% par rapport à 2020 (ou +1,1% à périmètre constant), «préservation maximum de notre capacité d'auto-financement» avec 36,5 millions d'euros d'épargne brute et «stabilité des taux d'imposition» grâce à la poursuite du désendettement.

Emmanuel Bichot juge «colossal» le montant de la trésorerie


«Ce compte administratif 2022 est marqué par une accumulation démesurée d'excédents», déclare tout de go Emmanuel Bichot en réponse à l'adjoint aux finances.

Le président du groupe d'opposition Agir ensemble pour Dijon - Droite, Centre et Indépendant renouvelle ainsi ses accusations de budget «insincère» au moment de sa définition ; il fustige «le montant colossal et anormalement élevé et inutilement élevé» de la trésorerie de la Ville qui «dort» sur un compte du Trésor public, atteignant près de 80 millions d'euros à fin 2021, soit deux fois plus du ratio habituel des villes moyennes.

L'élu des Républicains anticipe un intérêt de l’État pour une telle somme en cas de participation des collectivités à la réduction du déficit national. Il en fait également une question fiscale : «l'impôt est justifié pour couvrir les charges publics, non plus, non moins, pas pour thésauriser».

Emmanuel Bichot souligne «la situation paradoxale» de la Métropole de Dijon qui n'a pas pu boucler son budget dans les délais habituels «en raison d'une insuffisance de ressources».

Olivier Muller pointe le «coût financier» de la «non action climatique»


Pour le groupe d'opposition Écologistes et citoyens, Olivier Muller choisit d'intervenir tout d'abord sur des sujets nationaux et internationaux en évoquant le changement climatique et les conséquences de la guerre en Ukraine.

Reprenant un rapport de la Banque centrale européenne, l'écologiste met en avant que «la non action [climatique] représente un coût financier autrement plus important et risqué que le coût de la mise en œuvre de la transition écologique». Olivier Muller poursuit en s'inspirant de la phraséologie propre à Jean-Luc Mélenchon : «plus l'action tarde à bifurquer, plus la charge sera lourde».

Lui aussi pointe un «manque de sincérité» du budget 2021 en notant que seuls 51% des crédits d'investissement ont été consommés. «À quoi sert le désendettement financier quand on laisse par ailleurs une dette écologique colossale à nos enfants ?» demande-t-il en revendiquant «une politique de renaturation de la ville» et en critiquant l'enveloppe budgétaire accordée à On Dijon.

Première adjointe, Nathalie Koenders (PS) répond en signalant que ce budget correspond aux ambitions de la majorité : «améliorer le quotidien des Dijonnais tout en adaptant notre ville aux enjeux de notre société», c'est à dire la solidarité, le défi climatique ou encore la démocratie participative.

Le prochain défi de la rénovation du parc des expositions


En réponse à Emmanuel Bichot, François Rebsamen signale que les finances pourraient être consommés avec la future rénovation du parc des expositions qui suivra le renouvellement de la délégation de service public pour laquelle Dijon Congrexpo et GL Events associé à la CCI Métropole de Bourgogne sont en compétition.

Le compte administratif de l'année 2021 est adopté à une large majorité seuls Emmanuel Bichot et Laurence Gerbet votant contre, les groupes de Laurent Bourguignat et de Stéphanie Modde s'abstenant ainsi qu'Axel Sibert.

Prochaine augmentation du point d'indice des fonctionnaires


«Ce budget supplémentaire est une véritable déception», lance quelques instants plus tard Axel Sibert qui propose une prime de 200 euros pour les agents de la commune dont l'impact budgétaire est estimé à 480.000 euros.

Nathalie Koenders a beau jeu de renvoyer au dialogue social avec les organisations syndicales en signalant «[l']objectif d'aider les catégories C notamment» tandis que François Deseille rappelle la masse salariale de 90 millions d'euros au moment où l’État augmente le point d'indice des fonctionnaires. La proposition est donc rejeté.

En revanche, le budget supplémentaire de 66 millions d'euros est adopté malgré les oppositions des groupes respectifs d'Emmanuel Bichot, de Laurent Bourguignat et de Stéphanie Modde.

Autres points à signaler


Une extension de la Maison des associations de 629 m² est prévue pour 2025. Elle sera construite sans toucher aux terrains de sport voisins. L'enveloppe affectée est de 8,5 millions d'euros. La dernière rénovation date de 2010.

Dans le cadre de Paris 2024, la Ville lance un plan d'installation d'équipements sportifs de proximité comme des terrains de basket de 3x3.

La commune prévoit d'investir 2,2 millions d'euros pour rénover le camping municipal situé en zone inondable, au bord de l'Ouche, avec l'ambition d'obtenir une troisième étoile, voire une quatrième. Sa gestion fera l'objet d'une délégation de service public.

À noter que le rapport sur le camping est présenté par Nadjoua Belhadef (PS), adjointe déléguée au commerce, et non par Sladana Zikovic (PS), adjointe déléguée au tourisme, jugée «absente» ces derniers temps par François Resbamen. Une référence implicite à la candidature de celle-ci aux dernières législatives.

Des vœux sociaux


En fin de séance, le groupe de la majorité Socialiste, radical, citoyen et apparenté dépose un vœu, présenté par Antoine Hoareau (PS), demandant à l’État de renforcer l'accompagnement social par un chèque alimentaire.

Un vœu d'Emmanuel Bichot appelant à un «Ségur social à Dijon» pour maintenir la Ville et la Métropole «attractive pour les rémunérations» est finalement retiré. Après le versement de primes et la mise en place du RIFSEEP, «les agents d'accompagnement socio-éducatif ont déjà bénéficié d'une revalorisation», indique François Rebsamen qui ouvre cependant une réflexion sur le sujet.

Le non-inscrit Axel Sibert (LR) dépose le vœu d'organiser un festival mêlant gastronomie et musiques électroniques, vœu rejeté au motif qu'un festival similaire, mais autour du jazz, verra le jour en septembre.

Une fois la séance terminée, Nathalie Koenders transmet au directeur des ressources humaines le prix «Ensemble contre le cancer du sein» saluant la participation des agents en mode connecté à la dernière course Odyssea.

Jean-Christophe Tardivon

Les informations marquantes du conseil municipal du 27 juin par la Ville de Dijon