
La maire de Dijon a défendu
l'action de la SDAT auprès des SDF et plaidé pour plus de prévention face à la consommation de stupéfiants. Concernant la ZAD des Lentillères, Nathalie Koenders temporise.

Le calme avant la tempête ? Ce lundi 22 septembre 2025, le conseil municipal de rentrée a été empreint de sérénité, plusieurs dossiers importants, comme les travaux d'urgence sur l'église Saint-Philibert, ayant été votés à l'unanimité.
La renomination d'une place Robert-Badinter ou la désignation d'une nouvelle directrice pour l'Opéra de Dijon ont fait plus réagir que les baisses des effectifs scolaires ou l'arrivée à la date butoir fixée aux occupants de la ZAD des Lentillères.
Par ailleurs, la maire de Dijon Nathalie Koenders (PS) a particulièrement défendu l'action de la SDAT auprès des SDF et plaidé pour plus de prévention face à la consommation de stupéfiants. Absent, le conseiller municipal François Rebsamen (FP) lui a laissé son pouvoir.
Baisse des effectifs dans les écoles dijonnaises
Selon la Ville de Dijon, les écoles dijonnaises publiques et privées comptent 12.375 élèves contre 12.539 à la rentrée précédent (-1,3%). En conséquence, l’Éducation nationale a prononcé 8 ouvertures de classe et 9 fermetures pour la rentrée scolaire 2025.
«Cela correspond à la baisse de la natalité au niveau national et même européen», analyse l'adjoint Franck Lehenoff (PS).
«C'est une rentrée placée sous le signe de l'inclusion», souligne la maire de Dijon en évoquant l'ouverture à l'école élémentaire Drapeau d'une unité accueillant des enfants touchés par des troubles du spectre de l'autisme. «Ça ne concerne pas que les Dijonnais ; souvent, ce sont des enfants qui viennent de la métropole, voire au-delà.»
Le FPIC apporte 2,2 millions d'euros
En raison d'une réforme par le ministère des Finances des mécanismes de calcul effectuée en 2021 qui s'applique progressivement du Fonds national de péréquation des ressources intercommunales et communales (FPIC), la Ville de Dijon va être bénéficiaire de recettes de fonctionnement supplémentaires à hauteur de 2,2 millions d'euros, au regard d'une contribution de 324.000 euros (6,1 millions d'euros pour la Métropole de Dijon, au regard d'une contribution de 900.000 euros).
Mandats spéciaux pour les déplacements à l'étranger
Suite à une préconisation de la chambre régionale des comptes, l'exécutif a inscrit à l'ordre du jour des mandats spéciaux concernant les déplacements d'élus et de collaborateurs en lien avec les relations internationales de la Ville de Dijon.
Sont donc présentés les déplacements à Reggio Emilia (Italie) – dans le cadre de la candidature de Dijon au prix Access Awards Cities – et à York (Royaume-Uni) – dans le cadre des commémorations de la Libération.
La Ville de Dijon compte aussi renforcer les partenariats avec Malines (Belgique) dont la seigneurie a été une possession des ducs de Bourgogne, de 1384 à 1482.
Par ailleurs, est en projet la création d'une association européenne des villes du vin qui serait présidée par Dijon, où est localisé le siège de l'Organisation internationale de la vigne et du vin.
Au détour de ces rapports, l'élu d'opposition Henri-Bénigne de Vregille (HOR) suggère de restaurer «la cabine téléphonique anglaise rouge», dégradée lors de l'incendie d'un bus touristique, le 16 juin dernier, en contrebas du jardin Darcy. Nathalie Koenders répond que «la commande a été passée» par les services municipaux.
«Un problème de stationnement» dans le quartier Arsenal
Dans le quartier de l'Arsenal, la Ville de Dijon a programmé une réunion avec les habitants pour aborder les sujets de voirie. «On sait qu'il y a un problème de stationnement», concède Nathalie Koenders qui indique avoir demandé de «trouver des solutions».
Le nom de la future maison des services publics a été défini : elle s'appellera Maison Majorelle.
Le gymnase Arsenal sera réalisé par des architectes et des entreprises locales.
Vente d'un petit terrain rue Henri-Vincenot
Rue Henri-Vincenot, un délaissé de 75 m² est cédé à un riverain à 54 euros par m², conformément à l'évaluation des Domaines. La session est contestée par les groupes d'opposition Agir pour Dijon et Écologistes et citoyens ainsi que par le mouvement Dijon avenir (
lire le communiqué).
«Ça doit rester un espace de pleine terre», signale Nathalie Koenders ; le futur propriétaire «ne pourra pas couper les arbres» ni construire d'habitation – durant trente ans – mais pourra installer éventuellement une cabane de jardin.
Nouvelle place du Palais-Robert-Badinter
La Ville de Dijon renomme la place devant le palais de justice en «place du Palais-Robert-Badinter» pour rendre hommage à «[cette] figure majeure du droit et de la vie politique française connue pour son combat contre la peine de mort, mais également contre l'antisémitisme et l'homophobie».
«La peine de mort demeure l'une des plaies les plus profondes de notre humanité», déclare Philippe Thirion (Modem) durant les débats, «pourtant, des voix, venant même de certains politiques français, réclament son rétablissement comme si la justice devait se confondre avec la vengeance mais tuer, même au nom de la loi, ne répare jamais un crime, cela en commet un autre, froidement organisé et toujours irrévocable». «S'opposer à la peine de mort, c'est affirmer que la valeur de la vie humaine est absolue.»
En 1966, Robert Badinter a enseigné le droit pénal à l'université de Bourgogne. En 1979, plaidant devant la cour d'assises de la Côte-d'Or, l'avocat a sauvé Jean Portais : le dernier homme condamné à être exécuté était alors rejugé à Dijon.
Une cérémonie est envisagée à l'occasion de l'entrée au Panthéon de Robert Badinter, potentiellement le 9 octobre prochain, date anniversaire de la promulgation de la loi d'abolition de la peine de mort par François Mitterrand, en 1981.
Antonella Zedda devient directrice de l'Opéra de Dijon
Suite au départ anticipé de Dominique Pitoiset, la Ville de Dijon a confié la direction intérimaire de l'Opéra de Dijon d'abord au directeur général des services de la collectivité puis à Olivier Lombardie (
lire notre article).
Parallèlement, une procédure de recrutement a examiné 28 candidatures. Le jury était composé de 12 membres : représentants de la Ville de Dijon, de la Région Bourgogne-Franche-Comté, de l’État et des personnalités qualifiées Émile Delorme et Caroline Sonrier.
Lors d'un vote à bulletin secret durant le conseil municipal, le projet «Le Cœur battant» d'Antonella Zedda, retenu par le jury (
lire le communiqué), a été validé en faisant le plein des voix de la majorité.
«La création, le renouvellement et la démocratisation du répertoire lyrique seront au cœur d’une programmation qui s’étendra du baroque à la création contemporaine, avec une pluralité de formes et de contenus», assure la Ville de Dijon.
De futurs travaux à l'accueil du Conservatoire à rayonnement régional
La municipalité prévoit la restructuration des espaces d’accueil du site principal du Conservatoire à rayonnement régional. Pour ce faire, une enveloppe de 400.000 euros est engagée. Parmi trois candidats, la maîtrise d’œuvre est confiée à l'Atelier Correia.
34 projets financés par les budgets participatifs
Dans le cadre de la démocratie locale, chacun des neuf Ateliers de quartier de la Ville de Dijon se voit attribuer annuellement un «budget participatif» de 50.000 euros pour mener jusqu'à quatre projets.
La campagne 2025 a permis de définir 34 projets parmi 197 propositions. Selon la Ville de Dijon, 50 % des projets relèvent du domaine de l’environnement et du cadre de vie, une vingtaine de projets sont en lien avec les thématiques de la citoyenneté et de la solidarité, et cinq projets sont portés par le Conseil participatif des jeunes.
Désormais, des groupes de travail spécifiques se réuniront ensuite pour valider les étapes techniques des projets, avec la participation et le soutien des services de la collectivité.
Plus de 400.000 euros pour des actions de la SDAT
La Ville de Dijon a passé une convention pluriannuelle d'objectifs et de moyens avec la SDAT (pour Solidarité, dignité, accompagnements, travail) sur la période 2023-2026.
Dans ce cadre, la municipalité mobilise 411.388 euros pour soutenir deux dispositifs. Acor centre-ville va à la rencontre des personnes à la rue, assure un accueil de jour, garantit l’accès aux besoins primaires et assure la médiation avec les habitants et commerçants. L'équipe médico-sociale mutualisée (EMAS) permet d’aller vers les personnes en grande fragilité de santé, de coordonner les prises en charge et de sécuriser leur maintien en logement.
«Être pauvre n'est pas un délit»
Alors que certaines personnes sans domicile fixe sont restées à Dijon après avoir quitté la région parisienne durant les Jeux olympiques, Nathalie Koenders se dit «consciente du problème de gestion des personnes en situation d'errance au centre-ville».
«Être pauvre n'est pas un délit», insiste la socialiste, «faire la manche de façon non agressive n'est pas un délit». «On a des moyens d'intervenir avec la police municipale» notamment pour les ivresses publiques manifestes ou les obstructions devant les commerces.
Et de signaler un travail avec la SDAT autour du foyer de la rue des Corroyeurs avec des maraudes qui seront «un peu plus importantes» pour agir «avec humanité et fermeté».
Selon les Écologistes, la ZAD des Lentillères permet «des activités nourricières et de vivre-ensemble»
En fin de session, au nom du groupe d'opposition Écologistes et citoyens, Frédéric Faverjon (LE) interroge la maire sur l'évolution de la situation de la ZAD des Lentillères, vue comme permettant «des activités nourricières et de vivre-ensemble».
«Ça fait moins d'un an que je suis maire et j'avance», lance Nathalie Koenders pour bien souligner la différence entre majorité et opposition au moment où se négocient les alliances en vue de la prochaine élection municipale.
Les conditions posées aux occupants des Lentillères
Depuis 2023, la Ville de Dijon est redevenue propriétaire du terrain de 7 hectares devant être aménagé par la SPLAAD, terrain occupée illégalement depuis 2010.
«La vocation est plutôt agricole avec préservation de la biodiversité», glisse la socialiste qui rappelle que le projet de constructions sur un peu plus d'un hectare le long du mail Guynemer est toujours envisagé.
La maire de Dijon a rencontré des représentants des zadistes, le 3 avril 2025, pour exposer deux engagements et poser quatre conditions à la poursuite du dialogue».
D'un côté, «l'engagement de rendre inconstructible la zone de 7 hectares en la classant comme zone naturelle ou zone agricole par révision du PLUI-HD, l'engagement de trouver une solution d'occupation légale du site pour les actuels occupants».
De l'autre : «mise aux normes des habitations et des branchements (…) au regard des risques détectés au cours de l'incendie de janvier 2025, mise en place d'une gouvernance permettant d'avoir un interlocuteur, ouverture des espaces au public et liberté de circulation et renonciation à l'occupation de la bande des 1,14 hectare qui permette d'engager un projet d'aménagement et de construction (…) en concertation avec les habitants de l'écoquartier Jardin des maraîchers».
Cette dernière condition «non négociable», pourrait être acceptée par les zadistes.
«Aujourd'hui, ils ont de l'électricité et de l'eau aux frais du contribuable», pointe cependant la première édile, «il y a des situations de branchements qui sont très dangereuses». «La condition est de se mettre aux normes, d'avoir des branchements légaux, de payer – comme chaque individu – les fluides et l'électricité. Ensuite, on pourra parler pour voir comment on peut ouvrir de façon légale ce site.»
La maire de Dijon temporise à quelques mois des élections
«Suite à l'incendie, j'avais déposé plainte auprès de la justice», rappelle la maire de Dijon, «je suis en capacité de lancer une opération judiciaire d'expulsion si, à un moment, les conditions ne sont pas remplies».
Après avoir annulé le «référendum» local prévu par son prédécesseur François Rebsamen, Nathalie Koenders avait, le 7 juillet dernier, fixé une date butoir pour le mois d'octobre (
lire notre article).
Aujourd'hui, la responsable de l'exécutif dijonnais temporise sans plus donner de date mais insiste sur le statut associatif à choisir pour développer un «tiers-lieu», sa solution privilégiée pour sortir par le haut de ce dossier sensible à quelques mois des prochaines échéances électorales.
«Vu l'état du narcotrafic en France, il en va de notre souveraineté nationale»
Henri-Bénigne de Vregille s'exprime sur les «règlements de compte violents sur fond de trafics de drogues» : «si le rôle de l’État est fondamental en matière d'investigation, de répression ainsi que de réponse pénale, les pouvoirs propres du maire et les moyens des collectivités doivent être mobilisés avec fermeté et détermination».
«Je ne veux vraiment en faire un sujet de politique politicienne», réagit la maire de Dijon, «vu l'état du narcotrafic en France, il en va de notre souveraineté nationale». «Ce sujet relève d'abord des compétences régaliennes de l’État. (…) Vous ne connaissez ni les tenants, ni les aboutissants de la situation.»
La première édile rappelle l'action menée au sein du continuum de sécurité : «la présence dissuasive de la police municipale, la vidéoprotection, la présence des agents de sécurité privés...»
«La prévention est essentielle», insiste la socialiste, «il faut aussi s'attaquer aux consommateurs». «Il y a des personnes qui ont des addictions.»
D'où le souhait de la municipalité de participer à des projets de la MILDECA concernant les compétences psycho-sociales (
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Rejet d'un vœu sur la «taxe Zucman»
En toute fin de session, les Écologistes tentent de proposer un vœu sur la «taxe Zucman».
La maire de Dijon laisse Olivier Muller (LE) lire son propos mais coupe court aux espoirs des opposants en rejetant le vœu : «à titre personnel, je suis pour plus de justice fiscale et pour une taxation plus importante des hauts revenus mais un vœu concernant l'instauration de cette taxe n'a pas sa place dans cette assemblée».
Jean-Christophe Tardivon













