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07/04/2023 09:04

DIJON : Manifestation entre musiques et violences

Le défilé contre la réforme des retraites, ce jeudi 6 avril, a été marqué par la présence d'un nouveau camion sono, le caillassage du siège du Crédit agricole et le jet de cocktails Molotov contre les policiers.
Actualisé : Les deux jeunes hommes interpellés ont été présentés devant le parquet.
Une nouvelle fois, la manifestation contre la réforme du système de retraites voulue par Emmanuel Macron a présenté deux visages : pacifique et festif du côté face, violent et vindicatif du côté pile.

Si la fréquentation de la manifestation de ce jeudi 6 avril 2023 est inférieure à la moyenne établie depuis janvier, cela reste une mobilisation d'ampleur à l'échelle dijonnaise : 4.500 personnes selon la police, 12.000 selon l'intersyndicale (respectivement 5.000 et 15.000, le 28 mars dernier, lire notre article).


Au niveau national, le ministère de l'Intérieur a recensé 570.000 manifestants et la CGT 2 millions (respectivement 740.000 et 2 millions, le 28 mars dernier).

L'UNSA en tête


Les participants tardant quelque peu à arriver place de la Libération, il faut attendre 15 heures pour que la banderole de tête s'élance. C'était au tour de la délégation de l'UNSA d'être en première position avec, en bonne place, le syndicat de transports urbains dijonnais venant de remporter les élections professionnelles au sein de Divia.

Les pancartes sont nombreuses à marteler l'opposition au report de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Le président de la République est la cible de toutes les critiques. Marlène Schiappa n'est pas oubliée alors que sort ce jour même le numéro de Playboy comportant son interview accompagnée de clichés sensuels.

Les prémices d'un «black block» se forment juste derrière la banderole des syndicats étudiants. Des personnes vêtues de noir – parfois couvertes de ponchos imperméables –  le visage dissimulé et tenant des parapluies se regroupent au moment du départ du cortège.

Un carré NUPES étoffé


Parmi les personnalités politiques, on retrouve notamment Michel Neugnot (PS), Denis Hameau (PS) ou encore Nathalie Koenders (PS) tenant à marquer leur opposition. Néanmoins, l'affluence des élus socialistes se révèle moindre que lors des rassemblements précédents ; en revanche, les Jeunes Socialistes ont répondu présents.

Du côté de la coordination NUPES 21, les rangs sont étoffés. Participent notamment Caroline Carlier (G.s), Billy Chrétien (EELV), Dominique Guidoni-Stoltz (LFI), Catherine Hervieu (EELV), Bruno Léon (G.s), Patricia Marc (LFI), Stéphanie Modde (EELV), Olivier Muller (EELV), Antoine Peillon (G.s) ou encore Christine Renaudin-Jacques (G.s).

Les agences bancaires prises pour cibles


Alors que les derniers quittent la place de la Libération autour de 15 heures 30, les premiers arrivent place Darcy. Au moment où le «black block» arrive en haut de la rue de la Liberté, les agences bancaires LCL, du Crédit mutuel, de la Société générale et surtout de BNP-Paribas sont ciblées par des pochons de peintures multicolores et couvertes de tags.

Les tags seront retirés quelques minutes après mais les traces de peinture étaient encore présentes en fin de journée. Selon la préfecture de la Côte-d'Or, un distributeur automatique de billets a fait l'objet d'une tentative d'incendie, place du 30-Octobre.

Solidaires étudiants ambiance la manif'


Toujours place Darcy, une innovation du syndicat étudiant de Solidaires met de l'animation. N'ayant pu rejoindre la place de la Libération, un camion-sono attendait là de se glisser devant la banderole des syndicats étudiants pour mettre de l'ambiance. Boulevard de Brosses, le camion habituellement utilisé pour ambiancer les soirées étudiantes prendra place sur les voies du tramway.

La surprise fait son effet et aussitôt les plus jeunes manifestants se regroupent près des enceintes crachant des musiques électroniques qui donnent un coup de vieux aux morceaux de Noir Désir ou encore de Trust entendus du côté des sonos de la CFDT. Solidaires étudiants revendiquera jusqu'à un millier de jeunes autour de son camion.

Le siège du Crédit agricole dégradé à coups de bouteilles en verre


Le cortège suit son cours, passant près de la rue de la Préfecture sans encombre, à l'heure de la sortie des écoles. La situation se tend en arrivant devant le siège de la caisse régionale du Crédit agricole, rue Davout.

Des slogans anticapitalistes fusent. Une bulle à verre est renversée, produisant force munitions aux «black blocs» qui se déchaînent contre la façade sous les hourras de nombreux manifestants. Plusieurs vitres sont cassées sous l'impact des bouteilles.

Le défilé se poursuit sans rencontrer de poubelles à incendier comme lors de précédentes occurrences pour arriver vers 17 heures 15 place Wilson où débute la dispersion. L'intersyndicale donne rendez-vous le 13 avril, veille de la décision du Conseil constitutionnel.

Le vent joue contre les CRS


Nouvelle surprise, pour les activistes cette fois. Les forces de l'ordre ont changé de stratégie. À peine visibles depuis la place Wilson, les CRS sont positionnés plus en retrait, à l'intersection de la rue Chabot-Charny et de la rue Buffon.

Pendant une heure, les éléments les plus déterminés – quelques dizaines de personnes – et les policiers se feront face dans un calme précaire. Après des sommations, à 18 heures 15, les CRS interviennent pour repousser les activistes avancés à l'angle de la rue Chabot-Charny et de la rue Pasteur en usant de grenades lacrymogènes.

En retour, les CRS reçoivent de nombreux projectiles dont au moins un cocktail Molotov et une bouteille au contenu particulièrement nauséabond. Le vent poussant les gaz lacrymogènes de leur côté plutôt que du côté du «black bloc», ils doivent un temps reculer.

Interpellation de deux lanceurs présumés de cocktail Molotov


À la faveur d'un changement de sens du vent, de nouvelles salves de grenades lacrymogènes sont expédiées, repoussant les activistes de l'autre côté de la place Wilson.

Pendant ce temps, selon nos informations, un policier aurait été ciblé par le jet d'un cocktail Molotov. Deux personnes soupçonnées d'avoir jeté les deux dispositifs incendiaires ont été interpellées dans la foulée.

Par petits groupes, les CRS ont quadrillés les abords de la place Wilson puis les véhicules de police ont pris position place Wilson aux alentours de 19 heures pour repousser les derniers activistes en direction de la rue d'Auxonne et des allées du parc.

Actualisé le 7 avril 2023 :

Ce vendredi 7 avril 2023, l'état-major de la direction départementale de la sécurité publique de la Côte-d'Or apporte des précisions sur les événements liés à «un groupe de quatre à cinq cents individus de la mouvance d'extrême-gauche».

Lors des actions de dégradation de banques place Darcy par des jets de peintures, un SDF a été victime de dommages collatéraux. Les policiers ont pris en charge cet homme «maculé de peinture» et «en plein désarroi», rue de la Liberté.

Place Wilson, après la dispersion des manifestants pacifiques, le temps d'attente a été mis à profit pour reconstituer un groupe de plusieurs centaines de personnes dont «une centaine» de «black blocs».

Les CRS sont intervenus alors que des activistes tentaient de gagner le centre-ville par la rue Pasteur. Ils ont subi «une pluie de projectiles» : pierres, tirs de mortiers d'artifices et, donc, un cocktail Molotov. Cela dénote «une vraie préméditation», selon la direction départementale de la sécurité publique.

Deux hommes de 16 et 18 ans ont été interpellés car soupçonnés d'avoir jeté deux cocktails Molotov, dont un durant la première interpellation. Ils ont été placés en garde à vue. Un CRS a été «légèrement blessé» suite à des jets de pétards.

De son côté, la caisse régionale du Crédit agricole Champagne-Bourgogne ne souhaite pas commenter la situation. Elle indique seulement que les collaborateurs de l'agence où le distributeur automatique de billets a été ciblé par une tentative d'incendie ont été accueillis, ce vendredi, dans d'autres locaux.

Actualisé le 8 avril 2023 :

Les deux hommes ont été déférés devant le parquet de Dijon. L'homme de 18 ans devrait être présenté devant un juge lors de l'audience du tribunal correctionnel, le 11 avril prochain, tandis que l'adolescent de 16 ans devrait être présenté devant un juge pour enfant.

Jean-Christophe Tardivon

Extinction Rebellion dénonce «la violence d'un état qui fait un usage disproportionné de la force»












































































































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